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André Gabastou (Traducteur)
EAN : 9782264039231
398 pages
10-18 (01/09/2005)
3.98/5   58 notes
Résumé :
" Le Mal de Montano", de l'Espagnol Enrique Vila-Matas, est un labyrinthe où se croisent Montaigne, Perec et Musil ; où se mêlent l'essai philosophique, le journal intime, le roman picaresque.
C'est aussi la réponse d'un écrivain de l'absurde, fasciné par les auteurs sans œuvre, à la disparition de la littérature. Vertigineux d'érudition et d'émotions. Avec un humour terrifiant et une intelligence électrique, Enrique Vila-Matas joue avec les mots en musicien ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Enrique Vila-Matas est décidément un auteur hors du commun.

Il nous entraîne à nouveau dans son univers très particulier peuplé des fantômes des écrivains qu'il affectionne, nous narre toute la difficulté d'être un écrivain dans un monde littéraire qui favorise le nombre sur la qualité, -même en matière de culture, vous vous rendez compte !- et nous entretient ici de la fin de la littérature, au sens où il l'entend.

C'est fou, c'est décalé, toujours empreint d'humour, surtout à l'égard de son propre personnage absurde. Vila-Matas ne se prend jamais au sérieux, que du contraire, et c'est ce qui séduit dans ses livres, et c'est par ce biais qu'il arrive à nous emmener dans ses folles promenades dans le brouillard, autrement dit sa perpétuelle introspection, quelque peu hallucinée, dans le monde désillusionné de l'écriture.

Un tout tout grand écrivain.

Cette oeuvre-ci n'est pas ma préférée toutefois. Mon grand coup de coeur reste, à ce jour, Docteur Pasavento.
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Je ne sais pas si j'ai réussi à comprendre ce livre mais il m'a donné des ailes! Les idées fusent à sa suite. Il me donne une furieuse envie d'écrire une fiction, de relire les classiques ou de poursuivre un journal intime arrêté depuis longtemps!

Serait-ce à ces particularités qu'on reconnaît un grand livre? Sans doute pas mais toujours est-il que les citations y abondent, extraites des plus grands oeuvres de toutes les époques et de tous les pays.

Voilà d'ailleurs le fond du problème: le narrateur, venu rejoindre Montano, son fils, libraire à Nantes, découvre qu'ils souffrent tous les deux du même mal de la littérature mais en sens contraire. Son fils, qui vient de publier un roman sur le cas énigmatique des écrivains qui renoncent à écrire, est à son tour paralysé par la page blanche. C'est le fameux Mal de Montano d'où le titre de l' ouvrage.

A l'inverse le père ne pense qu'à la littérature, ne vit qu'à travers elle et les écrivains qu'il connaît presque par coeur, se sent dépossédé de sa propre pensée par toutes les phrases et les références littéraires qu'il a engrangées durant toute sa vie et qui le parasitent. le fils souffre du vide, le père du trop plein!

Mais en réalité le mal est plus profond puisqu'il s'agit surtout du mal de la littérature elle-même qui se meurt de la mainmise commerciale et d'une production exagérée de romans qui la laisse exsangue. le remède serait le journal personnel comme le fait l'auteur en ce moment même mais on apprend alors que ce journal est une du journal fictif il passe alors au dictionnaire de ses diaristes préférés et la liste est longue. Je retiens ceux que j'aime le mieux. fiction puisqu'il n'a pas de fils.
ide: le journal de cet écrivain raconte l'histoire de quelqu'un qui a passé sa vie à essayer d'écrire un chef d'oeuvre et n'a pas réussi.
Witold Gonbrowicz: Il a évité de faire de son journal une confession. Sa volonté a été celle de se créer au fur et à mesure. Dire au lecteur: « C'est ainsi que je voudrais être pour toi » et non «C'est ainsi que je suis.»
le grand thème du journal intime du XXe siècle est la maladie.
Franz Kafka: Je ne crois pas qu'il y ait plus grand malade de littérature que kafka. Son journal est terrifiant. Il craignait que la littérature ne l'aspire, comme un tourbillon, jusqu'à ce qu'il se perde dan ses contrées sans limites.
Katherine Mansfield: conteuse tchékhovienne et diariste angoissée. Tuberculeuse, la maladie fut le pivot de sa vie tourmentée et elle parlait de façon obsessionnelle de son mal dans son journal, ce qui donne un rythme, une cadence, une régularité à son écriture.
William Somerset Maugham: Je partage avec Maugham la croyance que dans l'héroïque courage avec lequel l'homme affronte l'irrationalité du monde, il y a plus de beauté que dans la beauté de l'art.
Henri Michaux, Cesare Pavese, Fernando Pessoa, Sergio Pitol, Jules Renard, Paul Valéry et son Monsieur Teste.
Après quoi il écrit à son tour le journal d'un homme trompé C'est précisément parce que la littérature nous permet de comprendre la vie qu'elle nous maintient en dehors d'elle.
Le Mal de Montano se termine dans un chalet de montagne suisse par la lecture du Journal de voyage de Montaigne en Italie par la Suisse et l'Allemagne. Il y retrouve le salut de l'esprit.
Un salut de l'esprit lié au salut de la littérature que je juge indispensable pour pouvoir attendre le jour où on trouvera la façon infaillible de disparaître de ce monde et de le faire définitivement.
Je sais bien ce que je fuis mais non pas ce que je cherche. Montaigne.
Un livre difficile mais exaltant. Réservé probablement aux fous de littérature pure et dure.

Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Le livre commence le 15 novembre 2000 par une nouvelle intitulée le mal de Montano. Montano est un écrivain qui a arrêté d'écrire après avoir écrit un livre sur les écrivains qui ont arrêté d'écrire, c'est son mal. Un malade de littérature. le narrateur de cette nouvelle est le père de Montano, dont on peut soupçonner, grâce à une tragique scène hamletienne, qu'il n'est pas tout à fait étranger à la maladie de Montano. D'ailleurs il en est lui-même atteint, à la variante près qu'il n'est pas du tout agraphe, n'étant pas romancier, mais qu'il est enclin à tout penser à travers la littérature, ce qui provoque chez lui quelques altérations de la réalité un peu dangereuses (visites d'écrivains morts, dédoublement de personnalité, possession de son esprit). Suit un dictionnaire sur les écrivains qui ont rédigé des journaux intimes, le narrateur de la nouvelle précédente en profitant pour écrire lui-même, entre deux entrées, un journal où il explique que le mal de Montano n'est qu'une fiction très éloignée de la réalité et comment il l'a construite et grâce à quels éléments . Puis le narrateur fait une conférence à Budapest dans le cadre d'un Symposium International sur le Journal Personnel comme Forme Narrative et enfin, finit par écrire le journal d'un homme trompé.
C'est très compliqué de parler d'Enrique Vila-Matas. A cause de cette phrase qu'écrivit Kafka à son ami Max Brod et qu'il a repris à son compte : « Tu ne dois pas dire que tu me comprends. » Et donc, je n'ai rien compris. Mais j'ai lu le livre d'un merveilleux colleur de citations, d'un malade de littérature, d'un pasticheur hilarant ou cultivé, d'un affichiste de talent qui colle fictions sur fictions et les lacère pour créer une réalité plus vraie que nature. C'est l'écrivain d'autofiction le plus menteur et le plus sincère qui soit. Mais la principale vertu d'Enrique Vila-Matas c'est de maintenir le lecteur dans la littérature. Quand on a lu et aimé (c'est la même chose) Kafka et Musil, lire le mal de Montano c'est comme se retrouver à un dîner entre amis où la conversation légère et ironique cache mal une réelle intranquillité.
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«Mourir écrasé sous le poids de la grande Bibliothèque, voilà l'idéal auquel doivent tendre les auteurs contemporains.» (Enrique Vila-Matas)

«Le narrateur du Mal de Montano d'Enrique Vila-Matas souffre d'une sorte de «maladie littéraire» : il ne fait l'expérience du monde qu'à travers les livres écrits par les grands noms de l'histoire littéraire qu'il a lus. Il est condamné à se comprendre lui-même et tout ce qui l'entoure à travers la vie et l'oeuvre des auteurs qui l'obsèdent. Il écrit le Mal de Montano dans l'espoir de trouver un remède – de quitter la littérature grâce à la littérature.» (Lars Iyer, «Nu dans ton bain face à l'abîme» –Éd. Allia)

Je me souviens avoir découvert l'oeuvre d'Enrique Vila-Matas avec «Le Mal de Montano» (comme la plupart d'entre nous, je préfère me souvenir de mes premières fois que de mes fins).

Je me souviens de cette lecture comme d'une addiction, de mon éblouissement en découvrant ce labyrinthe littéraire, l'érudition et l'inventivité virevoltante d'Enrique Vila-Matas, d'une sensation de bonheur vertigineux à plonger dans ce livre inclassable, à cheval entre fiction et essai, à la fois récit de voyage, journal intime, essai et réflexion sur la mort de la littérature.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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" le mal de Montano" est le deuxième volet de la trilogie sur les "pathologies de l'écriture".Ce livre a été primé en Espagne (Herralde) et en France(Médicis Étranger).
Le mal de Montano est une maladie appelée "littératose".
Le protagoniste du roman est un critique littéraire qui va s'inventer un fils souffrant de cette pathologie et dont la vie est jalonnée de références et de personnages littéraires. Mais en même temps, ce critique littéraire se sait atteint du même mal et voudrait tellement sortir de cet engrenage pour revenir dans le monde réel.
Inutile de vous dire que cet opus regorge de citations littéraires tous azimuts, c'est la quintessence du style vila-matien: la métalittérature.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
La littérature, me suis-je dit, est assaillie, comme elle ne l'a jamais été jusqu'à présent, par le mal de Montano, qui est une dangereuse maladie de carte de géographie assez complexe, puisqu'elle est composée des provinces ou des régions maléfiques les plus diverses et les plus variées ; l'une d'elles, la plus visible et peut-être la plus peuplée, en tout cas, la plus mondaine et la plus niaise, assaille la littérature depuis qu'écrire des romans est devenu le sport favori d'un nombre de gens frisant l'infini ; il est difficile pour un dilettante de construire des bâtiments ou de fabriquer au pied levé des bicyclettes sans avoir acquis une compétence spécifique ; pourtant, tout le monde, se sent capable d'écrire un roman sans avoir jamais appris ne serait-ce que les rudiments du métier, et il se trouve aussi que la vertigineuse augmentation du nombre de ces écrivains a fini par porter grièvement préjudice aux lecteurs, plongés désormais dans une terrible confusion.
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Je peux à présent tranquillement dire qu'entre la vie et les livres, j'opte pour ces derniers qui m'aident à la comprendre. La littérature m'a toujours permis de comprendre la vie. Mais c'est précisément la raison pour laquelle elle me laisse en dehors d'elle. Je le dis sérieusement ; c'est très bien ainsi.
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Permettez-moi de vous dire que, depuis toujours, la littérature réelle, la vraie, s'est développée sereinement jusqu'à en devenir durable. Celle des maîtres des taupes de Pico, en revanche, n'est qu'apparence, parce qu'elle est pratiquée par des animaux qui se font passer pour des écrivains, leur littérature avance au galop en se frayant un passage au milieu du bruit et des cris de ceux qui la pratiquent et présente tous les ans des milliards d'oeuvres sur le marché, bien qu'au fil des années, on se demande où elles sont et ce qu'il est advenu de leur renommée si rapide et si bruyante ; il s'agit donc d'une littérature éphémère, à la différence de la vraie, qui est permanente, même si par les temps qui courent, la vraie doit faire de plus en plus d'efforts pour résister aux attaques des maîtres des taupes.
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Mon destin serait la solitude , la drogue , la violence et le suicide ...
Ecrire, c'est comme se droguer, on commence par pur plaisir et on finit par organiser sa vie comme les drogués en faisant tout tourner autour de son vice.
La littérature nous permet de comprendre la vie... Elle nous parle de ce qu'elle peut être, mais aussi de ce qu'elle a pu être.
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Maintenir un certain lien avec ceux qui nous ont précédés a toujours fait partie de notre condition humaine. Se souvenir des morts est quelque chose qui nous distingue de l'animalité.
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Videos de Enrique Vila-Matas (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enrique Vila-Matas
En dialogue avec Tiphaine Samoyault Interprète : Manuela Corigliano
Un narrateur en panne d'inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d'herbe : l'attirail classique de l'écrivain romantique qui aspire à la gloire d'Hemingway. Paris est une fête, c'est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l'essence de l'écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l'impossibilité de l'écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l'espace de fiction pour transformer la vie en littérature. de digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l'intelligence du propos, la générosité de l'auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.
Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s'est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.
À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l'espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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