En résidence artistique pendant un mois au sein du parc régional du Morvan,
Vincent Vanoli commet un carnet de croquis comme témoignage intimiste des impressions ressenties. Sorte de journaliste humaniste en « terra incognita » qui s'effacerait devant son sujet, Vanoli s'approprie la topographie des lieux comme la rudesse accueillante des quelques autochtones.
Alternant les planches muettes et d'autres plus bavardes, cet opus s'agrémente de très beaux dessins charbonneux à la technique graphique variée et plaisante. La structure diversifiée des planches reproduit délicieusement le chaos des carnets de croquis
Impressions de permanence, notion de temps suspendu, parenthèse évanescente.
Entre parcours touristique et étude anthropologique, Vanoli s'étonne, s'émerveille, se questionne au contact de gens simples, très souvent attachants, au parcours de vie parfois chaotique.
Reste à constater le vide social que les périodes automnales et hivernales rendent d'autant plus angoissant. Nombre d'habitations et de commerces abandonnés dans ces petits hameaux granitiques témoignent des vagues d'exode rural mal maitrisées. D'autres maisons restent volets clos, comme en hibernation, en attendant le retour furtif de leur propriétaire citadin expatrié. En attendant cette transhumance estivale, les habitants permanents domestiquent la solitude, le silence, le temps long.
Devant la multitude des petits bâtiments ruraux à l'abandon, Vanoli se questionne sur la sauvegarde de ses témoignages d'un passé rural suranné : « Faut-il toujours vouloir préserver le passé ? le passé, le présent, le futur. le futur, c'est le possible et pour rendre possible un avenir faut-il nécessairement garder le passé? Garder encore, comme si l'on craignait que le futur ne puisse plus rien nous promettre. Sauvegarder pour comprendre ? »
Notre promeneur prend conscience, à travers ces divagations dans le Morvan, de la déshérence dramatique et silencieuse des campagnes françaises.