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MAGIQUE !

M comme Magnifique. Merci Maryna !
A comme Allez, laissez-vous emmener par la douce poésie de l'auteure
G comme Gaieté : douceur, joie et bonne humeur sont au rendez-vous.
I comme Illustrations, elles sont magnifiques, certains dessins sont-ils de
Dimitri ?
Q comme Question, à quand un poème de cet abécédaire enseigné à nos
chères têtes blondes ?
U comme…..à l'Unisson avec l'auteure, cet ouvrage devrait être reconnu
d'utilité publique

E comme Extra. A votre tour de découvrir ce livre.

Noël approche, il faudrait vraiment que le père Noël ait ce livre dans sa hotte !
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Artiste aux multiples talents, musicienne (pianiste et compositrice), romancière et poétesse, Marina Uzun propose ici un abécédaire de courts poèmes destinés aux enfants plus qu'à leurs parents.

Il y a quelques inégalités dans la qualité, mais les textes sont le plus souvent rythmés et enjoués, et plutôt courts, ce qui sied aux petits. Cela sonne comme des comptines, un peu façon Anne sylvestre.

Quelques extraits, pas tout à fait pris au hasard :

"« F » nous fredonne le fado
Du chevalier Flodoardo
Qui fait sonner ses éperons"
F - Flèche

"La lettre L, la longue barre,
Mais à quoi donc je la compare ?
La longue barre d'un levier !
Les autres peuvent bien m'envier :"
L - Levier

"Dans le cosmos, sur les orbites,
C'est là que O suprême habite"
O - Orbite

Un joli livre à offrir à vos enfants ou petits-enfants.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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"Le Carnaval des Majuscules : Prolongation exceptionnelle chez l'orthophoniste" lu en juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre 2022... 2023... 2024...

Chalumeau, ciseau à bois, clé à molette, clou, échelle, équerre, escabeau, établi, étau, hache, lime, maillet, marteau, meuleuse, perceuse,ponceuse, rabot, râpe...
Stop !!!! Ras-le-pompon des listes de bricolage, moi j'veux du badinage, des bavardages, du bariolage, des enfantillages ! J'veux mettre de la couleur sur tes lèvres, j'veux que les A, les B, les C... s'envolent en l'air comme des bulles de savon que je viendrais piquer de mon crayon.


A - Arbre de Noël

"C'est la première des voyelles
A, mon bel Arbre de Noël,
Fait de trois lignes irréelles
De cônes bruns ornés de gel !"

Je pique la rime sur tes lèvres
Et je l'accroche à mon sapin
Peut-être entendrai-je demain
ton rire de pantomime mièvre ?


B - Boudeuse

"Le B, la bouche de boudeuse,
La Belle, morne à tout jamais.
Ses boucles blondes, si soyeuses,
Font soupirer bien des niais

Un troubadour balance en vain
Le baldaquin de la princesse
Les mots badins qu'il dit sans cesse
Ne changent rien à l'oeil bovin !"

De tes bouderies
De ta bouche en coeur
Comme par magie
Je deviens spectateur
Tes mots badins comme un refrain
Me rendent complètement zinzin


C - Courbe

"La lettre C, bel arc-en-ciel,
Bientôt tu vas l'apprivoiser :
Elle descend dans ton manuel.
Mais que de courbes irisées !
Un cache-nez si peu standard
Pour une gorge de canard !
Les C culbutent ou chahutent
Sous les coupoles-parachutes..."

C comme Cacophonie
C comme Chante, oui chante, ma belle orthophonie
Mais prends bien garde à toi
Mon nouveau cahier de leçons couleur carnaval
Désormais ne craint plus la monotonie


D - Défilé

"Les d'se donnent en spectacle
Et qui pourrait leur faire obstacle
S'ils demandaient à mettre en vers
Des verbes dépouillés, amers ?"
...

Vilain d'! Tu ressembles bien trop à un T !
Tu me fais perdre la tête
Alors que je devrais être à la fête
De tes pirouettes grammaticales
Notre entente saura-t-elle être plus cordiale ?


L - Lettre

"Assise dans la chaise longue,
Lisant la lettre du Mékong
L prend, sans voir, un bain de lune
Plus aucun bruit ne l'importune...

Lettre pliée et dépliée
Tout doucement glisse, oubliée.

Yeux aveuglés, tels des menhirs,
Par un afflux de souvenirs
Des souvenirs si déréglés
Face au papier toujours réglé...

Lettre pliée et dépliée
Tout doucement glisse, oubliée."

Lettre pliée et dépliée
Ton l'se fait grave et sensuel
Danse lascive de ta langue, remonte vers ton palais
Tout doucement glisse, oubliée...
Du l'De tes lèvres si confidentiel
Je suis devenue une inconditionnelle


W - Week-end à deux des W

"Week-end à deux, hors des corvées :
Papiers, cocktails, plateaux, cuvées,
Du risque d'être interviewé,
Du clan des jupes entravées ! ...

Les W, pour se sauver,
Vont visiter le vieux Montmartre.
C'est le Paris jadis pavé
Qui les invite à ses mansardes !"
...

Le W je ne rate jamais,
Le W pour me sauver
Dernier Wagon dans lequel sauter
la bouche en coeur, énamourée
Je revisiterai tout l'alphabet !


X - Dans x temps

"Quand madame X lit ses comics
Ou cherche, en classe, tous ses X
Je creuse seul un souterrain,
Qui mène aux grands monstres marins.
Un jour, nos pas feront un X
Dans x temps, j'en suis certain.
Nous nous verrons, en reine et roi,
Dans mon château de sable étroit !"

X comme x temps, le temps infini, le temps de lire ce recueil, il est de ceux que l'on ne referme jamais. Vous serez chanceux si vous l'ouvrez... Il m'a accompagnée au fil des derniers mois, il a veillé sur moi comme un ami, il m'a réconfortée bien souvent, il m'a fait sourire, beaucoup... Et surtout depuis deux semaines il égaye mes séances de lecture labiale tant il est riche de mots et de couleurs, je ne pouvais pas trouver meilleur support et avec l'aval de mon orthophoniste ça a été comme une évidence pour toutes les deux. Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, je vous invite à découvrir ce merveilleux ouvrage qui vous réservera de belles surprises notamment sur les dernières pages avec "Le Conte merveilleux à la manière des collages de Picasso" et d'autres beaux poèmes dont l'un m'a tout particulièrement touchée : "Famille verte" et pour finir je ne saurais conclure ce billet sans souligner le talent d'illustratrice de Maryna Uzun dont la multitude de dessins colorés ont fait émerger la petite Gaëlle, studieuse, qui aimait tant dessiner les trains de son papa avec ses pastels.


La bouche en coeur, la bouche mordue, la bouche cachée
la bouche figée, la bouche pincée... dansent les mots de Maryna, joyeuse farandole de Majuscules qui gesticulent, conciliabule dans mon vestibule.

M comme... Mille Mercis Maryna !



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Le carnaval des majusculesMaryna Uzun*****
le 14 novembre 2022, en guise de bon anniversaire !

J'avais un coup de blues hier soir, assez coriace , un deep blues pour être plus claire et ce matin il était toujours là à s'accrocher à moi comme les chimères sur le dos des hommes de Baudelaire.
Suis sortie pour en parler aux hêtres aux frênes et aux oiseaux, je craignais les embêter mais ils sont très tolérants. C'était comme un jour de carême après le carnaval… mot magique au pouvoirs de sorcier… le livre m'attendait, une bouée de secours et le A « lettre fière et fantasque » m'ouvre « gaiement le bal de l'illustre Alphabet » Carnaval !
Génial génie l'esprit du carnaval. le A est « abat-jour » jamais rabat-joie, il est arlequin, troubadour aux facettes multiples et géométries cousues main en « accords », « arpèges » et refrains.
Boum badaboum ou bonjour si cela vous plaît, me dit le B « boursouflé...boudiné...ballonné » très fier d'être récompensé d'une coupe d'argent bleu métallisé. Cheveux en boucles, neige en boule, le beau blanc des visages dévoile son arc-en-ciel de couleurs. « Badauds », « baladins », bonhommes en tous genres, c'est tout un « bazar », sur le Pont Neuf ainsi béni.
C'est le C crochu, coquin, recroquevillé, curieux jusqu'à se mordre la queue, un demi confetti, il tient la farandole ou le « cotillon », se courbe, se cadre, se cabosse ; souple, il se fait colimaçon ou « carrousel » et ne craint nullement les crampes, attend patiemment la pâte à modeler qui crie à gorge déployée : c'est un chef-d'oeuvre de fraîcheur de pétillance et de pages dessinées.
Diga-diga doo, un diptyque à rallonge « Et ça fait ding » et ce n'est jamais démodé, que ce soient des ducs, duchesses ou dentelles « pommadées », et j'aime encore plus les duos « dos à dos » des longs pianos à queue » qui jouent la danse « des trois petits dadas en bois ».
Ève monte sur son échelle, toutes les deux sont accentuées et veulent trouver les encyclopédies où le « e » est muet mais fort « efficace ».
Le plaisir monte en flèche et les fées minuscules sous la baguette de leur fée mère majuscule font le grand tour de « la foire en fête »
Je deviens très gourmande de ce repas grisant et pour bien déguster tous ces délices une halte s'impose, j'accepte alors avec joie l'hospitalité d'un hamac qui m'invite taquin dans son « nid de ouistitis ».
Je m'y plie en souplesse, ne suis plus droite comme un i et, « par une sorte d'ironie », « i  c'est le signe qui [me] sourit »
J'aime toujours, de plus en plus le karnaval sans interdit sans frontières qui m'emmène en Australie et plus loin encore où les langues s'affranchissent des verrous harakiri.
L'automne est bien avancé même si l'été indien a encore un mot à dire, et nous manquons de vitamines, alors la lettre l'« longue barre d'un levier », à bout de bras nous soulève et nous soutient, lovable L !
La lettre M, mouette aux ailes dépliées, mmmh, merveille d'image !
Et j'arrive à mi-chemin avant la page de la fin. Mais quelle fin ?
Narcisse se voyait très beau, en était amoureux, mais l'eau miroir capricieux aux 1000 et plus reflets fuyants, se joue de son amour et le punit. Seuls les crapauds y restent et rient.
Oh est étonné devant l'invisible miraculeux, sa bouche en rond, cercle parfait, n'arrive plus à sortir un mot, oh c'est l'ordre du chaos.
La cuisine des majuscules, petits plats mijotés avec du sel, du poivre, de la cannelle et du miel, c'est un jour de fête pour les narines, l'odorat est comblé, tout est délicat, exquis, grand merci.
Le oh me touche, il va « tout droit au coeur » !
Le P, la poche qui se remplit sans répit, c'est Pi irrationnel et infini.
Mais que vois-je ? « la lettre Q s'est travestie », en quête de faste elle a mis son haut-de-forme son papillon et sa queue-de-pie. En demander plus, vous seriez des impies.
R comme rat, petits rats, ribambelle, ronde, farandole, plein de rires devant le rideau, derrière il y a un autre rire.
Renard rusé, sirène sidérée, musique muette au fond des mers, des rêves à laisser dormir ou à réveiller, comme il vous plairait.
Sans toi, magique poétesse, je chercherais en vain cette table d'apparat nous offrant un délicieux banquet épicé, doux-amer, imagé, frais et savoureux, invite des plus irrésistibles pour les amoureux des petits miracles éphémères.
Unis au-delà des cloisons et des frontières, des interdits et des « comme il faut », « coeurs battant à l'unisson », grands et petits, chevaux, ânes, oiseaux, poissons des mers et des ruisseaux, le vivant sur la planète Terre.
Si tout cela était possible on se prendrait par la main pour valser et s'envoler, et recommencer quand le bis nous rappelle que nous avons bien joué, wonderful, bien mérité et l'« étrange poudre de bois jaune » est la formule secrète d'une alchimie sorcière « boisson magique » qui ne me fait pas fuir mais avancer vers les épées croisées de la lettre dont vous devinez le nom et la portée.
Le i grec ou romain, c'est toujours celui qui me plaît, pour un yes accentué devant ce carnaval de couleurs, émotions, rythmes, goûts et parfums venus des îles Uzun pour nous rendre heureux et meilleurs.
Repas gourmand de grande fête « avec un [bon] zeste de folie », j'aime le z c'est du bzzz des abeilles, leur bon miel ambré.
A b c d jusqu'au z et c'est la fin de la fête, pour apprendre à la continuer, Maryna l'a signée.
La fée, de sa baguette inspirée, a fait chanter et danser Euterpe, Calliope, Erato, Terpsichore, Polymnie, clowns et bouffons, ogres et trolls et tout le commun des mortels rebelles à l'apprêt, aux lois rigides, aux définitions sans sens et beaucoup d'a priori, aux pépins avalés coincés et rouillés.
«Mais le bonheur c'est… de l'éther
C'est un liquide volatil
Qu'on laisse fuir tels des babils
Tel quelque chose d'infantile…
Tel quelque chose de futile…
Mais à présent, tout est à Vous !
Ne manquez pas le rendez-vous ! » p.102
Comment aurais-je pu le manquer ?!
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« Notre Abécédaire ne dort jamais sur une Étagère mais il se laisse balancer dans un Hamac. Ou il se feuillette à la lumière d'un Abat-jour violet. Ou encore on le récite assis Dos à Dos dans l'herbe humide de rosée. »

Moi non plus, mon abécédaire ne dort pas sur une étagère. Il attend sagement sur mon bureau que je le feuillette quand l'envie m'en prend. Et l'envie m'en a justement pris durant ces jours fébriles d'intense fatigue. À force de le parcourir à l'endroit, à l'envers, à force de picorer de ci de là au gré du hasard, une idée a germé dans mon esprit embrumé. Je me suis mise à rechercher le poème qui, ou les vers qui. Enfin, quelque chose, je cherchais quelque chose sans savoir quoi. Un écho, une musique, un rythme, une scansion. Et j'ai fini par trouver. Deux vers qui. L'idée prenait forme, mais la fièvre fut la plus forte, et je dus retourner me coucher.

Deux vers qui m'inspireraient. Voilà, c'était ça, l'idée. Qui m'inspireraient un poème à mon tour. Un poème avec contrainte puisque je devais y loger les vers de Maryna, ces deux vers sautillants qui lui ressemblent tant, enfin, qui ressemblent tant à l'idée que je me fais de Maryna. Je me doute que Maryna ne passe pas ses journée à sautiller, mais c'est ainsi que je me la représente : sautillante et primesautière. Et me voilà aussitôt lestée d'une nouvelle contrainte : loger « primesautière » dans mon poème, et trouver par là-même une rime en « tière ». Je ne me simplifiais pas le travail. La fièvre fut une fois de plus la plus forte, et je dus retourner me coucher.

Un poème en forme d'hommage, un jeu poétique en forme de facétie. Je la tenais, mon idée. Et de plus en plus fermement. L'hommage serait masqué. J'adore les textes à clé, les énigmes et les charades. Il m'est revenu en mémoire un lointain souvenir d'école. Un poème qui dissimulerait un mot ou une phrase, voilà ce que je voulais. Après quelques recherches, j'ai trouvé : acrostiche.
« L'acrostiche est un jeu littéraire fondé sur une figure de style qui consiste à écrire un texte poétique ou la strophe d'un poème, de façon à composer un mot ou une expression avec les premières lettres des vers. »
Une contrainte de plus, mais au point où j'en étais… Il me restait à trouver l'expression en forme d'hommage (facile), puis à écrire un poème dont la première lettre de chaque vers serait imposée (moins facile). Et en plus, il fallait que ça rime. J'ai commencé à rédiger, mais la fièvre m'a terrassée et j'ai dû une fois de plus retourner me coucher.

J'ai fini par le terminer, mon poème. Mais quelque chose n'allait pas. Un problème de rythme, un poème bancal. Un coup, neuf pieds, un coup, douze, un coup, dix. Les vers de Maryna comportent huit pieds, donc ce serait un poème en octosyllabe, une contrainte supplémentaire, mais au point où j'en étais…
Voilà qui était beaucoup mieux, voilà qui changeait tout. Musique, rythme, poésie, tout est lié et voilà pourquoi Maryna est Maryna.

Et mon poème-hommage facétieux, le voici :

Manipulons les mots, les vers,
Alphabétisons à l'envers,
Rions encore de nos travers,
Y perdrons-nous notre univers ?
Ne nourrissons pas nos poètes,
Aimons leurs déliées pirouettes,

Partageons-la, leur joie fantasque,
Oublions la poisse à nos basques,
Etirons nos rires jusqu'à l'âme,
Tant que Ruskin aura Sésame,
Et Proust ses plaisirs, ses jours,
Ses doigts seront des oiseaux-mouches
Sur quelque quatre-vingt-huit touches!
Elle se hâte parfois en amour,

Mais s'arrête pour contempler
Au détour d'une ombre portée,
Jouant dans les divins bosquets,
Une fée, un troll guilleret.
Se coulant dans le plein des mots,
Comme dans les notes du piano,
Unique, allegro mais pas trop,
Libre, rêvée, primesautière,
Elle enchante la vie entière.

Trouverez-vous l'expression cachée? Et les deux vers de Maryna, les reconnaîtrez-vous?

« Si j'étais Prévert mon Abécédaire serait Bon comme un Croissant. Si j'étais Sempé il serait gai comme un pinson. Si j'étais Debussy il serait ensorcelant comme le Clair de Lune. »
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Le carnaval des majuscules est un Abécédaire poétique.
Sa construction m'a renvoyée à mon enfance, au cahier de poésie que nous tentions d'illustrer avec application à l'aide de nos crayons de couleur.
Ce cahier est à mettre dans toutes les mains, il amusera petits et grands par ses illustrations mais aussi par la fraicheur des poésies.
C'est une invitation à la rêverie, à l'enfance, la joie, le jeu. L'espièglerie flotte entre les lignes et nous dessine souvent un sourire sur les lèvres au fil des pages.
Chaque lettre initie un poème sur des thématiques différentes.

Je choisi la lettre C : Carrousel de la Concorde :

Le C, petite évocation
Du Carrousel de la Concorde
Où les chauffeurs nerveux s'accordent
Pour circuler sans collisions !

Je choisis la lettre P : Passoire

Servant de poche ou de pantoufle
La pauvre lettre P s'essouffle.
Un jour, râpé jusqu'à la corde,
Le P reçoit miséricorde.

Tout uniment percé de trous,
Le P devient une passoire
Le thé descend faisant frou-frou,
Le préparer, c'est tout un art !

Merci Maryna pour cette belle parenthèse enchantée !
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"Mais quelle est cette royauté
Des signes tarabiscotés ?"

"Il était une fois"... pour paraphraser la chronique d'une charmante amie babéliote. J'espère qu'elle ne s'en formalisera pas.
Ou encore, comme on dit dans les contes slaves : "Il était, il n'était pas..."

Il n'était donc pas une, mais deux petites filles, qui ont passé leur enfance quelque part à l'Est. Elles ne se connaissaient pas, mais les deux ont pareillement grandi avec les contes slaves, les histoires d'Andersen, Perrault, frères Grimm... et probablement aussi avec les livres de Nikolaï Nosov et la série animée "Ну, погоди !". L'une a choisi la musique comme métier, tout en pratiquant le dessin pour le plaisir, et - chose amusante - l'autre a fait exactement le contraire. Elles ont fini par se rencontrer un beau jour sur un site littéraire en France, car elles ont toutes les deux toujours aimé la poésie.
La "grande" poésie classique, mais aussi la "petite" poésie du quotidien, cachée dans tout et dans n'importe quoi : la poésie de la pluie, des moustaches d'un chat, des tâches sur un mur écaillé. Poésie des boulevards animés de la grande ville, poésie des phrases, des mots et des lettres.
Poésie des malléables MAJUSCULES.

J'ai toujours adoré les majuscules. Non seulement elles me permettaient de lire et de tracer mes premiers mots avant même d'aller à l'école, mais par une sorte de métamorphose magique, elle pouvaient se transformer en "métamajuscules". Dans mes premiers abécédaires, c'étaient des entités dotées d'une vie propre, qui faisaient travailler l'imagination : S comme (presque obligatoire) "serpent", X comme les deux baguettes croisées de "xylophone". H comme "hôtel"... sans doute quelque part à Paris, la ville toujours très présente dans les poèmes ludiques de Maryna.
Sur les pages de son livre, les majuscules se déguisent pour un carnaval, et se transforment en tout ce que vous voulez. Et vous en voulez encore, car c'est rythmé, coloré, inventif , amusant et agrémenté par des petits dessins simples au pastel à l'huile en parfait accord avec les poèmes. Les lettres costumées sorties de l'imagination de Maryna donnent envie de continuer le jeu et d'en inventer d'autres... sans aucun "programme" littéraire ou artistique bien défini, seulement pour le plaisir de regarder la vie d'une autre façon, pour qu'elle devienne elle-même un poème.
"Au lieu d'être uniment utile,
La lettre, étrange et versatile,
S'offre un goût de la beauté
On l'examine avec doigté !
Elle est rebelle à tout calcul
Lançant partout ses tentacules !"

"Le Carnaval" m'a fait souvent penser au livre de mon cher Vítězslav Nezval, appelé "L'Alphabet", qui est aussi un hommage poétique aux majuscules. Les photo-illustrations avant-gardistes qui mettent en scène la danseuse Milča Mayerová en légère tenue de sport ont fait un petit remue-ménage dans les hauts cercles académiques en 1926, ce qui ne risque pas d'arriver - heureusement - aux plaisants pastels de Maryna, mais on y trouve le même jeu avec les mots et la typographie, les mêmes associations spontanées, et la même prédilection pour les thèmes de la ville, les voyages exotiques et les petites choses ordinaires qui revêtent un habit extraordinaire dans un autre contexte. La même sensibilité malicieuse, capable de charmer n'importe quel lecteur entre trois et cent trois ans.
"L'Alphabet" s'inscrit dans ce courant artistique typiquement tchèque qui est le "poétisme" : une sorte de surréalisme plus léger, plus joueur, totalement apolitique et essentiellement optimiste.
Le livre de Maryna Uzun est comme une réinvention moderne de ce "poétisme" que j'aime tant, avec son invitation à rêver devant la mêlée des M, les entrechats des E, les roulades des R, les cabrioles des C, les imbroglios des I... MERCI Maestro !
"Mais à présent c'est à Vous !
Ne manquez pas le rendez-vous !"
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« Trois fois rien, c'est déjà quelque chose. », disait Raymond Devos.

A partir de petits riens, Maryna Uzun voit tout un monde où d'autres ne voit rien.

« le bonheur, c'est… de l'éther !
C'est un liquide volatil
Qu'on laisse fuir, tels des babils
Tel quelque chose d'infantile…
Tel quelque chose de futile… »

Avec ces petits riens, trois fois riens, elle invente un univers espiègle et enfantin où se presse dans une joyeuse farandole, un alphabet de lettres majuscules, déguisées et fantasques. Avec tous ces petits riens, Marina Uzun crée un monde de possibles fait d'espoir et de rêves joyeux.

*
Se laisser contaminer par la gaieté de ce serpentin de lettres,
déambuler joyeusement dans les rues en liesse,
sous une pluie de confettis.
Fermer les yeux
et se laisser envahir par les odeurs gourmandes et envoûtantes
de pommes d'amour, de pain d'épices,
de barbe à papa, de guimauve, et de chichis.

Se laisser emporter, page après page,
dans ce carrousel de lettres excentriques
qui troquent leurs habits ordinaires
pour des habits de fête, d'ogre ou de sorcière.

Se fondre dans un rêve doux et coloré.
Chevaucher le bel Ulysse dans un tourbillon de rires et de complicité,
pour retrouver le grizzli et me goinfrer de miel avec lui.
Devenir pirate, croiser le fer tout en croisant les doigts,
au milieu des chants, des danses et des éclats de joie.

De cette foule de badauds,
escalader la Tour Eiffel et voir le monde d'en haut.
D'un bond, sauter dans la Seine, et devenir sirène.
A tire d'aile,
comme une hirondelle,
voyager, s'affranchir des frontières
Tant géographiques que culturelles.
A coup de mots,
Déplacer les montagnes de l'indifférence et des différences.

Et quand l'averse s'invite dans les ruelles de Paris,
c'est une joyeuse gigue qui s'ébroue et s'enfuit
d'un tour de magie.

*
C'est avec délice que je me suis plongée dans « le carnaval des majuscules ». J'ai pris mon temps pour savourer cet abécédaire accompagné des jolies illustrations de l'auteure. Et je dois dire que les dessins sont particulièrement réussis, à la fois simples et bien pensés.

Lumineuse, aventureuse, malicieuse et tendre, la poésie de Marina Uzun est une poésie qui fait du bien. Son originalité et sa fraîcheur me touchent.

Parmi tous ces poèmes, je vous en livre un que j'aime particulièrement :

« M – Mouette

Ce doux matin, sans un nuage,
Je marche sous les réverbères,
Ma tête penchée en arrière.
Brusquement, un gai verbiage.

Les quatre mouettes hésitantes
S'amoncelant dans une attente,
Farouches, près de batailler
Pour se poser sur une cime…

Et sous leurs ailes mi-pliées,
De brèves lettres se dessinent :
« M » argentés dans le ciel bleu,
Des diadèmes anguleux… »


Un recueil de poèmes-doudous que Maryna Uzun a eu la gentillesse de m'offrir et qu'à mon tour, j'ai envie de partager avec mes futurs élèves.
Je vous invite également à le découvrir.
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J'ai lu « le carnaval des majuscules » de Maryna Uzun, lentement, pour apprécier au maximum chacun des poèmes qui composent ce livre sous la forme d'un abécédaire, illustré par elle-même.

Il y a dans ses poèmes beaucoup de fraîcheur, de lyrisme, de liberté d'expression, et d'enthousiasme,
la liberté et la naïveté d'un enfant.
Il y a aussi une imagination débridée, qui paraît sans limite.

Parmi ses nombreux textes, j'ai tout particulièrement aimé « C-Rien de coriace ! », pour sa naïveté, sa gourmandise, et ce fameux combiné qu'on ne décroche plus maintenant !
Le « d'– Défilé », aussi avec ses mots expliqués en bas de page, et ce dessin enfantin au pastel gras, plein de couleurs vives, tellement expressif !
« d'– Ma Demie », une véritable ôde à l'amour et à la tendresse, avec cette jolie illustration avec ces 2D majuscules qui se complètent pour que 2 amoureux soient réunis.
J'ai aussi aimé bien d'autres poèmes, comme « I – Iris » et
« I – Ibis », qui sont très courts, et dont les mots comme les dessins vont à l'essentiel, et touchent par leur brièveté et leur concision.

« le carnaval des majuscules » est un livre riche de créativité et de surprises.
On ne penserait pas immédiatement à Kung-Fu pour illustrer la lettre K ! Ou bien à Lorgnette pour illustrer la lettre L, ou encore à Quasimodo pour la lettre Q ! Mais Maryna Uzun si !

Mais en connaissant son cursus, on ne s'étonnera pas du fait que Maryna ait choisi « Opéra » pour illustrer le O ! D'ailleurs, dans ses poèmes, la musique est très souvent présente. Il y a la musique des mots avec ses belles sonorités, les rythmes et les rimes. Il y a aussi nombre de termes musicaux qui viennent s'insérer par-ci, par-là, comme subito, rhapsodie, triolet, toccata… et même un « Do, ré, mi, fa » comme dans son poème « Alpes » pour le illustrer le A !

De petites notes en bas de pages complètent certains poèmes pour apporter une définition, une explication, une intention, ou encore un sentiment.

Un autre centre d'intérêt de Maryna est la peinture. Ses dessins naïfs et colorés illuminent ses textes et apportent à ce livre beaucoup de fraîcheur et de joie. Et elle nous parle de sfumato, de Picasso, de Dufy, du Musée d'Art Moderne de Paris…

Dans les dernières pages de son livre, elle énumère un certain nombre de contes chers à l'enfance et que les adultes ont plaisir à se rappeler… et je dois dire que j'ai été heureux de retrouver le fameux Docteur Aïbolitt et la non moins célèbre Baba Yaga et son balai ! Ces deux personnages me parlent particulièrement. Ils ont fait partie des lectures incontournables de mes enfants, bilingues franco-russes !

Et le poème « Famille verte », m'a particulièrement touché, lui aussi. Il est pour moi un sain portrait de famille, que je trouve bien exemplaire !

En conclusion de ce livre, Maryna Uzun s'adresse directement à nous tous, lecteurs, en insistant sur le fait que « la multitude des variantes constitue la richesse des contes populaires ».
Je crois moi aussi qu'un conte ne se raconte pas simplement, qu'il se re-conte, semblable et différent à chaque fois. C'est à chacun de s'approprier ces histoires et de les raconter à sa manière, et ainsi de les faire vivre et revivre, encore et encore !

Pour terminer ma petite chronique, Maryna, je voudrais vous dire de continuer à être inspirée comme vous l'êtes, de continuer à nous charmer avec votre spontanéité, votre gaîté et votre joie de vivre !
Car vos poèmes font du bien !

Alors, un grand merci à vous de m'avoir adressé cet ouvrage au combien plaisant et attachant !
Et bonne continuation !
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Rimbaud avait célébré les voyelles et leurs couleurs, Maryna Uzun a choisi d'honorer toutes les lettres de l'alphabet, voyelles et consonnes, en une succession de poèmes consacrés chacun à l'une d'entre elles.

Et c'est une belle réussite que ce recueil où les lettres engendrent des mots qui viennent s'emmêler au fil des strophes que le lecteur parcourt en admirant cette poésie sonore qui instrumentalise chaque lettre avec une thématique différente.

J'y ai vu une analogie rimbaldienne avec le buffet, lequel, s'il nouvre pas ses "grandes portes noires" laisse admirer ses sculptures en "vieux noyer" et imaginer l'argenterie qui attend de recevoir les grands crus pour les faire chatoyer dans leur cristal.

J'ai aimé l'Abat-jour, sauveteur de "l'Amour muet", l'Ironie, le Jonc, la Valse, le Toit et bien d'autres.

C'est l'enchaînement de toutes ces lettres et de tous ces poèmes qui jouent avec elles qui fait la richesse de ce petit recueil que Maryna m'a aimablement envoyé pour une belle lecture du estivale, volontiers partagé dans mon entourage présent et à venir.

Merci Maryna pour cette belle attention et tous mes compliments pour la richesse poétique tirée de la matière première de ces vingt-six belles.
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