Éloge d'un musicien sentimental :
Verlaine peut agacer, énerver par sa mièvrerie. On aimerait le prendre par l'épaule, lui dire : "Paul, arrête de boire. Tu as l'absinthe sinistre. Gémissements, pleurs, regrets, remords, tu en fais trop ! Tu vas te ruiner en mouchoirs !"
Saturnien de tempérament, il aime les lieux louches, les situations glauques et les plaisirs faciles. Les gouffres du mal le fascinent. Flirter avec sa propre mort, quelle danse du scalp !
Mais les fées, penchées sur son berceau, ont béni le pleurnichard : "Tu seras poète, la musique de tes vers irriguera le monde !"
Verlaine rêve de paradis perdu, de pureté, de conversions foudroyantes. Après chaque chute, il se relève, reprend sa route chaotique. Jamais il ne renonce à boire à la source apollinienne. Poète à l'oreille absolue, il compose une musique subtile, pleine de nuances.