Comme l'an dernier, j'ai lu ce recueil de nouvelles de jeunes écrivains. Il s'agit des 12 nouvelles sélectionnées chaque année par un jury d'écrivains et ėditėes par Buchet-Chastel afin d'encourager les jeunes crėateurs d'univers littéraires. Ma préférence est allée å "L'interview" de Margaux Leridon ; j'en ai aimé la dynamique et le style simple. "Une chatte à la guerre" de Lisa Dal Monte arrive à faire surgir des images fortes. Il est frappant de voir que ces 12 nouvelles sont sombres, avec une atmosphère lourde. Est-ce l'état d'esprit des jeunes écrivains ou un biais introduit par le jury ? J'espère que la seconde option est la bonne.
Encore merci aux éditions Buchet-Chastel et aux 16 membres du jury pour cette effort de mise en valeur de jeunes auteurs.
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Ce recueil rassemble douze jeunes auteurs, primés en 2018 par le jury du trente-troisième prix du Jeune Ecrivain. Les nouvelles sont marquées chacune par leur originalité, mais elles se rapprochent par un style simple, incisif, parfois haletant, qui m'a rapidement fait entrer dans leur univers. Et quel univers ; la première nouvelle, "Atterrir sur le nuage jaune" d'Alexandra Troubé, est emprunte d'une modernité touchante; la troisième, signée Morgane Russeil-Salvan, "Chant des grillons, un jour d'été", m'offrit une lecture grisante, galvanisée, étonnante, menée avec une sensibilité accrue, qui apparaît finalement à la fin du recueil, être le leitmotiv émotionnel de chacune des nouvelles. Une émotion, qui de fil en aiguille, s'estompe, comblée par l'émouvante petite histoire de Sam et Ricky, de Léandra Vazeille.
Ce recueil, ainsi que ce prix des jeunes écrivains, fut une belle découverte.
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Est-ce que tu sais pourquoi je veux me souvenir de tout ? C'est parce-que la vie est trop courte et trop aseptisée.[...]
On met la clim pour ne pas ouvrir les fenêtres, on engueule nos enfants s'ils jouent dans la boue, on se protège de tout, et on ne goûte rien. Et quand on crève, plein de pus et plein de honte dans nos couches jetables, entre nos draps jetables et devant notre plateau-repas jetable, dans un hôpital pas encore jetable mais presque, quand on crève, on regrette, parce-qu'on ne sait même plus quelle est la sensation de la boue sur la peau. Alors oui, je veux me souvenir de tout. Et je veux que tu te souviennes de tout. Parce-que je veux que tu meures en te souvenant de ton père, et de moi, et de nous, et de cette journée, et du lapin crevé, et de tout les grillons. Je veux que tu meures en pensant "j'ai vécu", même si, aujourd'hui, sur le coup, ça fait mal, c'est sale, et ça pue la charogne.
Morgane Russeil-Salvan.