Fabien Toulmé, pour moi, c'est d'abord l'Odyssée d'Hakim, l'histoire en trois tomes de ce migrant qui fuit la guerre en Syrie et traverse la Méditerranée et l'Europe avec son fils, avant de retrouver son épouse dans le sud de la France. Une trilogie pleine d'humanité, d'espérance, et en même temps lucide sur la réalité du drame des migrants.
Je n'ai donc pas hésité en laissant traîner mes yeux sur "
Ce n'est pas toi que j'attendais" dans les rayonnages de ma médiathèque habituelle.
C'est là le premier ouvrage de
Fabien Toulmé. Comme dans "L'odyssée d'Hakim", l'auteur se met en scène. Et pour cause. Il se raconte et livre sans concessions le récit de l'arrivée dans son foyer de sa deuxième fille, Julia.
Banal, me direz-vous. Sauf que Julia est porteuse de trisomie 21. Mongole, comme on entend encore si souvent dans les cours de récré - ou ailleurs. Et que Fabien ne l'accepte pas. Se refuse à la considérer comme sa fille. Va jusqu'à souhaiter qu'elle ne survive pas au souffle au coeur que les médecins lui diagnostiquent à la naissance.
F. Toulmé ne cache rien de ses tourments, de ses doutes. le propos peut paraître violent. Et il interpelle d'autant plus qu'il amène le lecteur à se questionner, à se positionner. Et moi, comment aurais-je fait ? Réagi ?
"
Ce n'est pas toi que j'attendais", c'est l'histoire d'une lente acceptation, d'un apprivoisement progressif. C'est l'histoire d'un père et d'une fille qui apprennent à se connaître, à se recevoir l'un l'autre tels qu'ils sont. Et non pas tels qu'on s'imagine l'autre.
C'est une belle histoire. Émouvante. Avec des planches magnifiques, comme lorsque la complicité nait au détour d'un bain si longtemps différé.
C'est une histoire personnelle. Celle de Fabien et Julia. C'est une histoire universelle, aussi. La mienne, la vôtre. Que faisons-nous de nos différences ?
J'espère que
Fabien Toulmé continuera longtemps à creuser ce sillon d'une humanité bienveillante en devenir. Parce que ça fait du bien parfois de se faire bousculer. Et que ça fait grandir.