Ce livre est, comme le nom l'indique, une collection de mythes de création. Les auteurs sont sortis des sentiers battus en choisissant leurs récits de façon beaucoup moins centrée sur l'Europe que d'habitude, et en se diversifiant vraiment ; en fait, dans ce livre, l'Europe doit être le continent qui donne naissance au moins de mythes pour la bonne raison qu'il est le plus petit.
Les dessins sont jolis et colorés, mais n'essaient, à mon avis, pas assez de se diversifier selon les origines et les ambiances des histoires. Et quand j'y pense, c'est un des légers problèmes que j'ai avec le style aussi. Il n'épouse pas les ambiances, il reste fixé, et s'il était bon ça ne poserait pas de problème, mais comme il est juste correct, c'est un peu dommage.
Certaines histoires sont racontées telles quelles, d'autres sont en quelque sorte "emboîtées" et contées par un personnage de notre époque, ce que je n'aime pas trop, ça donne un côté presque déjà daté que ça n'avait pas sinon.
En bref, je le conseille d'un point de vue documentaire, il est très intéressant, mais un peu moins d'un point de vue "littéraire".
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Un bel ouvrage : les textes intelligents et poétiques sont magnifiquement illustrés et en parfaite harmonie. Pour tout ceux, de tout âge, qui aiment se surprendre à rêver. Ce livre est un beau cadeau à faire ou à se faire !
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Conte de l'Oiseau bleu (Vosges et Pays messin)
Noé après avoir lâché la colombe prit l’Oiseau bleu (martin-pêcheur) et lui dit :
— Toi qui connais les eaux, tu auras moins peur, pars aussi, vas voir si la terre reparaît.
L'Oiseau bleu partit, bien avant le jour ; à ce moment s'éleva sur les eaux un si grand vent, que pour ne pas être précipité et submergé dans l’onde, il prit son essor vers le ciel. Il vola avec une rapidité extraordinaire, ne s'étant pas servi de ses ailes depuis bien longtemps ; aussi, arriva-t-il bientôt dans le bleu du firmament où il n'hésita pas à s'enfoncer. De gris qu'il était auparavant, son plumage se colora de bleu céleste.
Arrivé à une grande hauteur, il vit le soleil qui se levait bien loin au-dessous de lui ; une invincible curiosité le poussa à aller considérer cet astre de près ; il dirigea donc son vol de ce côté ; plus il approchait du soleil, plus la chaleur devenait vive ; bientôt même les plumes de son ventre commencèrent à roussir et à prendre feu. Il abandonna son entreprise et revint précipitamment s'éteindre dans les eaux qui couvraient la terre. Après s'être plongé à plusieurs reprises dans l'onde rafraîchissante, il se souvint de sa mission, mais il eut beau regarder de tout côté, l'arche avait disparu.
En effet, pendant l'absence de l'Oiseau bleu, la colombe était revenue avec une branche de chêne, puis l'arche poussée par ce grand vent que Dieu avait suscité exprès, avait touché terre, et Noé, sorti de cette demeure flottante, l'avait démolie pour en faire une maison et des étables. L'Oiseau bleu, ne voyant plus rien sur les eaux se mit à pousser des cris aigus et à appeler Noé.
Aujourd'hui encore, on le voit cherchant le long des rives, s'il ne retrouvera pas l'arche ou quelques-uns de ses débris. Il a conservé jusqu'à nos jours sur la partie supérieure de son corps le plumage bleu de ciel qu'il a acquis dans le firmament, et son ventre est encore tout roussi par suite de l'imprudence qu'il a eue d'approcher du soleil.
L'homme dans la lune
(Bigorre)
On sait que la prescription d'observer les sabbats et les fêtes fut autrefois plus étroite qu'elle ne l’est aujourd'hui. Or, il y avait, il y a bien longtemps, un homme qui travaillait tous les jours, sans se reposer les jours fériés. Dieu s'en offensa et lui dit :
— Je te pardonne quant au passé ; mais dorénavant ne travaille que les jours qui sont licites.
Cet homme n'écouta point la parole de Dieu, et il recommença à travailler, sans égard pour les temps consacrés. Il était en faute pour la troisième fois, portant sur son dos un fagot d'épines, quand Dieu lui apparut et lui dit :
— Que t'avais-je dit ? Respecte les jours fériés... Suspends ton travail ces jours-là... Mais tu ne m'as point obéi... Or, à présent, je vais te punir et te retirer de la surface de la terre. Je t'exilerai à ton choix, dans le soleil ou dans la lune. Et l'homme répondit :
— Que dois-je faire ? Choisirai-je, à présent que je dois quitter la terre, d'habiter dans le soleil ou d'habiter dans la lune ?
Dieu vint à son secours, lui disant :
— Le soleil, c'est un feu ardent, et la lune, c'est la glace.
— Or, dit l'homme après avoir réfléchi un moment, la chaleur du soleil me fait peur, et puisqu'il faut choisir, j'aime mieux aller dans la lune.
— Soit, dit le Bon Dieu. Et il l'y transporta. Parce qu'on était dans le mois de février, cet homme s'appela Février : parce qu'il n'a point voulu se reposer, cet homme n'aura plus de repos dans l'astre qui marche toujours.
Il n'est point difficile de l'y apercevoir, chargé de son fagot d'épines. Son ombre est à la surface ; il est au fond, derrière son ombre.
Mais on ne l'y voit pas en tous temps ; car la lune est d'abord invisible elle-même, puis elle paraît, elle grandit, et bientôt, de sa face immense, elle regarde les hommes ; puis elle décroît. A ce moment, ainsi que dans son accroissement, l'ombre se manifeste, le prisonnier révèle son châtiment à la terre. Et le châtiment durera. Mais quand le monde aura pris fin, quand tomberont les étoiles, relevé de sa pénitence, Février reprendra, avec son nom d'homme, la liberté des cieux.
Interprétation libre par Christophe, Chloé et Manu à la Gare Saint Sauveur du roman L'Anglais Volant de Benoit Reiss, Quidam Editeur.