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sur 305 notes
Du sexe, un meurtre, une journaliste qui mène l'enquête, un grand méchant qui tire les ficelles dans l'ombre… il ne s'agit pas de littérature de gare mais d'Aux cinq rues, Lima, le dernier roman du prix Nobel de littérature péruvien. Sous les caresses d'un roman érotique, et au rythme d'un polar effréné, Mario Vargas LLosa nous plonge dans le Lima des années 1990, quand la capitale du Pérou vivait sous le joug du Président Alberto Fujimori et des attentats terroristes du Sentier Lumineux et du MRTA.

Comme à l'habitude de l'auteur, la narration est polyphonique ; les récits et les points de vue alternent puis se rejoignent crescendo dans une grande virtuosité. Mais plus que l'intrigue elle-même, c'est comme souvent, la galerie des personnages qui fait le sel du roman. Un couple de pitucos, cette grande-bourgeoisie péruvienne bien sous tous rapports, avec maison à Miami, tableaux de maître dans le salon et enfants au collège Roosevelt : l'un est avocat, l'autre industriel ; leurs femmes bien sûr sont au foyer ; malgré leur crainte des attentats et des enlèvements, ils mènent la belle vie et leurs secrets sont bien gardés… ou presque. Un patron de presse, Rolando Garro et ses acolytes la téméraire Riquiqui et le photographe sans relief Ceferino font tourner un journal à scandale comme on les connait au Pérou et ailleurs, bon marché, sensationnaliste et sans scrupule… ou presque. Dans un appartement miteux, Juan Peineta, un vieux récitant de poésie, se rappelle pathétiquement sa gloire passée et s'épuise en invectives inutiles contre la bêtise triomphante. Dans l'ombre, Vladimiro Montesinos alias le Docteur rôde: c'est le chef de services secrets péruviens, derrière les pires crimes d'Alberto Fujimori ; ils s'enfuiront d'ailleurs quelques années plus tard à l'étranger avec des centaines de millions de dollars dans les poches.

Tous ces personnages, quelles que soient leurs classes sociales, sont présentés avec acidité mais non sans tendresse. Derrière chacun, se trouve Vargas Llosa, qui revisite à travers eux sa propre histoire. Cette grande et respectable bourgeoisie péruvienne dont il est devenu un des plus éminents représentants. Cette presse, grande, libre, mesquine ou aux ordres, qui fut son premier métier et qui le traqua durant sa liaison avec Isabel Preysler. Son amour insensé pour la littérature qui fait de lui le gardien du temple des Arts avec un grand A ou de ce qu'il en reste. Son goût contrarié pour la politique, déjoué par le machiavélisme de Fujimori et Montesinos, déjà raconté dans ses mémoires le Poisson dans l'eau. Et derrière tous ces personnages, les passions bien sûr, des plus nobles aux plus sordides, qui dans ce quartier liménien de Cinco Esquinas, leur font rejouer pour nous, l'éternelle comédie humaine.

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Très décevant, une sorte de brouillon pour s'amuser, difficile à reconnaître un grand écrivain. J'ai eu du mal à finir. A oublier très vite. Publié chez Gallimard en plus,on croit rêver. J'aurais dû abandonner avant la fin vu le remplissage permanent.
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🫠 Un avis mitigé cette semaine.

🇵🇪 Dans un premier temps, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir la vie des habitants de la capitale du Pérou à travers la croisée de ces cinq personnages (Cinq rues) tous plus hauts en couleur les uns que les autres.

🖋️ Véritable fresque politique et sociétale d'un pays où les inégalités triomphent, l'auteur a voulu nous faire vivre les rouages sombres d'une nation où le pouvoir est détenu par une dictature. Ainsi, avec une plume habile Mario Vargas va lier et délier la vie de ces cinq personnes qui n'ont à priori rien en commun si ce n'est l'impact du patron du journal le plus sulfureux du pays dans une affaire de chantage envers l'un des plus grands industriels de la nation.

📙 Ce qui était, au début, un livre empreint de subtilité sur des sujets aussi importants que la quête de pouvoir politique, la soif de l'argent et la frivolité d'une bourgeoisie hors-sol est devenu un roman à charge où l'intrigue prend des proportions inquiétantes. Ce qui n'était qu'une histoire de moeurs devient une satire politique des années Fujimori.

🗓️ Bien que l'on ressente vivement les souvenirs marqués de la dictature dans la plume de l'auteur, le style des vases communicants utilisés pour mêler la vie des personnages m'a paru trop imagé causant une disparité entre le début et la fin de son roman.

🤔 Je reste ainsi partagé, ayant profondément apprécié le style poétique de l'auteur, je n'ai pas compris pourquoi il a autant alourdi sa plume pour arriver à la conclusion de son livre ou finalement à part la chute de la dictature rien n'a vraiment changé dans le comportement des différents protagonistes. ❓ Mais est-ce peut-être le message de l'auteur ?

PS : On m'a appris par ailleurs que Mario Vargas Llosa s'est présenté aux élections présidentielles en 1990 contre le dictateur historique du pays Alberto Fujimori.
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la dextérité de Mario vargas Llosa à entremêler politique, société et intimité, le tout porté par une écriture fluide, convainc. Plus léger que ses romans précédents, Aux cinq rues, Lima met à nouveau en scène un entrepreneur péruvien confronté à la corruption, au chantage et à l'insécurité. En reprenant le même décor, Mario Vargas Llosa témoigne de la réalité de la situation au Pérou et n'est pas sans rappeler l'actuel scandale d'Odebrecht, dans lequel l'écrivain n'hésite pas à prendre parti. Mais ce n'est pourtant pas une répétition du Héros discret car si l'amitié se révèle encore une fois salvatrice, elle cache ici une histoire sous-jacente plus sensuelle, donnant au roman un tour érotique réjouissant.
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C'est un peu le livre qui ne sert à rien, composé à 50% par des scènes de cul, certes bien écrites mais inutiles. C'est vrai que l'intrigue est basée sur un scandale sexuel mais en fait, ce n'est pas intéressant. le riche ingénieur Henrique Càrdenas a participé à une partouze. Ouais bon, et ? Dans un Pérou en proie à la dictature, au terrorisme, au trafic de drogue et à la guérilla marxiste, je doute qu'une sextape ait eu réellement du retentissement. J'ai l'impression que Vargas Llosa a juste mis ses fantasmes (très ordinaires) en exergue et c'est bien dommage pour l'arrière fond politique des années 90 qui aurait pu être très intéressant est à peine effleuré.
Le seul personnage intéressant c'est l'aède Juan Peineta et ses déboires. Lecture qui sera probablement oubliée dans quelques jours.
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Départ vers Lima, à l'époque du dictateur Alberto Fujimori, et plus précisément au moment de son second mandat, au milieu des années 90. Nous y faisons rapidement (et intimement) connaissance de deux femmes, Marisa et Chabela, amies de longues dates et dont les maris, Enrique (Quique pour les intimes), riche industriel, propriétaire de mines, et Luciano, son avocat, sont amis également. Nous y faisons également connaissance de Rolando Garro, journaliste propriétaire d'un magasine à scandales, de son photographe, Ceferino Argüello, et de sa collègue, la Riquiqui. Ajoutons-y Juan Peineta, un ancien récitant de poésie et le Docteur, et nous pouvons dire que les protagonistes principaux sont en place. Comme le mentionne le quatrième de couverture : “(...) Quelques photos compromettantes, un maître chanteur, un crime crapuleux : entre érotisme et corruption, chacun cache un secret dans cette sulfureuse comédie de moeurs.”

Mario Vargas Llosa, dont j'ai appris qu'il s'est présenté aux élections présidentielles péruviennes de 1990 et a perdu au second tour contre Alberto Fujimori, justement, a été Prix Nobel de littérature en 2010. C'est donc en toute confiance que j'ai débuté ma lecture... Mais j'en ressors fort partagée...

L'idée de base était bonne : presse à scandales, pouvoir autoritaire, terrorisme, enlèvements, chantage, meurtre, camouflage... Tous ces éléments pouvaient faire de ce roman un très bon roman, en tant que critique du pouvoir en place à l'époque (ce qui, j'imagine, était un peu l'idée de Vargas Llosa). de même, du sexe dans l'histoire ne me dérange pas, pour autant qu'il serve l'histoire et contribue au sens ou agrémente le roman. Et c'est ici qu'à mon sens, je me suis perdue : dès l'entame de l'histoire, les deux amies susnommées entament une liaison dont je n'ai pas encore compris ce qu'elle pouvait apporter à la trame du récit, si ce n'est qu'à diverses reprises, nous avons droit à l'entièreté de leurs ébats, et que cela remplit un certain nombre de pages à la fin du compte.

Par contraste, les pages sur ce quartier populaire de Lima, aux abords du carrefour des Cinq Rues dans le quartier de Barrios Altos, sont bien plus intéressantes. Elles sont décrites de manière à bien se représenter les endroits fréquentés, et nous permettent de nous immerger dans cette partie de la ville qui accueille précarité et violence. Pour s'en extraire, il est nécessaire d'aller dans le sens du pouvoir et d'accepter d'être utilisé comme marionnette ou faire-valoir de celui-ci. Mais aller dans le sens du pouvoir est aussi renoncer à soi-même...

En résumé, un roman que je trouvais prometteur, mais qui m'a déçue.

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AUX CINQ RUES, LIMA de MARIO VARGAS LLOSA
Les cinq rues est un grand carrefour de Lima qui donne son nom à un quartier. Quique, surnom de l'ingénieur Enrique Cardenas est un homme riche et puissant marié à une jolie femme, ils sont toujours très amoureux après des années de mariage. Un jour, débarque à son bureau un journaliste spécialisé dans les scandales divers et variés. Il détient des photographies pour le moins embarrassantes à caractère sexuel, version orgie.
A partir de cet élément, Vargas Llosa nous fait visiter les arcanes du pouvoir de l'époque Fujimori, avec son éminence grise ( noire en fait!) le Docteur, roi des coups tordus et de l'intimidation. Aidé de son avocat et très proche ami, Quique va tenter de se sortir de ce mauvais pas, tandis qu'une journaliste va tenter de comprendre les ramifications de l'affaire et démêler le vrai du faux. En arrière plan, la vie du couple Cardenas et du couple de l'avocat vont prendre des tournures…inattendues.
Roman savoureux, étonnamment « chaud » je vous conseille vivement ce bijou à teneur politique mâtinée de sexe débridé. du grand Llosa.
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Quelle déception ! Une intrigue sans originalité : le directeur d'un torchon, "Le strip tease", lance une tentative de chantage contre un richissime Péruvien, ce qui va entraîner une cascades d'événements aboutissant aux politiques de haut niveau. Une vision des ultra-riches ambiguë. Des références en saupoudrage de la violence du Sentier Lumineux, des enlèvements, de l'instabilité. Des scènes d'amour lesbien mal écrites (alternance pénible de la dénomination de spersonnages, "son amie", "la blondinette", Chabela ...) et surtout dont on se demande à quoi elles servent ; et c'est vrai pour toutes les scènes de sexe qui placent le lecteur dans une position de voyeur. Ce qui sauve, un peu, le livre, c'est certains passages ou personnages ; la journaliste Riquiqui ; le quartier pauvre de Cinq Rues ; l'histoire de la grand-mère chinoise de Luciano ; la survie des pauvres ; Juan Peineta le coupable désigné.
Et que c'est mal écrit ! Mention spéciale au chapitre "Le tourbillon", espèce de résumé explicatif de l'intrigue sous forme d'une alternance mécanique de points de vue. le coup de théâtre politique suivi du coup de théâtre sexuel ne sauve pas la mise d'un roman laborieux. Comme quoi le prix Nobel ....
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Un Vargas Llosa mineur, mais un Vargas Llosa tout de même...
Chantage photographique, journalistes véreux, industriels débauchés, amours à deux, à trois....On est à Lima, ville que, grâce à Mario Vargas Llosa, on a l'impression de connaitre un peu sans jamais y être allé. On y fréquente les beaux quartiers et les plus craignos.
Le roman alterne chapitre sur un personnage, puis un autre...Une intrigue solide se met en place, le tout sur fond de régime autoritaire (Vargas Llosa a d'ailleurs des comptes à rendre à Fujimori dont il est question dans le livre).
C'est très habile, cela se lit avec plaisir...Pour moi cela reste un Vargas Llosa mineur assez loin de ses chefs d'oeuvres les plus justement loués. Toutefois à l'occasion il peut se montrer brillantissime comme lors d'un chapitre ou tout d'un coup, comme sous l'effet d'un montage plus resserré, tous les personnages se retrouvent en même temps.
"Oncle Mario et le journaliste véreux" est en tout cas un roman plutôt brillant qui peut être une bonne porte d'entrée dans l'oeuvre foisonnante (ça n'est rien de le dire, près de 30 livres au compteur) du célèbre écrivain péruvien.
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Excellent !

L'auteur a un talent extraordinaire pour capter notre attention : personnages aux multiples facettes, actions inattendues.

On découvre le Pérou et ses affaires dans les années 90 au temps du Président Fujimori : la presse, la corruption. L'auteur a l'intelligence de rester discret sur son propre rôle (il était le candidat de l'opposition aux présidentielles).

C'est léger (parfois très !), humoristique et bien une oeuvre littéraire excellente et pas du tout de la propagande politique.
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