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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mon pauvre médecin, pas plus tard que la semaine dernière, me confiait qu'il était au bord de la dépression tellement il se sentait inutile la plupart du temps : inutile à sauver les gens, à soulager leur douleur, à poser un diagnostic aussi, parfois. Il faut dire qu'il venait de perdre deux patients en deux semaines…
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Que doit alors ressentir le médecin de ce sanatorium en pleine montagne, imaginé par Olga TOCARCZUK pour accueillir, en cette année 1912, tuberculeux et autres malades en tout genre ? Au début, on s'y sent bien dans ce lieu où l'on débarque avec Miesco : Comme il n'y a plus de place en pension complète, nous sommes logés à la pension d'Opitz juste à côté, avec d'autres malades comme nous. Nous nous plions au protocole de soin au sanatorium, accomplissons nos examens et balades rituelles obligatoires, buvons chaque soir la liqueur du pays prescrite par le docteur - et distribuée généreusement par le tenancier de cette pension pour hommes - qui nous enivre plus que de raison.
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Entre hommes, une fois les langues spiritueusement déliées, nous partageons des discussions et attitudes viriles le soir autour du dîner : nous parlons politique, religion… et femmes ! Ces êtres faibles et mentalement instables - ce n'est pas de leur faute, notez, elles sont juste pas faites comme nous : leur cerveau est plus petit, plus fragile, elles sont soumises à leurs nerfs, leurs sentiments, leurs pulsions, et j'en passe. Pas étonnant que tant de sorcières aient été chassées, torturées et tuées dans ces montagnes ! Il fallait bien rétablir l'équilibre. D'ailleurs si elles n'avaient ce rôle reproducteur, on pourrait parfaitement se passer d'elles en utilisant ces poupées que sculptent et fabriquent les charbonniers du coin dans les matériaux naturels afin de se soulager.
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Mais alors que nous voudrions cesser de penser à elle, d'étranges rumeurs circulent, des bruits de couloirs aussi, littéralement cette fois. Des morts suspectes dans ce sanatorium, ce village, la forêt qui l'enserre… Et cette liqueur qui m'empêche d'avoir les idées claires… Est-ce que je me fais des idées ? Je les entends murmurer, je suis presque sûr. Et puis il y a le cimetière que m'a fait visiter mon ami pensionnaire Thilo avant de mourir. Quel est le détail qui me chiffonne dans cette visite …? Comme dans le tableau qui décore sa chambre, j'ai l'impression que ces détails cachés pourraient bien me révéler une autre vérité, cachée elle aussi, effrayante ; peut-être dangereuse ? Je dois regarder le tableau autrement et dans son ensemble : Qu'est-ce qui m'échappe ? Demain, j'arrête la liqueur pour retrouver mes esprits et élucider ce mystère qui plane lourdement, je le crains, sur nos vies !
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Un roman bien plus féministe qu'il n'y paraît où la vengeance est un plat qui se mange froid, en sauce et bien arrosé… comme l'annonce le titre ;-) La quasi absence d'action, ou sa lenteur, est compensée par la plume, celle-ci étant délicieusement enrobée de l'ironie des fameuses empouses éponymes qui s'en emparent et auréolée du mystère qu'elles recèlent. Les propos misogynes (dont un jeu en cours de lecture pourrait être d'en retrouver les origines^^) sera contrebalancée et même combattue par la touche subtile de réalisme magique, pour une ambiance très réussie ! Au final, c'est essentiellement ça : un roman d'ambiance dont celle-ci et la plume m'ont happée dès les premières lignes, reléguant au second plan la touche de surnaturel dont je ne raffole pas habituellement et qui demeure, en outre, extrêmement légère bien qu'utile à l'histoire et donc omniprésente en filigrane.
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En 1912 , Mieczyslaw Wojnicz , jeune homme polonais , arrive à Görbersdorf , en Silésie, pour soigner sa tuberculose .
Cette ville est connue pour son sanatorium et de nombreux curistes y séjournent.

Wojnicz est hébergé dans une pension tenue par Monsieur Opitz.
Elle n'est occupée que par des hommes, plutôt d'un certain âge en dehors d'un jeune homme, Thilo dont la maladie est à un stade avancée. C'est le seul avec qui se lie notre jeune héros.

Les journées s'écoulent paisiblement au rythme des soins, des promenades et des temps de repos en chaise longue .

Seules les soirées à la pension sont animées, les débats entre ces messieurs d'origine, de religion et d' opinions bien différentes fusent , accentués par la consommation d'une liqueur locale appelée Schwärmerei .

On discute politique, culture, religion , philosophie et souvent des femmes, qui ont toutes un caractère faible et un cerveau plus petit que l'homme, c'est une évidence.

Notre jeune ami se sent plutôt étranger à ces soirées mais apprécie également la boisson qui entraine un état au delà de l'ivresse avec un effet hallucinogène pour lui.

Il évolue entre son passé avec une enfance auprès d'un père exigeant, l'absence de sa mère défunte et une nourrice qui est la seule personne à lui avoir apporté de l'affection et un futur incertain lié d'une part à sa maladie et d'autre part à une malformation qui le confine à une fragilité qu'il ne sait pas contourner et le rend pusillanime .

Règne une nostalgie dans sa langueur qui va de paire avec sa maladie , le spleen des jeunes romantiques...

Il sent autour de lui des présences étranges qui se manifestent la nuit dans le grenier ou lors de ses balades dans les bois.

Alors, venons-en aux fameuses Empouses , spectres ou démons de la mythologie grecque , filles de la déesse Hécate .

Ce sont elles qui décrivent les personnages par leur apparence vestimentaire en commençant par les chaussures ... On les imagine comme des animalcules grouillant dans le sol plus que comme des esprits éthérés .
On les entend en choeur ponctuant le récit de leurs remarques .
"Nous, les empouses, nous les observons d'en bas, comme toujours, par en dessous; nous les voyons comme de gigantesques colonnes au sommet desquelles se trouve un petit appendice qui parle : la tête. Leurs pieds écrasent de façon mécanique le sous-bois, brisent les petites plantes, déchirent les mousses, piétinent les corps minuscules des insectes qui n'ont pas eu le temps de fuir le cataclysme annoncé par les vibrations. Sous la canopée, le mycélium tremble encore un moment après leur passage, cette vaste texture maternelle diffuse l'information de la présence d'intrus et de la direction où porte leurs pas ."
Où sont les femmes d'ailleurs dans ce récit ?
La découverte du corps de la femme d'Opitz morte alors qu'il vient d'arriver, perturbe puis obsède Woljnicz, comme il recherche à travers ses balades "la femme au chapeau" , une apparition plus qu'une présence .

Dans cette petite ville thermale de Görsberdorf, Wolnicz est alerté par un des pensionnaires de la survenue annuelle d'un meurtre d'un homme jeune , une sorte de rituel dont l'existence est cachée et les auteurs sont inconnus .

D'un rythme assez lent, le récit s'accélère en toute fin du roman .
Les monstres apparaissent mais ne sont pas forcément ceux que l'on imagine et l'épilogue prend une tournure étonnante même si certains indices peuvent orienter.

Cette langueur, allais-je dire , en pensant à l'état de notre jeune homme, cette lenteur donc, est largement compensée par la peinture ciselée que fait Olga Tokarczuk de cette société d'hommes misogynes où la femme est absente physiquement mais toujours proche dans les esprits .
L'écriture est magnifique et j'ai pris beaucoup de plaisir aux descriptions, tant des hommes que de la nature .

Le sous-titre de ce livre est : roman d'épouvante naturopathique , je ne sais pas où voulait en venir exactement l'auteure mais en découvrant les soins infligés aux malades phtisiques, on peut frémir ou sourire ....
"la faiblesse se soigne au champagne , l'insomnie au cognac avec du lait avant de se mettre au lit "
À lire en écoutant les Nocturnes de Chopin .

Avec un grand merci à NetGalley et aux Éditions Noir sur Blanc

#Lebanquetdesempouses #NetGalleyFrance
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Autour d'un sanatorium, lieu emblématique du début du XXe siècle et plus particulièrement chez Thomas Mann, Olga Tokarczuk installe son roman dans une station thermale nommée Görbersdorf (aujourd'hui la ville de Sokołowska en Basse-Silésie). Ici, au pied des montagnes, fonctionne l'un des premiers sanatoriums spécialisés au monde pour le traitement des affections de la poitrine et de la gorge.
En septembre 1913, Mieczysław Wojnicz, étudiant, vient y séjourner pour soigner une tuberculose et s'installe dans une pension de famille pour messieurs.

En proie à l'ennui des petites villes thermales, les curistes pimentent leur emploi du temps très routinier par d'incessantes discussions sur différents thèmes philosophiques, religieux, politiques tout en truffant leurs discours de citations et de références.
Comme dans " La montagne magique", l'autrice fait référence à la grande tradition littéraire des disputes et de la littérature d'idées et elle met en scène une galerie de personnages pittoresques qui se livrent à des joutes intellectuelles sans fin.
L'Europe va-t-elle entrer en guerre ? Faut-il préférer la monarchie ou la démocratie ? Les diables existent-ils ? Lorsqu'on s'abandonne à la lecture, comment sait-on si un texte a été écrit par un homme ou une femme ?

De plus en plus enivrés par la liqueur locale, ils finissent toujours systématiquement par parler des femmes.
S'ensuit alors un florilège des discours les plus sexistes et misogynes que l'on puisse entendre à l'époque, rassemblés dans un seul ouvrage.
Chacun y va de son expérience personnelle comme Opitz à propos de ses 4 femmes : "Elles commençaient toujours par lutter pour prendre le pouvoir, mais lui n'est pas homme à se laisser commander. Elles sont faibles et geignardes, ou alors elles cherchent à avoir le dessus dans le couple et à vous manipuler. Une chose est sûre, chacune d'elles l'a saigné, lui a pris une bonne part de sa vie, il a payé de son énergie vitale à chaque fois. "
Pour ensuite dérouler des argumentations les plus fallacieuses selon un principe d'autorité bien masculin.

En choisissant de reproduire longuement les déambulations bavardes des pensionnaires, Olga Tokarczuk a pris le risque d'ennuyer le lecteur d'autant plus que certaines préoccupations de l'époque sont désormais obsolètes. de la même manière, les propos sexistes sont complètement anachroniques et il serait ridicule d'y accorder le moindre crédit aujourd'hui.
L'un d'entre eux, citant Hippocrate, fait ainsi l'apologie du viol :" Mais quand il y a coït, la matrice de la femme s'humidifie et n'a plus besoin d'errer dans son corps, explique patiemment Lion-gris. Voilà pourquoi l'accouplement est pour la femme une médecine indispensable. Y compris quand elle refuse toute relation, il faut la soigner en l'y contraignant. "

Ainsi  l'intention de l'autrice reste pour moi obscure , et j'y vois davantage le désir d'un exercice d'écriture à la manière de... ces auteurs du début du siècle, dont elle reproduit par ailleurs parfaitement le style et la syntaxe.
Pour ma part, j'aurais préféré qu'elle déroule moins longuement le fil de cette vanité masculine pour accomplir plus rapidement cette pirouette qui l'emmène du côté de la littérature fantastique et queer.

En effet les narratrices, les empouses, sont d'obscures créatures, sortes de démons féminins que l'on peut comparer à des succubes ou des lamies. Mais ceux qui sont leurs proies ( les hommes) sont aussi leurs prédateurs.
" Nous, les empouses, nous les observons d'en bas comme toujours, par en-dessous ; nous les voyons comme de gigantesques colonnes au sommet desquelles se trouve un petit appendice qui parle : la tête. Leurs pieds écrasent de façon mécanique le sous-bois, brisent les petites plantes, déchirent les mousses, piétinent les corps minuscules des insectes qui n'ont pas eu le temps de fuir le cataclysme annoncé par les vibrations. "

L'inquiétante étrangeté qui émane de ces créatures contamine l'ensemble du roman qui bruisse de bruits étranges venant du grenier, d'une morte étendue sur la table à manger, d'un mystérieux tableau et d'une brume qui se répand sur le village.
On sait très rapidement que la confrontation de Wojnicz avec les empouses finira par avoir lieu tout comme on devine qu'elles détiennent un pouvoir qui devrait leur permettre de mettre un terme à la litanie des propos sexistes.

Olga Tokarczuk maîtrise la montée du suspense et réussit brillamment à démonter une pensée binaire qui s'était jusqu'alors nourrie d'hypocrisie et de conformisme.
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1913. Sanatorium de Gorbersdorf ( aujourd'hui Sokolowsko en Pologne). Nichée au fond d'une vallée des Sudètes, entourée de montagne, la pension pour Messieurs reçoit des malades atteint de tuberculose ou de phtisie. Cette pension reçoit les personnes en attente d'une chambre de meilleure qualité dans les locaux même du sanatorium.
Un jeune homme arrive dans cette pension. Il s'agit de Mieczylaw Wojnik, étudiant en ingénierie des adductions d'eaux. Dans cette pension, il va être confronté à un parterre de Messieurs parfaitement tuberculeux et misogynes.
Dans l'un des précédents roman d Olga Tokarczuk, Sur les ossements des morts, des animaux de cette même région des Sudètes se vengeaient des chasseurs en les tuant.
Dans le banquet des Empouses, ce sont les Empouses qui sont à la manoeuvre pour punir ces Messieurs.
Olga Tokarczuk fait de ces Empouses les narratrices. Des narratrices qui aiment les détails et ..... les chaussures.
Cela donne un art de la description porté au sommet.
Les premières pages du roman pour décrire l'arrivée du jeune Wojnik sont un régal. Ou comment décrire un pavé luisant sur lequel apparait la jambe gauche, puis la droite marchant vers la pension pour Messieurs et petit à petit décrire des vêtements, un personnage, un lieu, une époque .
Tout comme la description que font les Empouses d'un aéropage de chaussures sous une table. Tout est dit , physiquement, psychologiquement et socialement.

Mais qu'est ce qu'une Empouse ? Si vous êtes féru de mythologie, vous le savez. Sinon vous le découvrirez au détour de ce livre étonnant.

Donc le jeune Wojnik c'est installé à la pension. C'est lui que l'on va suivre durant tout le roman.
Il va devoir faire face à la mort de la femme de l'aubergiste de la pension. Mais aussi faire face à ces Messieurs imbus de leur supériorité et que quelque soit la conversation tout finit autour de la femme pour déplorer ses faiblesses, son cerveau différent et son absence d'âme.
Wojnik doit aussi faire face à ses propres tourments : une mère morte en couche, ou comment croire qu'elle a abandonné son enfant.
De ces situations de départ, Olga Tokarczuk va écrire un roman ancré dans le réel, le fantastique, les croyances populaires. C'est un parti pris qui peut déranger . Mais ce parti pris permet de pointer la rigidité des normalités et les bouleversements du monde à l'aube d'une guerre mondiale.
C'est aussi un roman qui nous parle de nature, de forêt, de brumes et de soleil voilé.
Enfin, c'est surtout un roman féministe, tolérant qui ouvre sur toutes les mixités , sur toutes les identités.
Par delà le roman d'épouvante naturopathique Olga Tokarczuk parle au plus profond de nos croyances.



Lien : http://auxventsdesmots.fr
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Quelle surprenante lecture que ce roman historique de la prix Nobel 2018, lorsque l'on a seulement lu d'elle, avant, Maison de jour, de maison de nuit.

En effet, avec ce roman qui se passe dans le sanatorium de Görbersdorf - qui a vraiment existé -, dans les montagnes de Basse-Silésie, en 1912, et qu'on y suit le jeune Mieczyslaw Wojnicz, venu se faire soigner de sa phtisie, l'on est plongé dans une facture narrative et stylistique bien plus classique que dans celui précédemment cité.

Et ici, de fait, ce n'est plus la forme qui prime, mais bien le fond du récit, qui laisse encore une fois la part belle à des références historiques, culturelles... polonaises, mais aussi cette fois, plus encore, au surnaturel et au récit fantastique dans sa plus pure tradition, avec l'apparition de créatures de la mythologie grecque dans l'intrigue, tel un choeur tragique venant énoncer progressivement le dénouement, donnant la pleine mesure au discours misogyne qui point régulièrement dans le roman, comme cela était bien le cas en ce début du XXème siècle dans les milieux masculins bourgeois - voir en cela l'importance de la naissance de la psychanalyse dans ce discours, qui a davantage enfoncé le clou du mythe de l'hystérie féminine -. Et c'est dans un entre-soi masculin, qui se veut éminemment cultivé, fortuné, dans la pension à proximité du sanatorium où évoluent les principaux personnages, que l'on découvrira justement que les apparences sont on ne peut plus trompeuses.

Roman traditionnel quant à sa forme, mais particulièrement hybride et actuel quant à ses thèmes et messages, le banquet des Empouses a été une lecture plus qu'appréciable, tout autant en ce que j'ai aimé entrer dans le fantastique de cette histoire, rendant à mon sens particulièrement bien hommage aux classiques du genre, que parce que j'ai aimé être épatée par la mise en place progressive, mais ingénieuse et cohérente, du dénouement, qui permet de comprendre toute la dualité, pressentie dès les premières pages, de Mieczyslaw Wojnicz.

Je remercie les éditions Noir sur Blanc et NetGalley de m'en avoir permis la découverte.
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Une écriture sensible, visuelle, inspirante. Pour certaines scènes, on se croirait au cinéma, avec un cadrage parfait, artistique, sur le mouvement d'une main ou d'un regard. Les points de vue sont fluides, allant du protagoniste aux regards mystérieux des empouses, ces gardiennes des enfers dans les mythologies anciennes. On retrouve avec plaisir ce rythme de phrases propre aux polonais, ce mal-être du multicularisme, d'un pays partagé, avec ce mélange de langues germaniques et convoitises européennes.
J'ai commencé ce roman avec en tête l'atmosphère de la Montagne magique (Thomas Mann, également prix Nobel), même si le roman d'Olga Tokarcsuk s'assombrit progressivement. le sous-titre indique roman d'épouvante naturopathique: une angoisse se cache entre ces pages. On se sent en péril, éprouvant la fragilité, la sensibilité du protagoniste. Son secret, qu'on devine progressivement, permet de conclure le roman d'une manière puissante et moderne.
Si les paroles échangées sur les nations ou la condition de la femme, souvent choquantes, contribuent à l'ambiant malaise et à la crédibilité historique du roman, elles rendent, parfois, la lecture un peu fastidieuse.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Olga Tokarczuk a l'art d'installer l'entrée dans une autre dimension.
Dans un lieu où il est censé ne rien se passer on pressent qu'il y a intérêt à prendre le temps de se laisser tremper dans une ambiance où le mystère se cache.
Non réservé aux initiés mais conseillé à ceux qui connaissent Apulée et son récit de "l'âne d'or ou les métamorphoses", utilisant aussi comme clef de lecture Thomas Mann, le banquet des Empouses peut mener loin le patient qui n'en a cure d'être loin des sinécures.
Merci à Maryla Laurent pour la traduction.


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Un roman polonais, se déroulant en 1912 dans un sanatorium, sous-titré "roman d'épouvante naturo-pathique", tout ceci aurait de quoi faire peur, ou du moins interloquer...
Hé bien, je remercie NetGalley de m'avoir permis, par un pur hasard, de découvrir ce roman d'ambiance, pas si épouvantable que cela, mais bien vaguement dérangeant et inquiétant. le fantastique s'invite timidement mais est présent tout de même.
Une découverte assez incroyable ! Et une écriture à savourer...
#Lebanquetdesempouses #NetGalleyFrance
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Dès le titre, nous sommes aspirés. Avec le sous-titre, "Roman d'épouvante naturopathique", nous voilà mis en condition.
La citation mise en exergue du roman est tirée du "Livre de l'inquiétude" de Pessoa et se termine par "L'étrange nous guette dans l'ombre".
Attachez vos ceintures !
Comme dans une pièce de théâtre, la liste des personnages ouvre le récit. le peintre flamand Herri met de Bles en fait partie. Il a peint des paysages mystérieux au XVI ème siècle, et il est vrai qu'il est essentiel pour nous immerger dans cette intrigue étrange (... à répéter 5 fois sans fourcher !) créée par l'immense Olga Tokarczuk.

Pas facile de résumer. On est en 1912 en basse Silésie, au sud de la Pologne qui n'existe plus à l'époque. Une ville thermale accueille des curistes atteints de tuberculose. A cette époque de partage (par la force) du territoire, les langues parlées sont multiples. Il en résulte une grande diversité dans l'origine des personnages. L'autrice a fait des études de philosophie, a été psychothérapeute, est végétarienne et a commis le roman "Sur les ossements des morts" dans lequel la chasse joue le rôle principal pourrait-on dire. Cette fois, le vivant s'élargit encore avec le végétal.
Ajoutons que le genre (masculin-féminin) est un maillon central de cette histoire originale et protéiforme.
C'est parti pour une aventure qui nous ouvre des portes à l'envi. Quelle délicieuse profusion !
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L'autrice du magnifique "Dieu le temps les hommes et les anges" nous transporte dans sa montagne magique où sous le regard des forces de la nature dissertent un aréopage masculin s'enivrant de paroles, de théories éculées où l'élément féminin est rabaissé et traité de haut par un discours de vieux phallocrates.
Mais la nature, élément féminin, veille dans l'ombre et se charge de punir ceux qui l'on salie, souillée, et seuls les êtres qui porte en eux une part de féminité seront épargnés.
Un beau temps de lecture
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