Toujours le même humour, la même culture chez Vila-Matas. le même poids des écrivains du passé qui ont déjà tout dit. Ce labyrinthe d'érudition sans issu, où le peu que le lecteur a le bonheur de capter au passage n'efface pas le sentiment d'être passé à côté de beaucoup de références.
Ici, Vila-Matas s'est penché sur sa jeunesse, ses années d'apprentissage d'écrivain, poseur désespéré, dans le Saint-Germain-des-Prés des années 70. Ce livre est placé sous le double patronage d'
Hemingway et de
Duras, représentant chacun une voie opposée et qui semblent toutes les deux bouchées. Il fait un portrait très convaincant de
Duras, sa logeuse, en terrible prospectrice, presque inquisitrice, s'exprimant dans un français supérieur, que lui, pauvre catalan exilé, ne comprend pas. Paris n'a pas vraiment été une fête pour lui, il n'y pas vécu « pauvre et heureux » comme
Hemingway, mais « pauvre et malheureux » et il s'il s'en sort, ce n'est que grâce à l'ironie. Constant volte-face.
«
Paris ne finit jamais » n'est pas le livre le plus virtuose de Vila-Matas, mais il m'a confirmé dans l'idée que cet auteur était en train de construire une oeuvre de grande qualité. On peut regretter un manque d'évolution, mais finalement Vila-Matas n'a jamais vraiment prétendu se considérer comme autre chose qu'un imposteur. Très réjouissant à lire.