très bon roman graphique.
Je ne prétends pas bien connaître la « littérature » japonaise, mais voici qu'après
Haruki Murakami,
Aki Shimazaki,
Jirô Taniguchi,
Yuki Urushibara,
Osamu Tezuka – j'ai fait le tour de mes connaissances actuelles – je découvre
Tetsuya Toyoda et ce même monde onirique, doux, épais, riche, emprunt de spiritualité et d'humour. Un monde qui me plait, qui suscite mon imagination, mon aptitude à la nostalgie.
Il peut être surprenant de mêler auteurs de romans et mangakas, mais le manga, en tous cas ceux de ces auteurs, est, pour moi, très proches du roman, n'ayant que peu de choses à voir avec la bande dessinée qualifiée de franco-belge. Encore que des auteurs comme
Chabouté ou Anapurna pourraient tout à fait y faire référence.
Ainsi donc, je me vois plonger dans les courants subaquatiques car l'eau est omniprésente ; chaude et apaisante, propice aux souvenirs ou froide, inquiétante, mortelle.
Cette histoire est faite de deuils, de traumatismes, de questionnements mais sur un mode quasiment toujours léger, résilient.
Certes des blessures ont été infligées, des morts côtoyées, mais l'eau tempérée coulant avec lenteur et silence entraine tout, lavant les traumas, ne laissant que les cicatrices. Une suggestion moderne du Léthé, fleuve de l'oubli qui autorisait une vie nouvelle.
Le dessin est sobre, modéré, à l'image de Kanae, l'héroïne, à la féminité douce et discrète.
Quelques rares planches font un petit clin d'oeil aux mangas pour adolescents.
Petit bémol : des problèmes de présentation de cette adaptation occidentale dans laquelle le sens de lecture a été parfois corrigé, parfois pas, ont rendu la lecture moins fluide ; mais qu'importe, voici vraiment un très bon roman graphique laissant un goût doucereux dans la tête.