Poèmes saturniens

J'avais un peu de mal avec Verlaine, il me semblait trop sombre, complexe et son univers me mettait mal à 'aise. de plus, nourri d'alexandrins, je n'arrivais pas à me faire à l'impair. je préférais Rimbaud, peut-être parce qu'il était moins mystérieux, plus adolescent. Et récemment, je l'ai retrouvé, retrouvé son lyrisme certes triste mais si fort et si profond qu'on est finalement emporté dans son mal être. C'est une très belle poésie, un peu hermétique mais belle à étudier.

Mon rêve familier, après trois ans, aux soleils couchants dans une promenade sentimentale, le rossignol fait entendre dans les bois sa chanson d'automne.

Cauchemar de l'angoisse de l'initium.

Monsieur Prudhomme, à une femme, Marine, femme et chatte pour cette reconnaissance de sentiments et de séduction, le dahlia se fait offre.....

Echos de mélancolie et de tendresses à relire et découvrir.

Je ne lis malheureusement pas assez de poésie, mais que lire et écouter Verlaine est beau ! Oui, c'est un aède antique, un troubadour médiéval, un poète sacré de l'Inde, qui, comme ces modèles illustres qu'il convoque dans son "Prologue" chante les beautés mélancoliques et voluptueuses du monde. Oui, il faut écouter la musique de ses vers, si originale et mélodieuse. Mais Verlaine convoque aussi tous nos autres sens, nous donnant envie d'aimer - tendrement, mais aussi sauvagement parfois, car en le lisant, il nous fait respirer les parfums des fleurs du jardin au crépuscule, caresser les courbes sensuelles d'une femme - seule la dernière strophe nous révèle que Marco est une femme, dévorer ses lèvres de baisers, contempler la grandeur d'un océan ou le charme d'un jardin.
Lui qui se veut en-dehors du monde et de son histoire, de sa politique, écrit quelques poèmes que j'ai moins appréciés, évoquant César Borgia ou Philippe II. Hugo manie mieux l'engagement et la dénonciation de l'Inquisition...
Le dernier poème, "l'Epilogue" est ainsi très beau, car il réunit les roses du jardins, le chant des oiseaux, les étoiles, pour célébrer son Inspiration, son art,
"Et toi, vers qui tintais, et toi, Rime sonore,
Et vous, Rythmes chanteaux, et vous délicieux
Resouvenirs, et vous Rêves, et vous encore,
Image qu'évoquaient mes désirs anxieux", personnifiant voire déifiant ce qui fait son talent même.

J'attendais beaucoup de ce recueil de Verlaine, le premier qu'il ait publié, mais ai été déçu. Pourquoi donc ?
Certes, au fil des pages, on lit avec plaisir certains poèmes tels que Après trois ans, Mon rêve familier ou Monsieur Prudhomme, pour leur simplicité et leur sincérité. Ils figurent d'ailleurs à juste titre dans maints manuels scolaires. Peut-être est-ce là que le bât blesse, d'ailleurs. Les manuels ne sont guère que des anthologies qui nous offrent trompeusement de belles fleurs. On croit que tout Verlaine est ainsi, et quelle déception à la lecture de l'ensemble du recueil !
On y sent le débutant à la recherche de sa voie, qui hésite et se fourvoie du côté de Baudelaire ou de V. Hugo. D'où, à coté de quelques poésies, pures délectations jouissives où rythme et musicalité annoncent les oeuvres futures, on retient surtout une attitude et une profession de foi trop parnassiennes qui ne passent plus guère, ou alors seulement à titre d'histoire littéraire, comme dans Épilogue. On sent trop l'insincérité de celui qui s'amuse à épater en jouant avec les clichés éculés (Femme et chatte, par exemple) ou à provoquer par des chutes qui se veulent fortes (Une grande dame).
Bref, certaines pages sont ou trop longues ou illisibles, et n'intéressent plus que chercheurs et thésards. Il est heureux pour lui qu'il ait évolué vers une poétique différente, sans quoi son art vers d'affreux naufrages eût appareillé…

Musicalité, allégories magnifiques, en effet tout y est.
J'ai cependant un peu bloqué, perplexe sur la chute de caprice/une grande dame...à me demander si j'étais capable de différencier l'oeuvre de l'artiste...peu être pas, car c'est aussi lui qui nous met en perspective ses écrits.

souvenir de lecture en suivant l'éphéméride...
30 mars 1844 naissance de Paul Verlaine, poète



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