Ainsi gèlent les bulles de savon

Il n'y a que deux choses en ce monde qui ont de la valeur, Eva, l'amour et la liberté. Si tu dois choisir entre les deux, choisis toujours la seconde, car il n'y a pas de vrai amour sans liberté.

Est-ce que je regrette d'avoir eu un enfant ? Est-ce une question à laquelle une mère a le droit de répondre autre chose qu'un « non », franc et massif, dénué de toute hésitation ou de temps de réflexion ?

Tu sais, c'est comme dans un avion : en cas de dépressurisation, on t'informe qu'il faut enfiler ton masque à oxygène avant d'aider tes enfants à mettre le leur. Si tu n'as plus d'oxygène, tu ne peux pas t'occuper des autres. C'est une question de survie.

Puis, avec un naturel désarmant, il me tend la main. Je contemple cette pomme brune, maigre et calleuse qui raconte la pauvreté, la fatigue et le travail. Les larmes me montent aux yeux quand mes doigts touchent les siens, cela fait si longtemps qu'on ne m'a pas tendu la main.

Je l’ai trouvé dans la caisse d'un bouquiniste et j'ai pensé que c'était un signe : le signe que je devais partir. Sa couverture cornée et ces pages annotées par un précédent voyageur me rassurent. Ce livre a déjà parcouru ce pays, il connaît les lieux, je ne suis pas tout à fait seule au monde.

Elle, quand elle parle, j'ai la sensation que de minuscules parcelles de son énergie m'éclaboussent de lumière. Une poignée de paillettes à l'éclat éphémère, mais qui, avant de s'éteindre dans la poussière, illuminent fugitivement le gris qui m'emprisonne.

Contrôler quelqu'un, le maintenir sous sa coupe, l'empêcher de faire ce qu'il aime, de fréquenter d'autres gens, être jaloux et tyrannique, ça n'a rien à voir avec de l'amour. Tu es incapable d'aimer. Il a fallu que je rencontre l'homme de ma vie pour le comprendre. L'amour c'est laisser l'être qu'on aime libre de vivre la vie qui le rend heureux, c'est souhaiter son bonheur avant le sien, c'est le soutenir, toujours, même quand il se trompe. Mais surtout, c'est l'accepter exactement comme il est, avec ses failles et ses faiblesses, sans vouloir le changer...

💌 « L’arrivée d’un bébé dans le monde est quelque chose d’extraordinaire, c’est vrai. Cela peut aussi être un évènement d’une violence inouïe, une violence dont personne ou presque ne parle et face à laquelle je me suis retrouvée seule et désemparée. »

💌 « J’ai accouché de la culpabilité en même temps que j’ai accouché de toi. Je la traînais avec moi comme une valise sans roulettes, un boulet dont le poids m’enfonçait encore plus profond dans les sables mouvants où je me débattais. »

💌 « Depuis que je suis mère, tout ce qui ne consiste pas à m’occuper de mes enfants est devenu source de culpabilité. Prendre un bain, boire un verre, fumer une cigarette, faire du sport, lire un livre ou en écrire un, donner des petits pots industriels [...] Mais cette culpabilité, je peux vivre avec, parce qu’au fond, je sais qu’elle n’est pas légitime. Elle est le fruit d’une construction sociale de ce rôle de mère idéale que personne n’atteint jamais et dont on nous rebat les oreilles. »

"Tu es une mélancolique." Voilà ce que j'ai entendu toute mon enfance. Mon père était passionné, ma mère était belle, et moi, j'étais mélancolique. Il est tellement plus simple d'étiqueter les gens, plutôt que d'essayer de comprendre qi ils sont. C'est poétique, la mélancolie, un mélange de douleur et de douceur qui me tenait au corps. A vrai dire, je l'entretenais un peu. J'ai passé mon enfance à regarder le ciel, à observer le lent mouvement des nuages, persuadée que la fin du monde était proche, à me répéter qu'il fallait profiter de chaque instant avant que tout s'arrête, sans jamais y parvenir.

Elle me répétait constamment :
- Il faut être indépendante,  tu ne dois jamais dépendre financièrement de qui que ce soit, jamais t'arrêter de travailler. Travailler, pour une femme, c'est être libre. On aura beau brûler des soutiens-gorge, tant qu'une femme dépend financièrement d'un homme, elle n'est pas libre.