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sur 202 notes
Le livre retrace un épisode historique du renversement du président Arbenz au Guatemala par des militaires soutenus par la CIA. Intéressant de voir les conséquences tragiques des obsessions américaines anticommunistes des années 50. Même s'il pêche parfois par manque de tension dramatique, c'est un livre intéressant.
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Beau roman d'un écrivain qu'il est toujours plaisant de lire ou relire. Suite ou parallèle de « La fête du bouc » en compagnie des personnages typiquement VargasLLosiens. Un très bon moment de lecture et d'immersion sudaméricaine dont les personnages et personnalités composent le coeur de cet opus.
Comme quoi, quand Mario écrit et ne parle pas de politique (surtout pas…) il demeure un très grand monsieur.
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Sans aucune connaissance historique sur l'époque et le coup d'Etat au Guatemala de 1954, la lecture de ce récit est un peu difficile. Pour ne rien simplifier, le récit n'est pas toujours chronologique et les événements y sont rarement datés. de même, les personnages y ont souvent un prénom, deux noms et un surnom et sont nommés indifféremment par l'un, ou l'autre, ou deux, ou trois de ces noms ce qui ne rend pas toujours évidente ni immédiate leur identification.
Une fois réglées ces questions, l'intrigue politique est très intéressante à suivre, même, ou surtout, en n'y connaissant rien. On peut donc découvrir à quel point l'opposition idéologique de la guerre froide a influencé l'Amérique latine pendant des décennies et toutes les manipulations dont les Etats-Unis sont responsables, mais comme le dit si bien un des personnages, si ce n'était pas eux qui l'avaient fait, les Soviétiques s'en seraient chargés.
Une lecture plutôt ardue, mais culturellement enrichissante et soutenue par le souffle et la narration d'un grand écrivain.
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La phrase de W Churchill (I'd never heard of this bloody place Guatemala until I was in my seventy-ninth year) qu'utilise M Vargas Llosa comme exergue à son roman nous absout de ne pas avoir une vraie connaissance de l'histoire du Guatemala. Et c'est le premier intérêt de ce roman que de nous en dévoiler les faits marquants qui s'y sont déroulés à partir du milieu du XXème siècle.
M Vargas Llosa nous plonge dans cette époque trouble au cours de laquelle les destins des peuples d'Amérique Centrale et du Guatemala en particulier, basculent au gré de coups d'Etat, d'assassinats, d'alliances et de trahisons … Les faits historiques sont rigoureusement respectés et se déroulent au travers des actions de leurs principaux protagonistes. Au cours de la lecture, on est parfois amené à en vérifier l'exactitude, jamais démentie. C'est notamment le rôle de la CIA qui apparaît clairement. On s'interroge alors sur les conséquences des choix faits par les USA dans leur politique étrangère en Amérique Latine comme plus récemment dans d'autres régions du monde.
Mais il s'agit d'un roman.
M Vargas Llosa replace les faits historiques dans le quotidien des différents acteurs. Il donne chair et psychologie aux personnages réels ou imaginés de ce « roman policier » : la sueur, la peur, l'arrogance, la cruauté, l'amitié, le sexe, la veulerie …. Rien n'est trop précis pour nous mettre dans la peau de chacun.
Au-delà de la richesse documentaire qu'il présente, ce roman repose aussi sur un style, une écriture fluide, des chapitres qui relancent l'intérêt de la lecture, des diversions qui, loin d'égarer le lecteur, donnent sa couleur au cadre historique. Certaines situations, certaines relations demeurent imprécises, aux contours flous, énigmatiques. Il serait vain de vouloir tout rationaliser du comportement humain.
Et si la littérature pouvait nous aider à réfléchir, comment ne pourrions-nous pas transposer à l'heure actuelle, sur divers continents, des conflits tout aussi cruels que ceux des « Temps sauvages » ?










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Ayant découvert récemment Vargas Llosa, dans La fête au bouc, je me suis plongé dans ce dernier roman historique, sur la base des critiques annonçant que ce livre traitait du rôle clé du conglomérat United fruit dans les bouleversements politiques des années 50 en Amérique centrale. En réalité, tout est pratiquement dit dans l'introduction à ce propos, et ensuite Vargas nous narre avec sa facilité habituelle qui furent les protagonistes de cette époque. Les portraits de Miss Guatemala, le président Arbenz et le colonel Armas sont brossés au travers de courts chapitres, pas toujours linéaires, mais saisissants. On retrouve Trujillo et son exécuteur de basses-oeuvres Johnny Garcia, ce livre étant une sorte de prolongement de la fête au bouc.
Derrière les personnages, se dresse une analyse politique glaçante: l'action de la CIA, de l'ambassadeur Peurifoy, aveuglés par la lutte contre les communistes ne servit qu'à éliminer des démocrates progressistes pour protéger des intérêts privés. Epoque méconnue des européens, nous qui vivions en pleine guerre froide et pas sans raison.

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Parfait! Lu en 2 jours. C'est mon "premier" MVL et je suis sous le charme. Lu en español et, en passant, j'ai dû reprendre ma grammaire. le style semble si facile et fluide! le suivi des personnages dans ces chronologies "croisées" rend tout le récit vivant. Tout du long on peut entrevoir certaines fins tragiques.

Mon seul regret est que l'auteur n'ait pas abordé la fin tragique de Arbenz au Mexique (https://www.letemps.ch/monde/jacobo-arbenz-president-paria). Cela ressemble un peu au parcours malheureux du Shah d'Iran.

Les reconstructions des coups militaires, des "aides" américaines, le rôle des USA et .. la terrible conclusion sur l'interventionnisme américain dans toutes les Caraïbes, ayant finalement préparé le terrain à la vraie révolution, celle de Cuba, font état d'un monde qui a radicalement changé.  

L'histoire du Guatemala de l'époque est tragique car c'était le premier état avec des élections et un gouvernement légal, détruit par les USA. le reste allait suivre jusqu'au Venezuela d'aujourd'hui qui n'est plus que l'ombre de son histoire. Seule exception: le Costa Rica qui a miraculeusement traversé le temps en restant pacifique et démocratique, vraiment.
Actuellement l'intérêt des USA pour l'Amérique du Sud/Centrale est très relatif (les chinois se sont empressés de remplir le vide).

Ce livre nous permet de comprendre les événements des années 50 qui ont mené à la débâcle économique et démocratique actuelle. Tout est implacablement et logiquement résumé dans les 2 dernières pages.

Finalement, l'adage "vivons heureux, vivons cachés" devrait être complet et dire "cachés des USA"..

Aujourd'hui, l'Ukraine est le centre de l'attention mondiale .. il nous faudrait réfléchir quant à la sincérité des USA dans leur intervention acharnée.

bref, ce livre ouvre des perspectives de pensées et il est important de connaître ces événements.

Muchas gracias señor MVL
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Le dernier livre de Vargas Llosa apporte la preuve éclatante du talent intact du prix Nobel 2010, au travers du mélange de faits historiques et de fiction. Il met en scène le coup d'état à double détente au Guatemala dans les années 50, qui d'abord renversa le Président, régulièrement élu, au profit d'un pâle usurpateur, pour ensuite faire sortir de scène ce dernier.
Vargas Llosa ne se soucie pas de livrer un récit chronologique, ce qui peut dérouter au début de la lecture, mais constitue très vite un agrément, en apportant un élément de variété dans la construction littéraire.
Les Etats Unis d'Eisenhower et la CIA s'étaient déjà fait la main en 1953 en Iran avec le coup d'état chassant du pouvoir le premier ministre Mossadegh qui souhaitait renégocier les accords pétroliers avec la Compagnie Anglo-Persian et menaçait de nationaliser l'exploitation pétrolière.
Au Guatemala, ce n'est pas le pétrole qui inspire le coup d'état, mais la banane, dont le quasi monopole est détenu par la très puissante compagnie étatsunienne United Fruit.
Elle jouit dans le pays d'un régime d'exemption fiscale que menace, bien modestement, le Président Jacobo Arbenz, par souci de justice fiscale et volonté de sortir son pays de l'extrême pauvreté, souhaitant l'avènement d'une société donnant à chacun, sur le modèle étatsunien, la possibilité d'avoir une vie décente, et de s'enrichir, contribuant ainsi à la prospérité générale.
Taxation (fût-elle modique) et réforme agraire (même sans spoliation), c'est beaucoup pour United Fruit.
Son dirigeant, Sam Zemurray ("Sam the banana man") dispose d'un atout extraordinaire en la personne de son conseiller en publicité et relations publiques Edward L. Bernays, dont l'action dans l'affaire sera déterminante.
Les USA sont par lui rapidement convaincus grâce à une campagne d'intox (les "fake news", bien connues dès avant internet!) que Jacobo Arbenz est le patient zéro d'une pandémie communiste qui gagnera tous les pays d'Amérique Centrale et menacera directement la "plus grande démocratie du monde".
L'intrigue est magistralement et rapidement mise en scène par l'entente parfaite de Zemurray et Bernays, depuis les USA, et se transpose tantôt au Guatemala, tantôt en République Dominicaine, dont le Généralissime Trujillo a été partie prenante du coup d'état initial, mais surtout du remplacement du dictateur fantoche.
On a un plaisir rare à évoluer dans le foisonnement de personnages, dont aucun n'est exempt de reproches, mais qui tous sont traités de manière à acquérir une réelle consistance. Entre Arbenz, démocrate sincère tiraillé par son penchant alcoolique, Johnny Abbes García, félon archétypal, amateur gourmet de consommation orale de sexes féminins, Miss Guatemala, anti-héroïne retorse et John Emil Peurifoy, ambassadeur de choc anti-communiste fanatique, impossible de s'ennuyer une minute.
Au demeurant, l'histoire qui a suivi montre abondamment l'actualité de "Temps sauvages". La Baie des Cochons à Cuba, l'opération Condor en Amérique Latine, le coup d'état contre Pinochet au Chili, l'aide aux Contras au Nicaragua, l'invasion de l'Irak au prétexte de la défense contre des prétendues "armes de destruction massive": autant d'évènements, chaque fois synonymes de milliers de morts et d'une grande misère, qui peuvent amener une réflexion sérieuse sur la réalité de la démocratie que les USA et leurs alliés entendent apporter au monde "non civilisé". du coup, la réussite de la campagne d'intoxication d'Edward Bernays permettra de s'interroger sur la sincérité du propos de Jacques Séguéla, dans les années 80, qui vantait le caractère "informatif" de la publicité. Plaisir du roman, intérêt historique et réflexion géopolitique et sociétale réunis: une parfaite réussite que "Temps sauvages".



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"Enfin un autre bon roman de Vargas Llosa", ai-je lu dans certaines critiques de journaux. Eh bien, je m'en doute. Ceci difficilement peut être qualifié de roman. Vargas Llosa décrit l'histoire du Guatemala, pays d'Amérique centrale, entre 1950 et 1960. Il n'en a pas fait un simple récit historique, mais plutôt un docu-fiction, axé sur les présidents, les contre-révolutionnaires et les conspirateurs, originaires du Guatemala ainsi que d'autres pays d'Amérique centrale (le Trujillo de la République dominicaine refait surface). Et il a pas mal bousculé sa perspective, avec des sauts constants dans le temps et dans l'espace, donc il faut vraiment garder la tête haute. Intéressant, oui, mais les différents personnages ne prennent pas vraiment vie. Il me semble que Vargas Llosa a surtout voulu faire passer son message moraliste. A savoir que la politique plutôt maladroite et anticommuniste des États-Unis a eu en fait l'effet inverse. Eh bien, je n'avais pas vraiment besoin de ce roman/docufiction pour voir ça.
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La trame narrative est confuse, et la chronologie des évènements laisse parfois le lecteur dans le brouillard. Compte tenu de la complexité des faits rapportés et du grand nombre de personnages, cela nuit à la compréhension de l'histoire. D'ailleurs, dans un certain chapitre on peut noter que plusieurs personnages interviennent à des époques distinctes dans la séquence rapportée. C'est une prouesse littéraire certes, mais elle laisse le lecteur dans un flou total; ce qui ne nous aide pas à nous situer dans la grande brochette de protagonistes qui jalonnent l'histoire.

L'oeuvre recèle d'une panoplie de détails historiques qui nous sont lancés, parfois pêle-mêle. Il faut souligner l'excellent travail documentaire de l'auteur. Par contre, en voulant tant nous informer que nous divertir, il navigue entre la fiction et le document historique, ce qui dessert l'histoire à la longue. Autre point qui irrite, c'est le grand nombre de redites tout au long des pages. le dernier chapitre est une entrevue avec la vraie "Miss Guatemala" de l'histoire, et, bien qu'instructif, il ne parvient pas à nous faire oublier l'inégalité de l'ensemble de cet opus.
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Le coup d'état militaire - fomenté par les États-Unis - qui renverse le président régulièrement élu du Guatemala, en juin 1954 fournit le cadre du roman. Mario Vargas Llosa tourne autour de l'événement de manière gourmande et minutieuse, en s'intéressant successivement aux protagonistes de cet épisode violent : le colonel Castillo Armas si désireux d'être désigné par la CIA pour prendre le pouvoir ; les hommes de main, responsables de la sécurité des dictateurs ; la mystérieuse Martita, miss Guatemala, etc. Il faut prendre le temps, au cours des premiers chapitres, de se familiariser avec les acteurs de cette histoire pour apprécier la savante construction de l'ouvrage que la 4e de couverture qualifie de "fresque épique". A l'issue de cette lecture jouissante, on s'interroge sur la part de l'histoire dans la construction du roman. Pas de doutes sur le rôle majeur des États-Unis et l'influence de l'United Fruit (l'A. a disposé d'archives américaines), mais qui a ensuite assassiné le colonel Castillo Armas en 1957, et quel a été le rôle de Martita, miss Guatemala ? le dernier chapitre qui est consacré à une rencontre avec cette séductrice est un enchantement. Au delà du plaisir littéraire, ce livre conduit à un questionnement sur les conséquences désastreuses de cette intervention sur l'évolution de Amérique latine et donc sur les erreurs stratégiques des E.-U. Enfin, à l'issue de ma lecture, j'ai pris connaissance des réflexions de l'un des traducteurs - Albert Bensoussan - dans un court texte "Mario Vargas Llosa au doigt et à l'oeil" publié sur le site La République des Livres (https://larepubliquedeslivres.com/mario-vargas-llosa-au-doigt-et-a-loeil/). Je vous le recommande.
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