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Un roman post-apo cyberbiopunk décapant et bien barré.
Rachel est une survivante dans une immense ville en ruine dont on a oublié le nom. La guerre, la misère et la pollution avait déjà dévasté la mégalopole avant qu'apparaisse Mord, un ours de 100métres de haut qui vole et est constamment en rogne quand il ne dort pas. Rachel est ce qu'on appelle une "récupératrice"(classique du genre); elle sort de sa planque pour ramasser de quoi manger, boire, se défendre bref: survivre. Elle est tellement expérimentée et intrépide qu'elle se permet même de fouiller la fourrure de Mord quand il dort. C'est là qu'elle découvre Borne, une biotech étrange qui ressemble à un poulpe à l'envers vert et violet. Elle le ramasse sans même savoir si c'est une plante, un objet, un animal ou un champignon. Petit à petit borne grossi, se met à parler, à éprouver des émotions et Rachel développe un lien maternel à son égard.
Rachel est cachée dans "les falaises à balcons" (on en déduit que c'est un énorme immeuble à moitié en ruine) avec Wick un autre survivant paranoïde qui troc des robots scarabées que les survivants mettent dans leurs oreilles pour lire les souvenirs qui y sont enregistrés (oui, c'est perché). Ce qui fait de Wick un genre de dealer puisque pouvoir échapper à une réalité si dure en consommant les souvenirs des scarabées devient vital pour beaucoup.
La solitude et la menace mortelle sont constante, Rachel parle très peu des autres humains ayant survécu, la plupart sont des enfants mutants sauvages avec des membres bioniques ou des familles faméliques. Il y a malgré tout des rapports de force et de territorialité qui étoffent encore la complexité des ruines, la "Magicienne" semble être un genre de parrain de mafia qui possède des technologies suffisantes pour asservir ses ouailles, certaine zone sont "sous le contrôle" de Wick et donc de Rachel. le reste est à Mord, qui dévore et détruit tout sur son passage. On entend également souvent parler de "la Compagnie" une entreprise de biotechnologie qui aurait fait la prospérité de la ville avant d'en faire la ruine, pour finalement laisser s'échapper Mord... Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe encore dans le bâtiment de la firme mais une chose est sûr; ils ont complétement vrillé...

Les livres de Vandermeer sont très dépaysants, les mondes qu'il créé débordent de bizarreries. Tout y est coloré et bruissant de vie, à la fois menaçant et fascinant, quasi psychédélique. La nature et la technologie se sont hybridées en un carnaval foisonnant et foutraque. Ce future n'est clairement pas désirable mais qu'est ce qu'il peut être beau. L'odorat y est aussi omniprésent, Rachel décrit des odeurs quasi-inconcevables ce qui accentue l'étrangeté et la poésie de son monde. Les émotions et la psychologie des personnages sont très détaillés ce qui nous entraine au coeur de leur relations, de leurs défiance, de leurs espoirs. Vous l'aurez compris le récit de Rachel est un récit intime et viscéralement terrestre, Borne devient son enfant, elle l'aime mais tous ignorent ce qu'il est. Ce roman m'a fait passer par plein d'humeurs, c'est triste, enjouant, parfois révoltant. Je recommande chaudement, son écriture est riche et son imagination sans limite, c'est Jérôme Bosch qui rentre d'un voyage dans le futur sous LSD.
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C'est l'histoire d'un blob qui change le monde. Plus sérieusement, Borne, c'est surtout un ovni littéraire à découvrir.

Le début du livre est totalement obscur: on parle quand même d'un ours volant de plusieurs étages dans un monde post apo

Et pourtant, au fil des pages, l'histoire se transforme en une sorte de fable humaniste.

Une jeune femme prend sous son aile une créature et lui apprend à devenir une personne, à trouver un sens à son existence dans une société au bord du gouffre.

On va pas se mentir, l'écriture est un brin complexe et l'histoire est quand même totalement décalée et zarb.
Et pourtant, cette femme qui éduque cette créature comme un enfant a un côté touchant et unique qui est hyper réussi dans son étrangeté.

C'est le genre de roman qui vous marque parce qu'il y a de vrais messages sur la nature humaine qui résonnent chez tout le monde. Faut juste passer le cap de l'étrangeté

Si vous êtes déjà bon lecteur, ou que vous voulez tenter une lecture originale, Borne saura vous séduire.
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Un couple voit son quotidien bouleversé par l'arrivée impromptue d'un enfant dont ils doivent s'occuper.
Ah, et ça se passe dans un monde post-apocalyptique.
Et l'enfant est une sorte de plante-poulpe-extraterrestre.
Et il y a un ours géant qui vole.
Ainsi qu'une Magicienne.

Difficile de classer ce roman, comme souvent Jeff Vandermeer aime brouiller les pistes et entretenir le flou sur son univers. Un peu de SF, un peu de monstres géants façon Godzilla, un peu de survie, un peu de roman d'apprentissage... Borne traite de parentalité, d'une famille dysfonctionnelle qui essaye de survivre dans une ville hostile, de secrets que l'on entretient même avec ses proches. On se concentre ici plus sur l'intime et sur les ressentis des personnages que sur l'univers dont on ne saura rien avec certitude. Je ne suis même pas sur d'avoir saisi toutes les subtilités de l'histoire, l'écriture est telle que chacun pourra y faire sa propre interprétation.
Toujours est-il que j'ai été happé par l'originalité, l'étrangeté de l'univers et l'atmosphère mystérieuse de Borne. Malgré son côté apocalyptique, le livre dégage un optimisme bienvenue.
Une nouvelle et un autre roman dans le même univers existent (Strange Bird et Dead Astronauts), j'espère qu'on les verra arriver un jour en français (?).
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Une très bonne surprise que ce sympathique et étonnant roman SF pourtant passé à travers mon radar ! Je l'avais vu mentionné ça et là sur les réseaux, mais pas tellement souvent, ce qui m'étonne au vu de sa qualité. J'ai profité de sa sortie en poche pour le lire.

Ce que j'ai aimé :

- le personnage de Borne, vraiment attachant : un être indéfinissable, entre la plante, l'humain et l'animal, qui ressemble à un calmar géant, qui aime, pense et parle.
- le retour des « ours tueurs », l'obsession de l'auteur (je le comprends, les ours, ça fait vraiment peur, encore plus quand il est zombifié et augmenté) : pour moi, il n'y a pas de bonne dystopie sans un bon ours tueur. C'est la marque des meilleurs.
- la coloration « bio-horror » qui était déjà présente dans la trilogie du Rempart Sud. Il y a pas mal de similitudes avec cette saga qui m'avait déjà considérablement marquée (même si j'ai trouvé la lecture plus laborieuse que ce Borne), mais je ne vais pas les détailler pour ne pas spoiler. En tout cas, il y a des abominations eldritchiennes, de la violence, du macabre, du gore, du body-horror, comme dans Annihilation. L'auteur appartient à la mouvance du « new weird », successeur du « old weird » (Lovecraft), un mélange SF/fantasy qui intègre des éléments bizarres et non humains dans un cadre familier et cherche à transcender la barrière entre les genres littéraires.
- un petit côté « kaijû eiga » avec la ville livrée à la tyrannie destructrice de monstres géants exsudant des substances toxiques, fruits de la folie des hommes. On a même droit à un magnifique combat de monstres sur les ruines à la fin !
- le caractère « intimiste » de la narration : on est tourné vers l'humain, l'affect, le charnel, le ressenti et l'intuition, plutôt que vers la rationalité froide et désincarnée qu'on trouve souvent dans ce type de littérature. Cela est renforcé par la narration à la première personne : on suit les pensées de la protagoniste, une jeune femme experte en survie, mais qui n'est ni un parangon de morale ni une superhéroïne. Elle est guidée par son intuition et ses sentiments pour savoir ce qu'il faut faire ou non, à qui accorder sa confiance. Parfois, ses choix peuvent sembler déroutants aux lecteurs : pourquoi décide-t-elle de faire confiance à untel, d'exclure un tel, etc. ?
- le final « optimiste » de cette dystopie : OK c'est le monde après le grand effondrement, la vie ne vaut pas bien cher, tout est pollué et empoisonné, les ressources sont plus rares que les cadavres, des monstres abominables rôdent sur les ruines de la civilisation en quête de chair fraiche, mais malgré tout, il reste de l'espoir.

Ce que j'ai moins aimé :

- l'écriture parfois dure à suivre, mais qui ne m'a pas empêché de tourner les pages à toute vitesse.
- le format un peu court : cette histoire aurait gagné à avoir un développement, surtout pour les questions laissées en suspens à la fin. Heureusement, il y a un tome 2, pas encore traduit en français ! J'espère qu'il va l'être bientôt.

Ça ressemble à :

Les tentacules, de Rita Indiana, en plus accessible, pour le foisonnement de l'écriture à la première personne féminine, le décor exotique et la vision d'un monde qui fait le pont entre le nôtre et celui d'après.
Au début du manga Gunnm et à certaines parties de Last Order, pour toute la réflexion humaniste et la critique de la science sans éthique.
À l'arc Tsumugi du manga Knight of Sidonia (Tsutomu Nihei), pour la relation fusionnelle entre un être étrange et un humain.
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Borne nous emmène dans un univers post-apocalyptique comme on en voit assez peu. Jeff Vandermeer nous dépeint un monde dévasté, violent dans lequel certains groupes d'individus adorateur d'un ours géant font régner la terreur. Et pourtant, cet univers post-apocalyptique est également profondément beau et coloré. L'auteur utilise l'horreur pour façonner du merveilleux et il ressort de ce roman autant de violence que de beauté, autant d'espoir que de mélancolie. Borne c'est également une étrange créature trouvée par hasard par Rachel et que l'on va voir se développer au fil des pages. Une magnifique relation d'amour filial se tisse entre les personnages interrogeant sur les notions d'apprentissage, de pardon et surtout d'humanité. Car Borne n'est pas humain, mais qu'est-ce que ça signifie vraiment que d'être humain ? Les réponses à cette question sont tout simplement bouleversantes et pourtant le récit ne tombe jamais dans le pessimisme, car l'intrigue se veut également étrangement réconfortante comme si malgré tout, tout était comme il devrait être. Il est évident que Borne fait désormais partie du panthéon de mes plus belles lectures et qu'il sera une de mes plus belles découvertes de cette année 2021.


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