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3,73

sur 687 notes
Après le succès de Sukkwand Island, David Vann revient avec Désolations sont second roman, à première vue la ressemblance entre les deux est flagrante au début de la lecture également. C'est finalement sur la durée qu' une réelle différence apparaît. C'est une très belle lecture, les descriptions des paysages de l'Alaska sont à couper le souffle, on voit et on ressent la nature. Les personnages sont vraiment réussis, j' ai particulièrement aimé Rhoda qui est une jeune fille rêveuse, un peu naïve, mais terriblement attachante.
D' un déroulement plus classique, Désolations est un roman nettement moins coup de poing, les pages défilent, certains passages sont certes magnifiques mais on s'ennuierait presque. On imagine bien qu ' il risque d' y avoir un drame, on attend, on attend et on en vient même à douter qu' il se passe quelque chose d'important, de bouleversant. C'est presque triste à dire mais heureusement David Vann ne nous laisse pas sur notre faim, un drame a bien lieu. Je ne vous ôterai pas de surprise, aussi n'en dirais-je pas plus.
Et même si les personnages ne sont pas à proprement parlé nombreux, j'ai eu l'impression que l' histoire se dispersait entre eux, ralentissant l'intrigue. J'ai été surprise par l'atmosphère de ce roman encore plus lourde, pesante et presque dérangeante que dans Sukkwand Island.
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Irene et Gary habitent une maison sur les berges de Skilak Lake, un lac glaciaire au coeur de la péninsule de Kenai, en Alaska. Après trente ans d'une vie routinière Gary décide subitement de déménager sur un îlot désolé, Caribou Island, qui se trouve à trois kilomètres du lac et d'y construire une cabane de ses mains.
Le roman débute sur le chargement de rondins du pick-up au bateau de Gary sous une pluie battante. Irene rentre on ne sait pourquoi dans le délire et la lubie de son mari. le bateau est alourdi, la pluie glaciale. Une fois arrivés sur Caribou Island il leur faut décharger les rondins et faire plusieurs navettes. Irene est épuisée, trempée jusqu'aux os. le lendemain elle est malade, alitée, prise de migraines et incapable de respirer avec une douleur atroce qui ne la quittera plus. Gary est dur, insensible. Il pense qu'Irene simule ce mal pour lui faire payer en retour sournoisement le prix de ses décisions et la façon dont il la traite.
Irene et Gary ont deux enfants déjà adultes, Rhoda et Mark. Rhoda, 30 ans, travaille chez un vétérinaire et vit avec un dentiste, Jim. Elle attend avec impatience qu'il la demande en mariage.
Mark lui est marié et pêcheur. Il vit comme un baba cool et n'est proche ni de ses parents, ni de sa soeur.
Ce livre, chaque lecteur ne l'abordera pas de la même façon. On aime ou on déteste carrément. Il n'y a pas de demi mesure.
Je me suis laissée embarquer dans cette histoire où l'ambiance est glauque et maussade. J'ai beaucoup apprécié la description des paysages, des scènes de pêche au saumon et le récit des conditions de travail dans la conserverie.
Par contre il est difficile de s'attacher aux personnages. Gary est bourru, renfermé et secret, très dur avec sa femme. Indifférent au fait de la voir souffrir atrocement et continuant à la faire travailler à la construction de sa cabane jusqu'à épuisement. Gary est un homme qui a toujours vu ses projets s'effondrer, qui rumine intèrieurement ses échecs. La cabane symbolise le dernier de ses rêves.
Irene est tourmentée par une enfance où elle a découvert sa mère pendue en rentrant de l'école. Elle va user ses dernières forces dans ce projet qui n'est que celui de Gary. Elle l'aide uniquement pour ne pas perdre car elle pense qu'il veut la quitter. A un moment je me suis demandé si elle ne sombrait pas dans la folie ou la paranoïa.
Rhoda est le personnage qui m'a le plus touchée. Elle s'inquiète pour ses parents coincés sur leur île en pleine tempête. Spectatrice de loin en imaginant le pire.
Cette île va devenir un exutoire. Irene et Gary vont se déchirer, s'insulter, se reprocher des choses tues pendant leurs trente années de mariage.
C'est un huis-clos prenant, étouffant et cruel où l'intrigue et la fin sont prévisibles. "Désolations" n'est pas un titre assez fort pour décrire l'ambiance oppressante du roman. J'y ajoute "suffocation" et "destruction". On s'enfonce progressivement dans la folie et le souffle glacial de la mort nous frôle sous le ciel de la dernière frontière. Bravo pour le beau coup de plume de David Vann.

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Noir, d'une noirceure terrifiante car rampante avant d'éclater terriblement dans les dernières lignes du livre...
Le roman se déroule en Alaska, on pourra d'ailleurs retrouver ici quelques allusions à des scènes du premier roman de l'auteur. Les paysages, la vie côtière, les couleurs changeantes selon les saisons, le froid, la neige sont autant de sensations joliment dépeintes. Des tensions entre personnages qui finissent par éclater, sans trop de bruit sauf pour le final magistral. Ce suspens bien construit fait qu'il est difficile de lâcher ce livre avant le dénouement qui fend l'air l'espace d'un instant comme une flèche bondissant d'un arc...
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Je me trouvais à la librairie ; David Vann était présent pour y parler de son ouvrage Sukkwan Island et faire des dédicaces. Je ne le connaissais alors pas. Peu de temps après, je lisais Sukkwan Island. Ce roman m'a laissé un souvenir indéfinissable. Je l'ai trouvé très dur, "noir" et dérangeant ! Désolations m'a plu davantage bien qu'il soit lui aussi très sombre. David Vann trouve les mots et décrit des paysages sauvages magnifiques et en même temps nous entraîne dans le monde suffocant, douloureux d'Irène et Gary. D'un moment à l'autre, tout peut basculer et on tente de rester sur le fil, tel un équilibriste...
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Après Sukkwan Island, dans Désolations , David Vann nous emmène une fois de plus en Alaska, région qui l'a vu naître et qui reste indéniablement pour lui une source d'inspiration.
Les paysages de l'Alaska et la nature dure et immuable sont les témoins silencieux des petits et grands drames qui se nouent. Pourtant ce n'est pas tant à cette nature sauvage que se heurtent les personnages, mais plutôt à la nature humaine bien plus impitoyable.
David Vann excelle dans la description des tensions interpersonnelles sous-jacentes. le mal-être entre proches est le coeur de ce roman riche en non-dits, en tromperies et en paranoïa.
Il n'y a pas dans Désolations de moment choc, de tournant comme dans Sukkwan Island. C'est pire : la tristesse et la mélancolie sont présentes tout le long du roman jusqu'au dénouement. Pas de happy end ! On partage la vie des personnages, leurs souffrances. On sent la tragédie s'installer et s'amplifier. Pourtant on continue, tels des voyeurs faisant leur introspection, désireux de savoir comment les personnages vont gérer les situations conflictuelles et quelle aurait été notre attitude.
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ce roman est incroyable, il raconte un moment de la vie de Gary et Irène (les parents), de Rhoda et Jim (la fille et le gendre), de Mark et Karen (le fils et la belle-fille). Ce roman parle de l'amour "naissant", de rancoeurs, de regrets, de peur, de trahison, de mensonges.
Irène est persuadée que son mari, Gary, va la quitter, Gary veut partir mais a des doutes. Ils ont tous deux d'énormes regrets liés à leur vie commune, leur mariage. Malgré ça ils se lancent dans la construction d'une cabane sur un îlot isolé, la construction d'un nouveau foyer, mais c'est le projet de trop.
Irène a un souvenir d'enfance horrible... qui la hante et lui cause peut-être ses maux de tête incessants qui la rendent effrayante aux yeux des siens.
Jamais je n'aurais imaginé la fin que David Vann a fait vivre à ses personnages. Ce livre a des passages durs, un thème lourd.
Il y a de magnifiques descriptions de paysages d'Alaska, de glaciers, de la faune et de la flore... Magnifique !
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« On peut choisir ceux avec qui l'on va passer sa vie, mais on ne peut pas choisir ce qu'ils deviendront »

Et si on se construisait une cabane sur l'île de Caribou Island ?

On y verrait des terres sauvages à perte de vue, aucune âme humaine à des kilomètres à la ronde, après une longue descente en canoë dans les eaux troubles de l'Alaska. On affronterait chaque jour des rafales glaciales de vent et de poudreuse, des sentiers à baliser dont les tempêtes de neige auraient effacé les traces de la veille. le temps que les travaux de la cabane se terminent… se ter-mi-nent…….

Gary en avait rêvé de ce projet. Il s'était mis en tête de construire cette cabane à partir de rien. Elle serait son refuge, comme un reflet de l'homme, qui fait écho à une image de soi déformée à travers le prisme d'une nature désemparée. Elle serait sa tanière, son obsession, comme un grand mensonge sur lequel on s'appuie pour éviter de regarder en face ce monde qui nous échappe. Pour faire semblant que les choses vont beaucoup mieux ailleurs que chez soi…

Alors, tu viens avec moi sur Caribou Island ? Bon, ce ne sera peut-être pas si idyllique qu'on l'avait imaginé. Mais on sera ensemble et puis, qu'est-ce qu'on à perdre pour tenter de sauver notre couple déjà en péril?

« Ce qu'elle voulait, c'était qu'il s'allonge à ses côtés. Tous les deux sur la plage. Ils abandonneraient, lâcheraient la corde, laisseraient dériver le bateau au loin, oublieraient la cabane, oublieraient tout ce qui avait cloché au fil des ans, rentreraient chez eux, se réchaufferaient et recommenceraient de zéro. »

La cinquantaine avancée, Gary n'avait jamais su prendre soin de personne d'autre que de lui-même. Une vie entière à fuir et rêver, à se dire que sa vie aurait pu être autrement, ailleurs. Que des remises en questions et des regrets, des apitoiements, une quête constante de distractions pour meubler les heures. Mais l'égoïsme est-il un motif suffisant pour foutre en l'air la vie de ceux qui nous sont proches ? Pire encore, comment t'as fait Gary pour ne pas voir à quel point Irène était devenue amère, broyait du noir? Qu'elle ingurgitait du Tramadol pour soulager ses migraines comme on bouffe des Smarties? Tu ne voyais donc pas que chaque rondin qu'elle transportait chaque jour était aussi lourd sur ses épaules que le poids des années qui ravage à force de lutter? Tu étais bien trop obnubilé par ton projet de foutue cabane! Mais attends Gary, la vengeance est douce au coeur de l'indien…

David Vann a un don, celui de nous entraîner si habilement dans l'atmosphère suffocante de ses histoires qu'on en ressort le souffle court. C'est oppressant, c'est noir, c'est même à la rigueur insupportable par moments, mais il nous le rend avec une telle intelligence de coeur et de sentiments qu'il nous fait presqu'oublier jusqu'où les limites de l'âme humaine sont capables d'aller quand elles se trouvent en rupture avec la réalité. Aussi, je pense que l'oppression qu'on ressent en abordant ses romans - et qui en font sa force aussi - nous vient, au-delà de l'atmosphère dérangeante, de ses personnages plus vrais que nature qu'on ne voudrait pas imaginer aussi « malsains » - pour certains - et qui pourtant ne reflètent qu'une société en mal de vivre, avec ses individus en marge. L'auteur a lui-même eu à affronter de près, étant très jeune, le suicide de bon nombre de membres de sa famille, défi qui le rend forcément aujourd'hui sensible aux revers de la santé mentale.

Dans Désolations, tout comme dans Sukkwan Island, on retrouve des histoires de relations familiales dysfonctionnelles. Des histoires aussi de personnages asociaux, d'isolement, de solitude, de vide, de mal de vivre, de coups puissants et impardonnables. Et plus particulièrement dans celui-ci, de relations de couple et fraternelles conflictuelles, de tricheries, de rancoeurs, de méchancetés, de chantage et de coups bas. Une panoplie de sentiments aigres, que je vous conseille de lire en des temps joyeux…

Un immense coup de coeur !

« le froid s'insinua entre ses vêtements malgré son allure rapide, alors il se mit à courir à petites foulées, ses bottes émettant un bruit sourd. Unique âme solitaire sur cette route, les étoiles et l'absence de lune. L'Alaska, une immensité imperturbable qui s'étendait sur des milliers de kilomètres dans toutes les directions. »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Encore le froid, encore l'hiver, encore l'homme têtu, suicidaire, auquel nul ne résiste, tous résignés à l'inéluctable ou trop occupés à leurs petites turpitudes. L'humain dans toute se noire grandeur. Un David Vann au soleil, c'est possible ?
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Déçue par ce roman dont les seuls qualificatifs qui me viennent pour en parler sont noir, déprimant, glauque, pathétique et surtout, dérangeant... Je n'ai pas compris et surtout pas du tout adhéré au fait que l'auteur "récupère" un des personnages principaux de son précédent roman (Sukkwan Island). Ici ce personnage est plus jeune que dans Sukkwan island et j ai trouvé ça perturbant, voyeur et malsain de decouvrir sa personnalité en amont, sachant ce qu'il va devenir. Bien sûr il faut avoir lu Sukkwan island pour pouvoir suivre mon délire mais j'insiste, cela m'a beaucoup gênée et a sûrement nui à mon intérêt pour ce livre.
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De nouveau, David Vann a écrit sur l'Alaska et, cette fois, nous allons suivre plusieurs personnages : Gary et Irene, un couple qui vivent ensemble depuis trente ans et qui ont eu deux enfants, Rhoda et Mark, aujourd'hui adultes, sont en train de construire une cabane sur une petite île, Caribou Island. Irene n'en a pas vraiment envie, mais va quand même suivre son mari, malgré les étranges maux de têtes insupportables qui l'assaillent ; Rhoda, leur fille, en couple avec le dentiste Jim, aspire à se marier et à avoir la vie dont elle a toujours rêvée, va assister au conflit entre ses parents ; Mark, leur fils, est beaucoup plus détaché et mène sa vie avec sa compagne, Karen. Nous allons également faire la connaissance de deux de leurs amis, Carl et Monique, un jeune couple.

Rhoda et Jim sont des personnages qui vous sont connus, si vous avez lu Sukkwan Island et j'étais glacée en m'apercevant de ça. Par ailleurs, je vous recommande chaudement ce livre, c'est un des meilleurs livres que j'ai lus jusqu'à présent. Ceci dit, malgré quelques points communs, Désolations est très différent de Sukkwan Island. Ici, David Vann se concentre sur la dissection des liens qui unissent les différents personnages, bien que l'affrontement entre l'homme et la nature et la solitude restent des thèmes importants également dans ce roman. Il nous conte ce que le temps qui passe et le manque de communication peut créer dans un couple.

Encore une fois, l'auteur nous livre un roman très sombre, avec une plume des plus séduisantes. J'ai redécouvert l'Alaska, souvent décrit comme un rêve et se révélant être un paysage hostile, imprévisible, voire dangereux. Je n'ai pas eu le coup de foudre comme avec Sukkwan Island, mais je dois dire que j'ai été envoutée par ce récit, lu en deux jours, et que c'est tout de même un coup de coeur.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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