Cela fait maintenant 5 ans que Fabien habite au Brésil avec sa femme Patricia qui en est originaire. Ensemble, ils ont une petite fille, Julia. Ce matin-là, Fabien est un peu tendu car la première échographie va avoir lieu, c'est à ce moment-là que l'on peut détecter s'il y a risque de malformation et déceler une maladie. Heureusement pour les futurs parents, le bébé est en parfaite santé. Mais voilà qu'après 10 ans d'exil, le couple décide de retourner vivre en France pour se rapprocher de leurs famille et amis. Ils s'installent en banlieue parisienne dans l'appartement que leur prête la maman de Fabien. de nouveaux médecins se penchent sur le ventre de Patricia. La grossesse se passe à merveille. Pourtant, Fabien est inquiet. Il redoute qu'une maladie n'ait pas été détectée. Malheureusement, ses craintes seront confirmées à la naissance de Julia. Dès l'instant où il la voit, il remarque qu'elle n'est pas comme Louise. Un cou droit, une tête plate et des yeux légèrement bridés, tous les symptômes d'une trisomie 21...
Ce n'est pas toi que j'attendais, évidemment des mots crus, presque violents de la part d'un père envers sa fille. Et pourtant, il se dégage de cet album un amour profond et sincère. Dès lors que la maladie sera confirmée, c'est tout un monde qui s'écroule pour lui. Il se demande même s'il pourra un jour aimer sa petite Louise qu'il ne considère pas comme sa fille. Il n'arrive même pas à la tenir dans ses bras ou lui faire son bain. Un sentiment de rejet d'abord puis viendra la colère, l'incompréhension et l'abattement. Un véritable choc pour lui qui n'était pas prêt. Mais, il apprendra à l'apprivoiser et l'amour viendra petit à petit. L'auteur se livre sans concession, ne cache pas ses sentiments, même les plus inavouables, et cela le rend encore plus humain. Il nous offre une très belle leçon de vie et un témoignage sincère, bouleversant et empli d'émotion. le dessin, tout en rondeur et chaleureux, aux couleurs bichromiques, apporte une certaine douceur.
Un album d'une grande délicatesse véritablement touchant...
Ce n'est pas toi que j'attendais... mais je suis quand même content que tu sois venue...
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Avoir un enfant handicapé, c'est la terreur de tout futur parent.
Et certains handicaps font davantage peur que d'autres…
La trisomie 21 fait partie des maladies qui vous tombent dessus sans prévenir, vous tétanise, vous laisse en pleurs, sans force, vous avez l'impression de tomber dans un puits sans fond, sans la moindre lueur d'espoir…
C'est ce que raconte l'auteur, qui a découvert la trisomie de sa fille après la naissance, alors que rien ne le laissait présager durant la grossesse de sa compagne.
Avec une honnêteté sidérante, il raconte l'horreur de cette découverte, les crises de larmes, la panique, le rejet de cette petite fille pour laquelle il n'éprouve pas d'amour et a très peur de ne jamais en ressentir.
Il raconte les heures qui suivent la naissance, l'angoisse qui monte car il est persuadé que le bébé n'est pas normal, la terreur qui s'insinue en lui à l'idée que son intuition soit fondée.
Il raconte aussi les jours et les semaines suivantes, le verdict qui tombe, le parcours médical et psychologique qui en découlent, la rencontre avec ce bébé pas comme les autres et l'amour qui peu à peu émerge.
C'est un témoignage sincère, bouleversant, une déclaration d'amour à sa fille, tardive certes, mais qui n'en est que plus forte.
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Bon, vous l'aurez compris, je fais les premiers pas dans la découverte du monde des bandes dessinées aussi, l'autre jour, à la bibliothèque, devant les étagères qui leur sont consacrées, devant toutes les possibilités offertes, j'étais plus que dubitative... Comment trouver au milieu de l'inconnu ?
Et puis... Et puis... une couverture bleue et grise, celle d'un album dont je me souvenais qu'un ami babéliote – disparu du site depuis, Croqu... s'il passe, il va se reconnaitre - avait rédigé un avis de lecture qui, à l'époque, avait piqué ma curiosité, et pourtant je n'avais pas trouvé l'impulsion de chercher à le lire. Mais c'était un autre temps... de possibilité de lecture... Je me souvenais du thème abordé aussi, je n'ai pas hésité.
Comment parler de l'arrivée dans une famille d'un enfant trisomique ? Comment choisir les mots et l'attitude pour partager la douleur de l'engagement qui se dessine à cette naissance ? Douleur parce qu'après le désarroi reste la stupéfaction ou plutôt la sidération de la réalité...
Etre parent d'un enfant handicapé ne s'invente pas vraiment. Etre parent dans la différence s'acquiert dans l'amour consenti et la patience. Mais, auparavant, s'accepte. Et devient alors source d'enrichissement...
Et c'est ce que raconte ce roman, avec une honnêteté admirable et une pudeur sans retenue. Ce père qui, au tout début, d'une certaine façon, nie cette vie qui balbutie, se retrouve démuni de tout sentiment devant elle jusqu'à ne pas oser la prendre dans les bras, a le courage de l'avouer, de ne pas tenter de se montrer comme un père modèle qu'il n'est pas.
Ce cheminement aux côtés de sa fille simplement différente, les moments de doute, la tristesse, le désarroi et puis finalement l'acceptation de cet amour qu'il porte en lui sans lui avoir accordé une infime possibilité de s'exprimer, au moment où la relation pourrait ne pas se poursuivre si le geste chirurgical se passait mal..
Tout est dit, tout est décrit, tout est suggéré, et ce regard de la "grande" soeur - encore enfant elle aussi - bien plus ouvert, bien plus acceptant que celui de la plupart des adultes croisés alors que ceux-ci devraient être plus dans l'empathie et moins étriqués dans leur façon d'être.
Un BD touchante, émouvante, bouleversante et terriblement réaliste pour ce qu'elle traduit de nos sociétés, de nos vies, de nos regards...
Une façon très belle de dire l'Autre, celui qui n'est pas universellement accepté. Un bien jolie façon, par cet art, de parler d'un sujet qui n'est pas si facile, de susciter d'aussi belle manière l'empathie et la compréhension et qui sait ? de changer le regard désormais porté...
Et, en conclusion, ce message que j'ai retrouvé avec bonheur au milieu de ces pages : "Ce sont les enfants qui choisissent d'inventer leurs parents, de naître auprès d'eux comme un gage de confiance accordée quand la différence s'invite également."
"Tu n'étais pas celle que j'attendais... Mais je suis quand même content que tu sois venue"
Merci à toi, Ami Babéliote, si tu lis ces lignes, sache que tu m'incites à poursuivre mon aventure imagée avec curiosité et impatience...
Et à Dimanche prochain, pour une autre BDimanche !
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Grâce à un sens de la narration déjà très assuré, Toulmé trouve un équilibre très efficace entre la narration en voix off et les scènes dialoguées, les dessins d'illustration et les scènes racontées. Le résultat indéniable est que le livre nous touche, il donne envie de rencontrer cette petite Julia, de serrer très fort ses parents et de regarder le monde avec une plus grande bienveillance.
Lire la critique sur le site : Actualitte
C'est un roman graphique emprunt d’une grande pudeur où le lecteur suivra avec compassion et empathie le parcours que suit la famille. Le dessin tout en douceur de l’auteur et en bichromie apporte une tendresse supplémentaire au récit.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
On remercie l’auteur de ne rien cacher de son expérience, de ne pas tomber dans une leçon de morale ou de conduite, d’avoir su trouver le parfait et rare équilibre dans ce genre si périlleux du témoignage dessiné.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Au Brésil, ils ont une façon un peu plus optimiste de parler d'enfant trisomique. Ils disent qu'il s'agit d'un enfant spécial. Spécial au sens exceptionnel. D'ailleurs, quand Julia est née, plusieurs amis de Patricia lui ont dit qu'elle avait de la chance d'avoir un enfant spécial. Pour certains brésiliens, c'est le bébé qui choisit ses parents à la naissance. Dans notre cas, il aurait donc fallu considérer qu'on avait eu de la chance d'être choisis par cet enfant spécial: c'était une preuve de confiance, le signe que nous saurions nous occuper d'elle.
Ça faisait maintenant presque trois mois que Julia était née et je ne lui avais encore jamais donné de bain, ni ne m'étais vraiment occupé d'elle comme un père s'occupe de son enfant...
Je ne l'avais jamais prise dans mes bras ni ne lui avais chanté de chansons...
Alors que pour Louise, je m'étais impliqué avec bonheur dès sa naissance.
Je me sentais coupable...
[...]
Je n'arrivais pas à ressentir quelque chose pour elle...
Est-ce qu'un jour je l'aimerai comme ma fille ?
Est-ce que j'arriverai à la voir autrement que comme une trisomique ?
Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les filles et les fils de l'appel de la vie à la vie. Ils viennent à travers vous mais non de vous, et bien qu'ils soient avec vous ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, car ils ont leurs propres pensées.
- Les enfants trisomiques sont super gentils, affectueux. On les appelle les "enfants bisous".
- Ah oui ? Les enfants bisous ? Moi, j'aurais quand même préféré un "enfant normal qui fait des bisous".
De ces lectures, je tirai deux enseignements : le premier, qu'il ne faut surtout pas aller sur un forum pour se rassurer...
Le second, qu'il vaut mieux ne pas trop se poser de questions sur l'avenir : la suite arrivera bien assez vite.