- On ne choisit pas les surprises de la vie, mon petit. On fait avec, et souvent, c est pour le meilleur.
- C'est ça la foi,mémé ?
- Non, ça, c'est la vie.
Lorsque Lucette et Lucien se baladent le long de la mer, bras dessus bras dessous, ils ont une hanche pour deux, une canne de chaque côté : cela fait marrer les mouettes, mais les compères se laissent pousser par le vent et admirent l'éternité devant eux.
Même ses gâteaux préférés ont un arrière-goût de périmé. Ce doit avoir ce goût-là, la tristesse.
Françoise reste silencieuse: elle n'est pas d'accord avec sa mère. Si l'on continue d'éduquer les fillettes ainsi, on fabrique une nouvelle génération d'inégalité, avec la ménagère d'un côté et M. Tout-Puissant de l'autre.
Jean a la vie dont il rêvait, la meilleure vie possible, compte tenu des circonstances. Mieux vaut tard que jamais, penseront certains. Comme au bon vieux temps, aurait dit Mémé Lucette.
Des Noëls comme ça, il n'en souhaite à personne !
En relisant "Chers parents", "je suis content", "je pense à vous", Jean hallucine. Comment a-t-il bien pu accepter d'écrire ces mots auxquels il ne croit pas ? Gaston n'est pas - et ne sera jamais - un père pour lui. Il s'en fait la promesse.
En parcourant les quelques lignes, Jean découvre les joies de la gueule de bois. Il a dessoûlé aussi vite qu'il a attendu ce courrier des siècles.
Jean a un grand respect pour tous les animaux, y compris pour les moustiques qui prennent un malin plaisir à en faire leur casse-croûte.
Jean la serre dans ses bras : son odeur de savon à la lavande mêlée au pain perdu beurré l'entête. Ce parfum-là restera comme celui de son bonheur avorté. Celui de l'enfance qui s'achève, avec ses illusions.