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3,7

sur 123 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le roman de Christophe Tison donne envie de relire Nabokov. Pour l'avoir lu il y a pas mal d'années, j'en garde le souvenir d'un Humbert pathétique presque attendrissant. le Journal de L. est en effet le pendant de Lolita. Il nous livre la même histoire du point de vue de Dolorès Haze. Il s'agit de son écriture, de sa voix, pleine d'émotion, de colère, et de révolte rentrée. C'est le côté monstrueux d'Humbert que donne à voir ce récit. L'écriture est sincère, crue, poétique aussi - la description de Morro Bay, Californie, par exemple, évoque la peinture de David Hockney. Christophe Tison exprime avec force la souffrance d'une enfant envahie par les déviances d'un adulte tout puissant. Il relate bien le mécanisme qui permet à la perversité du personnage de Humbert de perdurer sans que son entourage ne le soupçonne. Et pour cause! Christophe Tison sait de quoi il parle puisqu'il a lui-même subit dans son enfance les assauts d'un pédophile. Journal de L. est une fiction qui sonne vrai, authentique, car elle est alimentée de vécu. Si Lolita de Nabokov est un roman dérangeant, Journal de L. est plus bouleversant encore.
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« Journal de L. » est un immense coup de coeur, une claque que je me suis prise en pleine figure alors que je ne m'y attendais pas.

Dans son livre, Christophe Tison raconte l'histoire fictive de la Lolita de Nabokov et se place du point de vue de cette dernière. Lolita, c'est cette jeune nymphette aux manières aguicheuses qui fait fantasmer les vieux libidineux, et surtout son beau-père qui, après s'être débarrassé de la mère de Lolita, va l'emmener faire le tour des Etats-Unis et abuser d'elle chaque soir.

Certains passages sont très difficiles, voire très sombres, je vous préviens. Sous la plume de Christophe Tison, Lolita est un personnage fascinant et touchant. Elle est un objet de désir pour les hommes, une adversaire à jalouser pour les femmes. Elle est aussi une jeune fille dont on a volé l'enfance, et qui en gardera des séquelles d'un point de vue émotionnel.
Lolita voudrait qu'on l'aime, mais elle ne sait pas comment faire. Alors elle ne dit jamais non aux hommes, telle une jolie petite poupée docile. Parce qu'elle pense que ça leur fera plaisir et qu'elle recevra leur amour en retour. Mais l'amour, ça n'est pas ça Lolita

Le pari était osé, mais Christophe Tison l'a relevé avec brio. Son écriture est intelligente, fine et franche. J'ai adoré.

On l'appelait Dolorès, Lo, Dolly ou Lolita. Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Elle était surtout une jeune fille qui cherchait à être aimée…



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Christophe Tison est je crois talentueux. Les descriptions parsemées de poésie, l'horreur dite mécaniquement, les événements s'enchaînant de manière fluide; je me suis sentie embarquée dans la vie de Dolorès du début à la fin du roman. On y croit, on espère pour finalement retomber, on s'étonne de ce que les humains peuvent faire. le ton biographique semble réaliste, et quand on voit ce que Christophe Tison a lui même vécu, on comprend mieux. Je recommande ce livre à tous. Il fascine et dérange, mais ne laisse pas indifférent. Il nous transporte dans un wagon bringuebaland à travers les États-Unis et l'adolescence v(i)olée de Lolita.
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J'ai découvert ce livre lors de la dédicace dans un théâtre. Lecture intéressante qui montre la vie d'une victime même si là, l'histoire est créée. Cette histoire rentre en raisonnance par rapport à la propre histoire de l'auteur.
J'ai eu envie de découvrir lolita de nabukov afin de comprendre.
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" L" plus connue sous le nom de Lolita mais en réalité tu es Dolores Haze.
Scandaleuse, tu avais défrayée la chronique dans l'oeuvre de Vladimir Nabocov avec les récits de " Humbert humbert" l'homme qui avait abusé de toi.
Près de cinquante ans plus tard, Christophe Tison nous livre ton témoignage à travers ton journal intime afin de comprendre ton parcours, tes pensées et tes souffrances.
On lit à travers ton journal ce que tu as subi, éprouvé. Tes joies, tes peines, ton calvaire et ta délivrance.
C'est un récit dur et parfois cru. le roman soulève la question de ambivalence de la victime d'abus, entre manipulation, consentement, protection, peur et survie.
Une émotion particulière lorsqu'on l'on découvre que l'auteur a lui même subi des agressions sexuelles durant son enfance. Un témoignage qu'il livre dans " Il m'aimait".
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Il se passe un truc assez étrange autour de ce livre en ce qui me concerne.

Lu deux fois. Un post-it par page, quasiment, pour marquer les passages, les mots, les phrases que je souhaite conserver. Mon exemplaire (au passage un livre-objet magnifique), ressemble à un véritable hérisson!
Et puis, une chronique, que je n'arrivais pas à écrire, retardée, retardée encore...peut-être, par peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas trouver les mots justes, pertinents, accrocheurs, pour parler de ce brillant récit.
Je me lance aujourd'hui, pour ne pas être trop en retard sur mon engagement avec Babelio et les éditions Goutte d'Or. Et parce que à un moment donné, ben, il faut bien se lancer, jeter par dessus-bord ses petites angoisses, et s'en remettre à l'inspiration du moment et oublier que l'on marche sur un fil.

J'ai adoré, j'ai été soufflée par ce vent de liberté qui existe bel et bien sur ces pages, mais j'ai été aussi oppressée par l'enchaînement très rapide des événements, des moments, de la courte vie de Lolita, qui se déroulent à un rythme à vous couper le souffle, à vous enlever les mots, à vous donner la chair de poule, à vous meurtrir à tout petit feu... Les pages sont devenues lourdes, à porter, par moment, à l'instar des actes de sexe qui ont été lourds, à porter, eux aussi, indubitablement, pour cette jeune fleur à peine éclose.
Et il vient de là le rythme de ce roman. C'est Lolita qui raconte. Ce n'est pas Humbert Humbert. Elle l'a eu elle aussi le souffle coupé, alors Christophe Tison ne nous l'épargne pas non plus. Dans le déroulé commun, ordinaire, normal d'une vie, l'épanouissement d'une fleur (à mon sens) doit bénéficier de douceur, de petits butinages tendres et délicats, d'attentions particulières par respect pour ce corps, fragile encore. Lolita, elle, bien jolie petite fleur a éclos. Mais pour elle, pas le temps pour les beaux discours, les tendres caresses, les doux baisers volés...le passage à l'acte s'est fait sans détour, à coups de bite dans son con, avec pour seul préliminaire un jet de sperme dans la gueule. Pas une seule fois. Non. Tous les jours, ou presque, alors que son beau-père et elle se déplaçaient, de motels en motels, de chambres en chambres, de lits en lits...Peu importe le décor, elle n'échappait que rarement aux gâteries physiques de ce pervers dégueulasse, mais pas con du tout.

Je pourrais écrire encore et encore sur ce livre, mais, d'autres avis, de chroniques, toutes (me semble-t-il) très élogieuses, me rassurent sur le fait, que si vous avez besoin de plus de matière, il y a de quoi faire sur la toile ou dans les journaux/magazines littéraires.
Allez, peut-être, un dernier élément à ajouter, au cas où : LISEZ-LE !

Christophe Tison, merci.
Les éditions Goutte d'or, également merci. D'avoir publié ce brillant récit. D'avoir permis/organisé ce savoureux moment, lundi soir dernier, à La Scala de Paris...un grand moment, d'émotions, superbe. Un de ces moments qui vous font, davantage encore, aimer la littérature. J'en suis ressortie, le coeur tatoué de sublimes mots, les abdominaux renforcés par les rires suscités lors de l'échange entre Christophe et Marie-Rose...et, les yeux un peu mouillés... beaucoup, en fait. Ces petites gouttes salées se sont pointées assez vite, je dirais. Elles se sont franchement distinguées pendant la lecture, (waouh, quelle lecture, quel moment !) de deux passages du roman, par la sublime comédienne Marianne Denicourt. Elles ont de nouveau manifestées leur présence alors que le documentaire littéraire, réalisé par Pierre-Marie Croquet et Basile Lemaire, était diffusé sur le grand écran de la salle et happait les spectateurs.
Babelio, je ne vous oublie pas, bien entendu. Merci à vous. J'avais reçu le livre lors d'un masse critique privilégié, et par un heureux, et absolument chouette hasard, vous m'avez permis d'assister à cet événement. MERCI !

PS : Charlotte et les éditions Goutte d'Or, toutes mes excuses pour le retard.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Je ne connaissais pas Lolita de #Nabokov, j'ai donc fait quelques recherches avant de lire ce livre.
Roman choc qui m'a perturbée, dérangée par moment, les mots sont crus pour parler de l'histoire de Lolita. On reste accroché à ses mots, on avance avec elle, la boule au ventre, avec angoisse et dégoût pour cet homme, ces hommes. Ce livre m'a fait penser aux livres de @mathieumenegaux .
C'est sans filtre et bien écrit.
Bravo @christophe.tison24 d'avoir osé vous mettre à la place de cette jeune fille de 12 ans.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Merci à Babelio et aux Éditions Goutte d'Or, pour ce livre dans le cadre de la Masse Critique.
Voici le journal de Dolorès Haze tour à tour Lolita, Lola ou Lo… (Le livre original de Nabokov est très loin dans ma mémoire et je ne suis pas certaine d'avoir tout compris à l'âge où je l'ai lu !)
Écrire le journal de Lolita, qui plus est, par un homme, paraît une gageure et un pari risqué ! mais c'est réussi… on fait totalement abstraction de l'auteur qui s'efface complètement derrière Lolita ! le style est simple, celui d'une gamine, sans expression compliquée et dans un langage parfois cru, à la limite de la vulgarité !
Ce récit dérange, aujourd'hui, mais à l'époque où il se situe, 1947-1952, tout le monde ferme les yeux, ne veut rien voir, dans certains microcosmes, c'est, à la limite, normal… c'est l'époque où l'on formate les gamines à être de parfaites maîtresses de maison, de parfaites épouses entièrement dévouées au bien-être du « mâle »… limite décérébrées ! et en parallèle, il y a Lolita, avilie, violée, qui du haut de ses 12 ans, apprend à manipuler d'abord Hum, puis les autres, elle apprend vite, très vite… un passage de ce journal « je suis la pauvre Dolorès Haze, pas un cent, pas un dollar. Tout est dans son pantalon où je ferais mieux de mettre mes petits doigts dorés » ! que dire ?
C'est poignant de simplicité, de naturel, de résignation aussi et pourtant Lolita a des rêves de bonheur simple !
Christophe Tison, un auteur à découvrir…

Françoise Busson alias coati râleuse
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Sous la plume de Vladimir Nabokov, Humbert Humbert nous avait livré ses troublantes confessions, effaçant l'image du bourreau pédophile, du monstre incestueux, pour s'afficher comme la victime de ses incontrôlables pulsions, le jouet d'une petite madone perverse et manipulatrice, Lolita.

Il y a toujours deux versions à ce genre d'histoire, et maintenant c'est à Lolita de parler.

Quand j'ai découvert Lolita en cours de littérature comparée, je suis instantanément tombée sous le charme de la poérotique de Nabokov, le talent avec lequel il dépeignait la complexité psychologique de son personnage, un bourreau tout en nuance dont le discours ne pouvait susciter que pitié et compassion... c'est incontestablement l'un de mes romans préférés. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande vivement le livre écrit par mon prof de l'époque : Lolitas et petites madones perverses Émergence d'un mythe littéraire de Sébastien Hubier

Christophe Tison rétablit une injustice. Après toutes ses années passés dans l'ombre, c'est à Lolita de raconter sa version de l'histoire. Christophe Tison donne littéralement vie à l'héroïne en publiant ses journaux intimes qu'il a réussi à dénicher. C'est la voix d'une toute jeune fille qui se fait entendre, celle d'une victime dont l'enfance a été volé par un beau-père égoïste.
Certains éléments sont semblables au roman de Nabokov, d'autres diffèrent légérement, et l'on vient à remettre en doute l'objectivité des confessions d'Humbert. Où se trouve la vérité ? Surement quelque part entre ces deux histoires.

A l'exact opposé de la poérotique de Nabokov où le sexe devient une métaphore filée incroyablement poétique, les mots de Lolita sont crus. Je m'attendais à un style bien plus maladroits et pourtant ses textes sont aussi pleins de poésie.


Mon seul regret tient sans doute à la brièveté des épisodes qu'elle raconte, surtout la période avec Humbert, j'aurai tellement aimé revivre chaque scènes en détails, mais le format choisi est sans doute plus cohérent avec le jeune âge du personnage.

L'auteur a puisé dans son expérience et ses propres traumatismes pour donner à Lolita, une vraie richesse psychologique et une personnalité qui reste cohérente avec le portrait qu'en dresse Humbert dans le roman. Beaucoup auraient été tentés de faire de Lolita une douce et tendre enfant. Mais Christophe Tison ne tombe pas dans le piège et nous dépeint un personnage tout en nuances. Une jeune orpheline brisée, sous la coupe d'un "gentil et généreux" beau-père, qui ne tarde pas à percer à jour les faiblesses de ce dernier. La grande faiblesse d'Humbert, c'est elle. Lolita le sait, elle prend conscience du pouvoir qu'elle a sur lui et sur les hommes, pour passer maitresse dans l'art de la manipulation. le journal s'organise en 5 chapitres, 5 hommes qui ont marqués sa vie. Les hommes plus âgés comme Humbert et Quilty qui ont abusés de son innocence et de sa naïveté, mais aussi des amours sincères qui lui ont fait connaitre quelques revers, jusqu'à la fin qu'on connait déjà. Ce n'est pas une victime brisée, mais une jeune femme incroyablement résiliente qui a su se construire en tant que femme malgré les drames qu'elle a vécu et tirer force de son expérience passée pour avancer.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Goutte d'Or.

Lien : https://wereallmadaboutbooks..
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Le journal de Hell

Nous connaissons tous Lolita, cette enfant abusée par son beau-père, puis d'autres hommes. Mais Nabokov ne lui avait jamais laissé la voix, faisant d'elle une poupée, un objet de décor qu'on utilise, déplace, oublie ... à l'image de celle qu'avait Humbert Humbert de cette jeune enfant, certainement.

Et puis, Christophe Tison a osé. Il faut tout de mettre être gonflé pour toucher à cette anthologie de la littérature. Mais gonflé à bloc ! Et ça fonctionne, en plus !

Dolorès Haze - alias Lolita - n'a que douze ans et demi lorsqu'elle se retrouve, à la suite de la mort de sa mère, entre les griffes de son beau-père. Dans son journal, elle nous relate son effroyable quotidien de petite fille sous l'emprise d'un pédophile. La plume est parfois naïve, comme on peut l'être à cet âge-là. Mais d'une naïveté effroyable.

Christophe Tison réécrit l'oeuvre de Nabokov, la transforme et la transcende. L. nous raconte son enfer, son quotidien en parfait décalage avec celui des enfants de son âge. Au fil des extraits et des années, la plume se fait plus mature, à l'image de la femme qu'elle est en train de devenir.

On retrouve dans l'oeuvre de Christophe Tison, les sentiments paradoxaux des victimes de leur bourreau : la haine et le dégoût côtoient une certaine tendresse à l'égard de cette personne-même qui leur fait vivre l'enfer. Dolorès n'a qu'eux, dans sa vie, que ces hommes qui l'usent et l'utilisent pour satisfaire leurs propres vices. Et comme elle n'a connu que ce mode de fonctionnement familial – ou presque – elle le reproduit, à l'infini. Échappant à son bourreau pour se retrouver dans ceux d'un autre.

En tant que lecteur, on assiste, impuissant, à la descente aux enfers de Dolorès. D'ailleurs, de Dolorès, il ne reste plus grand chose, même son nom est effacé, oublié. La littérature ne se souvient pas de Dolorès Hazel, elle se souvient de Lolita. Christophe Tison, grâce à ce journal, lui donne une voix, une âme ; L. n'est plus une poupée de la littérature, c'est une jeune fille à qui l'on aura tout pris, mais qui, armée de son stylo et de papier, aura pu renaître de ses cendres.

Un pari hasardeux et culotté, mais pour le moins réussi.

Je remercie les éditions Goutte d'Or pour cette lecture.
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