Ce livre, qui a reçu un prix
De l'Académie Française à sa parution, ouvre des fenêtres passionnantes sur les révolutions de février et d'octobre, en décrivant le contexte de la décomposition des armées Russes.
On est saisi par la manière dont la numériquement si faible minorité bolchévique a pu prendre le pouvoir, s'appuyant sur la lassitude exaspérée des troupes et leur haine de leur hiérarchie pour promouvoir des modes de surveillance des décisions dans l'armée par des soviets dans les unités, et la suppression des sanctions pour désobéissance, toutes mesures sur lesquelles les bolchéviques reviendront dès qu'ils auront pris le pouvoir. La guerre civile, générée par les famines qu'ils auront eux-même suscitées par la désorganisation des marchés de produits alimentaires, les obligera à reconstituer une armée susceptible de faire face aux révoltes, donc une armée organisée, avec une hiérarchie reconstituée, et des sanctions sévères remises en application dans les cas de désobéissance.
Ce sera alors l'organisation de la terreur, dans des conditions dont la similitude avec les méthodes et les succès de l'État Islamique en Irak et Syrie dans les années 2010 me semble frappante, y compris dans la manière de reconstituer une armée professionnellement en situation de répondre aux défis qu'elle doit relever, par la réintroduction massive d'officiers de l'ancienne armée russe, étroitement surveillés par les représentants du parti que sont les commissaires politiques.
Les détails des opérations contre les armées blanches sont parfois un peu pesant, mais l'information donnée n'est jamais une simple addition de renseignements par simple plaisir d'historien, mais contribue en permanence à donner une vision de l'attitude des responsables et des acteurs de toutes les parties concernées, et de se faire une idée des déterminants de leurs réussites ou de leurs échecs.
Un livre passionnant
Je pense que, dans un contexte mondial qui a complètement changé, les leçons d'une telle histoire conservent bien des aspects très utiles à méditer.
Venner était d'extrême droite, mais, comme l'écrit
Benoît Rayski : « Aucune des idées de
Dominique Venner n'était mienne. Mais l'homme peut parfois échapper par son courage et sa noblesse à la gangue idéologique qui lui tient lieu d'armure »