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Le Mercure de France (01/01/1935)
4/5   3 notes
Résumé :
Choix de poèmes
avec une préface d'Albert Heumann
une bibliographie et un portrait
de Émile Verhaeren

Dixième édition
1917

Beaucoup de lecteurs des premières éditions du Choix de Poèmes ont constaté dès différences entre certains textes du présent volume et ceux d'éditions d'ouvrages d'Émile Verhaeren qu'ils possèdent. Nous croyons devoir indiquer ici que ces variantes proviennent de corrections, de suppress... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'ACTION

Lassé des mots, lassé des livres,
Qui tiédissent la volonté,
Je cherche, au fond de ma fierté,
L'acte qui sauve et qui délivre.

La vie, elle est là-bas, violente et féconde.
Qui mord, à galops fous, les grands chemins du monde.
Dans le tumulte et la poussière,
Les forts se sont pendus à sa crinière
Et, soulevés par elle et pax ses bonds.
De prodige en prodige.
Ils ont gravi, à travers pluie et vent, les monts
Des audaces et des vertiges.

L'action!
J'en sais qui la dressent dans l'air
Tragiquement, sur ciel d'orage,
Avec des bras en sang et des clameurs de rage
D'autres qui la rêvent sourde et profonde,
Comme une mer
Dont l'abîme repousse et rejette les ondes.
J'en sais qui l'espèrent vêtue
Du silence charmeur des fleurs et des statues.

J'en sais qui l'évoquent partout
Où la douleur se crispe, où la démence bout.

J'en sais qui la cherchent encore,
Durant la nuit, jusqu'à l'aurore,
Alors déjà qu'elle est debout, au seuil
Doux et serein de leur orgueil.

La vie en cris ou en silence,
La vie en lutte ou en accord,
Avec la vie, avec la mort,
La vie âpre, la vie intense,
Elle est là-bas, sous des pôles de cristal blanc
Où l'homme innove un chemin lent ;
Elle est ici dans la ferveur ou dans la haine
De l'ascendante et rouge ardeur humains:

Elle est parmi les flots des mers et leur terreur
Sur des plages dont nul n'a exploré l'horreur ;
Elle est dans les forêts aux floraisons lyriques,
Qui décorent les monts et les îles d'Afrique ;
Elle est où chaque effort grandit,
Geste à geste, vers l'infini,
Où le génie extermine les gloses,
Criant les faits, montrant les causes
Et préparant l'élan des géantes métamorphoses.

Lassé des mots, lassé des livres.
Je cherche en ma fierté
L'acte qui sauve et qui délivre.

Et je le veux puissant et entêté.
Lucide et pur, comme un beau bloc de glace ;
Sans crainte el sans fallace,
Digne de ceux
Qui n'arborent l'orgueil silencieux
Loin du monde, que pour eux-mêmes.

Et je le veux trempé dans un baptême
De nette et large humanité,
Montrant à tous sa totale sincérité
Et reculant, en un élan suprême.
Les frontières de la bonté.

Oh! vivre et vivre et vivre et se sentir meilleur
A mesure que bout plus fervemment le cœur;
Vivre plus clair, dès qu'on marche en conquête;
Vivre plus haut encor, dès que le sort s'entête
A dessécher la sève et la force des bras ;
Rêver, les yeux hardis, à tout ce qu'on fera
De pur, de grand, de juste en ces Chanaans d'or
Qui surgiront, quand même, au bout du saint effort;

Oh ! vivre et vivre, éperdument,
En ces heures de solennel isolement,
Où le désir attise, ou la pensée anime.
Avec leurs espoirs fous, l'existence sublime.

Lassé des mots, lassé des livres.
Je veux le glaive enfin qui taille
Ma victoire, dans la bataille.

Et je songe, comme on prie, à tous ceux
Qui se lèvent, héros ou Dieux,
A l'horizon de la famille humaine;
Comme des arcs-en-ciel prodigieux,
Ils se posent sur les domaines
De la misère et de la haine ;
Les effluves de leur exemple
Pénètrent peu à peu jusques au fond des temples,
Si bien que la foule, soudain,
Voulant aimer, voulant connaître
Le sens nouveau qu'impose, avec ardeur, leur être
Aux énigmes du destin,
Déjà forme son âme à leur image,
Pendant que disputent et s'embrouillent encor,
A coups de textes morts,
Les prêtres et les sages.
Alors, on voit les paroles armées
Planer sur les luttes et les exploits
Et, clairs, monter les fronts et, vibrantes, les voix
Et — foudre et or — voler au loin les Renommées ;
Alors aussi, ceux qui réchauffaient leurs âmes
Au vieux foyer des souvenirs
L'abandonnent et saisissent l'épée en flamme
Et s'élancent vers l'avenir !
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CUISSON DU PAIN
Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au pétrin.

Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur gorge remuait dans les corsages pleins.
Leurs deux poings monstrueux pataugeaient dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.

Le bois brûlé se fendillait en braises rouges
Et deux par deux, du bout d'une planche, les gouges
Dans le ventre des fours engouffraient les pains mous.

Et les flammes, par les gueules s'ouvrant passage.
Comme une meute énorme et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage.
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L'ABREUVOIR
En un creux de terrain aussi profond qu'un antre,
Les étangs s'étalaient dans leur sommeil moiré.
Et servaient d'abreuvoir au bétail bigarré.
Qui s'y baignait, le corps dans l'eau jusqu'à mi-ventre

Les troupeaux descendaient, par des chemins penchants :
Vaches à pas très lents, chevaux menés à l'amble.
Et les bœufs noirs et roux qui souvent, tous ensemble,
Beuglaient, le cou tendu, vers les soleils couchants.

Tout s'anéantissait dans la mort coutumière.
Dans la chute du jour : couleurs, parfums, lumière,
Explosions de sève et splendeurs d'horizons;

Des brouillards s'étendaient en linceuls aux moissons,
Des routes s'enfonçaient dans le soir — infinies,
Et les grands bœufs semblaient râler ces agonies.
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LE GEL
Sous le fuligineux étain d’un ciel d’hiver,
Le froid gerce le sol des plaines assoupies,
La neige adhère aux flancs râpés d’un talus vert
Et par le vide entier grincent des vols de pies.

Avec leurs fins rameaux en serres de harpies,
De noirs taillis méchants s’acharnent à griffer,
Un tas de feuilles d’or pourrissent en charpies ;
On s’imagine entendre au loin casser du fer.

C’est l’infini du gel cruel, il incarcère
Notre âme en un étau géant qui se resserre,
Tandis qu’avec un dur et sec et faux accord

Une cloche de bourg voisin dit sa complainte,
Martèle obstinément l’âpre silence — et tinte
Que, dans le soir, là-bas, on met en terre un mort.
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Poésie - Le péché - Emile VERHAEREN
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