AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,19

sur 39 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Emilie, c'est moi, Alexandra, une des premières lectrices de L'Enlèvement des Sabines.

Dites-donc, vous ne faites pas dans la dentelle, je vais avoir deux minutes pour énoncer l'extase souriante et cynique que m'a procurée cette lecture.

Alors, comme ça, Sabine en a soupé de son boulot et décide de tout plaquer pour écrire de la poésie. N'en rêvons-nous tous pas ? de sortir des griffes du quotidien, de ce que l'on subit tous les jours, cinq jours sur sept. Mais beaucoup d'entre nous sommes déjà si honteux d'admettre s ‘ennuyer au travail… Alors on se tait, et on continue notre sale besogne.

Sabine ne va pas partir les mains vides, puisqu'elle reçoit en cadeau de départ une jolie poupée, grandeur nature, au nombril déformé et à la cicatrice de varicelle sur le visage. Histoire de se donner bonne conscience sur les critères trop souvent élitistes des canons de beauté.

C'est avec un humour corrosif et dénué de compassion que vous nous exposez toute la violence des qu'en-dira-t-on. Vous nous plongez dans l'absurdité que nous bénissons, malgré nous, de l'incandescence folle de la recherche de la perfection : avoir un gendre idéal, représenter le couple parfait, pour le meilleur et pour le pire, mais surtout pour le meilleur, puisque nous fermons tous les yeux sur le pire, former une famille, car avoir des enfants n'est-il pas le dessein de toutes femmes ? Ne pas en vouloir, ou ne pas pouvoir en avoir, ferait-elle de nous des sous-femmes ?

Réussir, faire rire, toujours avoir le bon propos, avoir un travail honorable et être l'épouse et la mère parfaites.

Emilie, vous faites voler en éclats tous ces dogmes qui font de nous des moutons de Panurge. Et nous, les femmes, les objets de convoitise et de violence chez les hommes. Sabine, en protégeant sa poupée, tente de protéger toutes les femmes, du désir de propriété des hommes. A commencer par elle-même.

Toute cette violence insidieuse nous appartient et nous entoure. On joue les saintes Nitouche, et les hommes se jouent d'autant plus de nous.

Toutes ces cérémonies de pacotille, ces apparats de bienveillance ne sont que de la poudre aux yeux.

Sabine l'a bien compris et tente de s'extirper, non sans mal, de ces diktats en se voilant le regard de mouches sur les yeux. Ces mouches qui bourdonnent sur la réalité, la vérité, qu'elle-même semble être la seule à voir !

Entre la décrépitude de son couple et de son compagnon égocentré, Hans, les exigences extravagantes de sa soeur perfectionniste, relayées par sa mère déployant toutes les forces possibles à la rabaisser, il aura fallu une poupée en plastique, l'autre Sabine, pour révéler la vraie Sabine. L'aider à s'arracher des regards lubriques des hommes, aux équations logiques et résolues des vies qu'on cherche à tracer sans bavures.

Entre monologues désopilants laissés sur le répondeur de Sabine par sa mère, des dialogues incisifs entre Sabine et Hans, metteur en scène qu'on crie au génie, et les confidences de l'héroïne auprès de son double sur ses amours et la violence des hommes qui ne voient que des chiennes, Emilie, vous décapez la littérature dans le fond, comme dans la forme.

Je ne sais pas si ma chronique a dépassé les deux minutes, mais relevez que L'Enlèvement des Sabines m'a fait sourire, exploser, jubiler, rire, m'interroger, et finalement penser que la réussite absolue réside dans un seul précepte : être ce que l'on veut être. Et avoir le courage de l'être.
Commenter  J’apprécie          91
Sabine quitte son travail après 15 ans de bons et loyaux services, pour se retrouver avec une poupée grandeur nature en guise de cadeau de départ.

La société est tellement exigeante, elle impose sa normalité, faire des enfants ou pas, et même jusqu'au nombre qu'il faut avoir.
Je parle en connaissance de cause, j'ai fait le choix de n'en avoir qu'un, vous n'imaginez pas l'outrage que c'est, aux yeux de la populace.
Les jugements et les réflexions piquantes qu'il faut supporter.

Le personnage principal subit une mère tyrannique et destructrice, j'avoue avoie eu envie de l'assommer à plusieurs reprises, quelle horreur.

Que penser de ces sex dolls, je suis très partagée sur le sujet.
D'un côté, je me dis que si ça doit enlever la frustration sexuelle et les pulsions que les "monstres" ne savent pas contrôler, alors tant mieux.
Il y aura peut-être moins de femmes violées et donc moins de passage à l'acte.
Mais d'un autre côté, je suis très gênée par cette reproduction fidèle de la femme, orifices compris.
La poupée, elle, est toujours d'accord pour faire l'amour et il ne faudrait pas que du coup, au contraire, l'homme finisse par se passer du consentement de la femme et passe à l'acte.

Que dire sur ce roman, c'est assez difficile, je suis sur une impression d'originalité et de bizarrerie, mais n'est-ce pas ce que je cherche quand je me tourne vers la littérature blanche.
Il faut savoir qu'elle est concernée à 10% dans mes choix de lecture.
L'aspect psychologique est particulièrement fort, et ce à tous les niveaux.


Lien : https://leshootdeloley.blogs..
Commenter  J’apprécie          40
J'ai adoré ce livre barré au possible, mais d'une grande finesse, une fable . J'ai été conseillé par ma formidable libraire qui connaît mes goûts pour les univers étranges, mais qui amènent des questions et remettent en cause le quotidien.
Sabine quitte son travail pour écrire de la poésie. Elle exerçait ses fonctions dans une entreprise qui recycle les livres qui ne trouvaient plus preneurs en rayonnages de livres factices qui font bonne impression pour pas cher. Sabine vit avec un metteur en scène de théâtre, Hans Meyer, qui produit toujours la même pièce, Titus Andronicus de Shakespeare. Hans a un succès fou, séduit, mais c'est un homme qui aime blesser et pousser les individus face à leurs contradictions.
Pour son départ, alors qu'elle attendait un ficus, Sabine se voit offrir une magnifique poupée gonflable made in France, nommée Sabine. L'arrivée de cette poupée va déclencher toute une série de réaction en chaîne pour notre héroïne et pour son entourage.
Coincée entre :
- une mère, ex mannequin, répondant au joli nom de Voyou, qui la harcèle au téléphone, tandis qu'elle entreprend une liaison avec un moniteur d'auto-école
- sa soeur, Fanny, avocate, formidable, persuadée que sa vie mérite d'être toujours mise en scène, mère d'une petite fille, Kassaline, qu'elle élève dans un carcan social
Sabine commence à avoir sa vision totalement obscurcie par des mouches volantes et trouve auprès de la poupée, une confidente. Fasciné par sa beauté plastique et son silence, Hans en fait sa muse et l'actrice principale de son spectacle. La poupée agit comme un révélateur, renvoyant les individus à leur propre vacuité : elle est le miroir de leurs esprits.
Un livre très cruel, drôle au possible, d'un humour noir et corrosif. Un grand coup de frais !
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (74) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}