Citations sur L'anneau de Moebius (175)
- Quoi, hurla-t-il. On me prend pour un taré ? On va me prendre pour toute ma vie pour un taré ? Mais je suis un taré, complètement taré !
Sylvie sursauta. Son mari venait d'apparaître à l'entrée de la pièce. Longs cheveux emmêlés, yeux enflammés, barbe méchamment hirsute. Le tour de l'oeil gauche d'un jaune souillé.
- Tu fais franchement peur à voir, répliqua-t-elle. Tu sens l'alcool, la sueur. De plus en plus, tu ressembles à un fauve terré au fond de sa cage.
Il dévala les escaliers, quatre à quatre, puis ouvrit en brandissant une batte, prêt à se défendre.
- Eh ! Tu délires, bébé ?
Engoncé dans son espèce de longue veste en daim Everand écarquilla les yeux.
- La vache ! Tu t'es passé une prothèse ou c'est ta vraie tronche ?
Stéphane resta quelques secondes sans réagir.
'' Je sais que ça te fait très mal. Très, très mal. Combien, combien selon toi ? Soixante-dix ? Quatre-vingts ? Tu as bien crié. Sur mon échelle de douleur, je vais te mettre une excellente note''.
- Non, non, n'ayez pas peur ! N'ayez pas peur de moi ! Je suis décidément très maladroit pour mettre les gens à l'aise .C'est... C'est un malentendu ! Si vous prenez peur, ça ne fonctionnera jamais.
- Je vous donne ma parole, souffla-t-il. Mais, par pitié, arrêtez de me prendre pour un monstre.
Céline se met à pleurer.
- Vous me faites mal... Je vous en prie...
Stéphane serra plus fort encore.
- Non, non, vous ne comprenez pas ! Je ne veux pas vous blesser, mais vous protéger, au contraire ! Si vous allez à ce rendez-vous, vous perdrez votre enfant ! C'est ce que vous voulez ? Être responsable de sa mort ?
- Non ! Non !
Stéphane se recula, à bout de forces, jusqu'à la porte d'entrée. Là, il serra la poignée et dit :
- vous êtes superstitieuse, vous croyez en ces choses là. Votre enfant n'est pas trisomique. Ne laissez pas le destin vous le voler en sortant demain.
Et il disparut, en refermant doucement derrière lui.
Restait enfin coup de fil, passé par Stéfur à Victor, dans la chambre d'hôtel. Leur dialogue incompréhensible sur cette histoire de science, de nombres quarante-six et quarante-sept. '' C'est dingue comment les destins peuvent changer pour un rien. Quarante-six ou quarante-sept, qu'est-ce que ça change ? ''
Il s'arrêta entre les 2 miroirs qui démultipliaient son reflet en une INFINITÉ de Stéphane et vérifia que rien n'avait été dérangé.