Pour ce premier roman que je lis de
Jean-Christophe Tixier, je me trouve en présence d'une chronique rurale qui me fait penser aux romans de
Franck Bouysse ou
Sébastien Vidal, en plus noir. Oui amis lecteurs, ce roman est le plus noir que j'ai lu depuis bien des années. Loin de
Jean Giono et
Gabriel Chevallier qui tous deux avaient magnifié la ruralité, vous n'y trouverez aucun répit, aucun sourire, aucune complaisance, aucune respiration contemplative.
1884 : un bagne pour enfants est démantelé et un village qui vit de cette activité est en quelque sorte poussé à sa ruine.
1901 : de nos jours, les villageois ont repris leur vie médiocre et misérable, tentant d'oublier le passé peu glorieux.
Les légendes maléfiques naissent de la mauvaise conscience des hommes ainsi il est simple de faire endosser au « malin » les malheurs que l'on attribue au mauvais sort ou au destin. Tous les villageois ont des choses à se reprocher, même ceux qui apparaissent aux lecteurs comme les victimes d'un système esclavagiste dépassé.
L'auteur met en scène les destins croisés dans cette vallée du bout du monde qu'ils appellent « le creux », au pied de la falaise. Plusieurs générations ont ainsi hérité d'une conscience perturbée par le bagne. Au rythme de la nature, des bêtes, le lecteur va donc côtoyer tous les personnages, dans des situations sordides, entre empathie et antipathie pour cette microsociété.
Jean-Christophe Tixier se donne ainsi élégamment la possibilité d'égratigner la société d'avant voire celle d'aujourd'hui en décrivant les bassesses humaines intemporelles.
Donc oui, plus noire que noire et sans concession, cette chronique villageoise vous ébranlera à coup sûr et … si tel n'est pas le cas, allez consulter d'urgence !
Lu en version numérique 7.49 €
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