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EAN : 9782365779869
448 pages
Urban Comics Editions (05/07/2019)
4.45/5   22 notes
Résumé :
Jason Woodrue, un brillant scientifique, vient de découvrir une créature au cœur d'un marais de Louisiane.
Le monstre végétal éveille sa curiosité de chercheur ainsi que celle de son patron, lequel décide de se l'approprier. Mais la créature humanoïde est habitée par la mémoire d'un homme, et n'entend pas se laisser faire...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce tome contient 2 recueils VO.

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Livre I - En 1971, Len Wein et Bernie Wrightson créent un prototype de Swamp Thing dans le numéro 92 du mensuel House of secrets. En 1972, ce héros a droit à sa propre série mensuelle qui durera 24 épisodes. Les premiers sont réédités dans Swamp Thing, Intégrale : La créature du marais avec de magnifiques illustrations de Bernie Wrightson. En 1982, DC Comics relance une nouvelle série mensuelle dont Alan Moore prendra la responsabilité à compter du numéro 20. le présent recueil regroupe les épisodes 20 à 27 de cette série.

L'épisode 20 est écrit par Alan Moore avec des dessins de Dan Adkins. Il sert d'épilogue aux épisodes précédents et il n'avait jamais été réédité précédemment. Avec l'épisode 21, Alan Moore change les règles du jeu. Swamp Thing a été capturé par l'entreprise Sunderland dont le PDG demande à Jason Woodrue (Floronic Man) de pratiquer une autopsie sur le corps du héros. Les résultats sont inattendus et redéfinissent le personnage de Swamp Thing. Par contre, Alan Moore décide de rester dans le genre d'origine de la série : les récits d'horreur. Il conserve également plusieurs personnages récurrents dont Abigail Arcane et Matthew Cable.

Les épisodes 22 à 24 sont consacrés au retour de Swamp Thing dans son marais et à la mégalomanie galopante de Jason Woodrue. Après les révélations sur sa véritable nature, Swamp Thing plonge dans un état végétatif le temps que sa conscience accepte la réalité. Woodrue a suivi cet être extraordinaire pour pouvoir l'étudier et il recueille une racine pivotante (taproot) s'étant développée sur le corps de Swamp Thing. Après l'avoir ingéré, Woodrue devient persuadé qu'il est missionné par la vie végétale et qu'il doit éliminer toute vie humaine pour faire cesser le massacre des plantes et des forêts. La Justice League (Superman, Hawkman, Firestorm, Green Lantern, Flash, Wonder Woman, Green Arrow) a bien du mal à savoir comment intervenir.

Dans les 3 derniers épisodes, Abigail Arcane a trouvé un emploi dans un institut pour enfants en difficulté. Matthew Cable perd lentement mais sûrement toute emprise sur la réalité. Une ville en bordure du marais subit les manifestations surnaturelles d'une créature se nourrissant des peurs des individus. Et Jason Blood (individu habité par un démon appelé Etrigan) arrive en ville pour intervenir dans la situation.

"Swamp Thing" est la série qui a fait connaître Alan Moore aux États-Unis, après qu'il se soit fait un nom en Angleterre. Len Wein (éditeur de la série) décide d'embaucher Moore, et Karen Berger (responsable éditoriale) autorise l'auteur à faire ce qui lui plait. Alan Moore commence par redéfinir le personnage sur une base logique en béton. Puis il développe petit à petit ce monstre dans un monde où l'horreur règne en maître.

Avec cette relecture de ce classique, ce qui m'a le plus impressionné, ce sont les illustrations. La majeure partie des épisodes (7 sur 8) est illustrée par Stephen Bissette et encrée par John Totleben. Ces 2 créateurs commencent par donner une texture crédible à toute la flore qui apparaît dans le marais. En particulier la surface extérieure du corps de Swamp Thing se couvre de racines, d'herbes en tout genre, de fleurs, et même d'insectes. Ensuite ils prennent grand soin de la faune qui fréquente ce marais. Ils font ressortir la nature, le cycle des saisons, toute la vie du marais en tant qu'écosystème. La mise en page de Bissette est encore assez sage, mais son goût pour les monstres est déjà apparent. Il publiera d'ailleurs par la suite une anthologie consacrée à l'horreur (Taboo) qui accueillera les premiers épisodes de From Hell. Ce qui transfigure ces dessins assez sages, c'est l'encrage minutieux, méticuleux et inventif de John Totleben (l'illustrateur de Miracleman, une série mythique d'Alan Moore). Cet homme apporte un soin exceptionnel à donner une unité visuelle aux différents personnages, à rendre spécifique chaque visage, chaque expression. Il faut également rendre hommage au travail de Tatjana Wood pour sa mise en couleurs. À l'époque de la parution de ces épisodes, la mise en couleurs n'était pas informatisée et la palette était très réduite. Pour autant elle évite le recours aux couleurs criardes et elle décline les différentes nuances d'une même teinte. Ses mises en couleurs représentent une avancée incroyable par rapport à ce qui se pratiquait à l'époque.

Dès le début, Alan Moore sauve du naufrage cette série qui vivotait et l'emmène dans des régions inexplorées, ou quittées par les comics depuis l'instauration de l'outil d'autocensure de cette industrie (le Comics Code Autority). Swamp Thing change fondamentalement de nature et lutte contre les manifestations d'horreur surnaturelle. À ce titre, l'intrusion de la Justice League montre à quel point Swamp Thing n'est déjà plus dans le monde des superhéros. Les personnages prennent une épaisseur psychologique sans commune mesure avec ce qui existe dans les comics de l'époque. L'introspection de Swamp Thing après la dissection et avant de reprendre conscience est inventive, intéressante, pénétrante et captivante. La lutte contre Woodrue est vite expédiée et très logique, même si le dénouement est un peu simpliste. La lutte contre le monstre surnaturel marie l'horreur des violences faites aux enfants avec l'angoisse liée à la perte de contrôle, à la perte de prise sur la réalité.

Comme d'habitude quand je me replonge dans une série que j'ai lue il y a longtemps, j'éprouve quelques appréhensions à savoir si cette lecture restera plaisante ou si le poids des ans me la fera apparaître vieillie et surévaluée. En ce qui concerne Swamp Thing, j'ai eu l'heureuse surprise de constater que tout le plaisir de lecture est intact et que je suis devenu capable de mieux distinguer ce qui rend ces histoires si savoureuses.

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Livre II : épisodes 28 à 34, ainsi que le numéro annuel 2.

Dans l'épisode 28, Swamp Thing doit faire son deuil d'Alec Holland. Les dessins sont de Shawn McManus. Les introductions permettent d'apprendre que Karen Berger (la responsable éditoriale de la série) s'était assurée qu'Alan Moore disposerait d'une grande liberté créatrice pour la série. Cette première histoire permet à Moore de mener à son terme logique la révélation relative à l'essence de la créature des marais. Le lecteur assidu de ce scénariste constate l'amour obsessionnel de la logique d'Alan Moore qui développe ses récits avec une cohérence en béton. Shawn McManus n'a pas la personnalité de Bissette et Tottleben, ses dessins sont un peu plus ronds, un peu plus comics. Pour autant, ses illustrations ne déparent pas trop.

Dans les épisodes 29 et 30, Abigail Cable perd la raison et devient la victime d'un personnage qui avait péri dans un précédent épisode. Ces 2 épisodes sont dessinés par Stephen Bissette, le premier encré par John Tottleben, le second par Alfredo Alcala. Cette histoire s'inscrit dans le registre des récits d'horreur basé sur la peur des insectes, la violation des corps et la possession psychique. Il est assez amusant de voir passer une référence au méga crossover (Crisis on Infinite Earths) de l'époque qui souligne à quel point Swamp Thing s'est déjà irrémédiablement éloigné de l'univers DC classique. Pour cet épisode Alcala a pris son temps et il a essayé de s'aligner sur le style de Tottleben. Le résultat est visuellement satisfaisant.

Dans l'épisode suivant, Swamp Thing se déchaine contre le méchant de l'histoire. Là aussi, le lecteur prend en pleine figure le fossé grandissant qui sépare cette série de celles où les héros portent leur slip par dessus leur pyjama. Swamp Thing va droit au but sans prendre de gant, il n'y a pas de joute verbal à base de quolibets ou de démonstration pyrotechnique de force ou de pouvoir. Le combat se déroule en 2 pages. Les dessins sont de Rick Veitch, encrés par Tottleben. Cette combinaison permet de mieux apprécier ce qui fait la spécificité des dessins de Bissette.

Dans l'épisode annuel, Swamp Thing retrace le chemin de Dante pour retrouver l'âme d'Abigail. Il sera aidé par 4 guides successifs : Boston Brand (Deadman), Phantom Stranger, Jim Corrigan (Spectre) et Jason Blood (Demon). Alan Moore s'amuse avec les différentes approches de la religion en vigueur dans l'univers DC. Bissette et Tottleben sont en pleine forme, en particulier Tottleben qui commence déjà à expérimenter avec les collages (à l'ancienne avec des ciseaux) pour créer des fonds inédits, irréels et parfois abstraits.

L'épisode 32 est consacré à un hommage à un comic strip de Walt Kelly : Pogo. Une équipe d'extraterrestres arrive sur terre à la recherche d'un havre bucolique et Swamp Thing leur sert de guide. Alan Moore joue la carte de l'écologie, sans mièvrerie, mais avec un peu de simplisme. Il expérimente également avec le langage en dotant ces extraterrestres de mots inventés contractant 2 mots en 1 seul (assez savoureux une fois que mes neurones se sont habitués à la gymnastique). Cet épisode est à nouveau illustré par Shawn McManus dans un style qui évoque fortement Wally Wood. Ce style mêlant personnages cartoons avec des décors plus réalistes sert à la perfection le scénario.

L'épisode 33 permet aux dessinateurs habituels de se reposer car il comprend l'histoire originale du prototype de Swamp Thing par Len Wein et Bernie Wrightson enchâssée dans des pages de Moore dessinées par Ron Randall. C'est l'occasion pour Alan Moore de rendre un nouvel hommage aux histoires d'horreur publiées par DC Comics dans ses 2 anthologies : House of Secrets (House of Secrets) et House of Mystery (House of Mystery). C'est le retour d'Abel et de Cain qui seront récupérés des années plus tard par Neil Gaiman dans la série Sandman (mais c'est une autre histoire). Ron Randall effectue des dessins soignées et détaillés qui ne déparent pas dans ce recueil.

Ce tome se termine par un épisode qui dépasse tous les autres : Swamp Thing et Abigail Cable se disent leur amour et s'unissent d'une manière très originale. Alan Moore écrit l'histoire d'une relation amoureuse naissante sous la forme d'un trip hallucinatoire, d'une ode à la nature et d'un poème écologique magnifique. Bissette et Tottleben ont soigné leurs illustrations comme jamais. Ceux qui ont déjà lu des scénarios d'Alan Moore savent qu'il inclut des myriades de détails et des descriptions minutieuses qui vont de la mise en page au contenu de chaque case. Pour autant, la créativité et l'originalité de ce tandem éclatent dans chaque page. Ils peuplent le marais d'une faune et d'une flore plus vraie que nature. Ils ont choisi un registre graphique qui n'appartient plus à celui des dessins pour enfants ou pour adolescents. De la même manière que Moore s'est libérée des obligations spécifiques aux superhéros (fini la scène de combat obligatoire, la tirade sur le bien et le mal, etc.), Bissette et Tottleben ont abandonné le style simpliste et naïf des comics traditionnels pour des illustrations moins rondes, parfois moins plaisantes à l'oeil, plus abstraites, une figuration du temps plus complexe, etc. Ce sont toutes ces raisons qui font de cette paire de créateurs (Bissette + Tottleben), les illustrateurs de référence de cette série.

Ce tome procure un plaisir de lecture sans égal, parfois un peu simple (plus en tout cas que les productions ultérieures de Moore), avec des histoires sans cesse plus inventives, plus créatives.
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Lorsqu'il s'empare de la série the swamp thing , Alan Moore inverse un schéma classique, l'homme devenu un monstre à cause d'une expérience ratée, pour en faire une oeuvre originale et profondément fantastique. La créature devient un être végétal questionnant sa part d'humanité. On devine ce qui précède grâce au scénario efficace. Les clins d'oeil littéraires, cinematographiques et picturaux pullulent déjà chez Moore (le film don t look away, Goya, Shakespeare, etc). Des scènes poétiques à l'étrange beauté, mêlant horreur et paradis vert, se succèdent. A partir de "the sleeping of reason", débarrassé d'obligations narratives de la série, le récit peut prendre toute son ampleur. Celle d'un conte terrifique d'excellente facture.
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Un des meilleurs comics paru, avec un travail remarquable d'Alan Moore au scénario. Ce comics est sombre, poreux, presque un cauchemar long de 415 pages. En fait malgré ces pages noires et sombres, partout ce recueil respire l'espoir, la vie qui renaît et le combat contre la sauvagerie des humains qui veulent piller les ressources de cette planète. Toute cela jusqu'à la dernière histoire avec ces planches magnifiques qui imposent de tourner le livre afin d'en voir toute la magnificence. Un must du Comics.
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critiques presse (2)
BDZoom
20 août 2019
Culte et émouvant, indispensable et tragique, poétique, expérimental et visionnaire… les adjectifs manquent pour décrire ce qui est souvent qualifié comme l’une des meilleures séries de comics de tous les temps.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Sceneario
09 août 2019
La lecture de ce premier volume nous éblouit. Beaucoup de très beaux moments ("Leçon d'anatomie", le magnifique "Le Sacre du Printemps", l'émouvant "Pog"…) qui rendent l'objet savoureux et précieux !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je me refuse à geindre ou à pleurer pour ces statues aux hurlements muets. Elle périront comme elles vivaient...des moutons sous la hache du boucher. Dans les abattoirs, bien loin de leur pré, aucune larme ne coulera en mon royaume. Car ils ne sont que des hommes, et les hommes ne sont que chariots en folie.
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Il existe un monde rouge, en colère. Où se meuvent des choses rouges. Un monde qui dévore votre femme, dévore vos amis, dévore toutes ces choses qui vous rendent humain.
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