AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

André Gabastou (Traducteur)
EAN : 9782264041784
291 pages
10-18 (17/08/2006)
3.76/5   54 notes
Résumé :
À l'occasion d'une conférence qu'il doit donner à Barcelone, un écrivain revient sur ses années de bohème et d'apprentissage littéraire à Paris. Sous la figure tutélaire d'Ernest Hemingway, il dit son amour pour cette ville à travers les souvenirs de ses premiers pas dans l'écriture. Maniant en maître l'ironie et la digression, Enrique Vila-Matas nous offre une promenade décalée, à la fois tendre et grinçante, dans la mythique capitale.
Que lire après Paris ne finit jamaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 54 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis
Le narrateur, qui est aussi l'auteur, se remémore, à l'occasion d'un voyage et d'une conférence qu'il doit donner, les années qu'il a passé à Paris pendant sa jeunesse, années pendant lesquelles il a tenter de débuter une entrée en littérature. Cette carrière littéraire naissante a été placée sous le haut patronage d'Ernest Hemingway, et le livre de Vila-Matas revendique l'héritage du fameux « Paris est une fête ». Mais le jeune aspirant littéraire espagnol n'a pas la même personnalité, ni le même état d'esprit que le grand Américain : il soutient qu'il a été très malheureux pendant son séjours parisien. On peut le croire à demi, car le maître mot de son ouvrage, comme de la conférence qu'il est censé donner, est l'ironie. C'est donc avec la même distance et le même second degré que l'auteur, que le lecteur doit aborder la lecture de ce livre.

Au-delà des tribulations de notre jeune homme, qui nous livre finalement relativement peu de factuel, et des choses, somme toute, relativement banales, ou métaphoriques, c'est à la littérature que le livre s'intéresse avant tout. On pourrait presque remplacer le Paris du titre, par la littérature, qui n'a ni de début, ni de fin. le souvenir d'Hemingway, est précédé par la réminiscence d'autres auteurs qui l'ont précédé, comme évidemment Proust, mais bien d'autres encore. Et il y a les auteurs de l'époque du fameux séjour parisien de Vila-Matas (années 70 du siècle dernier), dont certains sont toujours en activité. Évidemment Marguerite Duras, qui loge l'apprenti écrivain dans une chambre de bonne, où d'autres célèbres ou moins célèbres sont passés avant lui. Il en fait un portrait amusant, mais tendre aussi, entre dérision et admiration. Mais d'autres passeront, surtout en tant que silhouettes. C'est d'ailleurs extraordinaire à quel point Vila-Matas croise presque à chaque pas des célébrités, des gens connus, qu'il admire ou découvre. Mais c'est sans doute que dans son livre, il fait le choix de ne se souvenir que de ces moment-là, comme si c'était la seule chose qui subsistait de son passage dans la capitale française. de même, les lieux qu'il évoque, sont toujours plus ou moins liés à la littérature, il ne semble rechercher que ces lieux-là. Plutôt que de visiter des musées ou lieux touristiques habituels, il préfère se rendre devant un immeuble banal, mais où un jour, un écrivain a vécu, ou un événement en lien avec la littérature a eu lieu. Même si plus rien ne semble rappeler ces moments-là, ils vivent dans les livres, et dans la mémoire de l'auteur. Ils sont éternels par la grâce du mot. le monde de la littérature est aussi réel que le monde physique, et c'est le premier que l'auteur explore et partage avec nous.

C'est brillant, drôle, touchant aussi, et il est tellement agréable de faire ce voyage, de voir des lieux connus sous cet angle différent, celui des réminiscences littéraires, sans que cela soit pédant. Sans doute un certain nombre de références échappent à tout lecteur, tant le livre en regorge, mais c'est au final sans grande importance. Chacun peut y retrouver tel ou tel auteur, livre, moment de l'histoire littéraire ou culturelle. Et sourire à la fine ironie de l'auteur, qui cache sous une légèreté et désinvolture apparente, un rapport au livre et à la culture, une sorte de philosophie élégante du rapport au monde.
Commenter  J’apprécie          223
Émouvante autobiographie de Enrique Vila-Matas, qui, au début de sa carrière d'écrivain, est venu à Paris et a été hébergé par Marguerite Duras. Vila-Matas nous raconte avoir voulu imiter et réincarner Ernest Hemingway pour qui Paris était une fête et représentait une période de sa vie, sa jeunesse, où il avait été pauvre et heureux alors que Vila-Matas, tout aussi pauvre, se vivait malheureux.

Ce texte romancé est soi-disant celui préparé pour une conférence qui doit durer trois jours, je vous l'assure, où Vila-Matas doit parler du thème de l'ironie et quoi de plus ironique que le regard porté sur ces années de jeunesse marquées par le doute par celui qui a été en définitive reconnu.

Idéal à lire lors d'une escapade dans la capitale française car ce livre vous donne l'envie de suivre à la trace Vila-Matas et, tant qu'on y est, de repérer les endroits où le personnage principal de son roman Docteur Pasavento, se terrait dans Paris.
Commenter  J’apprécie          190
Vils-Matas nous livre, sur fond de références à Hemingway, un panorama non pas de Paris, mais de sa vie – littéraire – parisienne. Un récit constitué sur la base de ses souvenirs nés de deux années de pérégrinations et lamentations en capitale. La narration se découpe en courts chapitres, qui fonctionnent comme des unités-anecdotes: Vila-Matas vogue de citations de poètes espagnols à des histoires culinaires, met en lumière le caractère plutôt austère de Duras, nous explique de quoi sont partis certains de ses romans… Mais cet opuscule de deux-cents pages se révèle surtout comme un possible guide pour l'apprenti écrivain. Vils-Matas étant lui-même novice en littérature, il nous livre les conseils reçus mais ne se cantonne pas seulement à ça: il prend du recul par rapport à tout ceci, analyse les conseils donnés des années auparavant et disserte quelque peu. Car Vila-Matas ne cesse de se poser des questions, qui débouchent sur d'autres interrogations, d'autres doutes. Un roman qui peut se lire comme un recueil de chroniques, mais qui affichent un soucis de cohérence narrative.
Commenter  J’apprécie          70
Paris ne finit jamais est le roman d'apprentissage de Vila-Matas, largement autobiographique. À plus de cinquante ans, l'auteur accompli revisite avec ironie son passé d'aspirant écrivain. Au milieu des années 70, il a vécu deux ans à Paris, dans une chambre de bonne appartenant à Marguerite Duras. Il planche alors sur son premier roman, sous l'égide de la figure paternelle d'Ernest Hemingway. En dehors de sa pauvre mansarde, il côtoie la faune du Café de Flore et le cercle d'amis de sa logeuse. Mais, le fourmillement ambiant n'exclut pas la solitude, le manque d'assurance et le découragement.

Les 113 courts épisodes s'enchainent rapidement, avec beaucoup de plaisir. La prose de Vila-Matas est intelligente, touchante et souvent très drôle. Je recommande ce livre notamment aux amateurs de Duras. Chacune de ses apparitions dans le récit est pittoresque. Avec son français « supérieur » aux oreilles du jeune Espagnol, elle excelle dans l'art de poser une colle.
Commenter  J’apprécie          50
Toujours le même humour, la même culture chez Vila-Matas. le même poids des écrivains du passé qui ont déjà tout dit. Ce labyrinthe d'érudition sans issu, où le peu que le lecteur a le bonheur de capter au passage n'efface pas le sentiment d'être passé à côté de beaucoup de références.
Ici, Vila-Matas s'est penché sur sa jeunesse, ses années d'apprentissage d'écrivain, poseur désespéré, dans le Saint-Germain-des-Prés des années 70. Ce livre est placé sous le double patronage d'Hemingway et de Duras, représentant chacun une voie opposée et qui semblent toutes les deux bouchées. Il fait un portrait très convaincant de Duras, sa logeuse, en terrible prospectrice, presque inquisitrice, s'exprimant dans un français supérieur, que lui, pauvre catalan exilé, ne comprend pas. Paris n'a pas vraiment été une fête pour lui, il n'y pas vécu « pauvre et heureux » comme Hemingway, mais « pauvre et malheureux » et il s'il s'en sort, ce n'est que grâce à l'ironie. Constant volte-face.
« Paris ne finit jamais » n'est pas le livre le plus virtuose de Vila-Matas, mais il m'a confirmé dans l'idée que cet auteur était en train de construire une oeuvre de grande qualité. On peut regretter un manque d'évolution, mais finalement Vila-Matas n'a jamais vraiment prétendu se considérer comme autre chose qu'un imposteur. Très réjouissant à lire.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Après tout, c'est une question de patience, je serai, un jour, un bon écrivain. Mais je me souviens aussi que j'ai été, à cet instant, assailli par une foule de questions : Et pourquoi, diable, ne suis-je pas déjà ce bon écrivain que je serai un jour ? Que me manque-t-il pour l'être ? Vie et lectures ? Est-ce ce qui me manque ? Et si je n'arrive pas à être, un jour, un bon écrivain ? Que serais-je alors ? Serai-je toute ma vie un jeune homme sans expérience ni lectures, incapable d'écrire bien ? Pourrai-je le supporter ?
Commenter  J’apprécie          110
Un matin d'hiver, je me promenais avec Arrieta dans le Jardin du Luxembourg quand, dans une allée secondaire, nous avons aperçu un oiseau noir et solitaire, presque immobile, lisant le journal. C'était Samuel Beckett. Vêtu rigoureusement de noir des pieds à la tête, il était assis sur une chaise, figé comme une statue, il avait l'air désespéré, il faisait peur. Et on avait même du mal à croire que c'était lui, que c'était Beckett. Jamais je n'avais pensé que je pourrais le rencontrer. Je savais que ce n'était pas un classique mort, mais quelqu'un qui vivait à Paris, toutefois je me l'étais toujours imaginé comme une obscure présence survolant la ville, nullement comme quelqu'un qu'on rencontre en train de lire désespérément un journal dans un vieux parc solitaire et froid. De temps à autre, il tournait une page avec une telle irritation et une telle énergie que si le Jardin du Luxembourg tout entier s'était mis à trembler, nous n'en aurions guère été étonnés. Arrivé à la dernière page, il avait l'air à la fois absorbé et absent. Faisait encore plus peur. "C'est le seul à avoir eu le courage de nous montrer que notre désespoir est si grand que nous n'avons même pas de mots pour l'exprimer", a dit Arrieta.
Commenter  J’apprécie          40
"Un conseil, voilà ce qu'il me faut, de l'aide pour le roman." Cette fois, Marguerite a parfaitement compris. "Ah, un conseil" a-t-elle dit, et elle m'a invité à m'asseoir dans l'entrée (comme si elle me trouvait très fatigué), a éteint lentement sa cigarette, l'a posée dans le cendrier qui était là et s'est dirigée, de façon un peu mystérieuse vers son bureau, dont elle est revenue, une minute plus tard, avec une feuille de papier qui ressemblait à une ordonnance de médecin et contenait des instructions qui pouvaient - m'a-t-elle dit ou ai-je cru comprendre - m'aider pour écrire mes romans. J'ai pris la feuille et suis directement sorti dans la rue. Dans la rue Saint-Benoît, j'ai lu, peu après, les instructions et ai senti tout le poids du monde fondre d'un seul coup sur moi, je me souviens encore aujourd'hui de l'immense panique - du frisson qui m'a secoué, pour être plus précis - qui s'est emparé de moi quand je les ai lues :
1. Problèmes de structure. 2. Unité et harmonie. 3. Thème et histoire. 4. Le facteur temps. 5. Effets textuels. 6. Vraisemblance. 7. Technique narrative. 8. Personnages. 9. Dialogue. 10. Cadres. 11. Style. 12. Expérience. 13. Registre linguistique.
Commenter  J’apprécie          30
Je crois que je ne vais pas tarder à m’absenter d’ici. Je m’en irai avec ma conscience qui a toujours été pour moi une ironie croissante qui, à mesure qu’elle se fortifiait et grandissait, tendait en même temps et paradoxalement à disparaître. Chose que j’ai découverte à mesure que je vivais et que s’agrandissait cette conscience, qui ne serait rien sans l’ironie. Je m’en irai d’ici pour me dissoudre, me dissocier, me désintégrer, réduire à néant tout désir de personnalité ou de conscience, toute nostalgie de Paris. Après tout, ironiser, c’est s’absenter.
Commenter  J’apprécie          30
"J'allais beaucoup au cinéma voir India Song. Pour une raison ou pour une autre, j'étais toujours en train de voir India Song, le meilleur film de Duras. Si quelqu'un ne l'avait pas vu, je l'accompagnais. Je l'ai très souvent vu quand il est sorti, couronné de succès en 1975 dans plusieurs salles de Paris, je l'ai très souvent vu et il m'a toujours fasciné, en outre je le considérais comme quelque chose qui m'appartenait un peu, peut-être parce que j'avais très souvent assisté au tournage, surtout au palais Rostchild du bois de Boulogne, à deux pas des lieux où, deux mois auparavant, nous avions, un soir, cherché, elle et moi, des putains déguisées en premières communiantes." (p. 166)
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Enrique Vila-Matas (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enrique Vila-Matas
L'écrivain espagnol Enrique Vila-Matas vient partager au Collège de France sa vision toute singulière de l'écriture.
Radicalement pas original (Bastian Schneider) Extrait de la grande conférence du 24 mars 2017 avec la participation de Dominique Gonzalez-Foerster
Plus d'information : https://www.college-de-france.fr/site/grandes-conferences/Enrique-Vila-Matas.htm
Le dernier livre d'Enrique Vila-Matas, Mac et son contretemps, vient de sortir aux éditions Christian Bourgois.
Enrique VILA-MATAS est né à Barcelone en mars 1948. Son oeuvre a été presque dans sa totalité publiée chez Christian Bourgois Editeur : Abrégé d'histoire de la littérature portative, Suicides exemplaires, Enfants sans enfants, Bartleby et compagnie, le Mal de Montano, Paris ne finit jamais, Docteur Pasavento, Explorateurs de l'abîme, Journal volubile, Dublinesca, Perdre des théories, Impressions de Kassel, Marienbad électrique, Mac et son contretemps. Elle a été traduite en 37 langues et couronnée par de nombreux prix littéraires : le prix Médicis étranger, le prix Rómulo Gallegos, le prix Rulfo, le prix Ennio Flaiano, le prix Elsa Morante, le prix Mondello, le prix Gregor von Rezzori, le prix Formentor, le prix national de Catalogne Chevalier de la Légion d'honneur en France, membre du convulsif Ordre des Chevaliers de Finnegans', fondateur de la Société de "Réfractaires à l'abrutissement général" (Nantes), et recteur (inconnu) de l'Université inconnue de New York. Divers ouvrages critiques ont été publiés sur son oeuvre ainsi qu'un livre d'entretiens avec son traducteur français actuel.
Découvrez toutes les ressources du Collège de France : https://www.college-de-france.fr
Suivez-nous sur : Facebook : https://www.facebook.com/College.de.France Instagram : https://www.instagram.com/collegedefrance Twitter : https://twitter.com/cdf1530
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
autres livres classés : littérature espagnoleVoir plus
Notre sélection Littérature française Voir plus


Lecteurs (123) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
89 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}