Lettre qui peut servir d’introduction à mon œuvre
Extrait 3
Là où mourir est le quai je m’étendrais sous l’aile gigantesque
de l’oiseau du sommeil l’oiseau-femme qui gémit comme
sirène des enchantements à dormir sur l’extrême bord des
paupières
Là où mourir est le quai je serais le vagabond des étoiles et
j’inscrirais sur un fond de musique espagnole les grandes
lignes de ma vie
Plus tard j’irais chercher refuge chez les castors
Là où mourir est le quai ma mort sera maintes fois plus sage
que ne l’aura été ma vie
//Antoine Mechawar (1940 – 1975)
Lettre qui peut servir d’introduction à mon œuvre
Extrait 1
Afin de ne parler guère de ces attaches qui depuis
quelques jours me lient au sable du désert je vais m’étendre
sur l’eau des lacs ainsi que nénuphars du Nil et converser
avec le vent
Chaque herbe sur les rives sera mon destin du soir et
pour ne point gagner les limites de l’angoisse l’ombre d’ophélies
mortes flânera sur ma peau.
Je déploierais en guise de voile le filet de sang que je porte
dans mon corps et je dirais adieu à la terre
J’avance parmi le soupir des algues et peu m’importe que
je sois venu au monde sous forme humaine. Je rejoins l’éther
originel de ce qui n’a jamais existé
Depuis mon voyage il m’a poussé sur le corps quantité
d’herbe inconnues et de fleurs
Je ne reviendrai jamais sur la terre
//Antoine Mechawar (1940 – 1975)
Lettre qui peut servir d’introduction à mon œuvre
Extrait 2
Dans quelle contrée stérile nos cheveux seront-ils le buisson
contre lequel viendra se gratter le cerf
Seigneur j’ai vu la dernière de tes larmes s’accrocher au mât
d’un vieux bateau coulé il y a des siècles au large d’une mer
qui a perdu son nom
De ce bleu si tendre qui fut le seul souvenir que nous ayons
gardé de nous je ne sais s’il ne faut point peindre la terre
Scaphandrier des ténèbres léger comme la chrysalide j’attends
l’orage de ta présence en caressant le long de ces végétations
torrides l’hermine messagère de ta venue
//Antoine Mechawar (1940 – 1975)
Femmes de mon pays
Femmes de mon pays
une même lumière durcit vos corps,
une même ombre les repose ;
doucement élégiaques en vos métamorphoses.
Une même souffrance gerce vos lèvres,
et vos yeux sont sertis par un unique orfèvre.
Vous,
qui rassurez la montagne,
qui faites croire à l’homme qu’il est homme,
à la cendre qu’elle est fertile,
au paysage qu’il est immuable
Femmes de mon pays
vous, qui dans le chaos retrouvez le durable
// Nadia Tueni (1935 – 1983)
L'écharde...
L'écharde d'une seule ère à l'âme
un jugement de Dieu
entre asphalte et ronces
Nul n'est ici coupable
Zaghloul Morsy