Le plongeon

J’ai tout quitté. Des fois, j’ai l’impression que je me suis quittée moi-même. Tu comprends ? (page 41)

Excusez-moi, je n’ai pas vu le temps passer.
- c’est bon signe !
- En fait, si. Je le vois passer, le temps, très lentement. Tout est tellement… différent ici. Les horaires, le rythme, ça ne ressemble à rien de ce que je connais. (page 21)

Il a fait encore deux fugues cette semaine, je n’en peux plus. J’ai tout le temps peur pour lui.

Ah, des nouveaux !
- Il a pas l’air frais, le papi.
- C’est un peu le principe ici. Non ? On n’est pas de première fraîcheur. (page 46)

J’ai un peu peur, petit Tom. Peur de la suite, des mots qui vont s’effacer, comme des souvenirs. J’oublierai ton prénom, peut-être. Si j’oublie ton prénom, tue-moi. (page 39)

J’ai horreur du couvre-lit. Tissu rêche, couleur moche, poussière cendre. Couleur mort, on dirait qu’ils le font exprès. (page 15)

J'ai eu vingt ans ici,...
J'ai eu trente ans ici, ...
J'ai eu quarante ans ici, ....
J'ai eu cinquante ans ici, ...
J'ai eu soixante ans ici, ....
J'ai eu quatre vingt ans ici, ....
Je n'aurai plus rien ici, aucune fête, aucune chute, plus aucune nuit d'amour. Je n'ouvrirai plus les volets sur le matin frais. Je ne m'assiérai plus, un verre à la main pour contempler le soleil se coucher.
Je pars?
page 12

-Ma peur, c’est de perdre la mémoire. Oublier tout, les prénoms, la vie d’avant.
-Ouais, ça et sentir que nos corps nous échappent, chaque jour un peu plus.
-Et que la mort rôde, aussi. C’est vrai ça, non? Je la vois qui rôde autour de nous.
-La mort, je m’en fous. Je crois en Dieu! UH! (Ayoye mon dos!!)
Eh ben ça a pas l’air réciproque! Hé Hé Hé Hé Hé

Tu vois, Martial, c'est tout ça qu'on voudrait.
La fragilité de l'amour et des baisers.
Peut-être tout revivre, entendre encore les voix aimées. On n'aura rien de tout ça et on le sait bien. Alors donne-nous quelques heures de liberté, choisis le lieu, on se débrouillera pour le reste.

- Vous n’avez plus 15 ans, Yvonne
- Non, en effet, c’est d’ailleurs pour ça que vous allez me parler sur un autre ton. Et m’appeler Madame Lhermitte, je préfère.