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sur 936 notes
10 juin 1940, aux aurores. Dès qu'Émélie a poussé la porte de la chambre de sa fille, Lucie, cette dernière se doutait bien que cette journée ne serait pas comme les autres. Habillée comme pour un dimanche, une grande valise à la main, elle a déclaré qu'ils devaient partir. Tout de suite. Jean, à peine plus âgé que Lucie, s'est aussitôt levé, à aider sa soeur à se préparer et tous les trois ont attendu patiemment tante Muguette, la soeur cadette d'Émélie. Celle-ci est arrivée peu après, parlant d'une drôle de voix, tenant d'une main un gros sac de toile et de l'autre Marline, toute décoiffée. Pas le temps de faire la vaisselle, les Boches la feront. Il est temps de partir. Joseph, l'aîné de Muguette, était resté dehors, près de son vélo. Tous les six prennent la route, les enfants devant. Il ne faut pas trop tarder car il n'y a pas moins de cinq kilomètres pour rejoindre le bac, d'autant qu'ils ne sont pas les seuls sur la route, ce matin-là, une valise à la main...

Valérie Tong Cuong nous offre un roman choral particulièrement poignant et incroyable de vérité sur la deuxième guerre mondiale. Au travers des portraits de ces deux familles havraises, elle décrit habilement le quotidien d'une population qui subit les attaques, les rationnements, l'occupation nazie mais aussi les bombardements allemands et anglais, détruisant la ville et tuant ses occupants. Une guerre vue et vécue des yeux d'un adulte mais aussi d'un enfant, l'auteur donnant la parole aussi bien à Muguette, Émélie et Joffre qu'à Jean, Lucie, Joseph ou Marline, les enfants. Des parcours extraordinaires de deux familles ordinaires subissant âprement la guerre. Fort documentée et renseignée, pour preuve la liste des ouvrages étudiés et des témoignages individuels recueillis, Valérie Tong Cuong se place au plus près de la vérité, soulignant que ce roman s'inspire de personnes, d'événements et de faits bien réels. du Havre à l'Algérie, elle retrace avec une maîtrise et une précision remarquable, avec une certaine compassion, le parcours de chacun, de 1940 à 1945. Un récit dense, passionnant, profondément humain, habité par des personnages inoubliables et servi par une écriture qui se veut tantôt grave tantôt innocente.
Remarquable...
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Un roman magnifiquement écrit. On suit l'histoire de 2 familles dont les mamans sont soeurs, tout le long de la 2nde guerre mondiale, dans la ville du Havre.
Personnellement, j'y ai appris beaucoup de détails. Cette vile a été détruite de nombreuses fois durant toute cette période, par d'inombrables bombardements à répétition, tant pas les Allemands que par les alliés ; les principales victimes étant la population civile. Interdiction, restriction, exode, transfert des enfants pour les protéger (mais à quel prix ?!!)... La guerre n'a vraiment pas épargné cette ville, du début à la fin.
On sent que Valérie Tong Cuong a effectué beaucoup de recherches. Ce livre est un mélange de faits historiques et l'histoire de ces 2 familles, certes imaginées, mais basée sur des évènements réels.
Un pan de guerre vraiment bien relaté. Un très bon roman à découvrir.
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Tout a été dit déjà mais j'ajouterai un commentaire malgré tout : Comment qualifier ce récit fort, magnifiquement écrit, peut- être un peu naïf parfois,pétri de grâce et d'amour ?

Un récit choral parfaitement maîtrisé qui reconstitue la vie quotidienne au Havre pendant la 2éme guerre mondiale, les combats journaliers au détriment de la population, les bombardements , les arrestations, les interdictions multiples, les déchirements, les privations, les sinistrés, les victimes, les destructions, la prostration dans les abris, les enfants évacués vers l'Algérie, la Suisse, le Centre, le Sud et autres sites, le martyre de cette cité, sur fond de long travail de documentation historique ........



Nous vivons de façon saisissante le quotidien de deux familles entre 1940 et 1945 .


Émélie et Joffre, concierges d'école durs au mal , lui, droit , honnête, loyal, intègre, fidèle à ses convictions politiques, obligé d'afficher un double jeu.......
Elle, énergique,inventive, forte, droite, indestructible, protégeant les siens , surtout sa soeur cadette ....

Muguette, la petite soeur, d'une nature légère , joyeuse, insouciante, chantant tout le temps, bientôt confrontée doublement à la maladie et à la douleur ........
Cette famille écartelée, meurtrie , disloquée où chacun s'efforcera de survivre à sa façon, combattive, en proie à la résignation ou à l'amertume mais oú l'amour et une solidarité sans faille, le courage , la bravoure , une profonde humanité affleurent !

Une fresque familiale historique touchante et marquante! Chacun protégera l'autre malgré les non- dits, les mensonges, les regards de plomb, les privations, les douleurs, les alertes , le chagrin incommensurable, le désarroi........

Un bel hymne à l'amour et au courage dans l'adversité .Chacun tient debout, donne le meilleur de lui même , se surpasse face à la Grande et à la petite histoire , guidé par une force qui donne du sens à la vie .
J'avais lu de cet auteur " L'atelier -des-miracles " il y a quelque temps déjà.
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10 juin 1940 : l'évacuation a été ordonnée.
Tous se jettent sur les routes avec ce qu'ils ont pu emporter d'utile ou de dérisoire.
Le Havre est devenue une ville qu'il faut fuir. Déjà la mort est venue du ciel. Dans les rues les Allemands ne vont plus tarder. On les dit féroces.

Dans ce chaos, une famille se joint à la foule désordonnée. Chacun à sa manière raconte ce qu'il vit : leur détresse pour les mères, qui privées de leurs maris sont seules pour rassurer leurs enfants, et leur mentir - une nécessité pour ne pas ajouter leur peur à leur propre angoisse. Leur perplexité pour les enfants qui, malgré ce qu'on leur cache, n'ignorent rien de la gravité de la situation.

Puis il y a le retour avec la peur, la honte et les incertitudes qu'engendrent l'Occupation, le froid, le rationnement, les réquisitions, la maladie et les enfants envoyés en Algérie. Et il y a aussi, peut-être le plus incompréhensible, les bombardements alliés qui tuent des civils et détruisent presque totalement la ville... Une période qui tous les marquera à jamais.

Une histoire, qui s'inspire beaucoup de celle de la famille maternelle de Valérie Tong Cuong, que j'ai trouvée historiquement très documentée et volontiers émouvante, même si son côté naïf m'a parfois gênée, m'empêchant de m'immerger complètement.
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Très commenté, beaucoup d'amis l'ayant lu, je vais faire court. Merci.
Merci Mme Tong Cuong d'avoir donné la parole à ces victimes tellement oubliées dans l'écriture (réécriture parfois devrais-je dire ?) de l'histoire de la seconde guerre mondiale.
Je suis Normand. Une partie de ma famille a vécu ce que vous décrivez, sanatorium compris, et j'ai eu l'impression dans ce roman de retrouver une part des histoires familiales de mon enfance. Histoires cachées ou déformées car en plus, pardon, mais la tuberculose était une maladie honteuse...
Inexprimable également ce double ressentiment envers les « boches », l'occupant honni, et les « salopards d'anglais » venus raser notre bonne ville du Havre sans raison stratégique, semant la mort dans les rangs de nos familles.
Votre roman, Mme Tong Cuong, rend justice à ces français sans destin particulier, ni héros ni collabos, qui ont traversé dans la souffrance ces années terribles. Et qui ont tout perdu.
Bravo et encore merci.
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L'histoire se passe au Havre durant la seconde guerre mondiale. Nous suivons la vie d'une famille dans son quotidien durant l'occupation jusqu'à la libération.
Par amour, chacun va prendre des décisions qui vont parfois être douloureuses.
Valérie Tong Cuong, a choisi d'écrire un roman choral ce qui nous permet de vivre intensément ce que chaque personnage ressent et perçoit durant ces moments de guerre.
Ce livre est écrit avec une grande délicatesse qui nous bouleverse.
Je dirais que tout en étant un roman historique sur la seconde guerre mondiale vécue par toute une famille, c'est un roman où l'amour y est omniprésent. L'amour filiale, l'amour amoureux, l'amour d'autrui, l'amour de la liberté, de la vie mais on ne tombe jamais dans la niaiserie. Valérie Tong Cuong nous décrit au contraire avec beaucoup de finesse la complexité de l'amour et des relations humaines. C'est un livre que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire. Je remercie Marina car c'est grâce à sa critique que j'ai noté ce livre dans mon pense bête !
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Parfois en littérature, exhiber sa sensibilité débordante, ouvrir son coeur, exprimer ses sentiments premiers, ceux qui montent aux yeux est souvent périlleux voire imprudent par crainte de tomber dans la grandiloquence et la dramatisation exagérées.
Dans ce roman, je serais le premier à vénérer « Pathos », le quatrième mousquetaire, celui qui, à la fin de l'envoi, touche le coeur.
Vous m'avez touché Valérie, par les voix déchirantes de franchise et de sincérité d'Émélie, Joffre, Muguette, Lucie, Jean, Marline, Joseph et les autres. On dirait le titre à rallonge d'un film de Sautet, dont Piccoli disait de lui qu'il était un médecin de l'âme.
Dans mon cas, c'est vous qui avez soigné par vos mots la peine que vous avez générée par votre histoire.
Votre livre débute comme un « route-film » sur les chemins de l'exode avec un vélo où une carriole y est accrochée, juin 40, et se poursuit dans les entrailles de l'occupation, dans les décombres de vies broyées tant par les bombes que par la maladie et les accidents.
Du contenu, des péripéties, je n'en dirai pas plus. Je me tairai, je ne voudrai pas être malhabile en dévoilant des rebondissements inattendus ou par une emphase déplacée attirer trop fort votre pitié ou votre profonde compassion.
Par contre, ce roman est en phase avec une intimité bien placée dans cette époque tourmentée où toutes les émotions étaient exacerbées.
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Le Havre, ville martyre.
Sous la botte allemande, sous le feu des alliés, au milieu du chaos, on va vivre le quotidien d'une famille unie, soudée qui se débat pour survivre.

Le charisme des personnages, et le travail de recherche historique font de ce roman choral un formidable témoignage .
Outre l'histoire familiale, l'auteur ne manque pas d'exposer la situation générale en France et en Europe et s'étend un peu plus sur le sort de l'Algérie , qui vivait son époque coloniale.

Si ce roman semble apporter un souffle nouveau sur un thème mille fois traité, on le doit sans doute à l'infinie sensibilité de l'auteure qui démontre avec intelligence et doigté que chaque être est unique et le reste quand il est possible de faire un tout en unissant les différences.
Mais, c'est aussi et surtout une très belle histoire d'amour !

Et, malgré l'austérité , la gravité de la situation, le ton est enlevé, tonique, piquant parfois, sarcastique aussi ou tendre et poétique...
Bon, parfois on peut trouver certains dénouements un peu "arrangés" ,romanesques, mais, sans doute fallait-il quelques petites touches de rose sur ce sombre tableau...

Mais, ce que je retiendrai de cette lecture c'est l'émotion palpable , intense , la force d'un témoignage qui par cette fresque havraise honore tous les combattants de l'ombre et démontre le formidable pouvoir de l'amour.
C'est surtout une oeuvre pour le souvenir et la transmission.
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Le roman commence avec l'exode des Havrais en juin 1940.
Ils se réfugient vers Lisieux puis reviennent un peu plus tard mais le répit sera de courte durée car au contraire des autres villes françaises qui vivent sous l'occupation allemande après la capitulation dans un calme relatif, Le Havre est sans cesse bombardé par les Anglais qui veulent déranger les troupes allemandes installées dans la ville.
Nous suivons Muguette et Emélie, deux soeurs et leurs enfants. Emélie retrouvera son mari Joffre à son retour dans la ville.
Chaque adulte réagit à sa façon.
Muguette tournera sa sympathie vers le régime du maréchal Pétain. Son mari est prisonnier en Allemagne.
Emélie et Joffre, concierges dans une école occupée par des soldats allemands se cacheront l'un l'autre leurs opinions avec de bonnes raisons pour cela.
En tant que lectrice, j'ai appris de nouveaux éléments de la guerre si spécifique et éprouvante dans cette ville notamment l'aide apportée par le gouvernement français aux enfants pour les évacuer vers l'Algérie ou les campagnes.
L'auteure a rassemblé de nombreux documents , a recueilli des témoignages parmi les survivants et a rendu ainsi hommage aux personnes qui ont vécu ce drame.
On reconnaît le style de Valérie Tong Cuong qui, comme dans "Pardonnable, impardonnable" utilise le roman choral pour nous faire partager le point de vue des différents protagonistes.
Un très beau roman que je ne voulais pas trop lire car nos parents et grands-parents nous ont tellement exprimé cette période mais ici, c'est un tout autre point de vue, une toute autre souffrance et de nouveaux éléments racontés avec une magnifique écriture.
Le passage que j'ai préféré, c'est lorsque Joseph et Marline sont envoyés en Algérie.

Challenge plumes féminines
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Magnifique livre choral qui aborde la Seconde Guerre Mondiale au travers du vécu de deux familles havraises.
L'auteure se concentre sur la psychologie des personnages, admirablement construites. Enfin, je retrouve des "héros" comme je les aime, c'est-à-dire des êtres lambdas, avec leurs forces et leurs faiblesses, qui réagissent comme ils le peuvent à des événements sur lesquels ils n'ont que peu de prise.
La prise de parole, tour à tour, de chacun des personnages, leur donne une profondeur, et nous imprègne du ressenti de la guerre, selon l'âge. Chacun en perçoit certains aspects, certains a ses propres souffrances. Valérie Tong Cuong met en lumière les difficultés dans les relations familiales engendrées par cette situation de guerre, d'occupation, avec autant de pudeur que d'intelligence.
Enfin, j'ai apprécié de découvrir de nombreux petits "faits" de guerre, sur la vie quotidienne de la population, sur le siège subi par les habitants havrais, la situation des enfants, et de nombreuses autres anecdotes douloureuses, mais méconnues du grand public.
J'ai autant appris que ressenti à cette lecture.
Je recommande chaudement !
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