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Critique de cedratier


« Iceberg », Tanguy Viel (Editions de Minuit 120p)
Voici donc un essai sur la littérature, sur l'écriture, sujets a priori qui ont tout pour m'intéresser. Visites chez les grands auteurs appréciés de TV, dans leurs oeuvres comme dans leurs bibliothèques, c'est le chemin auquel il nous invite. Il s'interroge par exemple sur la pertinence du journal intime (publié), celui du moins qui suit le fil des jours. Ainsi nous dit-il « Je me retrouve plus volontiers dans cette déclaration d'Anaïs Nin disant :'Si j'étais un véritable auteur de journal comme Pepys ou Amiel, je me contenterais de consigner, mais ce n'est pas le cas, je veux remplir les intervalles, transformer, étendre, approfondir, je veux cette floraison ultime qui vient de la création.' » Et de reprendre à son compte la formule de Robert Pinget : "S'il y avait moins de paresseux, il y aurait moins de journaux intimes". J'ai pourtant regretté à ce propos qu'il ne questionne guère de manière plus illustrée cette tendance majeure de la littérature contemporaine du récit autofictionnel, tellement auto et si peu fictionnel, à la lecture d'auteurs vivants.
Et je relève quelques phrases, citations ou passages qui m'ont touché, fait réfléchir. Citations de Viel ou qu'il reprend d'autres écrivains. Dans le désordre, au fil de mes coups de crayons ou de pages cornées :
« (…) Il est si difficile (…) de séparer la vie psychique (de l'auteur NDR) de l'oeuvre. »
Ou cette autre, qu'il emprunte à Michel de M'Uzan : « Car s'exprimer sans plaire — disait le texte — expose l'écrivain à être rejeté dans sa solitude et son impuissance, (…) mais d'un autre côté plaire sans s'exprimer, c'est-à-dire renoncer à sa vérité au nom d'une satisfaction narcissique immédiate, c'est s'infliger à coup sûr une blessure narcissique autrement plus profonde puisqu'elle touche aux racines mêmes de l'être. »
J'avais beaucoup aimé « Article 353 du code pénal », tant au niveau de l'intrigue que de la langue choisie pour en rendre compte. J'avais aussi apprécié « La fille qu'on appelle », mais avec déjà une réserve certaine par rapport à son écriture, que j'avais trouvée alambiquée. Là, c'est encore plus difficile à lire. Il n'y a pas le fil de l'intrigue (ce qu'on ne reprochera pas à un tel texte, quoique), mais la lourdeur de la prose se fait ici vite indigeste. Les phrases de moins d'une demi-page sont rares, celles d'une page ou plus assez fréquentes, et comprenant régulièrement trois ou quatre idées différentes. Il y a tant d'auteurs de romans (Milan Kundera, Daniele Sallenave, Erri de Luca, Lydie Salvayre, Belinda Cannone …), qui savent « essayer » (tiens, ne manque-t-il pas un mot pour dire ‘écrire des essais'), sans nous imposer une telle lourdeur, nous donnant accès plus clairement à leur pensée. Ici, malgré quelques apports intéressants, c'est ce qu'il m'aura manqué, même s'il est possible que ma lecture ait été trop superficielle et/ou fragmentée (Est mea culpa).
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