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3,45

sur 220 notes
Voici un roman très sombre sur un sujet qui a fait honte dans l'histoire des XIX et XX siècles, à savoir, les bagnes pour enfants nommés injustement « Maison d'éducation surveillée ».
Nous sommes en 1901 dans l'arrière pays héraultais, une terre pauvre sur laquelle trime une communauté misérable .Le « bagne pour enfants » qui domine cette terre reculée et oubliée de tous, a permis aux habitants d'améliorer leur ordinaire en leur offrant un travail mais aussi en les laissant se livrer à des commerces moins avouables. Dix sept ans après la fermeture du bagne, des évènements, somme toute normaux, comme des animaux qui tombent malades ou des hommes qui se blessent et meurent, viennent réveiller des peurs enfouies, des superstitions selon lesquelles les enfants morts au bagne sous les mauvais traitements de leurs tortionnaires reviendraient se venger.
Ce roman particulièrement noir, est âpre et troublant. Il décrit la vie misérable de cette communauté qui a beaucoup à se reprocher, entre ceux qui ont participé aux mauvais traitements envers les enfants du bagne et ceux qui se sont tus par lâcheté ou profit.
Au fil des chapitres alternant les points de vue, l'auteur nous permet d'assembler les pièces du puzzle pendant que monte une tension qui mènera à l'inéluctable explosion finale.
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Voilà un bon polar rural , plutôt glauque , mais la vie dans le bagne est mis au second plan , sauf au début de chaque chapitre qui nous donne le nom d'un enfant qui a fait un séjour là -bas .
Un roman qui parle des fantômes du passé , qui sont encore présent parmi les gens du village.
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Roman découvert par hasard dans les rayons de ma médiathèque, Les Mal-Aimés de Jean-Christophe Tixier est un livre bouleversant autour d'un sujet difficile: celui des bagnes pour enfants des dix-neuf et début vingtième siècles. Oui, vous avez bien lu: à une époque pas si ancienne (qu'est-ce que cent, cent cinquante ans ?), pour un vol de gâteau ou pour « vagabondage », la justice des hommes pouvait condamner un enfant au bagne jusqu'à sa majorité… Incarcérés dans des lieux insalubres, les jeunes étaient écroués dans des conditions désastreuses, sous le joug de gardiens violents et abusifs…

Dans ce roman, le bagne de Vailhauquès situé dans l'Hérault, ferme ses portes en 1884. le premier chapitre s'ouvre sur le défilé de jeunes garçons qui sortent de l'établissement, libres mais intérieurement dans un état que l'on devine déplorable au vue des sévices subis. Une vingtaine d'années plus tard, la vie suit son cours au village, quelques habitants parmi les plus rustres avaient « travaillé » dans ce bagne, soit comme gardien, soit comme lingère ou cuisinière… Tous vivent dans le silence des évènements passés : l'omerta dirige les relations entre les villageois, tous savent et se taisent. Jusqu'à ce que des faits étranges que l'on attribue trop vite au surnaturel entachent la communauté : morts soudaines, maladies, bruits suspects… Est-ce le Diable ou les enfants qui reviennent se venger « comme les loups quand la faim les ronge« ?

Le bagne accable le village de sa présence, bride de son souvenir honteux les habitants de la vallée. A l'image de la photographie de couverture, le bagne n'est plus qu'un bâtiment désaffecté dans lequel il s'est passé de mauvaises choses. C'est autour de lui que gravite l'histoire inventée par J.C Tixier, sans jamais y entrer. C'est là que le lecteur est surpris par la tournure que prend le récit, puisque l'on reste dans le village, à une époque différente de celle du bagne en activité. Mais le roman entier est porté par une écriture poétique qui n'est pas sans rappeler celle de Jean Giono: on se laisse entrainer par la puissance des mots, des images sombres de ce roman noir rural, portrait profond du siècle passé dans nos campagnes, portrait au vitriol des représentants de la religion, des membres de l'éducation nationale, de la justice, qui à une époque faisaient bien peu de cas des enfants…

Une belle découverte pour moi que cette plume poétique sur un fond historique intéressant.
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Un livre coup de poing, poignant, noir et hélas plein de vérités sur la noirceur humaine, la méchanceté et les brimades continuelles qu'il y a dans ce bagne pour enfant, fermé depuis longtemps mais dont les secrets affleurent petit à petit.
Un épisode de l'histoire dont on aurait bien voulu qu'il n'existe pas
Une belle écriture mais une lecture difficile.
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Garder leur inavouable secret et continuer leur petite vie. C'est ce que pensent faire les habitants de ce petit village au fin fond des Cevennes quand en fait, ils ne font que creuser leurs tombes. Plus ils enfouissent et protègent leur secret, plus ils enterrent profondément leurs âmes jusqu'à atteindre l'enfer sur terre. Ils ne sont plus que des ombres qui ont poussé sur un terreau d'amertume et de culpabilité, laissant éclore la peur et la haine. Une terre qui a modelé des hommes taiseux au coeur sec et des femmes infertiles. Peu à peu l'humanité s'efface, dissoute dans une noirceur absolue au profit d'automatismes qui maintiennent une impression de normalité. Des mécanismes de survie dont les engrenages broient tout sur leur passage.

JC TIXIER fait prendre tout son sens au terme « maudit » et dénonce dans cette fiction basée sur des faits historiques les conditions de vie des enfants dans les maisons d'éducation surveillées. Un joli nom pour ce qui n'était en fait que des lieux de souffrance où étaient perpétrés des tortures physiques et psychologiques.

Il en ressort un roman à l'ambiance incroyablement sombre et malsaine. Tout est moite, dense, puant. La part sombre des personnages a depuis longtemps envahit tout leur être. Aucune honte, aucun remord, tout juste des regrets que les choses ne se soient pas passées comme prévues. Les traitements inhumains leur importent moins que le fait de devoir assumer les conséquences de leurs actes. Ils craignent une vengeance divine ou une quelconque malédiction là où ils devraient être hantés par leurs consciences. Il n'y a rien à sauver chez ces hommes et ces femmes.

Un récit glaçant qui amène le lecteur au bord de la nausée. Une noirceur impitoyable qui ne laisse jamais filtrer le moindre espoir . Étonnant quand on sait que l'auteur écrit principalement des albums jeunesse. Ce livre est un vrai tour de force dont le principal atout est sans doute cette plume poétique d'un douceur et d'une violence incroyables. Une lecture dont chaque court chapitre débute par un extrait des registres d'écrou de la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès dans l'Hérault. de quoi immerger le lecteur dans une atmosphère de désespoir sur fond d'injustice. Seul bémol, j'ai regretté le manque de rythme. S'il renforce l'atmosphère pesante, il peut aussi lasser et amener le lecteur à décrocher.

Un livre qui secoue. A déconseiller aux petits coeurs trop sensibles.
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Lecture qui ne laisse pas indifférent..forçément, le thème abordé, les bagnes pour enfants, donne froid dans le dos...
L'écriture est fluide ( j'ai parfois pensé à l'écriture "terroir" de F. Bouysse ou des premiers livres de S. Collette), commence lentement pour gagner en intensité. Les personnages sont fouillés, on suit leur évolution et on assiste impuissant à tous ces drames qui font écho à des évènements passés où tous finalement sont impliqués...
C'est noir, c'est puissant, bien écrit; j'ai beaucoup aimé, même si encore une fois le thème est révoltant ( comme dans "The magdalene sisters").
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Un roman très très noir, tellement émouvant et tellement bien écrit
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La quatrième de couverture était prometteuse mais je suis malheureusement resté sur ma faim. Ce n'est pas un mauvais roman, loin de là, mais je m'attendais à un autre traitement autour du thème du "bagne" pour enfants.
Certes, le style est présent, la forme est intéressante et on ne peut nier que l'auteur sait instaurer une ambiance...lourde et pesante.
Cependant, je n'ai pas été porté par le rythme, l'enchainement des chapitres. Les personnages sont inégalement dépeints et la succession de péripéties toutes plus sombres les unes que les autres finit par lasser. Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour le lire car, j'en suis convaincu, ce n'est vraiment pas un mauvais livre...

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C'est pas possible : j'ai été attiré par le sujet mais la façon dont l'auteur le traite me désespère. C'est dommage, il écrit plutôt bien mais l'on se perd dans je ne sais pas dire quoi, tant le livre est flou. J'essaierai de lire autre chose de vous mais j'espère ne pas être déçu cette fois. E tout cas, celui-ce me tombe des mains. Désolé !
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Jean-Christophe Tixier prend son temps pour planter le décor de son roman. A raison, car c'est un de ses éléments essentiels.

On commence donc par un tour d'horizon de ce coin de Cévennes du début du XXème siècle, quoique le terme "horizon" n'est pas vraiment approprié, sauf si on le qualifie de "bouché"... d'ailleurs, le lieu-dit où se déroule l'action, coincé au pied d'une falaise, à l'extérieur d'une bourgade où l'on ne se rend que par nécessité, s'appelle "Le Creux".

On visite les fermes de ce hameau que l'on croirait au bout fond du monde.

Celle de Blanche et Ernest, elle la nièce trop belle pour ce trou, jalousement gardée par l'oncle qui l'a recueillie enfant. Jolie Blanche qui ne connait de l'amour que les saillies brutales que lui impose Ernest sur le dur sol de la grange, dont résultent parfois de petits "êtres-limaces" qu'elle expulse en secret.

Celle de Jeanne et Léon, où vit aussi Etienne, le gamin qu'ils ont récupéré pour garder les chèvres -Jeanne étant trop sèche pour enfanter-. Un trio qui ressemblerait presque à une famille "normale", à ceci près que le fermier tombe à bras raccourcis sur Etienne à la moindre bêtise...

Celle de "la Cruère", lingère de son état, qui complète ses maigres ressources en élevant des bâtards de l'assistance publique que lui refourgue l'instituteur contre commission.

On croisera aussi dans les parages Morluc, médecin originaire de la région, revenu de la ville, dont il se languit, pour des raisons que l'on devine obscures, ou encore Géraud, électron libre et simple d'esprit, qui a élu domicile dans les falaises bordant le Creux.

Autre présence, intensément pesante, celle du Bagne, établissement de redressement pour mineurs, évacué dix-sept ans auparavant. Il continue pourtant d'étendre sur le Creux une ombre rendue menaçante par le poids des terribles secrets qui le lie à de nombreux habitants du coin, qui y ont travaillé, et ont tu les sévices, la malnutrition, quand ils n'ont pas été eux-mêmes des acteurs de la maltraitance infligée aux enfants...

La chape de silence dont ils ont recouvert ces événements est assourdissante de culpabilité, et surtout d'une crainte sur le point de se transformer en terreur. Car il semblerait que les enfants se vengent... des meules prennent mystérieusement feu, la jument d'Ernest tombe brutalement malade, puis c'est au tour des chèvres de Léon...

"Les mal-aimés" nous immerge dans une rusticité mesquine et brutale, aux côtés d'êtres pitoyables, répugnants. L'innocence n'a pas sa place dans cet univers régi par la cupidité, hanté par la peur du manque et la terreur du diable.

Quant aux horreurs commises derrière les murs du Bagne, elles ne sont évoquées qu'à demi-mots, le pire étant laissé à l'imagination du lecteur. le récit en acquiert une dimension pesante, anxiogène, que le rythme lent de l'intrigue rend d'autant plus intense.

Un premier roman très réussi.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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