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sur 1298 notes
Un roman lu durant le lycée. C'est le récit autobiographique assez sombre de l'enfance difficile, miséreuse et martyrisée de l'auteur.
Jules Vallès raconte une société pétrie de misère affective et intellectuelle, une fin qui justifie les moyens, dont la dureté de l'éducation. Un XIXème siècle où l'enfant n'a pas de place reconnue, encore moins valorisée, dans lequel on se débat comme on peut et dont on peut se sortir parfois... Vraiment indemne ?
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Dans ce livre, l'auteur dénonce l'oppression subie dans sa jeunesse à cause d'une mère horrible qui rappelle le personnage de Poil de Carotte. Mais aussi à l'infantilisation et au pouvoir destructeur de l'école. Il considère effectivement que cet établissement n'est bonne qu'à apprendre le mensonge et la bassesse. Ainsi, à travers des anecdotes, des instantanés, ponctués d'ironie, d'exclamations et de sarcasmes, Vallès nous raconte ses déboires et ses plaisirs d'enfant. Une lecture qui nous fait souvent crier à l'injustice, rire parfois et à laquelle on se laisse porter.
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Le petit martyr…

Quelle enfance, que celle de Jules Vallès qu'il raconte dans son autobiographie "L'Enfant" qui constitue le premier tome d'une trilogie (L'Enfant, le Bachelier et l'insurgé) !

Entre une mère très violente qui le bat continuellement, sans raison, et un père soumis, irascible puis brutal, Jules s'invente le pseudonyme de Jacques Vingtras pour décrire cette enfance malheureuse.

Il écrira cette autobiographie en 1876, à 44 ans, alors qu'il est en exil à Londres, après une condamnation à mort prononcée par un Tribunal militaire pour sa participation à la Commune de 1871 et que sa fille Jeanne-Marie est morte l'année précédente, âgée de moins d'un an…

Ce roman paraîtra en feuilleton dans le journal le Siècle en 1878.

Il est très difficile pour moi d'écrire une chronique sur ce livre ; d'abord, parce qu'il est autobiographique et qu'il transpire de violences, d'ennui, de solitude.

Jules Vallès écrit un roman catharsis pour se libérer de ses souffrances. Mais le style est journalistique : ce n'est pas un beau roman, mais une suite de mésaventures vécues par le petit Jules racontées assez sèchement, comme si l'auteur voulait se détacher de cet enfant et de ses souvenirs de 3 à 16 ans…

Je ne sais pas si c'est par humour ou par résignation, que Jules Vallès en arrive à écrire que sa mère avait du courage car "elle se sacrifiait, elle étouffait ses blessures, elle tordait le cou au premier mouvement pour se livrer au second : au lieu de m'embrasser, elle me pinçait ; vous croyez que cela ne lui coûtait pas ! Il lui arrivait même de se casser les ongles. Elle me battait pour mon bien, voyez-vous. Sa main hésita plus d'une fois ; elle dut prendre son pied."

Alors que j'ai souffert avec l'enfant Vallès, j'ai pris peu de plaisir à lire ce roman.

Il est à noter, une préface signée Pascal Pia et une biographie détaillée en fin d'ouvrage.


Quelle vie triste mais acharné à survivre et à s'insurger, Jules Vallès dédit son roman "A tous ceux qui crevèrent d'ennui au Collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance furent tyrannisés par leur maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre."

Ce livre reste une autobiographie qui raconte les souffrances d'un enfant et une approche de ce XIXe siècle si riche d'auteurs par ailleurs...
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Cela fait longtemps que je voulais lire ce célèbre roman autobiographique de Jules Vallès (1829-1881), homme politique qui a fait beaucoup parler de lui avant, pendant et après la Commune de Paris. "L'enfant" est le premier volume d'une trilogie qui a attiré l'attention de ceux qui s'intéressent aux conditions de vie des Français au XIXème siècle. S'il s'écarte un peu de la vie que Vallès a réellement vécue quand il était jeune, le récit semble très réaliste.

Un père qui (en apparence) a raté sa vie, une mère féroce qui éduque son fils "à la dure" en le fouettant à tout bout de champ (pour éviter d'en faire un enfant gâté !), la pauvreté, une médiocrité et une pingrerie extrêmes dans la famille, cette ambiance affreusement déprimante de l'école, parfois la menace de l'intervention manu militari de terribles gendarmes… le petit Jacques Vingtras n'est pas un privilégié ! Il supporte toutes les avanies sans se plaindre. Il tente vainement de contenter ses parents, étudie sans plaisir, se heurte aux réalités du monde, suit ses parents dans ses déménagements, part étudier à Paris, échoue au baccalauréat et revient - révolté - chez ses parents. A la fin du récit, il se bat en duel pour défendre l'honneur de son père détesté, avant de le quitter définitivement.

Ce livre est assez gros, mais facile à lire. le style, allègre, est étonnant pour une oeuvre du XIXème siècle. Jules Vallès ne veut surtout pas de pathos et arrive à prendre de la distance en utilisant une forme d'humour, par exemple. Il a le sens de la formule et certaines de ses phrases bien senties font mouche. En conclusion: un témoignage que je ne regrette pas d'avoir lu – bien tardivement.
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L'enfant/Jules Vallès
C'est en 1876 que Jules Vallès alors âgé de 44 ans, en exil à Londres, commença la rédaction de ce qui allait être une trilogie intitulée « Jacques Vingtras » : L'enfant, le Bachelier, L'insurgé. Trois volumes dont le premier est ici en question.
En exil car il avait été condamné le 4 juillet 1872 à mort par contumace pour l'incendie présumé d'un immeuble à Paris en 1870. Il avait été arrêté en août 1870 pour avoir manifesté contre le régime impérial, puis libéré. En octobre il s'était joint à l'insurrection contre la Défense Nationale à l'annonce de la défaite de Sedan. Impliqué dans l'insurrection de la Commune dès mars 1871 et sachant en danger il fuit par la suite en Angleterre. Et il écrit…
La quatrième de couverture résume toute la détresse de Jacques, le héros de ce récit autobiographique :
« À tous ceux qui crevèrent d'ennui au collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre. » Signé : Jules Vallès.
Dans un style non dépourvu d'humour, de subtilité et de sensibilité, Vallès nous conte cette enfance martyre qu'il a connu et il sait le faire avec les mots qui conviennent : son style est évolutif en fonction de l'âge. de simples dans l'enfance les mots deviennent plus chargés de rancoeur à l'adolescence.
Fils de professeur de collège et d'une paysanne, Jules Vallès, encore enfant en 1840 raconte :
« Ma mère dit qu'il ne faut pas gâter les enfants et elle me fouette tous les matins. Quand elle n'a pas le temps le matin, c'est pour midi et rarement plus tard que quatre heures… Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m'a donné son lait ? Je n'en sais rien. Quel que soit le sein que j'ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j'étais tout petit : je n'ai pas été dorloté, tapoté, baisotté ; j'ai été beaucoup fouetté"

Il convient de lire au second degré bien souvent ce que Vallès exprime.
« Il faut bien avouer que ma mère est logique. Si on bat les enfants, c'est pour leur bien, pour qu'ils se souviennent, au moment de faire une faute, qu'ils auront les cheveux tirés, les oreilles en sang, qu'ils souffriront, quoi !...Je suis tombé sur une mère qui a du bon sens, de la méthode….J'ai été jusqu'ici le tambour sur lequel ma mère a battu, elle a essayé sur moi des roulées, et des étoffes, elle m'a travaillé dans tous les sens, pincé, balafré, tamponné, bourré, souffleté, frotté, cardé et tanné…Je sentais bien que cela faisait plaisir à ma mère de me faire du mal ; qu'elle avait besoin de mouvement et pouvait se payer de la gymnastique sans aller au gymnase…Je ne connaissais que le calus de ses doigts, l'acier de ses yeux et le vinaigre de sa voix… »
Cette mère bornée, vulgaire, d'extraction modeste et qui veut prendre l'ascenseur social et paraître, est une femme méchante animée de pulsions sadiques et Jacques quoique le premier de la classe subit les remontrances et les coups sans broncher. Une sorte de jalousie anime cette mégère irascible.
Père et mère sont des êtres complexés de par leurs origines sociales et des tortionnaires névrosés.
À la suite d'un différent conjugal, son père qui jusque là était loin d'égaler sa mère dans sa rage contre Jacques en étant plutôt lâche, devient acariâtre et se met à le frapper également.
« J'aurais été un ange qu'on m'aurait rossé aussi bien en m'arrachant les plumes des ailes, car j'avais résolu de me raidir contre le supplice, et, comme je dévorais mes larmes et cachais mes douleurs, la fureur de mon père allait jusqu'à l'écume…De temps en temps, ils se raccommodent et me battent tous les deux à la fois ! »
Tout au long de ce calvaire, Jacques pourtant conserve du respect et de la gratitude pour ses parents et continue de bien étudier.
Jusqu'au jour où devenu un jeune homme, Jacques annonce à sa mère venue lui rendre visite à Paris où il étudie qu'il n'aime pas ses parents et ne veut plus les voir. Et il regrette aussitôt ses paroles quand il voit les larmes de sa mère…Un face à face pathétique entre mère et fils.
La frustration de Jacques se situe à tous les étages de sa vie et cette persécution explique sans doute que Jules Vallès se révoltera contre l'ordre établi et l'interdit en devenant un insurgé lors de la Commune de Paris en 1871.
Le ton des dernières pages du livre exhale un parfum de révolte totale après la lecture d'ouvrages historiques révolutionnaires et l'exaltation de Jacques face à la misère du peuple et l'injustice dont est victime le monde ouvrier fait de lui un futur militant motivé et décidé.
Un récit poignant et sombre de 400 pages de violences morales et physiques.
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J'ai arrêté cette lecture vers la 80 ème page (sur plus de 400) parce que je n'en pouvais plus de supporter la mère cruelle, méchante, violente (fouet..) , perverse, castratrice (etc) du personnage narrateur qui, semble-t-il, est très proche de l'auteur. J'ai même pensé que ce récit - en quelques sorte un livre d'horreur - aurait dû ne jamais être édité. A quoi bon mettre des réalités pareilles dans nos esprits ?
J'étais allé jusqu'à ce point du livre car je trouvais - contrairement à un a priori que j'avais - une certaine modernité, un certain humour ironique "après-coup" (ou plutôt "après coups") et sens de la dérision malgré les insupportables scènes racontées.
J'ai repris cette lecture qui m'était pénible - pour le fond, pas pour la forme - car je répugne à ne pas finir un livre connu qui reste somme toute lisible et parce que, après avoir lu les avis ici, je restais curieux de savoir comment tout cela tournerait, c'est-à-dire quand il fuirait ses parents ou se rebellerait pour de bon.
Cette vie insupportable d'enfant puis d'adolescent (comme on ne disait pas à l'époque) continue ainsi jusqu'à la fin de ce 1er tome d'une trilogie, puisque sa mère et son père ne changent globalement pas d'attitude à son égard (un p'tit mieux pour sa mère mais un fort pire du côté de son père).
Quels "parents" ! Issus de milieux paysan et ouvrier (ou artisan je ne sais plus), ils ont semblent-ils voulu quitter ce milieu pour "s'élever" vers un milieu plus bourgeois, citadin (la mère semble maladivement obsédée par cela). Mais le père, pion puis professeur, s'usait à beaucoup endurer pour être "bien vu" alors qu'il était humilié et méprisé par son épouse, les enfants, les autres professeurs et la hiérarchie.. bref, par tout le monde. Des arrivistes ? Ou des malheureux ayant espéré et ne se donnant pas le droit de renoncer à leurs espoirs ?
Ce que j'ai trouvé assez incompréhensible et disons-le pénible c'est ce qui ressemble à une incroyable tolérance du narrateur (Jules Vallès écrivant) pour sa mère. Page 256 (!) : " Ah je commence à croire qu'elle [sa mère] ne m'a jamais aimé !". Restitution de l'aveuglement à l'époque ou, plus probablement, réflexion ironique de l'adulte qui écrit ?
Il doit s'agir d'une sorte de processus de survie mentale : l'humour salvateur.
Ce récit laisse rêveur : voir quelles réalités très intimes peuvent en vérité être à l'otigine d'un engagement politique ( car J.Vallès a eu un engagement politique) s'habillant a postriori d'une idéologie ou des arguments soi-disant rationnels.. (cf un certain Adolf H ..)
Ce que ne dit pas dans ces "mémoires" J. Vallès, c'est que ses parents ont eu plusieurs enfants nés avant et après lui, qui sont tous morts en bas-âge, et qu'il avait une soeur qui elle a vécu, comme lui. le cas de la mère - qui a sûrement souffert de la mort de tous ces bébés - relevait pour moi de la psychiatrie. Mais pourquoi J.Vallès occulte ainsi cette soeur réelle ?
Je n'aime pas me faire de mal. Je ne lirai les suites (le Bachelier et l'Insurgé) que si j'ai vraiment rien d'autre à me mettre devant les yeux..
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Que n'a t-on déjà dit sur ce roman, sur la modernité de son écriture...
Pour ma part, j'en retiens en premier lieu cet humour constant dans une vie d'enfant martyre, terrifiante, cet enfant face à ces tortionnaires père et mère.
Ainsi que deux très courts passages :
le moment où l'enfant est invité à un bal déguisé et où sa mère le vêt en charbonnier. En arrivant sur les lieux de la fête, l'enfant se perd dans les jardins :
"Je ne savais pas bien le chemin et je me suis perdu dans le jardin ; j'ai appelé.
Une servante est venue et m'a dit : "C'est vous le petit Choufloux, qui venez pour aider à la cuisine ?"
Je n'ai pas osé dire non, et on m'a fait laver la vaisselle toute la nuit".
Et l'épisode poignant où l'auteur évoque cette petite fille martyre qui mourra sous les coups des adultes...
Du classique qui se lit aussi comme du roman moderne.
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ules Valles se raconte dans cette trilogie sur l'enfance et après (L'enfant, le Bachelier et l'Insurgé). La langue est belle, le style impeccable et l'humour omniprésent en dépit de passages terribles. Ce roman raconte l'enfance d'un petit garçon plein d'esprit mais mal aimé entre un père professeur de collège méprisé et une mère d'origine paysanne qui le malmène. Ce classique écrit en 1875 sonne de façon étonnament moderne.
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Un roman autobiographique d'une enfance profondément traumatisée par l'autorité d'une mère sans amour, dont le fouet est en quelque sorte le seul moyen d'être en contact avec elle, si bien que le petit Jacques trouve grâce en allant négocier avec la voisine pour lui épargner ce calvaire. Eh oui, dès qu'il y a menace de fouet, la voisine se porte garant pour accomplir cette tâche dans le seul but de relâcher le petit Jacques....
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Deux étoiles, une pour l'auteur, une pour l'enfant, par compassion posthume parce que quatre cent pages de souffrance, d'humiliation, de maltraitance, de tristesse même dans la joie, c'est dur ! Souvenirs et anecdotes s'enchainent sans jamais que l'on puisse trouver de répit car même lorsque l'enfant ne subit pas, il culpabilise et s'autoflagelle ! Seules les toutes dernières pages laissent entrevoir une trêve qui permettra peut-être la lecture du Bachelier. Il s'agit là d'une lecture couteuse et frustrante, chagrine où seule l'ironie austère, preuve du recul de l'auteur devenu adulte, permet de tenir la distance.

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