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4,02

sur 4691 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour moi c'est du grand art, disséquer à ce point les contradictions et les auto suffisances de ces personnages médiatique -politique. En faire une intrigue passionnante. S'attaquer enfin à ces petites minorités qui se croient le centre du monde parce qu'elles vivent à l'intérieur du périphérique parisien. Qui nous manipulent (ou qui essaient) à longueur de journée, qui nous dessinent le contour du bien du mal. Qui croient tout savoir sur tout.
Et curieusement lorsque ces mêmes personnages sont directement concernés (car parfois la vraie vie les rattrape) par un fait divers, sordide en l'occurrence. Alors là sauve qui peut, fini les grandes théories féministes, fini l'intégrité à tous les étages, fini le haro sur le conflit d'intérêt. Tout vole en éclat…chacun pour soi. Bravo pour ce roman j'ai adoré, j'aimerai dans une autre vie écrire et analyser comme cet auteur.

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On dit beaucoup de choses au sujet des ouvrages de Karine Tuil. L'auteure est décrite tour à tour comme caricaturale et à l'écriture facile, ou comme fine sociologue qui démontre avec brio l'ambivalence humaine. Personnellement, avant de lire Les choses humaines, je ne la connaissais pas. Je vais donc me garder d'émettre un avis définitif sur l'ensemble de son oeuvre. Mais je trouve que cet ouvrage est une pépite sociale (ou sociétale ?) et qu'il mérite le tapage médiatique qu'il a soulevé.

Évidemment, pour ne pas déroger à la règle, je vais commencer par présenter l'auteure dont je ne connais pas grand-chose en dehors de son site et de sa page Wikipédia. J'ai retenu qu'il s'agissait d'une femme anciennement juriste et mère de trois enfants, qui a tout plaqué pour consacrer sa vie à l'écriture. Bon, déjà, j'ai un parti pris, j'aime bien l'idée de tout plaquer pour écrire. Parce qu'il faut du courage pour tenter vivre de sa plume ! Karine Tuil a écrit plusieurs ouvrages, aux succès relativement remarquables. La plupart ont été nommés dans des prix prestigieux comme le Goncourt ou le Femina. C'est finalement ce onzième roman, les Choses humaines, qui va définitivement la consacrer, en remportant les prix Interallié et le Goncourt des Lycéens en 2019. Onze romans en vingt et un ans. On peut dire beaucoup de choses justement, mais il semblerait que ce soit une grande travailleuse.

Les choses humaines est écrit en écho à l'actualité du moment, à savoir les relations hommes/femmes, le sexisme, le féminisme, les mouvements #balancetonporc et #Metoo, bref, en résonance avec la question sans réponse satisfaisante : où commence la violence, l'agression dans un rapport homme - femme ? On y suit donc deux protagonistes : Mila et Alexandre, par ailleurs de religions et de classes sociales différentes. Mila accuse Alexandre de viol. Alexandre affirme que Mila était consentante. Entre les deux, quelque part, peut-être une vérité ? Car oui, le livre est construit de telle façon que les deux versions tiennent debout. On partage avec Mila le fait qu'elle ait été violée, et l'on acquiesce quand Alexandre affirme que Mila avait tout de la fille consentante. En tant que lecteur, nous sommes complètement paumés, car nous comprenons que nous abordons ici une thématique quasi indémêlable : on peut violer une personne sans avoir à un quelconque moment la pensée que nous sommes en train de la violer. Il s'agit d'un constat d'autant plus troublant que je suis une femme, et que pourtant le point de vue de l'homme m'est apparu sincère et « vrai », alors que la femme violée est réellement une victime de la situation. Je sais que d'autres ne partageront pas mon point de vue, et que certains mouvements féministes diront que si j'en viens à penser cela, c'est parce que j'ai intégré la culture et les marqueurs machistes et patriarcaux. C'est peut-être vrai, et c'est peut-être faux. Car l'avantage de cet ouvrage, c'est justement de nous faire perdre le nord, de suggérer qu'il n'y a pas une vérité mais des ressentis, et que ce sont les ressentis plus que les faits qui bousillent la vie des personnes. Peut-on juger au tribunal des affaires « ressenti contre ressenti » ? C'est pourtant bien ce qu'il se passe tous les jours…

Alors oui, on peut arguer que les personnages sont un peu « faciles », dessinés à gros traits. Ça ne m'a pas sauté aux yeux franchement, j'ai trouvé que le décor et les protagonistes étaient bien plantés. Mais je conçois que les oppositions apparaissent un peu évidentes. Mais enfin, il s'agit d'un travail de présentation très fin, avec une capacité à impliquer le lecteur dans sa dimension citoyenne et morale. Tous les écrivains n'en sont pas capables.

Pour moi, c'est un roman très courageux et savamment mené. C'est également une excellente représentation de la complexité des relations que mènent les femmes avec les hommes, et vice-versa. Enfin, c'est une écriture très juste et très littéraire qui nous est offerte, sans effet de style j'en conviens, et tant mieux, car ça ne serait pas convenu avec l'ambition sociale de l'ouvrage.

Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Roman extrêmement incisif, réaliste et plein de vérités sur les relations intrafamiliales (difficultés de concilier sa vie professionnelle et son rôle de père, difficultés de vivre son projet professionnel pour une épouse quand le mari prend toute la "place", vie affective problématique quand le travail monopolise tout votre temps...), sur les relations professionnelles dans les mondes politique et médiatique, deux sphères impitoyables souvent dépendantes l'une de l'autre...
Quand l'harmonie familiale semble préservée malgré une fragilité sous-jacente et qu'un jour, à cause d'un événement impossible à imaginer, toutes vos idées basculent, toutes vos valeurs chancèlent... c'est le chaos dans votre tête, dans votre corps, dans votre famille !
C'est ce que décrit la romancière, Karine TUIL, avec beaucoup de perspicacité, de justesse et d'objectivité.
Roman qui peut permettre à chacun de se retrouver dans certains traits de caractère de certains personnages. A recommander très fort !
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Un livre vraiment brillant !

D'un côté, il y a les Farel, une famille de pouvoir à qui tout réussit : Claire, la mère, essayiste de renom, forte et engagée dans la cause féministe. Jean, le père, plus âgé, célèbre journaliste, taulier d'une grande chaine télévisée, à qui rien n'y personne ne résiste. Alexandre, le fils, brillant étudiant ingénieur, promis à une belle carrière aux Etats-Unis, sportif de presque haut niveau.
De l'autre, il y a les Wizman, dont le couple bat de l'aile et qui ont subi le traumatisme des attentats de Toulouse, dans une école juive. Adam est prof, sa femme, très pratiquante, leur fille Mila, mal dans sa peau.

Si chez les uns, l'argent, le pouvoir et le sexe sont au centre de leur vie ; la double vie, la manipulation et le paraître, la règle. Chez les autres la pression sociale, le souci de faire le bien, d'être reconnu à sa juste valeur sont prioritaires.

Leurs destinées vont se croiser et faire exploser toutes les certitudes et croyances des uns et des autres.

Un roman magistral sur la psychologie sociale, l'amour, le sexe, le viol, le mouvement #Metoo, les codes de la société actuelle, la justice et la fracture sociale.
C'est passionnant et captivant. L'écriture simple de Karine Thuil permet au lecteur de saisir la complexité des événements et lui permet aussi de se mettre à la place de chacun des personnages.
Chaque personnage n'étant ni tout à fait innocent, ni tout à fait coupable.
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Karine Tuil possède un don extraordinaire pour s'attacher à la contemporanéité.
Femme de son temps et révélatrice des méandres de notre société, Tuil sait avec brio écailler le vernis de ses personnages, leurs petites perfidies au quotidien, leur superficialité inégalée et leurs sombres désirs.
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Voici mon coup de cœur de cette rentrée littéraire 2019 ! Enfin.
C'est l'histoire du couple très médiatique de Claire et de Jean Farel. Claire est essayiste, intellectuelle intéressée par la cause féministe. Jean est journaliste politique, très en vue, prêt à tout pour rester au top et faire de l'audience malgré ses 70 ans. C'est en façade le couple parfait. Sauf que ce mariage n'est qu'une vitrine, chacun menant une double-vie amoureuse. En effet, Claire finit par quitter Jean pour Adam, prof juif avec qui elle connaît la passion et Jean a une maîtresse depuis très longtemps, Françoise, femme de son âge qui évolue dans le même milieu professionnel que lui.
Claire et Jean ont un fils, Alexandre, jeune homme séduisant et brillant, promis à un bel avenir qui doit intégrer l'université de Stanford.
Sauf que tout bascule lorsque la fille d'Adam accuse Alexandre de viol. Suite à une soirée arrosée, les deux jeunes se retrouvent dans un local à poubelle et ont une relation sexuelle, consentie du point de vue d'Alexandre, un viol du point de vue de la jeune fille.
La machine s'enclenche alors pour les Farel. Tentant de jouer de leur influence et de leur argent, ils tentent d'infléchir le cour des choses, de garder la face et la cote malgré le scandale.
La seconde partie est le procès d'Alexandre. Et c'est très intelligent. Car on ne sait pas qui dit vrai. Les deux sont convaincus par leur version et semblent sincères. Et ça nous montre à quel point la notion de consentement est floue.
Un roman magistralement construit, ancré dans l'époque contemporaine, dans laquelle les réseaux sociaux font presque autant la justice que la cour. Les faits sont inspirés d'une affaire de viol qui a eu lieu sur un campus américain et fait écho à l'affaire Weinstein et au mouvement #metoo et balance ton porc. C'est superbe, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. J'ai lu ce roman comme un thriller, voulant savoir, comprendre, accéder à la vérité. Mais les choses humaines restent complexes...
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Dans le monde de l'après MeToo, Karine Tuil dénonce le machisme de notre société en s'inspirant de faits divers, en particulier du procès d'un étudiant accusé de viol à Standford, USA. D'une superbe écriture qui nous bouscule, elle analyse avec beaucoup de justesse les travers de notre société. Ce roman est si riche et complexe qu'il m'est bien difficile de le résumer en quelques lignes. J'ai trouvé ce récit criant de vérité. L'auteur ne juge pas mais décrit objectivement les faits. Ses personnages ne sont pas particulièrement sympathiques et cependant son récit est très attachant.
Dans ce roman plus concis que les précédents Karine Tuil situe ses personnages parmi l'élite : intellectuels et étudiants de haut niveau, hommes de pouvoir qui pensent que tout leur est permis. Il y a le père, Jean, un journaliste politique vieillissant accroché à ses émissions, le fils, Alexandre, si brillant qu'il plane au-dessus de tout son entourage et la mère, Claire, une intellectuelle féministe. Après un début assez lent pour bien introduire les nombreux protagonistes, tout s'accélère et un engrenage se met en route jusqu'à un point de non-retour où leur monde bien huilé s'écroule.
Une des originalités de ce roman c'est qu'il se place du point de vue de la famille du présumé violeur. Famille qui semblait idéale alors que tout n'était que faux-semblants. La victime issue d'un milieu simple de juifs très croyants, traumatisée par les attentats dans son école à Toulouse, n'était pas prête à affronter la violence latente des soirées étudiantes avec alcool et substances diverses.
Avec son style très personnel, Karine Tuil a encore visé juste dans ce roman passionnant et si malheureusement actuel que j'ai lu d'une traite.
Lu et chroniqué dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de lecteurs.com
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« C'était dans l'ordre des choses. On naissait, on mourrait; entre les deux, avec un peu de chance, on aimait, on était aimé, cela ne durait pas, tôt ou tard, on finissait par être remplacé. Il n'y avait pas à se révolter, c'était le cours invariable des choses humaines. »

1000000 ans après tout le monde je découvre ce roman et cette autrice. Et quelle plume mes amis ! Je suis restée scotchée. J'ai dévoré ce livre.

Alors OK le premier quart du roman est un peu longuet. Il pose les bases de l'histoire en remontant un peu loin, il nous présente les personnages en long, en large et en travers mais quand ça commence. Quand on débarque au tribunal ça dépote.

J'ai trouvé ce roman très addictif et complètement immersif. On y est, on s'y croit, on respire avocat, on transpire viol. J'ai été absorbée par le côté judiciaire, polémique et social.

« Il n'y a pas de vérité, comme l'écrivait Nietzsche, il n'y a que des perspectives sur la vérité. »

Parce qu'évidemment je n'ai pas su dans quel camp me ranger. J'ai été révoltée par pas mal de chose et en même temps j'ai senti l'ambiguïté poindre dans les pores de ma peau. Ce petit « Oui mais … » penché sur mon épaule.

Ne serait-ce pas ce qu'un bon roman procure ? La réflexion ? Cette façon de ne plus voir la vie en rose ou en gris ?
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Quelle plume captivante.

Dès les premières pages, j'ai été emporté par l'écriture de Karine Tuil. Froide, incisive et tellement adaptée à son récit.

Ici, on va suivre Jean, Claire et Alexandre Farel, une famille sous le feu des projecteurs qui n'a pas droit à l'erreur et surtout pas droit d'avoir une opinion et de défendre celle-ci.

C'est vraiment très bien écrit. Karine Tuil ne s'embarrasse pas de fioriture. C'est condensé, saccadé même. On n'a pas le temps de respirer, ni même de penser.  On ne sait que croire.

J'ai été malmené par cette histoire qui n'a fait qu'insinuer le doute dans mon esprit tout au long de ma lecture. Mais c'est plaisant.

Une lecture qui ne nous laisse même pas le temps de reprendre sa respiration.
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Plus qu'un roman, ce livre est un traité psychologique sur des questions d'actualité. Les premiers chapitres plantent les personnages dans leurs caractéristiques les plus diverses. Cela peut paraître un peu long, mais c'est finalement indispensable pour bien comprendre ensuite toutes les interrogations et les questions que de tels événements impliquent. de plus c'est très bien écrit et cela passe donc facilement. Puis vient le temps de l'avant procès et enfin le temps du procès. On va alors aborder bien des sujets d'aujourd'hui comme les extrémismes tels que #metoo, mais aussi la vraie question du harcèlement et du viol. On va aller plus loin que le côté fait divers en abordant le rôle effrayant des réseaux sociaux, le rôle de l'Education dans cette société qui n'a plus rien à voir avec celle de la jeunesse des parents. On va aborder la notion de consentement mais, plus que cela, la différence qu'il peut y avoir en lien avec cette Education et donc la différence de vue qui fait, au final, qu'on peut être pris pour un criminel sans jamais avoir eu le sentiment de faire quelque chose de répréhensible. On aborde également la difficulté de parents qui sont pris voire formatés soit par leur profession et leur carriérisme, soit par leur religion. L'auteur a su parler de tout cela sans prendre un parti ou un autre, un exploit, mais bien en montrant les deux visions avec leurs "pour" et leurs "contre". C'est ce qui fait que ce livre est excellent et aborde un sujet difficile de manière remarquable. On peut ajouter aussi qu'on entrevoit le côté horrible d'un procès d'assises. Enfin, le tout est écrit dans un style très agréable. Alors, sans hésiter, ouvrez le et vous ne le refermerez qu'à la dernière page.
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