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Nouvelle d'un peu moins de 90 pages dans laquelle la faiblesse de la chaire joue un rôle central. le Diable n'est pas ici la bête horrible, mais est une atmosphère, une tentation, une obsession, un choix difficile, un tiraillement du personnage central entre deux femmes. Une représentant la « perfection féminine », selon l'auteur et la religion, et l'autre représentant la tentation.


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Une vibrante description du combat intérieur de tout homme entre la puissance du désir et la nécessité de la raison, dont l'issue est bien souvent aussi tragique qu'inéluctable.

Cette bataille revêt un caractère d'autant plus dramatique que la femme d'Eugène, héros malheureux, est extraordinairement aimable et attentionnée à son égard. Mais face à l'ardeur de la concupiscence rien ne semble suffisant pour résister.
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La folie des hommes. Quelle folie? Quel choix? Quelle femme? Quelle vie? Un tourbillon de chemins tous plus fous les uns que les autres. le Diable les prend puis revient sur ses pas, les effleure, les envisage. Dans une écriture simple, justement complexe car le simple est compliqué à écrire, Léon Tolstoï nous embarque dans les tergiversations des pensées d'un homme entre valeurs morales, instinct, intuition, désir, raison. Un labyrinthe haletant, à priori ordinaire. Mais qui sont les fous?
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Aucune empathie possible pour le personnage d'Eugène qui ne voit égoïstement dans les femmes - la sienne ou les autres - que des corps pour assouvir ses pulsions physiques, sans jamais s'interroger sur leur consentement et leur propre désir. Il ne pense qu'à lui, opposant la pâle et frêle Lise, qu'il aime parce qu'elle le considère comme un Dieu et le vénère, à la plantureuse Stepanida, au jupon rouge qui montre ses chevilles - associée ainsi à l'érotisme. L'opposition est renforcée par la différence de classe, la femme du propriétaire qui sert le thé et reste à la maison, la paysanne en pleine santé qui travaille dans les champs mais qui ne pense pas, qui est presque un animal - ses pensées ne nous sont pas révélées, on ne sait pas si elle-même consent aux "besoins physiques" d'Eugène ou si elle ne le fait que pour l'argent. Et pour triompher froidement de cette dualité et de ses remords - qui sont plus une obsession physique que des souffrances morales me semble-t-il, Eugène ne pense qu'à une alternative qu'il expose comme un argument logique : tuer l'une ou l'autre - même s'il choisit finalement une autre solution.
Non, aucune empathie possible donc pour un homme projetant d'assassiner une femme...
Cependant, quelques passages bien intéressants sur l'entretien et la modernisation de la propriété notamment, et un rythme d'écriture qui emporte rapidement.
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Les tourments de la chair
Eugène est un jeune homme sérieux, vertueux qui entend gérer sa vie comme son héritage avec rigueur et morale. Ceci dit il a des pulsions sexuelles. Son garde-chasse lui trouve alors une femme, mariée à un paysan du village voisin. Stepanida est une jeune femme plantureuse et délurée. Eugène ne se doute pas que sa famille lui prend l'argent qu'il lui donne. Lui-même se trouve des excuses pour ne pas penser qu'il commet un adultère. Et puis il fait connaissance de la douce Elise une blonde délicate à peine sortie du pensionnat. Au niveau moral, il décide qu'elle est parée de toutes les vertus. Et la charmante Elise décide qu'il sera le plus noble, le plus grand, le plus pur de tous les maris. Il l'épouse et pendant un an se comporte comme tel. Mais, la veille de la Pentecôte, alors que son épouse enceinte, entreprend le grand nettoyage de printemps, il revoit Stepanida, plus exactement son corps qui se balance, ses pieds nus, ses mollets blancs...Mon Dieu ! C'en est fini de lui !
J'ai trouvé la nouvelle un peu trop caricaturale à cause des deux femmes complètement opposées, le Diable et la Vierge. Mais nous avons une remarquable description des tourments d'Eugène, pris entre son obsession charnelle et son obsession de pureté, désir de possession et dégoût de lui-même. D'abord un peu benêt, un peu hypocrite, il devient de plus en plus insensé et fanatique.
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Brillant, vibrant, percutant... J'ai retrouvé dans cette nouvelle le Tolstoï qui m'a tant émue avec Anna Karénine, en version concentrée. Il n'a pas son pareil pour rendre sensibles les tourments de l'âme de ses personnages, masculins comme féminins. Une lecture rapide mais tellement enthousiasmante !
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Lecture simple et agréable. Irténiev incarne à merveille l'homme, coincé entre la raison et la passion. Ce combat interne pour résister aux tentations.

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Je ne m'étais jamais confrontée au grand, à l'immense Léon Tolstoï, et j'avoue que ça me faisait un peu peur. Comme je tenais à lire le plus possible d'auteurs pour le challenge solidaire, j'étais ravie de trouver cette nouvelle qui est, selon moi, le format idéal pour découvrir un auteur dont je ne savais pas si la plume m'emporterait ou pas.

Outre le nom de l'auteur, c'est aussi la couverture de mon édition (dans la collection Folio à deux euros) qui m'a encouragée à aller vers le diable : un sein ferme, charnu, érotique, une couverture évocatrice de la teneur de la nouvelle (la tentation, le péché de chair, la luxure) sans être vulgaire pour un sou. Et je m'y suis plongée très vite, et avec plaisir.

Eugène – vous m'excuserez de ne pas mettre son nom entier, mon russe est loin d'être au point - a tout pour lui, il est bien né, bien élevé, adorable, intelligent et adoré de sa mère ; il possède bien des qualités, sauf une, qui est un véritable problème pour lui, il succombe facilement aux charmes de ces dames, fussent-elles mariées ou non. Les choses se compliquent quand il tombe amoureux de la douce Lise, elle aussi très éprise, se marie et se rend compte que son béguin pour sa maîtresse, une jeune et jolie paysanne de son domaine, est pourtant encore bien présent. Succombera-t-il, ne succombera-t-il pas, là est la question.
Cette nouvelle est teintée de morale – religieuse plus particulièrement – et ce qui m'a quelque peu gênée – mais juste un poil – est que la femme est montrée comme la tentatrice, celle qui vient véritablement mettre le ver dans le fruit alors que l'homme est celui qui, en face, fait son possible pour lui résister jusqu'au bout, allant vraiment pour le coup au bout du bout du bout. Mais la bougresse ne se le tient pas pour dit et continue à essayer de l'amener dans son giron, une nouvelle fois. C'est bien connu, l'homme est un petit garçon et la femme … le diable. Cette nouvelle aurait d'ailleurs pu s'intituler la diable. Mais autre époque autres moeurs

En résumé, j'ai beaucoup aimé cette nouvelle dont la chute m'a surprise – ne connaissant pas Tolstoï, je ne sais pas s'il en est coutumier – et j'ai surtout trouvé que Tolstoï savait raconter des histoires. Ce fut une belle découverte car je craignais de bailler d'ennui devant sa prose – et certains auteurs mondialement reconnus ont cet effet sur moi. A suivre...


Challenge Riquiqui 2019
Challenge Solidaire 2019
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Je reviens après un long moment d'absence pour vous partager mes impressions à l'égard de cette merveilleuse nouvelle. Si j'ai pu lire qu'elle avait une dimension religieuse trop insistante, dans un pays si déchristianisé que le nôtre, je dois avouer que c'est bel et bien ce qui m'a plu ! Dans une société où l'argent a évincé les valeurs morales, il me semble particulièrement singulier qu'on puisse trouver cette nouvelle dans un supermarché ... Serait-ce le signe d'un retour aux valeurs chrétiennes ? Non, absolument pas, simplement l'aveu que nous avons rarement fait mieux depuis en matière de littérature que ladite littérature russe des siècles passés. La concentration qui incombe aux nouvelles de manière générale y est ici prodigieusement alliée à la subtilité.
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L'air peine à se rafraîchir quand la pénombre envahit Madrid. le dernier employé sort par une porte dérobée sur la Plaza Murillo et les effluves ne trompent personne sur l'heure du dîner; cela sent l'épicé, la friture, la tomate. Au musée du Prado, le conservateur n'a pas encore faim. Tel un rituel, il s'installe dans la salle où est accroché le célèbre triptyque de Jérôme Bosch: le Jardin des délices. Une oeuvre magistrale où chacune des trois parties vient nourrir la suivante afin que l'ensemble crée une véritable histoire.

On pourrait attribuer ce même terme de triptyque à trois nouvelles de Tolstoï: le Bonheur conjugal, la Sonate à Kreutzer ainsi que le Diable. Des écrits qui s'alimentent les uns les autres autour d'un thème commun – le couple – et qui mettent en lumière la vie de l'écrivain russe dans son rapport pratique à la religion chrétienne.

La nouvelle “Le Diable”, dont il est question ici, va un pas plus loin que ses consoeurs quant aux descriptions de l'amour physique. Tolstoï se met dans la peau d'un jeune homme qui a des rapports sexuels fréquents avec une paysanne. Certes nous somme loin d'une d'histoire érotique ou pornographique mais l'écrivain russe effleure la sensualité quand il décrit la relation entre Eugène Irténiev et Stépanida:

« Il sentait qu'il marchait dans le jardin, et il se disait qu'il réfléchissait à quelque-chose, mais il ne réfléchissait à rien, il attendait follement Stépanida, il attendait que par une sorte de miracle elle comprenne à quel point il la désirait, que brusquement elle vienne ici ou en un autre endroit où personne ne les verrait, ou bien encore par une nuit sans lune, où personne ni elle-même ne verrait rien, qu'elle vienne par une telle nuit, et qu'il touche son corps »

Tolstoï met le doigt sur ce qu'on appellerait aujourd'hui… « un plan cul ». A l'instar de la Sonate à Kreutzer, le narrateur se retrouve face à un dilemme dont il a bien du mal à s'extraire. L'amour passion ou l'amour de raison? le plaisir sexuel ou le sexe uniquement pour procréer ? le couple reconnu socialement ou l'illégitime ? La richesse ou la paysannerie ? Dieu ou le Diable? En soulignant ces contradictions Tolstoï en fait ressortir l'origine de l'époque: La religion chrétienne, celle qui déteste le corps et les femmes.

Le Diable, parachevé en 1909, soit peu de temps avant la mort de Tolstoï, est l'écrit de Tolstoï où l'on sent l'auteur russe venir se heurter au plafond de verre de ses réflexions sans jamais arriver à le faire voler en éclats.

En prenant pour exemple la vie du personnage de fiction Eugène Irténiev, nous pouvons remarquer que la morale tolstoïenne fait un aveu de faiblesse. Face à son problème, le narrateur ne voit que le suicide ou le meurtre comme seules solutions possibles. En passant d'un extrême à l'autre, Irténiev fait l'impasse sur des solutions rationnelles car celles-là nécessitent un choix, une prise de responsabilité humaine. Mais comment arriver à des choix heureux et raisonnés quand on pose pour toute prémisse que Dieu est au dessus de tout?

Le Diable restera cette nouvelle où la morale tolstoïenne montre sa propre limite. Tolstoï pouvait tout penser, tout écrire, à condition de ne pas vraiment remettre en question Dieu. Il en va de même de certaines contradictions dans sa vie: ou comment penser l'abstinence sexuelle … mais, quand même, avoir treize enfants (sic)

Enfin, il n'en reste pas moins que le triptyque le Bonheur conjugal, la Sonate à Kreutzer et le Diable mérite d'être lu dans cet ordre tel le conservateur du musée scrutant, de gauche à droite, le tableau du Jardin des délices.
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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