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En 1899, l'Indonésie est une colonie néerlandaise. A Surabaya, sur l'île de Java, le jeune Minke, malgré sa condition d'indigène, poursuit des études dans une école prestigieuse en principe réservée aux Blancs et aux métis. Imprégné de l'éducation moderne dispensée par les meilleurs enseignants du pouvoir colonial, Minke est reconnaissant et admiratif de ses professeurs, mais s'interroge tout de même : "Ces connaissances scientifiques, dont je constatais les applications dans mon quotidien, me rendaient très différent de la grande majorité de mes concitoyens. Allaient-elles à l'encontre de mon identité javanaise, je l'ignore, mais c'est un jeune Javanais éduqué à l'européenne qui, de l'intérieur, me poussait à écrire". Car Minke est également journaliste et commet régulièrement des chroniques dans le journal local. Un jour, il fait la connaissance d'Ontosoroh, la concubine indigène d'un riche colon néerlandais. Vendue par ses parents à celui-ci lorsqu'elle était toute jeune, elle a, depuis lors, pris sa revanche, devenue patronne, dans les faits, de l'exploitation agricole de son "maître". Cette autodidacte et gestionnaire de poigne et de talent a eu moins de réussite avec les deux enfants qu'elle a eus avec le riche colon. Son fils Robert la méprise parce qu'en tant que métis il s'estime supérieur à elle. Quant à sa fille Annelies, frêle et divinement belle jeune fille, elle est au contraire trop fusionnelle avec sa mère qui, voulant la protéger, n'a réussi qu'à l'isoler du monde extérieur. Ainsi, quand Minke entre dans leur vie, le coup de foudre entre les jeunes gens est inévitable.
Cette histoire d'amour passionnée est un brin trop exaltée, mais elle cristallise bien la complexité de l'organisation sociale des Indes néerlandaises. Minke observe cette société figée dans un système codifié où chacun est classé en fonction de sa couleur de peau (purs-blancs, métis, indigènes). Sa liaison avec Annelies est mal vue de toutes parts, entre un indigène et une métisse, entre un jeune homme issu de l'aristocratie javanaise et la fille d'une concubine (donc présumée femme de basse extraction et de mauvaise vie), sans compter ce qu'en pensent l'épouse et la descendance légitimes du colon depuis Amsterdam. Peu à peu, au gré des coups du sort qui s'abattent sur lui et Ontosoroh, la conscience politique de Minke s'éveille. Ses yeux s'ouvrent sur les injustices et la domination exercée par les colonisateurs qui, sous couvert paternaliste et condescendant, apportent les "lumières de la civilisation occidentale" à ces "sauvages aux croyances obscures". Face aux discriminations et aux humiliations, Minke se prend à rêver de résistance et de liberté.
Dans ce premier volume de la tétralogie du Buru Quartet, on assiste donc à une prise de conscience, un apprentissage du "monde des hommes", et à l'éclosion d'un sentiment amoureux contrarié par des règles fondamentalement illégitimes. le style est classique, parfois un peu lourd ou désuet, mais cela n'enlève rien à la richesse et à l'importance de ce texte, dont l'auteur, censuré tout au long de sa vie dans son pays, a été maintes fois pressenti pour le Prix Nobel.
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Dépaysement total : Java, à la fin du 19e siècle.

Java, c'est en Indonésie, mais c'était alors les Indes néerlandaises et la reine Wilhelmine venait de monter sur le trône. le narrateur et héros du roman, Minke, est un Javanais né le même jour que la souveraine et très amoureux de l'image inaccessible de sa reine. C'est un indigène favorisé, car il fréquente un collège néerlandais où il a d'excellents résultats scolaires. Il gagne sa vie en vendant des meubles qu'il fait fabriquer par un voisin français. Il réussira aussi à faire publier ses textes dans le journal.

Un collègue étudiant l'amène chez une « Nyai », la concubine d'un homme blanc. Les préjugés voudraient qu'il pénètre dans un lieu malfamé, mais la Nyai est au contraire une femme extrêmement cultivée, qui lit et parle néerlandais. Elle hébergera Minke qui deviendra l'amant de sa fille Annelies qui se rend malade tellement elle est amoureuse de lui.

Le roman présente une image de relations sociales complexes avec des « purs blancs », des métis et des indigènes. Pour Minke, instruit des valeurs néerlandaises, les choses qui semblaient aller de soi, comme de se mettre à genoux face contre terre devant un chef, ne lui semblent plus du tout normales. Il sait qu'il est aussi intelligent que les « purs blancs », même s'il n'a pas de nom de famille.

Un livre qui m'a fait réaliser à quel point je suis ignorante de cette partie du monde. Je l'avoue, je ne connaissais pas grand-chose de l'Indonésie à part son emplacement sur le globe terrestre. C'est pourtant le 4e pays le plus peuplé et selon Wikipédia, c'est une des plus importantes sources de biodiversité, mais aussi un pays pauvre et à majorité musulmane. C'est une société cosmopolite, le roman mentionne les Javanais, les Madurais, les Balinais, les Aceh, mais ce ne sont que quelques-uns de plus d'un millier de groupes ethniques recensés aujourd'hui…

Un livre étonnant et dépaysant, à savourer au son du gamelan : https://youtu.be/UEWCCSuHsuQ.

Le problème avec ce roman, c'est qu'il n'est que le premier d'une tétralogie et que j'ai vraiment envie de connaître la suite. Ma PAL va encore s'alourdir.
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Minke est un indigène, la caste la plus basse sur l'ile de Java à la toute fin du XIX ème siècle. Ses parents ont réussi à l'inscrire dans une prestigieuse école destinée essentiellement aux colons, les Néerlandais. Un de ses camarades l'amène dans une riche propriété, appartenant à Hermann Melema , un colon qui a réussi dans l'agriculture. Pourtant dans cette ferme , la maitresse de maison est une indigène.

Il y a des livres qui remis dans leur contexte prennent toute leur force. L'auteur a passé sa vie à prôner la liberté . C'est en prison que le texte du Monde des hommes a germé dans les années 70. L'auteur devra attendre la fin des années 90 et de Suharto pour pouvoir publier cette oeuvre , premier tome d'une tétralogie.
Ce livre est immense . le héro, Minke, est un indigène parlant couramment le Néerlandais. On est constamment dans la quête de l'identité, le poids du passé, les convenances devant les colons, la liberté contrecarrée, l'injustice coloniale.
A travers ses personnages, l'auteur montre toute la stratégie du colonialisme, mais va bien au delà en instaurant des personnages complexes, humanistes comme lui.
Le monde des Hommes est avant tout un cri, une prise de conscience , la rébellion d'un peuple soumis, le dos courbé devant le colon et qui s'en remet à ses instruits pour relever la tête.
Il n'y a pas un mot de gratuit, pas un personnage fortuit. Il y a foison de thèmes abordés, toujours autour de l'humain : La passion , la liberté, l'honneur, les rapports de force, l'instruction mais aussi la psychanalyse balbutiante.
Lorsque l'on ouvre un livre , qui plus est inconnu, on part en voyage. A travers ses mots, l'auteur peut graver dans notre esprit des images très fortes. "Pram" est un maître. Un humaniste à découvrir pour que son combat soit porté à travers les continents.
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Une fois passés les termes et les expressions malaises incontournables, une fois passées les quelques répétitions (oui Ann est belle !), une fois passé l'angélisme parfois, cette fresque se lit avec facilité et même plaisir. Direction les Indes néerlandaises donc, où l'on découvre nos deux amoureux qui doivent se battre contre les traditions et les castes d'un côté, et les obligations coloniales imposées par les Pays-Bas de l'autre. Une vraie épopée en quatre tomes quand même. Je me mets très prochainement dans le deuxième livre tant c'est passionnant et instructif. Roman interdit en Indonésie jusqu'en 2005 d'ailleurs contre un auteur devenu pourtant une référence internationale, tel Tolstoï.
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Java début du 20e.

Le premier intérêt en entamant ce gros roman (1er tome d'une tétralogie) est de décrypter une organisation sociale extrêmement complexe, trait commun de nombre de pays subissant une colonisation. Les Indes Néerlandaises ont structuré une société multiple de « pur blanc », métis et indigènes, aux codes rigoureux de domination/servilité par l'origine, le statut, et le pouvoir économique.

Minke, jeune homme de haute naissance indigène mais pur produit du système éducatif européen, est l'image de cette difficile mutation entre l'obscurantisme et les « lumières » du modernisme. En quête de son identité propre, tout ce qu'il vit, découvre ou subit tourne autour de l'idée d'humiliation et de domination d'un autochtone face à une civilisation blanche condescendante et hypocrite, et au constat de la féodalité de son propre peuple.

Le récit s'apparente à un journal chronologique de l'apprentissage à la vie d'un jeune homme qui se cherche, découvre le sentiment amoureux et l'impérieux désir de reconnaissance, de justice et de liberté. Au-delà du parcours personnel d'un individu entre deux cultures se dessine aussi une conscience plus large d'égalité, à défaut d'auto détermination d'une nation asservie.

Un livre important, percutant sur le fond, à qui on peut reprocher une certaine lourdeur de narration, un manque de subtilité de formulation.
La plume classique, à la sensibilité un peu désuète colle parfaitement à l'époque évoquée. L'équilibre entre les aventures de Minke et les sujets de réflexion historique ou identitaire est parfait, permettant une lecture aisée et riche d'enseignement.

Une découverte originale et dépaysante...et le second opus* sous le coude!

*Enfant de toutes les nations
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J'avoue ne mettre jamais penchée sur l'histoire du colonialisme néerlandais..Notre propre histoire coloniale étant encore empreinte de tant d'opacité que nous avons quelque foisn du mal a comprendre le système colonialisme dans sa globalité. Mais heureusement la littérature et ses auteur-e-s nous permettent d'éclairer nos nuits.
Ce livre fut raconté, puis il fut écrit. Raconté par l'auteur à ses co-détenus. Car ce livre fut crée en prison. Il s'agit donc d'un texte qui aurait pu ne jamais nous parvenir. Rappelons qui en est l'auteur : «  Pramoedya Ananta Toer est né en 1925 sur l'île de Java. Après avoir été emprisonné par le gouvernement colonial hollandais de 1947 à 1949, il est envoyé en 1965, sous la dictature de Suharto, au bagne de Buru, dont il sort en 1979 sous la pression internationale. Grand humaniste, fidèle à ses idéaux jusqu'à la fin de sa vie en 2006, il est surveillé et systématiquement censuré. Son oeuvre est immense – plus de cinquante romans, nouvelles et essais, traduits dans près de quarante langues. Fresque politique, roman d'initiation, d'amour et d'émancipation, le Buru Quartet est une incroyable machine romanesque – géniale, puissante et unique. » Editons Zulma.
« Le monde des hommes » est le premier opus du Buru Quartet. Et c'est un récit percutant.
L'histoire s'ouvre en 1899...L'esclavage est aboli...Le monde se veut « moderne »..
« L'usage du terme empire pour désigner toutes les activités d'outre-mer des néerlandais fait débat car de nombreuses colonies n'étaient en fait que des postes de commerce gouvernées par des entreprises privés, La Compagnie néerlandaise des Indes orientales et la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. C'est seulement après les guerres napoléoniennes terminées en 1815, que les Britanniques rendirent à la monarchie néerlandaise les possessions que ceux-ci avaient occupé. le pays prit alors directement en charge la gestion des colonies. Après cette date, tous les historiens utilisent le terme d'empire et d'impérialisme, pour faire référence à un aspect plus européen et la plupart du temps, seulement pour la période 1880-1940, de leur colonisation. En 1968, un historien néerlandais écrivit pour un public anglais : « La politique coloniale néerlandaise n'a jamais été dominée par la vision d'établir un empire néerlandais en Asie », S. L. van der Wal dans : Bromley and Kossmann.
De plus, il n'y avait pas de politique d'assimilation, et les indigènes n'étaient pas forcés d'adopter la langue néerlandaise, ou les moeurs ou coutumes des Hollandais, comme la religion, protestante ou catholique. La colonisation était surtout économique, les Indes néerlandaises n'étaient pas une colonie de peuplement pour les colons néerlandais, et la présence des Européens était restreinte. En revanche, les populations étaient soumises à l'occupant, qui pouvait avoir recours au travail forcé » Wikipédia.
Opaque est donc notre histoire, et parfois peu édifiante. Méconnue parce que souvent encore tue.
En lisant l'article de Rokhaya Diallo, paru en 2013 dans les Inrocks, dont je vous invite ici à prendre connaissance : https://www.lesinrocks.com/2013/07/02/actualite/actualite/les-pays-bas-hantes-par-la-memoire-de-lesclavage/ , on comprend l'étendue, les conséquences des traumatismes des peuples et ceux des nations, du «  monde des hommes ».
Il y a une parole qu'il faut entendre, une parole porteuse d'histoires, histoires que les hommes racontent, transmettent, que ce soit du fond de leur cellule ou à travers les livres. Bien fous et bien monstrueux celles et ceux qui voudraient l'enfouir sous les cendres.
La littérature est utile à la compréhension du monde des hommes , à son articulation, à la réémergence de ses vérités.
Il fut un temps… Mais est ce là encore un échappatoire linguistique qui nous pousse à utiliser un temps qui bien qu'il fut n'en reste pas moins présent .
Il fallait un roman pour que cette histoire nous parvienne. Et Pramoedya Ananta Toer l'a écrit.
Oui il fut un temps, où le terme d'« indigène » était une graine putride germant dans le cerveau non moins putride d'un système économique et politique qui envahit le monde. Il fut un temps où l'on s'appropriait le corps des hommes, la terre des hommes. Il fut un temps où la haine de l'autre poussait des hommes à en venir à se haïr ou à se régner soi même. Il fut un temps où des hommes avaient un nom et d'autres n'en avait pas le droit. Il fut un temps où le ventre des femmes ne leur appartenaient pas, il fut un temps où l'enfant que portait une femme ne lui appartenait pas.
Il fut un temps où quelque tribunal de quelque capitale pouvait au nom d'une loi qu'elle était la seule à reconnaître pouvait d'une ligne spolier des hommes de leur terre, de leur droit.
Il fut un temps où les filles et fils d'indigènes se mirent à lire. A apprendre, à comprendre.
Et le temps commencèrent à changer...Mais pas à disparaître, malheureusement.
Il fut un temps où l'histoire n'était parfois plus racontée, il fut un temps où tout pouvait continuer…
Mais il fut également un temps où l'histoire fut imprimée, où des hommes donnèrent des visages aux sans nom.
Cette histoire commence en 1899, à Java. Mais cette histoire résonne dans le coeur du monde entier.
Elle est de partout et de tout temps. « Enfant de toutes les nations » sera le deuxième tome de cette grande histoire. Et il me tarde de la découvrir.
« Han, certes, ce n'est pas chose nouvelle, ce chemin où l'on met ses pas a été maintes fois parcouru mais seul le voyage actuel y pose des jalons ».
« Prison de Buru,
raconté en 1973,
écrit en 1975. »

Astrid Shriqui Garain
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En pleine période où Java est colonisée par les Pays Bas et se nomment alors les Indes Néerlandaises, Minke, jeune homme brillant, est un des rares indigènes qui étudie au lycée néerlandais de sa ville. Rapidement il va faire connaissance et tomber amoureux d'Annelies Mellema, jeune métisse à la beauté incroyable et fille de Nyai, ancienne concubine d'un riche néerlandais dont elle fait fructifier l'entreprise.
Premier tome d'une tétralogie, c'est bien d'un roman d'initiation qu'il s'agit ici.
Ainsi Minke est en plein apprentissage de la vie à la néerlandaise, des premières amours, mais aussi et surtout de la double culture qu'il est en train de se construire. Cette dernière, du fait de la rigidité de la société coloniale entraine évidemment des conflits de valeurs, des incompréhensions, des jalousies et le rejet tant des colons que des javanais, dont sa propre famille.
Il m'a fallu du temps pour m'imprégner de l'écriture. En effet, sur la première moitié du roman, j'ai assisté à des dialogues, toujours entre Minke et un autre personnage et je trouvais que cela n'apportais pas beaucoup de rythme et n'aidait pas toujours à bien comprendre les pensées profondes des personnages. Il y avait très peu d'action ou d'événements notables. le personnage d'Annelies m'a aussi beaucoup ennuyée, mais j'ai réussi à m'en accomoder.
Puis la seconde partie est arrivée, enfin, et les pièces du puzzles se sont peu à peu assembler. Minke ouvre les yeux, se bat, s'insurge et comprend mieux les injustices dont il est victime, ainsi que son entourage, notamment des colons néerlandais qui vantent leur supériorité. Il grandit donc.
Et finalement je me suis laissée embarquer et serait ravie de découvrir la suite de cette oeuvre. Comme quoi, j'ai bien fait de m'accrocher !
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"Mais  il y a une autre forme de colonisation, c'est celle qui s'adapte aux  peuples qui ont, ou bien un excédent de capitaux, ou bien un excédent de  produits. Les colonies sont pour les pays riches un placement de  capitaux des plus avantageux. Dans la crise que traversent toutes les  industries européennes, la fondation d'une colonie, c'est la création  d'un débouché. " Ainsi s'exprimait notre grand Jules Ferry, devant les députés le 28 juillet 1885 .
Oui, la colonisation était un moyen de se développer et de s'enrichir, en France comme aux Pays-Bas.
Pramoedya Ananta Toer, Pram nous raconte une autre histoire, une histoire ayant pour cadre l'une de ces iles des Indes Hollandaises.
Minke, rencontre Annelies Mellema et sa mère Ontosoroh. Toutes deux apprécient le jeune homme, "un indigène qui a reçu une éducation européenne".
Ontosoroh est "la nyai", la concubine de Hermann Mellema et donc sa propriété. Mellema est un riche colon hollandais. Ontosoroh est la concubine originaire de l'île, c'est elle qui dirige le domaine quand  le maître est absent. Elle est la mère d'Annelies, la fille qu'elle eut avec lui.
Bien qu'il soit indigène, Minke est étudiant dans une école renommée réservée aux Blancs venus des Pays-Bas et également accessible aux métis.
Hiérachie des couleurs de peau, hiérarchie des valeurs. On distingue : Les "pur blancs", les métis, les indigènes...une hiérarchie de valeurs à respecter en toutes occasions
Minke est son surnom, un surnom qui lui fut donné parce qu'un professeur, un "pur blanc", l'avait appelé Monkey!
Tous rampent plus ou moins selon leur couleur de peau devant ces colons et rares sont les indigènes instruits. Les relations entre colons, indigènes et métis sont à la fois codifiées et complexes. le colon des Indes Néerlandaises a besoin d'une classe intermédiaire, celle des métis,  pour diriger les indigènes au bas de l'échelle. Ceux-ci doivent adopter "la démarche servile qu'imposaient les maîtres indigènes à leurs serviteurs, assortie de courbettes incessantes pour réaffirmer leur insignifiance". Une violence insidieuse inscrite dans les relations humaines
Cette hiérarchie des classes ne permet pas, ou alors c'est exceptionnel, l'assimilation des indigènes. Jamais le maître ne s'adressera directement à un indigène travaillant sur son domaine.
La phrase terrible prononcée par Jules Ferry, homme politique connu et reconnu pour avoir promu l'école publique laïque, gratuite et obligatoire, homme politique dont on ne peut ignorer les sentiments républicains, prend tout son sens avec cette lecture.
Qu'importent la langue, et le pays colonisateur. le colonisateur est là pour faire fortune ! Cela fait partie de la normalité de l'époque !
"Les rôles changent d'une génération à l'autre, d'une nation à l'autre. Des hommes de couleur, les Mongols par exemple, ont commencé par conquérir des hommes à peau blanche. Maintenant, ce sont les hommes blancs qui conquièrent les hommes de couleur."
Ces colons n'étaient pas d'origine française, mais leurs motivations restaient identiques à celle de tous les colons. Cette colonisation était dans la nature des choses et ne choquait, alors, que de rares consciences.
Pramoedya Ananta Toer, Pram fut emprisonné de 1947 à 1949 sur l'île de Buru. Là pour distraire ses compagnons, il racontait des histoires, qu'il écrivit une fois libéré...des histoires dont Minke, jeune journaliste, en est le personnage principal.
Pram, opposant politique fut encore emprisonné jusqu'en 1979, et resta soumis à un contrôle judiciaire jusqu'en 1992.
Tous ses lives ne sont pas traduits en Français.
J'avais été séduit par "Une empreinte sur la terre", j'avais alors fait la connaissance de Minke.Ce livre fait partie d'un cycle "Buru Quartet" comprenant, dans l'ordre
- le Monde des hommes
- Enfant de toutes les nations
- Une empreinte sur la terre
- La Maison de verre
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Époustouflant!!! D'une délicatesse précieuse, une douceur et une lucidité intemporelle !
Quitter ces personnages en est presque douloureux !. Presque ? Non carrément douloureux! Heureusement l'aventure humaine continue.
Quelle magnifique découverte !
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A la fin du XIXe siècle alors que l'Indonésie est encore une colonie hollandaise, Minke, un jeune étudiant d'une école renommée de l'île de Surabaya, est en admiration la jeune et métisse Annelies. Cette jeune fille est la fille d'un chef d'entreprise d'Europe et de sa concubine, une indigène autodidacte devenue femme d'affaires. Mais cette relation est mise à mal ; il n'est bien vu pour un indigène de côtoyer les européens. Nombreux sont ceux qui ne voient pas d'un bon oeil, l'installation de Minke dans la grande maison européenne. de rudes batailles s'engagent…
Un roman instructif parce qu'on découvre la société javanaise d'il y a plus de 100 ans, une société hiérarchisée où chacun a un statut selon sa naissance. Cette profonde injustice, on la remarque à travers le jeune Minke, un indigène qui n'accepte ce système et le remet en cause. J'ai aimé ce roman de révolte, d'injustice et d'amour ; il est touchant et impressionnant de justesse. Ce roman est le premier tome de la tétralogie « The Buru Quartet ». (Par contre, je ne sais pas si les autres tomes sont traduits en français…)
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