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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je continue ma découverte des classiques russes avec cette nouvelle. Un gars tiraillé entre sa femme et une attirance physique pour une paysanne, bon, vous savez que ce type d'histoire de litté générale n'est pas ma tasse de thé. Mais c'est que c'est tellement bien écrit (et traduit) que ça se lit tout seul !

Alors oui c'est imbibé de religion, c'est assez macho, mais encore, pas tant que cela eût égard à la période pendant laquelle ça se passe.
Car Eugène est un type bien, ce qui n'était pas le cas de pas mal de ses collègues masculins de son temps, il faut le dire. Ses tourments sont très bien décrits, à croire que Tolstoï sait de quoi il parle ! ;-)

Alors certes sa femme est plutôt soumise et aux petits soins pour lui. Mais il en fait de même, ce me semble, quand elle a besoin de lui. L'amour qu'il lui porte est somme toute plus intense que ce que beaucoup de maris à l'époque accordaient à leurs femmes.

Du coup certains avis me semblent un brin sévères sur le bonhomme, qui, en plus, choisit une solution radicale à son problème, ce qui m'a un brin choquée, je dois dire que je ne m'y attendais pas vraiment. Que sa conscience soit à ce point troublée, c'est un truc qui m'échappe complètement. Il me semble qu'il faut avoir un truc qui tourne pas très rond pour être à ce point soumis à une attirance physique. Je suis infoutue de me mettre à sa place.

Ce qui n'empêche que j'ai beaucoup apprécié cette lecture, et je ne vois que le talent de Tolstoï pour expliquer ça !
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On démarre dans la vie avec de bonnes résolutions, mettant plus de raison qu'on ne le pense, et quand les premières difficultés se présentent, on trouve bien une parade à cela : ou en conscience on verra cette question plus tard, ou on trouvera un palliatif qui vaut ce qui vaut mais qui semble à peu près justifier l'écart qu'on s'apprête à commettre.

Eugène Ivanovitch Irténiev est un jeune homme qui ressemble un peu à son auteur à cause de ses considérations morales qui vont faire tout de même l'objet de petits arrangements chemin faisant et sembler répondre à la deuxième éventualité exposée plus haut.

Irténiev se dit que "sa vie avait commencé à seize ans (sa sexualité) et jusqu'ici tout s'était bien passé, en ce sens qu'il n'avait pas sombré dans la débauche, ne s'était engoué d'aucune femme et n'avait jamais été malade. Il avait séduit à Pétersbourg une couturière ; celle-ci ayant mal tourné, il s'était arrangé autrement ; ce côté de son existence avait été si bien organisé qu'il ne le troublait guère .."

A la faveur de la succession, suite à la mort de son père, Irténiev se retrouva moyennant de sérieux arrangements à la tête d'un domaine important à la campagne, chose qui le changeait puisqu' habitué à la vie à Pétersbourg, .à ses aspects canaille et tutti quanti, son installation à la campagne même si elle fut accaparée par une importante reprise en main du domaine, Il se posa assez vite pour le jeune Irténiev une complication d'ordre intime : "une continence involontaire commençait à mal agir sur lui." Et comme écrit le narrateur en tête de chapitre : "Au milieu de ses soucis, il se produisit une chose, à vrai dire peu importante, mais qui néanmoins tourmentait Irténiev", de cette chose apparemment non fondamentale, contournable, c'est pourtant ici que commence le vraie histoire du protagoniste de la nouvelle. Son père et son grand-père s'interdisaient toute intrigue avec leurs servantes ..

Irténiev, lui, se dit : " qu'il ne s'agissait plus de serves à présent, il décida qu'il n'y avait pas lieu de chercher autre part ce qu'il pouvait trouver sur place. L'essentiel était que personne n'en sût rien ; ce n'était pas le goût de la débauche qui le poussait, se disait-il, mais le souci de la santé. Cette décision prise il se sentit encore plus inquiet : quand il s'entretenait avec le staroste, avec les paysans ou le menuisier, il mettait involontairement la conversation sur les femmes, il s'employait à faire durer la conversation. Et ses yeux épiaient de plus en plus les femmes .."

Déjà à ce stade, j'en tire un enseignement : Anne Coldevy Focard, écrivain, critique, éditrice, traductrice, soutient que Tolstoï s'encombre de sa facette de moraliste dans ses fictions, mais quand celui-ci introduit dans son texte autant de références liées à la sensualité qu'il sent dévastatrice, comment peut-on le prétendre ? C'est vrai aussi pour Anna Karénine, La Sonate à Kreutzer... Ici l'obsession de la chair est vraiment le sujet central. Ne pas la mettre en résonance avec les préceptes de la vie, ne pas parler d'interdit, n'est-ce pas cela pourtant qui précisément donne une dimension supérieure à la chose qu'on ne saurait voir ou qu'on penserait dominer.
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La folie des hommes. Quelle folie? Quel choix? Quelle femme? Quelle vie? Un tourbillon de chemins tous plus fous les uns que les autres. le Diable les prend puis revient sur ses pas, les effleure, les envisage. Dans une écriture simple, justement complexe car le simple est compliqué à écrire, Léon Tolstoï nous embarque dans les tergiversations des pensées d'un homme entre valeurs morales, instinct, intuition, désir, raison. Un labyrinthe haletant, à priori ordinaire. Mais qui sont les fous?
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Un livre sombre, avec une émotion puissante sur l'attirance et les sentiments qui peuvent nous mener au pire, le héros se bat contre lui-même, tantôt son âme, tantôt son coeur il écoute.
Pendant la lecture, j'ai été plongée dans cette atmosphère, et subjuguée, j'arrivais à sentir ce que Irténiev éprouvait et même à en avoir de l'empathie.
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Je connaissais Tolstoï à travers Anna Karenine, j'ai croisé cette nouvelle par hasard et je me suis laissée tenter.
Bonne pioche ! car Tolstoï y résume très bien ce qu'est le désir: Ici, c'est celui d'un seigneur russe pour son ancienne maîtresse, bien que ledit seigneur soit par ailleurs un homme brave, courageux, dévoué à sa famille et aux siens, dur à la tâche et aimant sa femme.
Tolstoï brouille les lignes : le lecteur doit seul trancher si le Diable est l'ancienne maîtresse ou celui qui insuffle le désir au maître et crée les tentations et occasions de le faire "tomber" en multipliant entre eux les rencontres ... Tolstoï dépend avec finesse les tergiversations du héros au prise avec son désir qui devient une obsession jusqu'à ...
Alors oui, la nouvelle est empreinte de morale chrétienne (valeurs morales, fidélité, tentation, pêché...), ne remet pas en question les inégalités de rangs sociaux (le seigneur assouvit ses besoins physiques avec une de ses paysannes sans trop de cas de conscience): cela fera grincer les dents des laïcs militants, des gens de gauche et des féministes, mais si on replace le texte dans son contexte historique et géographique et dans la vie de Tolstoï, cette nouvelle est une peinture sociale très fine et réussie de la Russie de la fin du XIX° siècle.
A lire, si on n'a pas la patience de lire Anna Karénine.
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Un petit roman ou une longue nouvelle, comme vous voulez, Tostoï étant plutôt connu pour ses romans fleuves, que j'ai lu déjà il y a plusieurs années mais je m'aimerais maintenant lire en VO ! Commencé en 1889 mais publié à titre posthume en 1911.
Dans "le Diable", nous avons fortement l'impression de voir l'auteur dans le jeune Eugène Ivanovitch Irténiev qui "était appelé à une brillante carrière" nous en dit la première phrase, d'autant que Semionovskoe ressemble aussi énormément à Iasnaia Poliana. le propriétaire terrien qui veut bien traiter "ses" paysans et ne veut plus céder à la tentation de la chair avec Stépanida après son mariage avec l'insignifiante Lise Annenski.
Mais à chaque fois qu'il croise Stépanida, "et soudain un désir ardent le brûla, et, telle une main, étreignit son coeur".
Belle description des doutes auxquels est confronté Eugène qui ne veut pas faire de mal à son épouse et qui doit donc lutter contre cet amour irrépressible.
La fin m'a cependant étonné, connaissant la religiosité de l'auteur.
A découvrir.
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cc les amis . a le diable , il peut prendre pleins de forme différentes , il peut devenir un homme avec des cornes , une bouteille d'alcool ou encore pire . Tolstoï lui c'est dans les traits et le physique d'une femme qu'il y fais voir le diable chez son personnage . une femme et oui belle mais surtout attirante au point de faire une bêtise et tomber dans la luxure. après avoir lu ce livre vous ne regarderais plus les femmes et les hommes de la même façon et pourtant je pense que des diable vous en avez aussi autour de vous . ce livre est très bien écrit et d'une beauté a lire et en plus il est accessible a tous ce qui est très agréable donc n'hésiter pas a découvrir cet auteur . bonne lecture les amis
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Léon Tolstoï sublime un Feydeau dramatique avec brio. L'élan du coeur qui pousse le sang dans la sphère intime est le personnage principal de ce roman court.

Eugène est un jeune homme bien sous tous rapports, en passe de sauver l'héritage laisse par son père. Mais Eugène est un homme et à des besoins qu'il ne réprouve pas. Stépanida, dont le mari vit à la ville, comblera le jeune homme flamboyant de désir.

Le désir est-il un mouvement que l'on puisse maîtriser ?

"Il savait qu'il pensait tout contrôle sur lui-même, qu'il devenait presque fou. Sa sévérité envers lui-même n'avait pas faibli d'un poil ; au contraire, il voyait toute l'abomination de ses désirs, et même.de ses actes, car ses marchés dans la forêt étaient déjà des actes. Il savait que, pour peu qu'il la rencontre quelque part, de près, dans l'obscurité, s'il pouvait l'effleurer, il s'abandonnerait à ce qu'il ressentait. Il savait que seule la honte vis-à-vis des autres, vis-à-vis d'elle et de lui-même le retenait. Et il savait qu'il recherchait les circonstances dans lesquelles cette honte passerait inaperçue : l'obscurité, ou bien un attouchement qui submergerait la honte sous la passion bestiale."

Une couverture plus que suggestive, et pourtant d'une simplicité douce ; l'image même du diable à la peau douce et rose.
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Ou comment une petite nouvelle démontre tout le génie de l'écrivain russe ! La tentation d'un homme marié est l'occasion de pénétrer toute en subtilité ses états d'âme, et de constater le choix qui s'offre à un moment donné dans la vie de tout être humain : la raison ou la passion. Cette esquisse de la vie campagnarde en Russie est l'occasion également pour Tolstoï d'analyser avec finesse les codes sociaux et moraux de son pays. Absolument remarquable.
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Brillant, vibrant, percutant... J'ai retrouvé dans cette nouvelle le Tolstoï qui m'a tant émue avec Anna Karénine, en version concentrée. Il n'a pas son pareil pour rendre sensibles les tourments de l'âme de ses personnages, masculins comme féminins. Une lecture rapide mais tellement enthousiasmante !
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