Ayant lu il y a longtemps l'intégralité des dix tomes de la chasse aux hommes, me souvenant par une vue d'ensemble de la saga, il m'était donc impossible d'écrire une critique pour chacun d'eux, n'ayant plus en mémoire leur contenu spécifique. Il restait donc la solution de relire l'ensemble pour détailler les forces ou faiblesses de chacun d'eux.
Le rendez-vous est donc le premier de cette relecture. Paul Vialar a donné a chacun de ses chapitres le titre des tomes suivants. Il déroule donc ce premier opus dans le contexte d'une chasse à courre, depuis le petit matin jusqu'au soir, moment de la curée pour les chiens si la bête de chasse perd la partie.
Mais, la bête de chasse n'est pas seulement le cerf poursuivi. Elle est aussi celui qui organise cette chasse, annonçant à son épouse, la veille au soir, qu'elle sera sa dernière et qu'il y trouvera la mort comme sans doute le cerf.
Paul Vialar réalise une construction parfaitement structurée de son roman, introduisant chacun des personnages, avec des accents balzaciens, détaillant leurs corps et leurs âmes. le marquis de Viborne est le héros dans cet ultime rendez-vous, il porte toute la noblesse de son rang, il connaît et pratique les vertus de l'honneur et du sacrifice, pourvu que ce dernier ne soit pas vain.
On découvre aussi sa future veuve, Angèle de Viborne, leurs enfants et ceux que l'on pourrait qualifier de courtisans, dotés pour certains de pouvoirs considérables, l'argent pour l'un, les arcanes de la politique pour un autre. Tous ces portraits sont déroulés avec une qualité littéraire peut-être désuète aujourd'hui mais d'un niveau que l'on rencontre rarement chez les contemporains du XXIe siècle, à l'exception de quelques-uns.
C'est donc un rendez-vous réussi avec la Sologne, ses arbres, ses étangs, sa faune, des amours impossibles, d'autres qui se profilent contraints, tous les ingrédients d'une très belle saga.
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Des portes ouvertes, il ne venait qu'une odeur de litière, de paille déjà séchée par la bise du matin. Et cette brume qui stagnait sous les arbres avait aussi son odeur, celle qu'elle gardait en elle de cette nuit d'hiver, pourtant gelée, qui venait de s'écouler : celle des souches d'arbres, de la feuille morte, de la pourriture de l'humus, d'une bête crevée.
Ce n'était qu'un animal, mais il était semblable à tous les hommes traqués, à tous les hommes, pareil à celui qui était Dieu et qui acceptait de souffrir comme un homme et qui tombait, se relevait, tombait encore, sous le poids d'une croix trop lourde.
Elle aimait marcher seule sous les futaies. Tout ce qui était végétal l'attirait : les arbres d'abord, qui s'élançaient vers le ciel et mouvement et qu'elle avait vus dans un livre comparés à des prières; les fleurs du printemps; mais ce qu'elle goûtait surtout, c'était la grandeur, la pureté sans limite de ce qui l'entourait, la chaleur du soleil qui vous chauffe lorsque un peu haletante d'avoir marché on s'assied au bord du fossé ou sur un tronc d'arbre abattu d'où coule la sève comme le sang d'une blessure.
Ils étaient heureux ces hommes-là, chez qui il n'y avait pas de place pour le doute!
C'était le silence absolu, obscur lui aussi, immobile comme les bêtes ramassées sur elles-mêmes à cause du froid, comme les insectes qui pourtant, l'été, composent ce murmure, ce chant bruissé, qui sourd du sol chaud, monte le long des arbres, rejoint l'espace toujours lumineux du zénith.
18 mai 1976
Paul Vialar présente et joue avec ses chiens, Quick et Ismaël, Cocker Spaniel. Il parle également d'Isidore le Cocker qu'il a offert au Shah d'Iran. Il parle de l'importance des chiens dans la vie des hommes qui apportent énormément d'amour. Le Cocker Quick caliné par le petit fils Edmond. Images d'archive INA
Institut National de l'Audiovisuel