Le sujet d'Asadora offre une résonance particulière avec l'actualité, puisque la menace du Kaiju présenté dès le premier chapitre, qui déferlait sur Tokyo en 2020, laissait à penser que les Jeux Olympiques allaient être interrompus. La série se déroulant en 1964 (on ne connait pas encore l'importance de ce premier chapitre sur le récit global, même si il offre la perspective d'un traitement sur une temporalité longue du titre), la question des Jeux Olympiques de cette année là crée un drôle de parallèle, renforcé par le fait que dans notre réalité ils aient été repoussés pour cause de pandémie mondiale.
Une drôle de mise en perspective de la réalité, involontaire de la part de l'auteur puisqu'il avait commencé sa séries quelques années avant, mais que je n'arrive pas à me sortir de la tête pendant ma lecture, et qui vient donc l'enrichir d'une certaine façon. La menace pesant sur le Japon dans Asadora devenant une forme de représentation métaphorique de la maladie.
Sauf que dans la fiction, la menace est bien tangible, sous la forme d'un Kaiju, figure chère à l'auteur (et très bien mise en avant dans une des histoires de son recueil
Atchoum). Kaiju qui, jusqu'à présent était une menace qu'on ne percevait que partiellement, mais qui va commencer à se dévoiler dans ce volume, dont la temporalité est très resserrée, jouant sur plusieurs actions en parallèle.
Car dans la grande tradition du manga à la
Urasawa, les personnages sont toujours aussi nombreux, et toujours aussi densément développés. Une des grandes forces de l'auteur est qu'il arrive à donner le sentiment que chaque personnage vit au-delà de son rôle dans l'histoire, allant et venant au gré des circonvolution du récit, donnant beaucoup plus de vie et de crédibilité à son histoire. Et dans ce tome, on retrouve totalement cet aspect dans les va et viens que fait l'auteur d'un personnage à l'autre, certains se croisant, d'autres non.
En plus de renforcer la vie et la crédibilité de cet univers, cela contribue à imposer un rythme haletant au volume, où de nombreuses choses ont lieu en parallèle, ouvrant un champ des possibles qui semble immense en terme de storytelling, pour notre plus grand plaisir.
Mais au centre ce tout ceci, il y a Asa, toujours aussi charismatique et volontaire, et le Kaiji qui menace. Elle est donc convoquée, en l'absence de Kasuga, qui gère d'autres affaires pendant ce temps. Ce duo est vraiment la pierre angulaire de la série depuis le début, et c'est la première fois qu'ils ne se croisent pas durant un tome. Mais chacun a à faire, et chacun prend ses responsabilités face à cette menace dont on ignore encore tout. Cependant, le cliffhanger final nous laisse avec la perspective d'un affrontement, et d'éventuelles révélations.
En résulte un tome qui file à toute vitesse, et qui nous tient en haleine autant qu'il nous frustre, face au délai qu'on imagine avant l'arrivée du prochain. Car c'est la première série d'
Urasawa que je suis en direct, moi qui suis habitué à enchaîner d'une traite ses titres. Cela va être d'autant plus compliqué qu'il faudra prendre notre mal en patience,
Urasawa faisant des pauses régulières dans la publication, et nous avons rattrapé la parution japonaise désormais. Qu'à cela ne tienne, un
Urasawa reste un indispensable, et Asadora ne fait pas exception !
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