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4,1

sur 1307 notes
Nicholaï Hel est un ancien tueur (« l'assassin le plus doué de son époque ») qui coule une retraite paisible dans son château du pays basque jusqu'au jour où il est obligé de reprendre une dernière fois du service .

Résumé ainsi, on s'attend à un sombre polar ou un roman d'espionnage classique et on a tout faux ! Car finalement la partie espionnage qui oppose notre héros à la toute puissante Mother Company, un conglomérat de grandes entreprises qui domine et la CIA et l'appareil d'Etat américain, n'est pas la partie la plus importante du livre même si elle fait froid dans le dos !

En fait ce roman est, comme Nicholai lui-même, totalement inclassable, qui nous entraîne de la Chine coloniale au Japon en guerre puis au Pays basque français. J'ai beaucoup aimé toute la partie se déroulant en Asie, l'enfance et les années de formation de Nicholaï, sa relation avec son mentor et maître de Go, les paysages et la culture japonaise qui l'ont nourri et qu'il s'efforce de faire vivre dans sa retraite pyrénéenne.

De même les descriptions des paysages basques, avec ses multitudes de gouffres que le héros, audacieux spéléologue, explore avec son grand ami , le truculent Benat le Cagot, sont somptueuses et poétiques à souhait : la Caverne de Cristal, la cascade, et puis ,au dehors , l'épais brouillard des «  jours blancs » et les «  yeux d'automne », ces petites fleurs qui ne fleurissent que trois ou quatre jours par an.

Éloge de l'Orient et de sa philosophie, le livre est aussi une critique en règle de l'Occident et son matérialisme mercantile, les États Unis en tête mais l'Europe n'est pas épargnée non plus ,

Un roman totalement atypique, foisonnant, philosophique et poétique, cynique et cruel, super bien écrit ( et traduit) , une belle découverte.
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Satirique à souhait, ce classique de Trevanian, auteur insaisissable s'il en est, est réédité en 2020 et agrémenté d'illustrations de Qu Lan. Ces dernières viennent tantôt souligner la poésie de certaines scènes tantôt leur humour noir. Audacieuse, bravache même, cette oeuvre est une critique du capitalisme, un pastiche de roman d'espionnage brillamment mené malgré quelques longueurs (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/11/06/shibumi-trevanian-qu-lan/).
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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On se prend d'amitié pour ce tueur, ninja des temps modernes. Né pendant une drôle d'époque, celle des colonies mais pas des passeports, né à Shanguaï d'une mère russe et d'un père allemand, élevé au Japon à un moment où les nationalismes se crispent, il est de partout et de nulle part. Sa force et sa faiblesse. Ce qui l'a conduit à devenir le tueur le plus réputé et craint. Une constante : sa haine des États-Unis.
Ce qui permet à l'auteur de dresser un portrait peu flatteur de son pays d'origine (mais que l'on ne s'inquiète pas, les pays européens en prennent pour leur grade également)
Une narration menée tambour battant, qui n'épargne personne. Une plongée dans un monde de lisière : celle de la légalité, du grand banditisme organisé à l'échelle des gouvernement et une plongée dans le monde sans scrupule de l'argent et du pétrole. Autant dire que cela décoiffe et que les affaires qui secouent régulièrement les États (vous savez, ces drôles de suicide ou les meurtres jamais élucidés ?) prennent une autre résonance.
Et puis, ce sont aussi de belles amitiés (eh oui), longues et sincères, intelligentes toujours. Même si chacun à ses secrets. Hel a bien compris que le plus important est de les respecter ; d'ailleurs, que dire des siens ?
Un roman qui tient en haleine du début à la fin, n'allant jamais là où on l'attend, rebondissant et allant toujours plus loin dans la noirceur de l'argent.
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Nicolaï Hel est un personnage bien singulier qui a tout pour qu'on le déteste : beau (même à la cinquantaine, athlétique (il est un maître en spéléologie), intelligent (il maîtrise plus de 5 langues dont le basque appris en autodidacte), riche, séduisant, et en plus c'est un dieu au lit (il maîtrise les pratiques érotiques japonaises) . le seul problème : c'est un tueur à gages.

Oui mais voilà, moi j'ai un peu d'empathie pour l'homme. Il faut dire que son parcours n'est pas banal : fils d'une aristocrate russe et d'un Prussien, il naît à Shanghai en 1935. Son enfance se passe dans un environnement un peu trouble avec des relations tendues entre la Chine et le Japon. À la mort de sa mère il se retrouve apatride. Un général japonais le prend sous son aile et le voilà qui découvre la culture nippone et le jeu de go. Des lors sa vie va se régler sur deux choses : les règles du jeu de go et la quête du shibumi. C'est quoi le shibumi ? Pour faire simple je dirai que c'est un équilibre de vie reposant sur l'esthétisme, l'équilibre et la simplicité. Donc le petit Nicolaï se retrouve seul au Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et c'est là que ça va mal tourner pour lui, à cause du grand méchant Satan et son bras armé : la CIA. Je vous passe les détails pour ne pas divulgacher, mais on comprend rapidement que Nicolaï a toutes les raisons de détester les représentants de l'Oncle Sam. Alors quand ils réapparaissent alors qu'il savoure une retraite tranquille dans son château du Pays Basque, il va lui être difficile de rester zen.

« Shibumi » n'est pas un roman d'espionnage classique. Peu d'action en fait (moins de 100 pages sur les 513 que compte le livre). L'auteur s'attache beaucoup plus à l'enfance et à l'adolescence de son héros (près de la moitié du roman dont une grande partie sur l'histoire de ShanghaI et du Japon). Puis il le place dans son environnement alors que sa carrière de tueur est terminée, et nous le décrit longuement dans l'une de ses activités favorites : la spéléologie (un quart du roman). Tout cela est entrelacé de courts chapitres qui font du livre le « roman d'espionnage » avec les sbires de la Mother Company (les maîtres de l'énergie fossile) qui voient en Nicolaï une menace à éliminer.

Derrière le tuer froid se cache pour moi un être sensible motivé par sa quête d'équilibre, lequel passe par la défense de l'environnement. L'auteur en fait un tueur aux motifs nobles. S'il paraît extrêmement égoïste il n'en est pas moins fidèle en amitié et le sera dès l'enfance. Alors quand on s'attaque à sa tranquillité ou à ses amis, il sort de sa réserve et règle ses comptes.

Pour Travanian ce roman est le prétexte à une critique assez acerbe des États-Unis, nation marchande et sans coeur, prête à tout pour protéger ses intérêts. Au cynisme états-unien l'auteur oppose la quête de l'équilibre et de l'esthétisme du tueur solitaire. Face aux ravages de l'industrie pétrolière Travanian propose la beauté sauvage du Pays Basque et la sérénité des jardins japonais. À la trahison et la violence des hommes de main de la Mother Company Nicolaï propose la fidélité en amitié et la recherche du plaisir de sa partenaire. La sagesse ancestrale de la civilisation japonaise s'oppose à la brutalité et l'arrivisme vénal de la jeune nation américaine née de la lie de l'Europe. Ceci dit les Français en prennent également pour leur grade, tout comme les Anglais, les Italiens, les Australiens…

Par contre, comme dans tous les romans d'espionnage les femmes sont la portion congrue. Elles sont belles, parfois nunuches, parfois intelligentes, en tout cas c'est bien pour leur physique qu'elles sont là où elles sont.

Vous l'avez deviné, l'écriture est bavarde. Les longues pages sur l'histoire du Japon, le jeu de go et la spéléologie ont eu du mal à me passionner, et sans les échanges en LC avec Laurent81 je ne sais pas si je serai allée au bout. Je me suis raccrochée à l'humour de l'auteur, notamment avec le personnage de Bénât le Cagot, le poète du Pays Basque ou le Volvo bashing.
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Shibumi est un roman inclassable. On peut le considérer comme un roman d'espionnage puisqu'il évoque les affaires douteuses de la CIA et les attentats de l'OLP dans les années 70. Cependant, il prend les allures d'un roman initiatique pour conter les jeunes années du héros – Nicholaï Hel – et son éducation japonaise. Il se situe aussi dans la lignée des romans d'aventures puisqu'il nous emmène à Shangai au moment de la guerre sino-japonaise, au Japon pendant la seconde guerre mondiale et le protectorat américain et, comble de l'exotisme, au pays basque avec quelques détours par les États-Unis et l'Angleterre. Trevanian qui a préservé son anonymat pendant plusieurs décennies, centre son intrigue sur un personnage mystérieux, joueur de Go, expert en arts martiaux, polyglotte et esthète, poussé vers le métier de tueur à gages par les manoeuvres impitoyables de la CIA. Nous découvrons Nicholaï quand la redoutable Mother Company, en cheville avec l'OPEP, a étendu sa toile sur la plupart des pays occidentaux et voit l'un de ses projets contrecarrés par une équipe maladroite de justiciers israéliens. En raison d'une vieille dette, Nicholaï – pourtant à la retraite – va reprendre du service pour sortir une jeune fille, Hannah Stern, du guêpier dans lequel elle s'est fourrée.
Trevanian tisse adroitement le passé et le présent de son héros, dénonce la cruauté et le cynisme des services secrets et mène la charge contre les États-Unis gangrenés par le profit et leur volonté de puissance. En revanche, la culture japonaise est présentée sous un jour flatteur frisant souvent le dithyrambe. L'auteur n'est pas avare de préjugés culturels qui feront sourire. La description des Basques est un concentré de folklore et d'images d'Épinal, ce qui surprend quand on sait que Trevanian, de son vrai nom Rodney Whitaker, s'était établi au pays basque. Faut-il y voir du second degré ? Un détournement humoristique d'une culture qu'il appréciait ? Peut-être, mais entre poivrots, mémés confites en dévotion, militant aux allures de Tartarin de Tarascon et population superstitieuse et méfiante, la sympathie est vacharde et la caricature jamais loin.
Il faut apprécier Shibumi pour ce qu'il est : un roman de genre foisonnant au suspense efficace.
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Ce vrai-faux thriller est un pur divertissement très réussi. Sans se prendre trop au sérieux, Trevanian, alias Rodney Whitaker, utilise son intrigue principale comme prétexte à de nombreuses considérations sur le jeu de go, la culture et la pensée japonaises, la spéléologie et sa technique, les paysages et le climat basques, la gastronomie et j'en passe. Tout ça est fort bien documenté sans pédantisme. On y ajoutera une saine vision des relations consanguines entre capitalisme et violence d'état et leur influence sur la vacuité du jeu diplomatique, mais toujours sans trop se prendre au sérieux, sans dénonciation démonstrative ou trop lourde. Un peu comme le personnage de Beñat le Cagot -- nom qu'il a aussi utilisé comme pseudonyme, ce qui n'est surement pas un hasard -- Trevanian dissimule ses qualités par l'outrance : ici, c'est une vraie érudition qui, systématiquement déformée car placée sur le devant de la scène, permet d'éviter un côté trop didactique et de masquer une belle finesse. Je finirai par évoquer cet ouvrage, écrit par le héros, Nicolaï, sur le jeu de go, en apparence sérieux, profond, poétique et cryptique, encensé par les "connaisseurs", mais que les vrais initiés reconnaîtront comme un canular élaboré. le message me semble clair, et nous ramène à ma première phrase...

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J'ai adoré ce roman, il m'a fait rire de nombreuses fois malgré la dureté du propos. J'ai aimé le mystérieux personnage japonisant de Hel, les critiques acerbes sur les habitants des différentes nations, les analyses politiques et la découverte du pays basque. Aventure, espionnage, enquête policière, spiritualité, sexe, fait réels tout y est pour passer un bon moment. Et pour une fois pas de langue de bois, ce qui est totalement jubilatoire. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants et certains m'ont fait penser à la série de mon enfance « Les mystères de l'ouest ».

J'ai un peu moins aimé les pages sur la spéléologie que j'ai trouvé un peu longues. Écrit en 1979 et terriblement d'actualité, je vous le conseille.
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Shibumi est-il un grand roman ?
— Une vache lécherait-elle la femme de Loth ? Oui, pas les couilles traitresses et perfides de Judas !

Bon, on va se calmer un peu, monsieur le Cagot, Beñat de son prénom, même si dans le fonds, vous avez tout à fait raison !

Si vous voulez profiter pleinement de ce roman, faite abstraction de tout et immergez vous totalement dedans.

Car nous sommes face à 525 pages écrites avec une plume mordante, faites d'un habile mélange entre le roman d'espionnage et une critique acerbe de l'Amérique, tout en se baladant de Washington au Pays basque en passant par la Chine et le Japon d'avant et d'après guerre.

Ma partie préférée reste celle du Japon d'avant guerre, durant la guerre et après. Là, j'ai bu du petit lait, du petit Jésus en culotte de velours, un café noir, sombre, intense qui m'a brûlé la langue pour mon plus grand plaisir.

Quant à la partie basque, elle est magique, un peu folle et le seul moment où j'ai un peu sauté des lignes, c'est avec l'exploration de la grotte.

Ce roman est une critique sociale des États-Unis, de sa société, de sa CIA, de son gouvernement, bref, tout le monde est rhabillé pour les 10 prochains hivers !

La plume de l'auteur est dure, intransigeante, sans concessions aucune, mais terriblement vraie, hélas. Les Français, Japonais, et les Basques aussi en prendront pour leur grade, mais moins que les yankees et l'américanisme.

La CIA s'en prendra plein les dents aussi et l'auteur nous démontrera par A+B ce qui se passe comme conséquences lorsqu'on laisse ses émotions gouverner ses actes. La stupidité des uns déclencheront le feu du ciel…

Nicholaï Hel est un personnage que l'on devrait détester, c'est un assassin, un tueur à gage d'un niveau excellent, mais c'est impossible, on l'apprécie malgré tout. Son personnage est taillé au cordeau, bien décrit, avec ses zones d'ombres, ses pensées, ses certitudes, sa vision des américains et des japonais depuis l'invasion des mêmes américains.

Nikko excelle dans des tas de choses, d'ailleurs : que ce soit dans les techniques érotiques japonaises qu'il pratique avec sa maitresse Hana, la spéléologie qu'il pratique dans les grottes du pays Basque ou les langues qu'il parle (il parle couramment le russe, l'anglais, le français, le chinois et le japonais).

De plus, je lui ai trouvé des petites ressemblances avec Holmes, notamment lorsqu'il joint ses doigts devant ses lèvres.

Les autres personnages qui gravitent dans le roman sont eux aussi bien esquissés, bien détaillés et certains sont même haut en couleur, notamment Beñat le Cagot, l'ami basque de Nicholaï qui a une manière de jurer bien particulière, comme celle de répondre par des métaphores au lieu de dire « oui » tout simplement.

Voilà donc un roman qui n'a sans doute pas usurpé son titre de « le chef-d'oeuvre de Trevanian ».

Il possède de l'intelligence, du suspense, de l'humour noir, une plume acide et mordante, des personnages bien travaillés (dont certains sont hilarants), une critique acerbe sur la société américaine, un dose d'espionnage, de meurtres, de jeu de Go, le tout en vous faisant voyager dans différents pays, à différentes époques, le tout pour une somme modique !

Ce roman a beau avoir été écrit vers la fin des années septante (soixante-dix), il n'en reste pas moins d'actualité !

Un roman puissant dont je suis contente de ne pas être passée à côté !

(4,5/5)

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Thriller magnifiquement bien structuré. Trévanian nous tient en haleine du début jusqu'à la fin du livre. Nous proposant parallèlement une sévère critique de la société américaine, cet auteur donne à voir une bonne connaissance du pays basque également.
Quelques épisodes présentent de vrais moments d'humour, ainsi qu'une approche philosophique appréciable.
Best-seller mondial, ce roman d'espionnage protéiforme est inclassable, et souligne l'originalité de son auteur.


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Déroutant, déconcertant voilà ce que m'inspire la lecture de Shibumi. On suit l'histoire de Nicholaï Hel, "exterminateur professionnel de terroristes internationaux", de son enfance à Shanghai à sa retraite dans un château du Pays-Basque, en passant par son incarcération dans les geôles japonaises de la seconde guerre mondiale. le récit est rythmé comme une partie de Go, célèbre jeu stratégique, inhérent à la culture japonaise et qui s'apparente pour les néophytes aux échecs.
Nicholaï est un homme redoutable, polyglotte, doué de capacité sensorielle extraordinaire le plaçant comme le meilleur dans sa catégorie.
Shibuli est un régal à lire, mêlant l'humour, la mélancolie, l'aventure mais aussi la sensualité.
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