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sur 829 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un conte moderne, une fable mettant en scène deux jumeaux et leur famille confrontés au fléau du terrorisme, à la façon d'une tragédie antique.
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J'ai eu la chance de découvrir ce magnifique livre sur la chaîne de "My pretty books" et quelle lecture envoûtante et révoltante! Larry Tremblay dans une écriture toute en douceur, et dans un style presque poétique nous montre tout le mal et l'absurdité qui émanent d'une guerre et ébranlent des vies.

Les mots clés de ce roman sont "guerre", "religion", "enfance", "innocence", "martyr", "paradis", "sacrifice"...Pourquoi et comment la guerre vole l'innocence des enfants? C'est avec beaucoup de délicatesse que Larry Tremblay nous présente les choses, sans nommer le pays où la guerre fait des ravages parce qu'il est sous-entendu que c'est au proche-orient et qu'après tout il ne s'agit pas de hiérarchiser les souffrances...tous ceux qui la subissent de plein fouet étant les civils, parmi lesquels des enfants.

Zahed, le père des jumeaux se trouve face au choix le plus difficile de sa vie, notamment des choix à faire quand on vit au coeur d'un conflit; il lui faudra choisir le fils qui portera la ceinture d'explosifs que lui a apportée Soulayed le chef de guerre, et aller se faire exploser en territoire ennemi. Il faut juste préciser que Amed et Aziz sont âgés de 9 ans et que quoi qu'il arrive un des deux finira en mille morceaux. Ce qui peut nous surprendre c'est l'acceptation de la fatalité, une résignation qui nous indigne, qui nous révolte. Parce que le discours que tiennent les chefs de guerre, ne laisse pas de place au doute, à l'hésitation, à la résistance...le chaos qui résulte est le terreau sur lequel ils vont prospérer et développer leur idéologie mortifère.

Chaque personnage est enveloppé d'un voile de pudeur, ce roman est concis mais d'une grande densité...et les 152 pages vont occuper votre esprit pendant un petit moment. Larry Tremblay exprime ici toute l'ignominie des incessantes guerres menées au nom d'une religion ou pour la conquête d'un territoire, d'un espace.

L'orangeraie c'est la métaphore d'un paradis perdu, celui auquel chacun aspire sur cette terre, mais qui se dérobe pour peut-être se retrouver dans l'au-delà. Qu'est-ce qui peut permettre de devenir un homme à part entière? de devenir un être humain à part entière? aller se faire exploser et prétendre mourir dignement ou résister et risquer de mourir la tête haute? Ce roman entre forcément en résonance avec l'actualité car même si l'auteur n'identifie pas explicitement le pays où a lieu ce conflit, nous le savons pertinemment et le "décor" évoque une région orientale en proie à d'incessants soubresauts meurtriers dont les victimes sont toujours des innocents, des enfants sacrifiés sur l'autel du "narcissisme extrême des causes perdues"(citation extraite de "le surmusulman, un furieux désir de sacrifice", Fethi Benslama).

Ce court roman est un conte moral, une fable qui pose la question de la transmission de la haine, de la manipulation, de la séduction puisque le père des jumeaux n'opposera pas vraiment de désaccord étant persuadé par le bien-fondé de ce qu'on lui demande de faire. Leur mère affichera quant à elle de l'hostilité à l'égard de ces suppôts du diable, mais elle trouvera son propre compromis. 

POUR FINIR...

C'est une lecture que l'on fait la respiration suspendue, avec la colère de se sentir impuissant face aux injustices et spectateur passif de toute la cruauté qui se déverse sur des vies innocentes. Ce roman est puissant, émouvant, ne vous laissera pas indifférent et est une lecture indispensable. L'adaptation en pièce de théâtre a été évoquée par l'auteur et je crois que c'est chose faite au Canada; reste à savoir quand elle sera en représentation en France...et j'irais bien sûr la voir. 

Lien : https://www.Instagram.com/au..
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"Conte moral, fable politique" ai-je lu sur la quatrième de couverture. C'est une terrifiante histoire qui se déroule vraisemblablement et bien que cela ne soit pas dit expressément, dans un pays du Moyen Orient. Des jumeaux de 9 ans vivent une existence plutôt heureuse dans un pays certes en guerre mais entourés de l'amour de leur famille. Un triste jour, une bombe venant de l'autre côté de la montagne détruit la maison de leurs grands-parents et les tue. Alors viennent des hommes qui vont changer le cours de leur vie. En fait de conte moral, je n'ai lu que l'histoire de l'embrigadement terrible dont les jumeaux vont être victimes. Juste avant de lire ce livre, j'avais vu une émission sur la montée du nazisme de 1936 à 1945 en Allemagne. Pour des raisons personnelles, j'ai eu l'occasion de me pencher sur l'histoire des balillas en Italie. L'histoire se répète et les enfants sont des cibles tellement faciles. Cela dit, j'ai beaucoup aimé ce livre, dévoré en quelques heures, et la fin est...inattendue.
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Un style redoutable d'efficacité, très bien écrit et intense, pas un seul mot de trop.

L'action se déroule au Moyen-Orient et nous transporte dans un univers de violence.
Dans un univers d'enfances volées à des jumeaux, de manipulations destructrices, de fanatismes aveugles.

Un roman magnifique et malgré tout plein de poésie et de tendresse. Un roman qui risque de vous habiter longtemps.
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Court roman lu suite à une recommendation d'une amie.
J'ai bien aimé la mise en scène dans cette orangeraie là où vit deux jeunes frères jumeaux, Amed et Aziz.

C'est une histoire en deux temps, la première étant l'histoire de ces deux jeunes enfants et la seconde qui, quelques années plus tard, se déroule au Canada. La première partie démontre les faits alors que la seconde impose une réflexion.

Malheureusement dans mon cas, je me suis sensiblement perdu dans la seconde partie. Reste somme tout une dure histoire qui ne nous laisse pas indifférent.

À lire ? Oui si vous chercher pas de l'action et du rocambolesque , mais une reflexion sur l'homme et le terrorisme.
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Ce roman très court fut une très bonne surprise. J'ai toujours un moment d'appréhension quand je lis des livres aussi courts. Peur d'un manque de profondeur, d'un manque de maturité. Il faut un sacré talent pour qu'en quelques phrases nous amener exactement là où l'on doit être. Avec « L'orangeraie », vous y serez sans aucun problème.

L'histoire qui va unir et éloigner ces deux jeunes frères jumeaux est l'une des plus belles que j'ai pu lire. En plein milieu d'une guerre qu'ils ne comprennent pas ils vont devenir de simples objets. A tout juste 9 ans Aziz et Amed, entendent les adultes parler de la guerre et reproduisent leurs paroles. Ils ne comprennent pas la portée que cela peut entraîner. Des enfants qui jouent à faire la guerre, sans comprendre leur rôle dans tout cela. Des enfants meurtris, trahi au profit d'une guerre qui les dépasse.

Mais ce texte ce n'est pas juste la place de chacun face à cette guerre. C'est aussi un cri d'espoir, celle d'une mère faite à ces enfants. Ce besoin de protection. Là où la femme n'a pas son mot à dire elle va avoir le courage d'oser ! C'est un roman d'amour qui montre la force de certains face aux sacrifices des autres. C'est une quête personnelle, celle d'un enfant à quoi on a tout pris et qui se refuse aux mensonges. Un enfant qui porte un poids bien trop grand sur ces épaules.

Ce petit roman très court m'a complètement transporté. Un récit qui sait nous toucher avec quelques phrases. Dans cette histoire, on est porté par un sentiment de tendresse absolue mais également de profonde colère. Une colère envers ces hommes qui utilisent des enfants. Une colère contre cette guerre. Ce récit nous ronge car on ne peut pas l'envisager. On ne comprend pas cette façon de penser. On ne peut regarder cette histoire qu'avec des sentiments mêlés car on ne comprend pas tous les enjeux qui en ressortent. Comme avec des yeux d'enfants, on regarde impuissant le déchirement d'une mère, la culpabilité d'un frère et la fatigue d'un père.

Ce petit texte est à mettre dans toutes les mains, car il nous présente un sujet grave mais sans rentrer dans le mélo. Certes le texte est d'une tristesse effroyable mais il parvient en quelques mots à nous pousser à la réflexion. Des questionnements qui font froid dans le dos, car derrière notre livre on ne peut qu'imaginer un tel choix, un tel dénouement. On ne peut qu'essayer de réfléchir à l'impossible, à ouvrir nos yeux sur des éléments bien trop cruels. Avec poésie, on nous parle de la monstruosité des hommes !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Que dire d'un petit roman avec des thèmes gros comme l'univers?
L'orangeraie de Larry Tremblay traite de sujets d'actualité. Il n'y a pas une semaine sans que nous entendions parler qu'un attentat suicide s'est déroulé emportant avec lui des enfants, des femmes, des hommes, au nom d'une idéologie, d'une religion, d'un point de vue. Ainsi, Larry Tremblay signe un roman où cohabitent le bien et le mal, la folie des uns et la sagesse des autres. Vivant dans un petit paradis, l'orangeraie familiale, les jumeaux Amed et Azid, âgés seulement de neuf ans, sont un jour perturbés par un attentat qui décime la maison de leurs grands-parents, les tuant sur le coup. Leur père récupère les débris des corps et les enterre aux pieds des orangers. Un homme puissant vient, parle au père et ce dernier devra choisir le fils qui ira se faire exploser pour venger le crime. La mère s'oppose, mais quel pouvoir a-t-elle dans ce monde où la femme n'a aucun droit?
Ce livre est bouleversant. C'est un véritable coup de poing en plein coeur que reçoit le lecteur occidental. Je suis encore à l'envers….Qu'aurions-nous fait si nous avions grandi dans ce lointain Moyen-Orient dans une culture où la spiritualité s'avère reliée à une haine qui remonte à la nuit des temps au point où l'on sacrifie des enfants et on en fait des martyrs? Les hommes parlent au nom de Dieu, interprètent les signes en fonction de leur réalité. Ainsi, la mère des jumeaux dira dans sa prière à Dieu :
Ton nom est grand, mon coeur, trop petit pour le contenir en entier. Qu'as-tu à faire de la prière d'une femme comme moi? Mes lèvres touchent à peine l'ombre de ta première syllabe. Mais, disent-ils, ton coeur est plus grand que ton nom. Ton coeur, si grand soit-il, le coeur d'une femme comme moi peut l'entendre dans le sien. C'est ce qu'ils disent en parlant de Toi, et ils ne font que dire la vérité. Mais pourquoi faut-il vivre dans un pays où le temps ne peut pas faire son travail? La peinture n'a pas le temps de s'écailler, les rideaux n'ont pas le temps de jaunir, les assiettes n'ont pas le temps de s'ébrécher. Les choses ne font jamais leur temps, les vivants sont toujours plus lents que les morts. Les hommes dans notre pays vieillissent plus vite que leur femme. Ils se dessèchent comme des feuilles de tabac. C'est la haine qui tient leur os en place. Sans la haine, ils s'écrouleraient dans la poussière pour ne plus se relever (p. 26-27).

En fait, je ne sais pas, je ne sais plus ce que je ferais. Il faut se rendre à la toute fin de l'histoire et écouter les voix que fait entendre Aziz… Ce dernier porte en lui les larmes de sa mère, les choix de son père, la mort de ses frères… Je vous encourage à lire ce récit qui, je le sais, vous transpercera le coeur...

https://madamelit.wordpress.com/
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Je n'arrive pas à faire mieux qu'à traduire ma pensée, mes sentiments, en phrases sèches et nominales. Je vous les livre en vrac comme elles viennent :



Une écriture sobre, toute en retenue, pour dire l'indicible.

L'orangeraie, un havre de paix dans un monde en guerre.

Deux jumeaux, l'un doit finir en martyr, un choix cornélien qui laissera des traces chez le second. Deux enfants au service d'adultes manipulateurs, vengeurs, au nom d'une pseudo religion.

Le monde dans ce qu'il a de plus horrible, dans ce qu'il a de plus misérable.

Une tragédie digne des textes antiques.

Recommandé par monsieur Sorj Chalandon ! Ce n'est pas rien…
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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J'ai eu physiquement mal à la lecture de la première partie de L'orangeraie de Larry Tremblay. C'en était presque insupportable. Il y a des choix qu'aucun parent ne devrait avoir à prendre, il y a des réalités qu'aucun enfant ne devrait avoir à affronter. Sacrifier un enfant, grandir dans un pays en guerre font partie de ces situations qui ne devraient pas exister. Pourtant, elles sont au coeur de ce roman. Être témoin de l'indicible me fut très difficile et et pourtant je ne peux que vous conseiller cette lecture qui nous fait vivre la guerre et ses séquelles non pas à travers les événements mais à travers les sentiments et les pensées des personnages.

Lien : http://librairievaugeois.blo..
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On m'a dit « lit ça, c'est génial, pas drôle, difficile, mais il faut surtout surtout aller au bout. »
« L'orangeraie » se lit en quelques heures et ne pas avoir envie d'aller au bout relève par ailleurs sans doute du sacrilège.
En quatrième de couverture, on parle de « conte moral » et de « fable politique » et je ne voyais pas bien ce qui faisait qu'un roman court devenait conte ou fable : était-ce le format lui-même ? le style littéraire ? L'architecture de l'intrigue ? Ou bien seulement une expression toute trouvée pour qualifier un roman localisé en partie dans l'oasis luxuriante d'un désert non identifié, où le vent charrie du sable et le soleil et les étoiles occupent une place de choix, façon mille et une nuits ?
Et bien il s'avère que si « l'orangeraie », récit terrifiant et hautement véridique, est bien un conte c'est pour toutes ces raisons à la fois et plus encore parce qu'il délivre au lecteur un message. Une sorte de moralité. Mais rien de gnan gnan - ce conte-là n'est pas indiqué pour les jeunes esprits – et sa morale est toute personnelle, dépendante de l'interprétation de chacun.
« L'orangeraie » s'annonce presque comme une parabole : un père a deux fils. Il doit en sacrifier un à une cause qu'il juge noble, lequel va-t-il choisir ?
Mais ce roman ne nous parle pas des relations père-fils ou même des relations entre individus. Il y est davantage question du sens du sacrifice et des extrémités auxquelles sont poussées les hommes dans le contexte de guerre.
L'histoire se déroule et rebondit, jamais attendue ou convenue. On ne se lasse pas, tout n'est qu'action : le texte – là encore à la façon d'un conte – est descriptif, objectif. Les phrases sont courtes et factuelles. La réflexion, l'analyse, l'identification de la morale sont laissées au lecteur, au même titre que l'effroi et la consternation.
Je n'ai pas fini de méditer sur cet ouvrage, il va encore faire un bout de chemin en moi, je n'en doute pas. D'autant plus qu'il fait appel à des sujets extrêmement d'actualité, donc je ne peux rien dire sans dévoiler davantage l'intrigue.
Lisez « L'orangeraie », cela ne coutera que quelques heures de votre vie et vous en sortirez peut-être, comme moi, un peu plus empathique envers l'incompréhensible.
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