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sur 198 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Viva el Academico !
Alors que la construction de la Sagrada Familia prend moins de temps que l'élaboration d'une édition du dictionnaire de l'académie française, j'exagère à peine, je ne savais pas que nos pépés et mémés lettrés allaient mener de front une version bilingue pour les touristes en autobus. Ils ont les yeux plus gros que le ventre d'un sénateur.
Petit air de Charango et bonnet péruvien de circonstance pour se réjouir que Mario Vargas Llosa, prix Nobel 2010, péruvien naturalisé espagnol, aille faire sa sieste tous les jeudis après-midi au Palais de l'institut de France.
Je me moque un peu et je m'en moque surtout beaucoup, tant j'admire cet auteur depuis « La Tante Julia et le scribouillard ». Avec ces "Temps Sauvages", il prouve qu'à plus de 85 ans il est bien plus vert que l'habit qu'il vient d'endosser.
Ce roman politique s'inscrit dans la lignée de « La fête du Bouc » consacré au dictateur Trujillo en république dominicaine. Ici, c'est coup d'état au Guatemala dans les années 50, une aventure rocambolesque digne de SAS ou d'OSS117 si elle n'était pas aussi réelle et tragique.
Les dictateurs en uniforme militaire dans les pays d'Amérique latine, c'est comme les fromages dans nos régions. Il y en a pour tous les goûts.
Le président Arbenz souhaite engager son pays sur la voie de la démocratie, concept ambitieux dans le coin, mais cela déplait à la Compagnie United Fruits, reine de la Banane, qui n'a pas la moindre envie de payer des taxes lourdes comme un banoffee et de voir son monopole être remis en cause. Avec le soutien des Etats-Unis, elle va diaboliser le président en le présentant au monde comme un dangereux communiste. Dans ces contrées, le rouge ne va pas au teint, front haut mais cul bas. Or, à cette époque, il y a autant de cocos au Guatemala que de flocons de neige.
Arbenz est renversé par un guignol de général, marionnette de la CIA, le figurant Carlos Castillo. Un coup de théâtre pour un coup d'état. Quand le toutou va oublier son dressage et commencer à désobéir, son sort va être vite réglé. de sa gouvernance, l'histoire retiendra surtout sa maîtresse officielle, Martita Borrero Parra, alias Miss Guatemala, personnage pivot du récit . Elle est au coeur des hommes et des intrigues, insaisissable et sauvage.
Comme dans un roman d'Ellroy, il n'y a pas un personnage innocent. Une histoire de coupables donc, que Mario Vargas Llosa structure en heurtant la chronologie, les idéaux et les bons sentiments.
Il ne s'agit pas d'un livre d'histoire ou d'un témoignage. C'est un grand roman qui sait s'échapper de l'immense documentation nécessaire à l'ouvrage. Certains personnages sont réels, d'autres sont fictifs. Peu importe. Ils ont tous une âme dans ces pages. Souvent damnée.
La lecture est fluide, elle coule au rythme des complots et trahisons qui se succèdent pour le pouvoir.
Je suis ravi d'avoir fait la connaissance avec la « Mata Hari » guatémaltèque et de tous ses fantômes.
Trois secondes pour trouver la Capitale du Guatemala.




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« Cette nuit-là, dans sa maison de Pomona, le président Arbenz dit à sa femme, Maria Vilanova :
- Les Etats-Unis nous ont envoyé un chimpanzé comme ambassadeur.
- Et pourquoi pas ? rétorqua-t-elle. Ne sommes-nous pas pour les gringos une sorte de zoo? » (Mario Vargas Llosa, Temps sauvages, Gallimard, 2021, p.252)
Tout le monde se souvient de Salvador Allende et de l'odieux coup d'Etat de Pinochet, mais qui garde mémoire de Jacobo Àrdenz et de la manière dont les Etats-Unis s'en débarrassèrent une vingtaine d'années auparavant au Guatemala ? Comme une répétition de tous les mauvais coups qu'ils allaient se permettre pendant des décennies dans ce sous-continent qu'ils considéraient comme leur chasse gardée ?
Et si les événements des soixante-dix dernières années en Amérique latine trouvaient pour beaucoup leur origine dans une énorme « fake news » (à l'époque, évidemment, on n'aurait pas utilisé ces termes, on aurait simplement parlé d'un mensonge de propagande), la prétendue adhésion au communisme du gouvernement de Jacobo Àrbenz, arrivé légitimement au pouvoir au début des années cinquante au Guatemala, et sa non moins supposée allégeance à l'Union soviétique ? Si la montée en puissance des dictatures militaires dans les années soixante, l'extension des mouvements de guérillas ou des groupuscules paramilitaires, dont certains survivent encore aujourd'hui, la dérive de la Cuba castriste vers un régime autoritaire, les guerres civiles au Nicaragua ou au Salvador, et même simplement, débordant la seule sphère des combats politiques, la violence exacerbée, le règne de la loi de la jungle, qui semblent être encore l'apanage de tout le continent, d'Ushuaïa à Tijuana, si nombre de ces évolutions avaient été inaugurées par cette première grosse démonstration d'ingérence ? C'est un peu la morale que Mario Vargas Llosa tire à la fin du formidable récit qu'il fait, dans ce dernier roman, de ces événements du Guatemala, et de la rencontre qu'il relate, dans les dernières pages, avec l'une de leurs protagonistes, Marta Borrero Parra, « Miss Guatemala » (un surnom plus qu'un titre réel)+… Au début du texte, l'écrivain péruvien montre comment Edward L. Bernays, l'auteur de Propaganda, un manuel de manipulation en matière de communication encore utilisé aujourd'hui dans les meilleures écoles de publicité, se met au service de la United Fruit - géant américain de la production et du commerce des fruits (en particulier la banane, objet, alors, d'un nouvel engouement mondial !), exploitant les paysans dans toute l'Amérique latine, sans pour autant payer d'impôts (tiens, tiens, ça ne vous évoque rien aujourd'hui ?) dans les pays où l'entreprise est installée – pour trouver une parade aux projets politiques qui la menacent, en particulier la réforme agraire annoncée par le nouveau président guatémaltèque, Jacobo Àrbenz. Bernays, pour l'intelligence machiavélique
duquel Vargas Llosa cultive une certaine admiration , réussit à imposer au gouvernement des Etats-Unis et, surtout, aux principaux titres de la presse américaine, la fiction d'un gouvernement guatémaltèque poste avancé de l'Union soviétique en Amérique centrale, l'imaginaire adhésion d'Àrbenz et de son équipe aux idées communistes, quand le nouveau président était essentiellement un démocrate libéral séduit par un socialisme modéré, davantage soucieux du bien-être de son peuple, et, en particulier, de la communauté indienne, que ces prédécesseurs. L'opération de déstabilisation, ourdie conjointement par le gouvernement américain, la CIA, les nervis de la United Fruit, et leurs hommes de paille dans l'armée guatémaltèque, se met dès lors en branle. Tout l'art de Mario Vargas Llosa, conteur roué à la langue souvent truculente, consiste à transformer cette tranche d'histoire en un véritable thriller politique, dont les héros, humains trop humains, sont souvent, derrière les positions honorables et les habits officiels, de pauvres hères… Ces Temps sauvages, c'est un peu l'Arturo Ui de Brecht, rejoué dans le kitsch baroque d'une capitale coloniale ! le général putschiste Carlos Castillo Armas (dit « Caca »…), Johnny Abbes Garcia, le chef de sécurité, l'homme de tous les coups bas, l'ambassadeur américain Peurifoy, cheville ouvrière de l'opération (surnommé le boucher d'Athènes pour le rôle qu'il venait de jouer dans la prise du pouvoir par les Colonels en Grèce), brute sans âme ni conscience, sont quelques-uns des protagonistes un peu minables d'un drame dont les ressorts sont parfois moins politiques qu'émotionnels, affaires de désir, de jalousie ou de rancoeur. Trujillo, dictateur sanguinaire de Saint-Domingue et inoubliable personnage principal d'un précédent roman de Vargas Llosa, revient également ici pour jouer sa partition personnelle, compliquer un peu plus la manoeuvre américaine. Seuls Jacobo Àrbenz, sa femme Maria Vilanova, et son prédécesseur à la présidence, Juan José Arevalo, semblent montrer un semblant d'intégrité, de décence et de sagesse (ou de naïveté ?) politique au milieu de ce panier de crabes… mais ce ne sont pas les plus choyés par l'auteur, qui dévoile depuis longtemps un goût certain pour les génies du Mal (Ah, ce Celte, aussi, d'un roman précédent, quel bon souvenir !), et le fait amplement partager au lecteur. Et puis, comme une sorcière agissant entre l'ombre et la lumière, tout au long du roman, usant de ses charmes autant que de sa vivacité d'esprit, la belle Marta, « Martita », amante tour à tour des uns et des autres, mène la danse, égérie tirant souvent les pires des ficelles, ...mais l'auteur n'est pas le dernier qu'elle séduit, cet écrivain qui a toujours su magnifier l'amour, dans tous ses états ! Oui, tout cela, c'est vrai, ressemble à une farce… Mais quand c'est juste pour le génial Vargas Llosa, comme ça l'était pour Shakespeare en son temps, la meilleure manière de rendre à L Histoire tout son sens, alors n'en boudons ni la leçon, ni notre immense plaisir de lecture !
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TEMPS SAUVAGES de MARIO VARGAS LLOSA
Tout commence avec United Fruit, la société américaine qui cultive des bananes au Guatemala. Llosa nous entraîne à la création de cette petite société à l'origine( vers 1870), les débuts de la publicité qui lui donneront sa notoriété et son influence sur la politique américaine puisque, bien des années plus tard lorsqu'elle sera devenue une multinationale, deux de ses plus importants actionnaires seront devenus deux très importants rouages du gouvernement américain. Les intérêts particuliers de la société vont devenir les intérêts des États Unis! S'ensuivront désinformations( danger communiste) et manipulations en tout genre pour sauvegarder les terres agricoles d'united fruit. Ainsi se préparera en 1954 un coup d'état fomenté par la CIA mais avec l'appui important de dictateurs Sud américains, dont l'impayable Trujillo et c'est à ce point du récit que se fait la liaison parfaite avec un des chefs-d'oeuvre de Llosa, La Fête au Bouc.
C'est le dernier Llosa paru en 2021, c'est une petite merveille qui décortique patiemment l'Amérique du Sud des dictateurs globalement et la mise en place de celui du Guatemala en particulier.
Indispensable pour faire suite à la Fête au Bouc!!
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Passionnant
Mario Vargas-Llosa nous livre un « roman » palpitant. Il est fondé sur une connaissance solide du Guatemala des années cinquante, de ses initiatives démocratiques, des tentatives de déstabilisation et de manipulation dont il a fait l'objet, des conspirations et des coups d'état qui ont ponctué son histoire.
Vargas-Llosa entame sa galerie de portraits par un spécialiste des relations publiques nommé Edward Bernays, par ailleurs neveu de Sigmund Freud. Bernays est à l'origine d'une efficace campagne d'intoxication des médias américains, visant cyniquement à faire passer le président du Guatemala Jacobo Arbenz – démocratiquement élu en 1951 - comme un dangereux communiste inféodé à Moscou. L'opération est commanditée par la firme United Fruit dont la prospérité est liée à la corruption systémique des dictateurs des « républiques bananières » d'Amérique centrale. Elle est appuyée par la CIA et va entrainer une invasion, la démission d'Arbenz et la prise du pouvoir par un militaire qui sera lui-même assassiné trois ans plus tard. le crime d'Arbenz ? Une réforme agraire et des mesures fiscales lésant les intérêts de United Fruit – dont Allen Dulles, directeur de la CIA et son frère John Foster Dulles, secrétaire d'État, sont administrateurs.
Par la suite, de coups d'État en juntes militaires, de guerres civiles en massacres, le Guatemala connaitra plusieurs décennies d'instabilité et de violence avant de revenir à la démocratie.
Au fil d'une narration non linéaire, Vargas-Llosa s'attache à la trajectoire d'un certain nombre de personnages plus ou moins sympathiques : Arbenz lui-même, le colonel Castillo Armas son triste et fruste successeur, Martita la jeune et ravissante maîtresse de ce dernier, le brutal ambassadeur John Peurifoy, l'impitoyable Raphaël Trujillo, "président" de la République Dominicaine, Johnny Abbes Garcia son homme de main, le lieutenant-colonel comploteur Enrique Trinidad et quelques autres. La plupart d'entre eux connaitront une fin tragique, à la hauteur de leurs méfaits.
Curieusement, la plume de Vargas-Llosa ne rend pas antipathiques les protagonistes de son récit. Il semble faire sien ce propos de Gandhi : « chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort ». Son style n'est pas dénué d'humour et la construction non chronologique, parfois déroutante, de son roman s'apparente à un habile montage cinématographique. Par ailleurs Vargas-Llosa domine son sujet et nous fait ainsi penser à Eric Ambler, ce qui n'est pas un mince compliment.
La froide conclusion est d'une grande sévérité pour la politique des Etats-Unis en Amérique centrale, jugée finalement néfaste et contre-productive. Selon Vargas-Llosa, le « triomphe » qu'ils obtinrent au Guatemala « provoqua une recrudescence de l'antiaméricanisme en Amérique latine et renforça les partis marxistes, trotskystes et fidélistes ». À la réflexion, la pertinence de l'analyse n'est-elle pas confortée par les récentes débâcles irakiennes et afghanes auxquelles ont conduit les errements de la politique étrangère des USA ?
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Mario Vargas Llosa est un auteur que j'apprécie : ses récits sont à la fois romanesques et historiques, entraînants et documentés. Et Temps sauvages est un modèle du genre : on plonge en pleine guerre froide quand une entreprise américaine, La Fruitière, agite le spectre communiste pour servir ses intérêts peu compatibles avec la réforme agraire mise en oeuvre au Guatemala. La CIA organise alors un coup d'état militaire pour écarter le président élu démocratiquement.

Les personnages se dessinent au fur et à mesure des chapitres dont le fil narratif n'est pas linéaire, permettant ainsi de donner de la densité à chaque protagoniste. le puzzle des intérêts personnels et américains et des manipulations s'assemble, nous éclairant sur la déflagration encore actuelle que provoque cette ingérence en Amérique Latine. Mario Vargas Llosa excelle dans ce de thriller géopolitique qui n'est pas sans rappeler à certains égards la crise ukrainienne actuelle.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Jamás en la historia de América, un pueblo tan pequeño había sido sometido a una presión tan grande.

Citation de Jacobo Arbenz qui résume ce livre où la petite histoire du Guatemala croise celle des Amériques comme celle du monde.

Vargas Llosa poursuit la construction d'une histoire croisée de l'Amérique Latine. Romancée, violente et mouvementée. Que de crimes commis au nom de la liberté … et dans ce roman particulier, commis - encore - au nom du billet vert et de ses serviteurs.
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La phrase de W Churchill (I'd never heard of this bloody place Guatemala until I was in my seventy-ninth year) qu'utilise M Vargas Llosa comme exergue à son roman nous absout de ne pas avoir une vraie connaissance de l'histoire du Guatemala. Et c'est le premier intérêt de ce roman que de nous en dévoiler les faits marquants qui s'y sont déroulés à partir du milieu du XXème siècle.
M Vargas Llosa nous plonge dans cette époque trouble au cours de laquelle les destins des peuples d'Amérique Centrale et du Guatemala en particulier, basculent au gré de coups d'Etat, d'assassinats, d'alliances et de trahisons … Les faits historiques sont rigoureusement respectés et se déroulent au travers des actions de leurs principaux protagonistes. Au cours de la lecture, on est parfois amené à en vérifier l'exactitude, jamais démentie. C'est notamment le rôle de la CIA qui apparaît clairement. On s'interroge alors sur les conséquences des choix faits par les USA dans leur politique étrangère en Amérique Latine comme plus récemment dans d'autres régions du monde.
Mais il s'agit d'un roman.
M Vargas Llosa replace les faits historiques dans le quotidien des différents acteurs. Il donne chair et psychologie aux personnages réels ou imaginés de ce « roman policier » : la sueur, la peur, l'arrogance, la cruauté, l'amitié, le sexe, la veulerie …. Rien n'est trop précis pour nous mettre dans la peau de chacun.
Au-delà de la richesse documentaire qu'il présente, ce roman repose aussi sur un style, une écriture fluide, des chapitres qui relancent l'intérêt de la lecture, des diversions qui, loin d'égarer le lecteur, donnent sa couleur au cadre historique. Certaines situations, certaines relations demeurent imprécises, aux contours flous, énigmatiques. Il serait vain de vouloir tout rationaliser du comportement humain.
Et si la littérature pouvait nous aider à réfléchir, comment ne pourrions-nous pas transposer à l'heure actuelle, sur divers continents, des conflits tout aussi cruels que ceux des « Temps sauvages » ?










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Comme à son habitude, en narrateur talentueux, notre ami Vargas nous brosse le portrait d'une multitude de personnages forçant le lecteur à développer une gymnastique mémorielle éprouvante. Mais cette fois ci, a l'aide de chapitres courts il mélange avec plaisir les époques à tel point que ce roman pourrait être bâti avec une multitude de versions. « Sadisme » de l'auteur il va même jusqu'à donner des surnoms à ses personnages pour mieux nous embrouiller tels que les comploteurs Enrique et le Dominicain. Les coups d'état se succèdent ou plutôt sont présentés dans le désordre avec la bénédiction ou la participation active de la CIA . Seule, Miss Guatemala dont tout le monde est amoureux arrive à traverser les épreuves sans encombres. Encore une fois Vargas m'a séduit avec sa petite musique narrative et j'ai pris un grand plaisir à lire ce nouveau roman .
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Attention chef d'oeuvre. Difficile à pénétrer compte tenu de la multitude des personnages assez typique de la littérature sud américaine, on est pris au tiers du livre dans le tourbillon de l'histoire hallucinante du Guatemala de l'après guerre. Sans retour. Et on découvre (pour ma part) comment les États-unis ont ruiné la tentative de démocratie paisible du pays, et par ricochet de la région entière en créant une culture du chaos pour des raisons économiques. Qui trouve écho ailleurs …
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Parfait! Lu en 2 jours. C'est mon "premier" MVL et je suis sous le charme. Lu en español et, en passant, j'ai dû reprendre ma grammaire. le style semble si facile et fluide! le suivi des personnages dans ces chronologies "croisées" rend tout le récit vivant. Tout du long on peut entrevoir certaines fins tragiques.

Mon seul regret est que l'auteur n'ait pas abordé la fin tragique de Arbenz au Mexique (https://www.letemps.ch/monde/jacobo-arbenz-president-paria). Cela ressemble un peu au parcours malheureux du Shah d'Iran.

Les reconstructions des coups militaires, des "aides" américaines, le rôle des USA et .. la terrible conclusion sur l'interventionnisme américain dans toutes les Caraïbes, ayant finalement préparé le terrain à la vraie révolution, celle de Cuba, font état d'un monde qui a radicalement changé.  

L'histoire du Guatemala de l'époque est tragique car c'était le premier état avec des élections et un gouvernement légal, détruit par les USA. le reste allait suivre jusqu'au Venezuela d'aujourd'hui qui n'est plus que l'ombre de son histoire. Seule exception: le Costa Rica qui a miraculeusement traversé le temps en restant pacifique et démocratique, vraiment.
Actuellement l'intérêt des USA pour l'Amérique du Sud/Centrale est très relatif (les chinois se sont empressés de remplir le vide).

Ce livre nous permet de comprendre les événements des années 50 qui ont mené à la débâcle économique et démocratique actuelle. Tout est implacablement et logiquement résumé dans les 2 dernières pages.

Finalement, l'adage "vivons heureux, vivons cachés" devrait être complet et dire "cachés des USA"..

Aujourd'hui, l'Ukraine est le centre de l'attention mondiale .. il nous faudrait réfléchir quant à la sincérité des USA dans leur intervention acharnée.

bref, ce livre ouvre des perspectives de pensées et il est important de connaître ces événements.

Muchas gracias señor MVL
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