La loi des hommes de
Wendall Utroi est le second ouvrage que je lis dans le cadre de Jury Livre de Poche 2022 catégorie Polar. L'histoire commence dans un petit village du Nord à l'époque actuelle lorsque Jacques, cantonnier d'une soixantaine d'années, découvre un coffret métallique en déblayant la tombe centenaire d'un Anglais inconnu, J. Wallace Hardwell. Pris de curiosité, Jacques exhume de ce coffret les écrits de Wallace, ancien inspecteur de Scotland Yard à Londres au début du vingtième siècle. Jacques fait ensuite appel à sa fille pour traduire en français sa découverte et plonge alors dans une enquête révélant toute l'horreur de
la loi des hommes.
Tout au long de son enquête, l'inspecteur Hardwell tente de faire la lumière sur ce qui a bien pu se passer dans un bordel des bas-fonds de Londres et qui pourrait mettre en péril la couronne anglaise. Trois suspects lui sont alors servis sur un plateau : Rebecca Brianey, patronne d'un bordel, Myrtle River, ancienne entremetteuse de 74 ans, et Timoty Brianey, fils adoptif et homme de main de Rebecca. Wallace va s'employer à interroger ces trois-là et va peu à peu révéler les affreux secrets de leurs passés. L'auteur met en évidence toute l'horreur de la seule solution laissée aux jeunes femmes pauvres pour survivre à Londres au vingtième siècle : la prostitution. Il montre grâce aux différents personnages comment la mécanique est bien huilée et comment il est alors difficile d'y échapper.
Les personnages sont très attachants, l'inspecteur Hardwell en premier lieu. Malgré toute la pression qu'il subit et les difficultés de son enquête, il reste fidèle à lui-même et à ses principes. Il ne se laisse pas acheter quitte à en subir les conséquences. L'évolution de ses relations avec Myrtle, Rebecca et Timothy est touchante.
De mon point de vue il y a du bon et du moins bon dans
La loi des hommes. Je vais commencer par ce qui me dérange. Pendant une bonne partie du livre, j'ai trouvé que l'histoire dans le présent manquait de consistance. Les personnages de Jacques, sa femme et sa fille ne sont pas très intéressants et n'apportent rien au récit. Tout le long je me suis demandé pourquoi ne pas avoir simplement présenté l'enquête de Wallace sans cette mise en abîme. Bon, sans trop spoiler, cela s'explique à la fin du livre. Je ne m'attendais pas du tout à cette fin d'ailleurs, et j'ai alors compris l'intérêt du lien entre présent et passé. Il n'empêche qu'il y a un certain déséquilibre entre les deux lignes temporelles, dans le style et le soin apporté aux détails, aux personnages.
Autre point dérangeant, la façon dont l'enquête est mise dans les mains de l'inspecteur. Tout ceci est très mystérieux, on veut éviter le scandale lié à un proche de la Couronne, et Wallace doit en savoir le moins possible. le problème est que, pour nous lecteurs, l'intrigue a du mal à prendre ; on assiste aux interrogatoires, on est autant perdus que Wallace, on ne sait pas trop où l'auteur veut nous mener. Heureusement ça s'améliore assez rapidement. Ce n'est pas tant l'enquête qui est importante, mais plutôt l'opposition entre les riches intouchables à qui tout est permis et les pauvres qui subissent leurs sévices.
Je ne connaissais pas l'auteur
Wendall Utroi, et ce petit roman de 317 pages fut une belle découverte. Avec l'écriture fluide de l'auteur, il se dévore facilement malgré la lourdeur du thème abordé. L'ambiance est glauque et angoissante.
La loi des hommes mêle thriller, roman psychologique, et analyse de la société londonienne du vingtième siècle. Il se révèle même malheureusement être également une critique de la société française actuelle.