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André Gabastou (Traducteur)
EAN : 9782264036148
285 pages
10-18 (01/12/2004)
3.74/5   29 notes
Résumé :
À soixante-dix ans, Federico Mayol se voit expulsé du domicile conjugal, sa femme ayant décidé de consacrer le peu de temps qui lui reste à vivre à découvrir qui elle est. Désemparé, Mayol entreprend un voyage vertical qui est surtout une descente dans les abîmes de sa propre psyché. « Comment sauver son âme après s'être fait plaquer. Dans une langue altière et baignée d'un humour virtuose, le Barcelonais Vila-Matas nous fait partager un magnifique voyage initiatiqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
A plus de soixante-dix ans, Federico Mayol est congédié brutalement par son épouse qui désire, dorénavant, découvrir qui elle est réellement et le découvrir seule. Pour un homme fier comme Mayol, qui a travaillé toute sa vie à la tête de sa propre compagnie d'assurance, qui est devenu un parlementaire respecté en Catalogne, le coup est terrible. Il est même incompréhensible tant son épouse s'est montrée dévouée à lui toute sa vie. Qu'importent ses questions : il doit partir.

Les premiers jours, Federico erre dans Barcelone, comme un vieux monsieur qu'il est, fréquentant son club où il n'a que des connaissances et un seul ami, lesquels lui conseillent de voyager. L'idée est originale pour un authentique Barcelonais qui n'est jamais mieux que dans sa ville. Mais Federico y consent, pensant d'abord provoquer des regrets chez son épouse et souhaitant trouver un endroit où reprendre vie, ou bien trouver belle mort.

A Porto, à Lisbonne puis à Madère, perdue dans l'Atlantique, Federico s'abîme en lui-même et se met en quête de qui il est. le voyage prend plusieurs sens : celui, premier, du déplacement physique entre les lieux selon son envie et le hasard - ainsi Federico est-il guidé par un oracle bien contemporain, résidant dans les programmes télévisuels des hôtels où il loge - mais aussi celui, second, du voyage intérieur.

Revenant sur l'événement fondateur de sa vie, à savoir la guerre civile espagnole qui brisa net ses rêves d'étude et le poussa à travailler très jeune, Federico en est venu à mépriser la culture et ses florissantes branches : les arts, la littérature, l'inutilité. Partant, c'est avec une certaine agressivité qu'il exprime envers son fils cadet, Julian, artiste peintre, de loin le plus méprisé de ses trois enfants (l'aînée, Maria, trompe son ennui en trompant son mari et le puîné, Ramon, a repris les assurances Mayol à la tête desquelles il éprouve un profond malaise - révélation qui, faite après la terrible rupture annoncée par sa femme, ébranle encore Mayol en lui découvrant l'échec de sa vie professionnelle).

Plongée dans la profondeur de l'esprit, des événements d'une vie, mais aussi élévation par la connaissance de soi permise par l'introspection, et par la découverte de nouveaux champs de connaissance auparavant ignorés voire méprisés. A Madère, Mayol apparaît enfin comme il n'a jamais été. Il y fait la connaissance de son biographe, le narrateur du livre, gérant de l'hôtel Bom Jesus et accessoirement le nouveau mari de la femme du neveu de Mayol, Pablo, être qui se laisse porter par son malheureux destin et s'enferme dans l'alcool et se morfond. En devenant un personnage de roman, donc de fiction, Mayol endosse pourtant une matérialité certaine que sa vie durant, il n'avait pu acquérir.

Roman d'apprentissage, qui prend pour héros un homme dont l'âge, en théorie, ne permet plus aucun apprentissage (p. 280), le voyage vertical est un livre de questions et de remises en question. Aux éternelles interrogations métaphysiques - que faisons-nous sur cette Terre ? La réussite dans la vie a-t-elle un sens ? le malheur et le regret sont-ils des données obligatoires de nos vies ? -, Vila-Matas ne répond pas ; il préfère s'en servir pour peindre des tableaux de ports, et il les contourne en disant que rien n'est arrêté tant que nos vies ne le sont pas.
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le dixième livre de cet auteur barcelonais connu pour être le chantre de la métalittérature. Ici, le livre est de lecture aisée, drôle par moments quoique passablement transcendant en raison des problèmes métaphysiques qu'il soulève. C'est un roman d'apprentissage, même s'il s'agit d'un apprentissage après 70 ans, très tardif. C'est un voyage vertical avec une recherche métaphysique à partir d'un sujet en crise.
Federico Mayol, 70 ans et une vie réussie, se voit annoncer par son épouse qu'il doit quitter le domicile conjugal, car elle souhaite se retrouver après 50 ans d'abnégation envers lui et la famille.
Ses amis lui conseillent de partir loin, de commencer quelque chose ailleurs...
Peut-on recommencer à 70 ans ?
C'est le voyage vertical de Federico, vers le sud, mais ce voyage est une métaphore d'un voyage intérieur qui devra assumer l'étrangeté de nouveaux endroits, reflets d'une fuite vers une folie ou la mort.
Un film pour la télévision a été tourné par la réalisatrice catalane Ona Planas en 2008, détenteur de plusieurs prix.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Julia demande à son époux Federico Mayol de quitter définitivement le foyer conjugal après cinquante ans de mariage, le lendemain de leur soirée de noces d'or. Elle souhaite se retrouver seule pour redécouvrir une identité qu'elle a vu s'effacer au fil des années, au profit de la carrière et de la personnalité écrasante de son mari, homme d'affaires ambitieux et nationaliste catalan convaincu. Un effacement mis en abyme dans ce voyage vertical, car Enrique Vila-Matas nous plonge non pas dans l'introspection de Julia, mais dans celle de Federico lui-même. le septuagénaire n'a subitement d'autre choix que celui d'entreprendre un long voyage sans retour, au cours duquel il prendra peu à peu conscience de sa solitude et de ses échecs: échec de son mariage, de sa relation avec ses trois enfants, de cet exil absurde et soudain au Portugal, après toute une vie à Barcelone.

Ce personnage, à la fois irritant et attendrissant, prisonnier d'une fierté obsessionnelle et aveuglante, mais finalement non dépourvu de sensibilité, devient par une subtile et troublante construction narrative le protagoniste idéal du roman de Pedro, jeune Sévillan venu s'installer à Madère pour se consacrer à l'écriture. Servie par un sens de l'humour et un art du récit remarquablement maîtrisés, la déroute de Mayol incarne en réalité un traumatisme profond et bouleversant : celui de toute une génération longuement et brutalement privée de culture et de libertés suite à la guerre civile espagnole.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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A la découverte de soi
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ici dans cette île de palmiers et d'éternité où, tous les jours, je plonge ma plume dans l'encre et où le temps, dans son théâtre fondé sur le calme et l'absence de vent, passe pour moi aussi lentement et facilement, parce que ici la vie est facile, ma montre très lente et, de plus, pourquoi le nier ? Je ne suis qu'un débutant, le débutant le plus lent.
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Quand on voyage avec quelqu’un, me dit-il, on a toujours tendance à trouver ce qui nous entoure étrange, tandis que si on voyage seul, c’est toujours soi qui est étrange.
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J’ai le sentiment que tant que tu ne visiteras pas de ville que tu ne connais pas, tu te maintiendras en vie.
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Videos de Enrique Vila-Matas (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enrique Vila-Matas
En dialogue avec Tiphaine Samoyault Interprète : Manuela Corigliano
Un narrateur en panne d'inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d'herbe : l'attirail classique de l'écrivain romantique qui aspire à la gloire d'Hemingway. Paris est une fête, c'est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l'essence de l'écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l'impossibilité de l'écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l'espace de fiction pour transformer la vie en littérature. de digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l'intelligence du propos, la générosité de l'auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.
Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s'est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.
À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l'espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
+ Lire la suite
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