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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La folle danse langagière des soupapes de sûreté d'un monde qui écrase, réduit et in-signifie, transformant les vies en spectaculaires obsessions de l'instant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/25/note-de-lecture-la-semaine-perpetuelle-laura-vazquez/

Microcosme, monde en petit, société réduite aux acquêts, soigneusement entretenue (même si la désinvolture semble y être une culture essentielle) par les obsessions de chacune et de chacun, sous des formes mutantes et inquiétantes, dès qu'on les observe de près. La mère décédée, le père ivre de nettoyage préventif et de conformité pour éviter d'attirer l'attention du pouvoir, quel qu'il soit, et les ennuis qui iraient fatalement avec. le fils Salim, poète instagrammatique du quotidien, pour qui tout est matière à coq-à-l'âne, à tentative de réenchantement, à télescopage spectaculaire (marchand d'une autre espèce), à mise en scène permanente du minuscule et du dérisoire qu'il s'agit de hausser chaque fois au niveau d'une préoccupation fondamentale et signifiante, au prix de contorsions intellectuelles inimaginables de prime abord (« Salim aima deux images dans son téléphone »), avec l'aide au rebond de son ami Jonathan, à la névrose encore plus visible, ou mieux dissimulée, selon le point de vue adopté. La fille Sara tente parfois désespérément de maintenir quelque sens dans la danse frénétique des instants sans lendemain véhiculée par les millions de voix solipsistes d'internet (« Parfois, Sara se demandait si c'était réel »). Quelques voisines ou voisins, fantomatiques ou ponctuellement incarnés, quelques (peut-être nombreux – qui sait vraiment ?) followers enthousiastes à l'attention si fugace malgré leur omniprésence, surtout lorsque l'un d'entre eux s'incarne en colocataire, des accidents de parcours à recycler séance tenante et incessamment, une logorrhée à tous niveaux essentielle qui doit faute de mieux faire tenir ces vies, si ce n'est debout en tout cas en vacillement non létal.

Avec cette « Semaine perpétuelle », publiée en août 2021 aux éditions du Sous-Sol, Laura Vazquez nous offre une impressionnante plongée, accompagnée de tourbillons et de vertiges, dans l'enfer d'un vide contemporain comblé à toute force par les obsessions envahissantes, érigées en systèmes de vie – ou de survie, systèmes diablement claudicants malgré leur vocation à marquer leurs micro-territoires sur les réseaux. Mobilisant sous forme de flashes lancinants, doucereux ou aveuglants, des dizaines d'instants magiques et sordides, absurdes et décalés, cette poésie de l'accumulation mixe avec une frénésie communicative des motifs pénétrants parfois aperçus dans des compagnies littéraires aussi diverses que Perrine le QuerrecLa ritournelle », 2017), Gary ShteyngartSuper triste histoire d'amour », 2010), William KotzwinkleFan man », 1974), Antoine BreaRoman dormant », 2014), Pierre BarraultL'aide à l'emploi », 2019), Alexander Dickowle premier souper », 2021), Arno CallejaLa mesure de la joie en centimètres », 2020), ou encore Frédéric ArnouxMerdeille », 2020). En forgeant ce langage-là, elle est capable de confronter les métaphores littéraires les plus imaginatives et sophistiquées à la boue des clichés les plus ordinaires, et d'examiner de près ce qui en résulte. Là où un Jean-Marc Agratile chien a des choses à dire », 2004) pratique avec un brio extrême, dans ses nouvelles, une terrifiante et hilarante ascèse de la perte de sens, Laura Vazquez organise au contraire la danse frénétique des soupapes de sûreté de cette insignifiance généralisée, largement portée à son degré de combustion spontanée par les miroirs grossissants enchevêtrés des réseaux dits sociaux, pour nous offrir une dantesque coulée volcanique de poésie de la profusion, de l'accumulation et de la tentative d'échappée explosive (ou d'une formidable poétique de l'idiotie comme l'évoque Lucien Raphmaj dans son superbe article de Diacritik, à lire ici).
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le jeune Salim, sa soeur Sara. le père. L'ami Jonathan. La mère disparue. La grand-mère mourante. Et les flux. Les flux du réseau les afflux de questions. Une histoire en forme de quête poétique, une langue qui ressasse qui chante qui hante ; un objet littéraire unique, élégant et brutal.
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C'est une expérience de lecture intense. C'est à la fois compliqué et facile à lire. Parfois on se perd un peu, puis on retrouve le fil. le dispositif est intéressant. Il y a de très beaux passages. On a envie d'y retourner. C'est mystérieux. On ne sait pas trop où on va mais on y arrive enfin. On comprend. C'est beau, voilà tout.
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Laura Vazquez a une façon tout à fait inédite de dire le monde (celui de l'Internet et des réseaux sociaux particulièrement), de l'interroger sans cesse. Son énergie et sa créativité vous électrisent et vous ébouriffent. Clairement, son roman ne ressemble à aucun autre et gagne à être connu. C.G
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Écrit avec une prose si particulière qu'il faut parfois faire des pauses et se demander ce qu'on lit et dans quel monde on se trouve.

Un texte expérimental et accessible, qui résonne plus qu'il ne parle.

Parfois on s'en fiche de la fin, tant les moyens sont superbes.
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