Fêtes galantes - Romances sans paroles (précédé de) Poèmes saturniens

Je n'ai pas vraiment été séduit par ces Fêtes Galantes. Pourtant, Verlaine est un excellent versificateur ; c'est incontestable. Mais, je n'y ai pas retrouver ce que je cherche en poésie : la puissance évocatrice du vers, notamment. Ce que je trouve dans le Spleen de Paris ou dans Les Chimères a manqué aux Fêtes Galantes. Ce sont de beaux vers, mais je n'en ait pas été ému ; je me suis même ennuyé à lire ces vers beaux, esthétiques, travaillés ; il a manqué l'alchimie qui fait aimer un bon poème, l'alchimie qui crée le contact entre le lecteur et un poème, la sensibilité, l'émotion, il n'y a que le bon vers et il n'y a pas l'émotion. Je n'ai pu être subjugué par aucun de ces poèmes. J'ai eu le poème, je n'ai pas eu la poésie ; j'ai eu le vers qui caractérise le poème, mais non sa poésie. La poésie, la capacité du poème à me bouleverser, à m'évoquer quelque chose, à m'enchanter m'a manquée.
Une rencontre ratée pour moi, donc.

Plaisir de disposer dans mon ordinateur ou sur ma liseuse, de l'ensemble de ces poèmes par lesquels je suis née vraiment, longues, longues années il y a, à la poésie, au plaisir qui peut naître des formes jusqu'alors enseignées, à l'impair (rare il est vrai dans ce recueil, mais on le sent) ; poèmes qui ont toujours chanté, un peu, en sourdine, quelque part à l'arrière de mon crâne.

Jusqu'à ce jour, le seul poète qui a vraiment su me toucher, me parler, n'était autre que le célèbre et talentueux Charles Baudelaire. Un homme qui connaît souvent l'unanimité auprès de ses lecteurs, qu'ils soient amateurs ou non. Mais à l'instant où j'écris ces mots, voilà que Paul Verlaine vient s'installer dans un petit coin de mon coeur poétique.

Sa douceur, à la fois discrète mais tellement évidente, s'impose à la lecture comme son mélange de la rêverie arrive à taquiner la réalité. Les tonalités musicales, automnales et mélancoliques s'accordent dans une harmonie qui s'inscrit pas forcément dans la composition des vers. Ce tournoiement des sons, des couleurs et des sentiments n'ont pu que me toucher et me saisir par cette beauté poétique qui m'a toujours semblé inaccessible.
Et voilà qu'aujourd'hui, journée ensoleillée, je me réconcilie avec la poésie.

Badineries littéraires d'un passionné de son temps et de ses proches.
Traits d'hommes et de société profilant caractères et couleurs de chacun dans leur force et leur désir.
Peintures de coeurs et de sentiments se faisant fêtes à l'encre du poète.
Dans ces élans de passion, les sentiments s'inscrivent en vers sur des pages de vie plus froissées de désespoirs et d'attentes qu'ensoleillées par ces hiers qui se voulurent heureux et galants …

J'ai peu d'affection pour cet homme qui révolvérisa Rimbaud et ne comprit que bien tard sa révolution, qui entretint une relation sans honneur avec sa femme, et qui mourut des complications de l'alcoolisme à l'hôpital Broussais. Mais j'ai le souvenir tenace des poèmes appris jadis, qui montrent sa maitrise de la forme et son génie du pastiche (voir Dans la grotte, cité par ailleurs). Je pense à lui chaque semaine : sur la place Paul Verlaine, Paris 13ème, un puits artésien alimente la piscine où j'ai mes habitudes.

Entrez dans le théâtre de la poésie. Entrez dans les Fêtes Galantes de Paul Verlaine; des invités de prestige y sont attendus: Pierrot, Clitandre, Colombine ou encore Arlequin. le thème du théâtre, influencé par la commedia dell'arte, trouve sa place dans le recueil, au même titre que le thème du jardin, de la plage, ou bien de la musique. En 1867, le premier poème du recueil, "Clair de lune" est publié sous le nom de "fête galante" par la gazette rimée. Verlaine l'a sûrement trouvé révélateur pour en faire le titre général de son oeuvre. « Fêtes galantes » est un emprunt au genre pictural d'Antoine Watteau, nommé « peintre en festes galantes ». Cette référence inspira Verlaine à écrire les tableaux de Watteau, en les décrivant et en versifiant les principales atmosphères qui émanaient des peintures . Les vingt-deux poèmes composant le recueil sont donc pleinement inspirés de ce genre pictural du XIIIe siècle. Verlaine transmet une écriture légère, douce et printanière, qui vous donne envie de passer des heures à lire dans un jardin aux odeurs de lilas en fleurs. Une simplicité, une légèreté que le maître seul sait manier, et qui vous font vibrer aux grès des rimes.

Des poèmes de types festif, tournant autour du badinage amoureux.. le premier poème annonçant le thème de tout le reste du recueil, mon préféré étant "L'amour par terre".