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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel livre! (oui, elle était facile)

Anthony Trollope fait partie de ces auteurs anglais que je connaissais sans pourtant en avoir lu une ligne (ou alors pendant mes études mais je n'en ai gardé aucun souvenir). C'est chose faite à présent.

Quelle époque! nous narre le quotidien de familles plus ou moins nobles, plus ou moins fortunées, dans l'Angleterre victorienne (j'adore les romans de cette période).
Quelle époque! nous parle de gens plus ou moins bien intentionnés, qui oeuvrent, disent-ils, pour le bien des autres (un fils, une fille, une mère, une amie...) alors qu'ils pensent avant tout à leur petite personne et à leur confort.
Quelle époque! nous raconte les histoires entremêlées de plusieurs familles, s'appréciant plus ou moins, souhaitant sauver les apparences tout en conservant leurs privilèges.
Quelle époque! est avant tout la satire du monde dans lequel évoluait Anthony Trollope, qu'il a su si bien restituer avec ironie et méticulosité.
Entre le noble qui ne travaille pas - c'est bien trop vulgaire - mais qui ne peut s'empêcher de donner des leçons aux autres; l'escroc qui a fait fortune, qu'on ne veut pas côtoyer mais qu'on est obligé d'inviter car il possède une fortune colossale et a, en prime, une fille unique à marier; la femme, la mère, qui n'a d'yeux que pour son fils, bien ingrat, alors que sa fille lui est dévouée; bref, j'en passe et des meilleures, toute la société est passée au peigne fin et c'est jubilatoire.

J'ai souvent ri, j'ai trouvé le tout truculent et si bien rendu que je me voyais installée au milieu des salons de ces gens biens sous tous rapports et pourtant si tristes au final. Jamais le proverbe "il faudrait balayer devant sa porte" n'a eu autant de sens pour moi.

Une lecture que je conseille et qui peut se lire, en prime, au long court, comme un feuilleton, un chapitre ou deux par jour pour l'apprécier à sa juste valeur (même si pour ma part, je l'ai lu un peu plus vite que ça).

Anthony Trollope nous offre donc une belle chronique - et critique - de son époque, je me demande bien ce qu'il penserait de la nôtre.
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Première lecture de cet auteur du XIXème siècle et une sacrée découverte!
C'est une incursion dans la société bourgeoise londonienne, en plein changement de celle-ci. L'argent, le capitalisme, la spéculation vont bon train et semblent petit à petit faire disparaître les valeurs d'autrefois.
Les jeunes hommes passent leur temps à boire, dîner et jouer aux cartes en pariant de grosses sommes, n'hésitant pas à signer des billets de dette.
Les jeunes femmes sont plus occupées à chercher le meilleur parti possible pour leur "placement" dans la société : il leur faut un mari qui a de bons revenus ET un titre de noblesse en prime.
Les personnages sont croustillants : entre Mermotte le parvenu qui réussit à avoir tout le monde à ses pieds (tant qu'il a de l'argent!), sa fille Marie avec laquelle un mariage équivaudrait à toucher le pactole, Felix Carbury le Dom Juan incapable de garder deux sous sans les parier, Henrietta une des rares qui croit encore à l'amour, Roger Carbury le vieil oncle aux valeurs du passé ... bref tout un petit monde délicieux, plein d'oppositions, qui se débat dans cette société changeante, ouverte sur le nouveau monde et ses investissements éventuels.
C'est une lecture passionnante avec un bémol toutefois : c'est un roman qui a été publié en feuilletons, d'où une impression de longueur dans certains passages et de nombreuses redites.
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En 1873 à Londres, un personnage attire l'attention de toute la bonne société. Augustus Melmotte est un financier à la réputation sulfureuse mais c'est son argent qui lui vaut sa popularité. La vieille noblesse, à bout de souffle pécuniairement, voit en Melmotte une occasion de se refaire une santé. Pour récolter une partie du pactole, deux possibilités s'offrent aux Lords : adhérer à la compagnie du chemin de fer du Pacifique Centre et Sud et du Mexique, dont Melmotte est le président pour l'Angleterre, ou épouser la fille du financier, Marie. Certains, comme le futile et dépravé Sir Felix Carbury, tentent de faire les deux. La course à la spéculation et au mariage est lancée dans l'aristocratie londonienne.

Ce résumé ne vous donne qu'un mince aperçu de ce que contient ce foisonnant roman d'Anthony Trollope. « Quelle époque ! » (« The way we live now » en anglais mais le titre français traduit bien l'ironie de l'auteur) passe au tamis du sarcasme l'aristocratie, les milieux financiers, littéraires et journalistiques. Anthony Trollope a écrit une vaste et dynamique fresque qui fourmille de personnages et d'intrigues.

Au centre de cette satire se trouve donc Augustus Melmotte. Personne ne sait d'où il vient ni comment il est devenu si riche. Les rumeurs vont bon train et il semble évident que cette immense fortune a des origines malhonnêtes. Néanmoins les aristocrates courtisans ne manquent pas. Les Lords ne sont pas très regardants. « La noblesse gaspille l'argent ; le commerce le gagne ; et alors le commerce achète la noblesse, en lui permettant de redorer son blason. » Anthony Trollope nous montre précisément ce moment où l'argent change de main. La finance prend l'ascendant sur les vieilles familles aristocratiques en achetant leurs propriétés, en faisant des mariages pour acquérir des titres ou en se présentant au parlement comme le fera Melmotte. Ce thème est très moderne et finalement toujours d'actualité. La compagnie du chemin de fer du Pacifique Centre et Sud et du Mexique n'est qu'une vaste supercherie basée uniquement sur la spéculation. Peu importe que le chemin de fer soit construit du moment que les actions se vendent. Melmotte incarne parfaitement ce monde financier corrompu. C'est un homme détestable, méprisant et imbu de lui-même. Il considère sa femme et sa fille comme des marchandises et les maltraite. Marie Melmotte doit épouser le prétendant choisi par son mère et non l'élu de son coeur, Sir Felix Carbury. Même si ce choix est loin d'être judicieux, la jeune femme fera preuve de beaucoup de force de caractère pour défier son terrible père. La révolte de Marie correspond au moment où la chute de l'empire Melmotte est amorcée.

Le financier n'est pas le seul personnage détestable, d'ailleurs peu sont ceux qui sont véritablement honnêtes et bons. Seuls Roger et Hetta Carbury, le cousin et la soeur de Sir Felix, n'ont rien à se reprocher. Sir Felix remporte la palme de la bêtise et de la suffisance. le livre s'ouvre sur trois lettres envoyées par Lady Carbury à des journalistes pour obtenir de bons articles sur son essai historique. Si elle est obligée de s'abaisser à flatter les critiques, c'est uniquement pour espérer rembourser les lourdes dettes de son fils. L'obséquieuse Lady Carbury est en fait une mère aimante et pardonnant trop à son fils unique. Sir Felix dilapide l'argent de la famille dans son club minable où il passe des soirées arrosées autour de la table de jeu. Il n'a aucune conscience, aucun sentiment, seul son intérêt et son bien-être l'intéressent. C'est Hetta Carbury qui devrait se sacrifier pour sauver les finances familiales. Sa mère la voudrait mariée à son riche cousin Roger mais elle est amoureuse d'un autre homme, Paul Montague. Mais les jeunes femmes ont du caractère chez Anthony Trollope. Hetta, comme Marie Melmotte, ne laissera pas sa famille choisir son destin.

« Quelle époque ! » est une grande réussite : les intrigues sont parfaitement menées, les personnages sont complexes et ne laissent pas indifférents, l'écriture et fluide et pleine d'humour. Un grand auteur victorien que j'aimerais voir plus réédité en français.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Avec ce roman, Trollope, de retour d'un voyage de dix-huit mois dans les colonies et choqué par la corruption omniprésente à Londres, a voulu stigmatiser les vices de son temps. Il peint une foire aux vanités aux allures de cinglant jeu de massacre. Trollope a l'art du portrait mordant et assassin, et croque ses personnages d'une plume leste et trempée dans l'acide. L'intrigue, qui se joue en quelques mois, est centré autour du personnage du financier Augustus Melmotte. Autour de lui gravite une galerie de personnages troubles (fort nombreux) ou intègres (une minorité). Personnage ambigu, dont les ambitions ne dénoteraient pas chez Balzac, Melmotte cristallise les plus bas instincts de ses contemporains en leur faisant miroiter une fortune rapide, grâce aux jeunes chemins de fer. Il dépense à foison et est reçu dans la plus haute société, jusqu'au jour où le château de carte menace de s'effondrer, faute de confiance. Ce Bernard Madoff de l'âge victorien est un symbole de l'argent roi dont la vulgarité révulse Trollope. Tout est à vendre, même les êtres, en particulier grâce au mariage, décrit comme une vile transaction lorsqu'elle est le fruit d'un calcul financier. Si ses jeunes filles, en quête du parti idéal, sont en cela cousines des héroïnes de Jane Austen, Trollope va bien plus loin que la romancière dans l'exploration des pulsions souterraines à l'oeuvre derrière les façades de respectabilité si chères aux Victoriens. Ce satiriste traque le mal à l'oeuvre dans le grand monde. (...)
Lien : http://horstemps.blog.lemond..
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En ce dernier quart du XIXe siècle, Londres est devenue la première place financière au monde grâce au pouvoir économique et politique de l'Empire britannique fort des richesses de ses colonies et de l'industrie qui a transformé le pays. L'avènement du capitalisme et l'essor à grande échelle du crédit vont attirer des escrocs en tous genres sans moral ni loi. La corruption gangrène rapidement tous les échelons d'une société qui cherche l'enrichissement et le profit rapides. Très marqué par ces changements, Anthony Trollope n'hésite pas à prendre la plume pour brosser le portrait d'une société où le monde de la finance a pris la première place en bouleversant les règles traditionnelles et les moeurs.

L'écriture parfois virulente de l'auteur est empreinte d'ironisme et de cynisme du début à la fin de ce roman fleuve dont le titre "Quelle époque!" donne le ton du roman.

Au coeur de cette intrigue au long court se trouve le personnage d'Augustus Melmotte, un financier véreux, aux origines incertaines, tout nouveau venu à Londres. Malgré les soupçons qui pèsent sur l'origine et l'état de sa fortune, une kyrielle de personnages issus de l'aristocratie tentent d'obtenir ses faveurs. Homme fort de la City, directeur de la filiale anglaise du très prometteur Chemin de Fer du Pacifique et du Mexique, candidat au Parlement, hôte généreux de l'Empereur de Chine son ascension est fulgurante tout autant que sa chute, six mois à peine après son arrivée à Londres. La brièveté de son règne financier contraste avec celle de l'aristocratie qui malgré sa fragilité financière et son manque d'évolution face au capitalisme survit tant bien que mal. Frileuses dans un premier temps, les familles aristrocratiques les plus désargentées sentent très vite quelles avantages elles peuvent tirer en gravitant dans la sphère de ce financier. de Lord Alfred qui le suit comme son ombre à Lord Longestaffe qui lui vend son hôtel particulier, tous sont en quête d'une fortune rapide et d'un train de vie à jamais perdu. Cependant, ils ne sont pas seulement des victimes innocentes des malversations de Melmotte car ils ont eux aussi leur part de malhonnêteté.

Fiancé de Marie Melmotte et endetté chronique, Sir Félix et ses camarades de jeux du club de la Fosse-aux-Lions incarnent cette génération de jeunes aristocrates ayant dilapidé leur fortune et en quête d'une jeune héritière à la dot généreuse pour les mettre définitivement hors d'atteinte de leurs débiteurs poussés par leurs progéniteurs. Sans morale ni coeur, Sir Félix n'hésite pas à entraîner à la ruine sa mère Lady Carbury et sa soeur Hetta. C'est poussé par ce besoin de nouvelles ressources financières mais également de reconnaissance que Lady Carbury se lance dans l'écriture de romans qu'elle souhaite à succès. Pour cela, elle joue agréablement de ses charmes auprès des critiques littéraires pour s'assurer le succès dans les journaux de l'époque plutôt que de viser l'excellence dans sa création.

Quelques personnages cependant apparaissent habités d'une droiture et d'une morale qui leur permettent de résister aux dérives du moment comme notamment Hetta Carbury, Marie Melmotte ou Robert Carbury.

Fourmillant d'histoires aux multiples rebondissements parallèles à l'intrigue principale, cette fresque se révèle passionnante par son intensité, les nombreux détails sur les manoeuvres financières de Melmotte, du monde politique et journalistique mais aussi sur les mariages arrangées et l'hypocrisie de l'aristocratie. L'humour de l'auteur innerve l'ensemble de ce récit intelligemment construit. L'intensité et la virulence des reproches de l'auteur envers ses contemporains sont très vives tout long du roman. Il s'amuse ainsi à caricaturer à l'extrême les sentiments ou la cupidité de certains personnages comme la pugnacité de Lady Georgiana Longestaffe à vouloir faire un riche mariage coûte que coûte même si c'est avec un homme plus vieux que son père, l'entichement absurde de Ruby pour Sir Félix ou encore l'amour inconditionnelle de Lady Carbury pour son fils. Cependant, il modère ses propos dans l'épilogue en ménageant une fin optimiste avec une valse de mariage, qui apparaît comme un retour à l'ordre traditionnel, une fois que la disparition ou l'émigration des éléments les plus perturbateurs du récit aient été effectives.

J'ai passé un excellent moment happée par le récit à l'atmosphère victorienne si particulière malgré les huit cents pages de ce roman qui au final se dévorent facilement.
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Qu'elle fait pâle figure, la littérature dite "victorienne", mise à la mode par Michel Faber et consorts, à côté des auteurs ayant réellement vécu cette époque. Parmi eux, Anthony Trollope mérite d'être (re)découvert par les lecteurs francophones. La remarquable traduction d'Alain Jumeau nous fait connaître une oeuvre magistrale, le regard acéré d'un fonctionnaire de sa majesté sur la bourgeoisie et l'aristocratie d'un dix-neuvième siècle finissant. le fonctionnement de la City, les mille et une combinaisons nécessaires à la création et à la transmission du patrimoine à une époque où le droit d'aînesse régnait encore en maître et où la femme, dès lors qu'elle était mariée, remettait la totalité de sa fortune entre les mains de son époux. Autres temps, autres moeurs, et pourtant le message reste bien actuel. L'ascension et la chute d'Augustus Melmotte, un aventurier de la finance à la moralité très "soluble", nous font penser à des personnages bien d'aujourd'hui : il n'hésite pas à contrefaire des signatures lorsque ses intérêts sont en jeu, et rachète pour un "shilling" symbolique, pour les revendre ensuite en pièces détachées et en tirer de grands bénéfices, des entreprises en difficulté. Non, vraiment, cela ne vous rappelle rien ni personne ? Cherchez bien... Autour de ce chef de guerre de la City gravitent nobles et roturiers en quête de fortune ou de pouvoir politique (le plus souvent les deux). Certes, on ne trouve pas le souffle d'un Zola ou d'un Victor Hugo dans ce portrait au vitriol de l'establishment britannique, mais le regard de l'auteur sur la société de son époque se veut le plus neutre et le plus crédible possible, ce qui en fait toute la modernité. À travers une galerie de personnages, masculins et féminins, dont on suit les péripéties financières et amoureuses sur une période relativement brève (quelques mois à peine), se dessine le passage d'un monde quasiment féodal au capitalisme féroce qui domine encore le monde aujourd'hui. L'argent est omniprésent, mais il n'est pas le seul ressort du récit, et l'on espère que les personnages auxquels on s'est le plus attaché vont enfin trouver le bonheur. La réponse est oui, mais lisez donc "Quelle époque !", et régalez-vous...
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Résumé du livre: Augustus Melmotte a trouvé racine à Londres, après avoir vécu, avec sa deuxième épouse et sa fille, Marie Melmotte, dans plusieurs villes d'Europe. Homme d'affaires charismatique de la City il va très vite être la personne qu'il convient de fréquenter dans cette Angleterre de fin du XIX* siècle. Son savoir-faire et sa connaissance du monde de la finance sont mis à profit de la grande construction du Chemin de fer du Pacifique Centre et Sud du Mexique, entrepris aux Etats-Unis. En qualité de décideur et de représentant des actionnaires anglais, il est propulsé à la tête de la City. Sa réputation le conduira même à se lancer dans la politique, et à recevoir le Grand Empereur de Chine, dans sa maison de Grosvenor Square. C'est dire la puissance et le pouvoir de cet homme! Pourtant un homme qui terrorise sa femme et bat sa fille en la réduisant en "chair à pâté" , peut-il être considéré comme un véritable gentleman?
Tous les nobles anglais admirent et reconnaissent ce nouvel arrivant, Melmotte, qui offre à Lord Alfred, Lord Nidderdal (un des courtisant de Marie Melmotte), puis Lord Longestaffe père, en plus de Sir Felix Carbury, Miles Grendall, Paul Montague et d'autres, un siège au conseil d'administration de la fameuse Compagnie.

Du coté de la famille Longestaffe, de grosses difficultés financières poussent le père de famille à se mettre en affaires avec Melmotte. Ses décisions sont mal acceptées par son fils, Dolly (ami de Sir Felix) et sa fille aînée, Miss Georgiana Longestaffe, pour laquelle il est important de se marier avec londonien, peu importe sa religion, du moment qu'il est riche pour lui assurer un train de vie digne d'une vraie Lady!

Lady Carbury, veuve, mère de deux enfants en âge de se marier, est une pseudo romancière qui attache la plus grande importance à l'image qu'elle renvoie à la société londonienne, en fréquentant journalistes et hommes d'affaires. Excellant dans l'art subtil du paraître et du plaire, son côté matérialiste la pousse à imaginer des solutions pour lui éviter la ruine, qui menace sa famille, à très court terme. Elle ambitionne de marier son fils, Sir Félix, jeune baronnet au physique avantageux, avec Marie Melmotte (la fille du grand financier Melmotte) qui est, selon elle, le meilleur parti du tout Londres. Seulement, l'amour incommensurable qu'elle porte à son fils ne suffit pas à donner une éducation à Félix qui ne pense qu'à jouer de l'argent aux cartes en buvant de la fine-à-l'eau à son club, la Fosse-aux-ours. Son train de vie est source de dépenses si importantes qu'il dilapide à vue d'oeil l'argent de sa mère. Eu égard à son côté égocentrique, son physique de jeune premier lui permettra de rencontrer la très courtisée Marie Melmotte et fera la fierté de sa mère. En plus de cette histoire, Lady Carbury essaie d'arranger un mariage entre sa fille, Henrietta Carbury -dit Hetta- et son oncle Roger Carbury. Roger Cabury est un homme sage, d'un certain âge, avec de vraies valeurs, qui attache la plus haute importance aux principes édictés par sa condition sociale. Il vit à la campagne, dans le château de Carbury, patrimoine familial des Carbury et loue quelques terres aux fermiers du coin. Amoureux de sa cousine, la jeune Hetta, il devra composer avec son meilleur ami puis rival, Paul Montague, pour gagner le coeur de sa dulcinée qui semble être sous le charme du fameux Paul.

Ce dernier, Paul Montague se trouve embarqué dans des histoires professionnelles (en qualité d'administrateur de la Compagnie du Chemin de Fer) et personnelles (avec le retour de Mrs Hurtle, une mystérieuse américaine qu'il avait promis d'épouser avant de rencontrer Miss Carbury) dont les issues semblent compromises.

Cette Mrs Hurtle, loin du pays dont elle est native, réside dans une pension à Londres chez Mrs Pipkin. Elle ambitionne d'épouser Paul Montague quoi qu'il arrive et se pose en véritable femme fatale. Femme donnant l'illusion de tout maîtrisé, et très sûre d'elle, elle est au fond d'elle détruite par le rejet initial de Paul, et déploie des trésors de reconquête comme seule une femme amoureuse, trahie et jalouse, peut le faire. Elle est admirée à son insu par sa logeuse Mrs Pipkin qui est une tante éloignée de Ruby Ruggles, une fille de la campagne vivant près des terres de Roger Carbury. Rubby a fui de son domicile afin de retrouver son amoureux, le baronnet Sir Felix, qui l'emmène danser aux music hall londoniens. Promise à un boulanger du nom de John Crumb au physique dégoûtant, on comprend aisément son attirance pour le beau Felix…Malgré elle, elle découvrira qu'on ne peut construire une vie uniquement sur le physique, mais l'amour ne rend-il pas aveugle?

Mes impressions: Grandiose! Si on dépasse les caractères minuscules de l'édition J'ai Lu et l'affreuse couverture, on est propulsé dans une Angleterre en pleine expansion qui traite de sujets complets et complexes à travers tous les personnages créés par Trollope. Ce qui est frappant, c'est de noter que les comportements actuels ne sont pas si différents des comportements du XIX* siècle: comme dit un homme que j'admire "nous croyons être supérieurs dans nos connaissances parce qu'il n'y pas d'autres sociétés plus avancées que les nôtres aujourd'hui; par conséquent nous avons tendance à juger le passé avec notre savoir, alors que…" Cependant quand je pense au scandale Madoff, on peut aisément faire des parallèles avec Melmotte. Les problèmes de religion et d'intolérance sont eux-aussi toujours d'actualité. La condition des femmes -même si on n'est loin des conditions du XIX* je vous l'accorde- laisse à désirer dans certains pays et mériterait d'être améliorée dans d'autres. D'ailleurs les femmes de Quelle époque! s'émancipent progressivement. Ainsi, l'auteur égratigne chaque pan de la société décrit avec brio, tout en ironie, satire et psychologie, et captive son lecteur qu'il n'hésite pas à interpeller régulièrement pour en faire un acteur à part entière du roman. J'ai beaucoup aimé les histoires sentimentales, le côté business de la city, l'influence de la presse, les diverses manipulations et corruptions, les rebondissements, les descriptions des us et coutumes de la société anglaise agrémentées des comportements des gentlemen, les combats intellectuels des hommes de loi, l'église anglicane et l'église de Rome qui s'opposent… le côté politique avec l'élection des parlementaires à la Chambre des communes a été une découverte pour ma part et me donne envie de mieux comprendre les mécanismes politiques anglais. Bref, je suis totalement sous le charme de Trollope (1815-1882), contemporain de Dickens qui gagne à être connu en France. J'espère que ce billet un peu long vous aura convaincu de vous plonger dans l'univers de Quelle époque! qui est mon premier coup de coeur de cette année 2013. Pour la petite anecdote, cette épopée a été publiée en plusieurs feuilletons dans les journaux en vigueur à ce moment là en Angleterre; l'histoire est donc accessible, et les chapitres relativement courts sont ponctués de rebondissements qui incitent à aller toujours plus loin dans la lecture. Séduite par l'auteur, j'ai Miss Mackenzie et le Docteur Thorne, dans ma bibliothèque, je lorgne sur La Vendée, oeuvre historique de l'auteur, et ne compte pas m'arrêter là dans sa bibliographie.
Lien : http://leslivresdecamille.wo..
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Très gros coup de coeur pour moi!
Dans le Londres des années 1870, Lady Matilda Carbury, veuve, tente tant bien que mal de faire parler de son livre Criminal Queens, pour subvenir aux besoins de sa famille et en particulier aux très nombreux vices de son fils le baronet Sir Felix. Elle aimerait bien marier sa fille Hetta au cousin Sir Roger Carbury, Esq., qui détient les biens de la famille dans le Suffolk. Mais Hetta n'aime pas Roger de cet amour-là, et n'entend pas se marier avec son cousin.

Dans ce même Londres débarque les Melmotte, famille inconnue, soupçonnée d'être d'origine juive et qui amène dans son sillage une certaine odeur de souffre. Banqueroute, escroquerie. Personne ne sait vraiment. Mais il semble qu'Augustus Melmotte soit très riche. Et il entreprend de conquérir la noblesse et la haute bourgeoisie de l'époque, par l'argent et le mensonge. Grâce à Paul Montague et Mr Fisker, deux Américains, Melmotte entre dans le projet d'une voie ferrée reliant la Californie au Mexique. Projet titanesque. Perspectives de profits illimités, selon Melmotte et ses partenaires. La « Haute », jusqu'alors méfiante face à la vulgarité de l'homme, se laisse appâter par des profits rapides et sans effort. L'homme atteint son apogée lors de la réception de l'Empereur de Chine, dans sa propre demeure, et son élection comme député de Westminster.

The way we live now (TWWLN, pour faire court) est un grand roman comme le 19ème siècle en produisait, chronique minutieuse et sans concession d'une époque. Ce roman d'Anthony Trollope tout récemment traduit en français sous le titre Quelle époque !, me fait penser à Bel-Ami de Maupassant, dans une moindre mesure, bien entendu, pour le sujet traité (la finance) notamment. Critique d'une société où l'apparence et les faux-semblants sont la norme, où l'hypocrisie est de mise en toute circonstance. Où l'argent est roi.
la suite de cette longue critique sur mon blog.
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