Je viens d'achever ce roman et le style polyphonique m'a beaucoup plu.
«
Par Amour« est un roman historique qui nous raconte l'histoire de deux familles havraises au coeur de la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Tout à tour, les différents membres de ces familles prennent la parole pour nous donner leur vision de la guerre le temps d'un chapitre. le récit avance avec la voix d'un personnage puis continue avec celle d'un autre.
Lucie, la première narratrice, est une enfant. Son grand frère s'appelle Jean, il représente le soutien indéfectible de sa mère Emélie, concierge d'école au côté de son mari Joffre. Fiers de leurs responsabilité. Tous deux patriotes, courageux, droits et toujours exemplaires, jamais à se plaindre, raisonnables et inculquant les valeurs et principes à suivre à leurs enfants.
« A l'unisson de son mari, elle répétait que ce l'on apprend entre par une oreille et sort par l'autre, que le savoir se cultive et s'entretient, sans quoi l'esprit rétrécit et flétrit l'âme. » (p.43)
A l'opposé en caractère, la famille de Muguette, la soeur d'Emélie, plus insouciante, avec un mari volage, Louis et un garçon, Joseph, malin et avec toujours les mots pour rire et une soeur cadette, Marline, mutique depuis la mobilisation.
« le temps et l'absence n'ont rien à voir avec l'amour, Muguette, ce qui compte, c'est ce qui le fonde. Parfois il se fonde sur une erreur d'appréciation, on croit aimer une personne, mais on aime un rêve, un désir, un idéal, quelque chose que l'on porte en soi depuis toujours et dont on affuble l'autre qui, souvent, s'y prête volontiers. C'est si flatteur ! Seulement à la première occasion, au premier effort, lorsque les masques tombent, l'autre apparaît tel qu'en lui-même, et rarement celui que l'on croyait aimer, l'amour devient alors sans objet, l'amour devient désillusion. » (p.318)
Un roman qui s'appuie sur de solides recherches historiques et nous apprend beaucoup sur la vie des havrais au temps de l'occupation et des bombardements anglais. On découvre les nombreuses évacuations des enfants, séparés des familles et parfois envoyés en Afrique.
J'ai aimé vivre la guerre à travers le regard des enfants et des adultes, de changer de point de vue. Muguette a une vision optimiste mais s'inquiète aussi davantage, doute davantage d'elle-même alors que sa soeur prend les décisions et même si elle a peur, elle ne le montre pas. le roman à plusieurs voix est plus riche comme procédé et l'histoire à travers ce procédé offre aussi plusieurs rebondissements, que j'ai appréciés au cours de ma lecture. Les privations, les peurs, les humiliations vécues par les havrais font froid dans le dos mais quand la maladie frappe la famille, on a peur à leur côtés et on admire leur courage. La partie à Alger est aussi intéressante, les réactions très différentes selon les enfants une fois dans ce nouveau continent où ils sont loin de chez eux mais n'ont plus à souffrir des restrictions, de la faim, ni des bombes.
La façon dont est traitée l'évolution comportementale des personnages au fil du roman, de leurs relations en réaction à la situation instaurée par la guerre est aussi intéressante. Je ne détaille pas pour ne rien dévoiler.
Une histoire de guerre, de courage et d'amour. Une belle histoire de combats menés par deux familles havraises en temps de guerre pour résister à l'adversité et à la tyrannie, à la misère et au désespoir. L'amour comme ingrédient plus fort que tout.
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