Nous avons là un sommet de la ligne claire, absolue, archetypale.
Les éditions Dupuis parlent même de Peter van Dongen comme le nouveau maître de la ligne claire intelligente. Je me suis interrogé : pourquoi intelligente ? Existe-t-il une ligne claire idiote et quels en sont ses adeptes ? Mes recherches en ce domaine ont été vaines.
Est-ce à dire que le scénario est intelligent, que l'histoire est complexe, documentée, non manichéenne, avec des personnages dans la même veine ? Possible, car l'histoire et les personnes sont un peu tout cela.
On y lit l'aventure de la décolonisation de l'Indonésie, une des premières colonies à avoir déclaré son indépendance, juste après l'invasion japonaise en pleine guerre mondiale. C'est de fait un moment et un lieu totalement ignorés de nous Français, plus férus d'Indochine ou d'Algérie, car cette grande île du pacifique était sous contrôle hollandais. Et c'est pour cela que l'auteur, via son père hollandais et sa mère indonésienne, est totalement légitime pour nous en dresser une fresque cohérente et sensée.
Ceci dit, j'ai trouvé le scénario trop "intelligent" pour moi, mais sans doute fidèle à la réalité du terrain : trop de personnages, trop de protagonistes cherchant on ne sait quoi : japonais, hollandais, bellandas (hollandais dans le dialecte indonésien), Amboinais, Sikhs, conscrits ou militaires, communistes et anti-communistes, Ploppers, membres du Hizbullah, Bupatis, terroristes et rebelles, chamans Sanro, etc. Un enchevêtrement de scènes pas toujours évidentes à démêler, notamment cette histoire de chasse au Tigre, dont on ne voit pas bien l'intérêt.
La volonté, louable, de ne pas désigner les bons et les méchants, les lieux de l'action répartis sur les deux îles, Java et Célèbes, l'usage de nombreux termes locaux et le double rôle du héros rajoutent probablement à la confusion pour un esprit habitué aux histoires simples.
Le graphisme est un plaisir de toutes les planches. Pas une page où on ne reste pas en admiration devant le dessin, la mise en couleurs, les formes et architectures, les scènes de vie, les détails... Paysages de villages, gares, ports ou rizières ; architectures coloniales des années 30 ou 40 de cinémas, casernes, vieilles bâtisses, Clubs, avec leurs intérieurs surannés ; dessins de voitures, jeeps, bus, camions militaires, poussepousses.. ou encore d'animaux, tigres, cerfs ou chevaux... tout est ravissement, un plaisir des yeux !
À noter enfin, une très belle couverture et un supplément, à la fin, avec des photos des grands-parents de l'auteur, quelques dessins et aquarelles et des explications du contexte de cette décolonisation.
Commenter  J’apprécie         60
Cent soixante-seize planches composent cette intégrale Rampokan. Un nombre de pages généreux permettant une bonne immersion dans cet intéressant voyage dans le passé que nous propose l'auteur et permettant la dégustation de cette oeuvre désormais presque vintage mais maintenue dans la modernité par l'intemporalité de son style graphique.
Lire la critique sur le site : Sceneario
L’histoire découpée en deux parties – la première commence en 1946, à Bandung (Java) et la deuxième se situant en 1950, à Makassar (Sulawesi) – est complexe, pas toujours facile à suivre, mais la réalisation « ligne claire », très élégante, aux décors très soignés, très documentés, rend l’ensemble passionnant.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Regarde moi ça. Il est communiste. Il a même des papiers du PKI sur lui...