Walther ‘'a besoin de partir'', de s'éloigner un peu de sa vie, de son foyer avec sa femme et son futur bébé. Prendre la route et paradoxalement se poser. Muni d'un sac à dos, il va de pays en pays, des Flandres à l'Espagne.
Dans cette première partie « le dehors du dedans… », il évoque les endroits qu'il parcourt et découvre, les paysages, les visages, les rencontres mais aussi ses humeurs, ses états d'âme. Sa vision, ses descriptions de son voyage sont parfois quelque peu pluvieuses et grises. Sûrement n'est-ce pas facile de voyager léger.
Presque tout le ramène à une sorte de tristesse, de mélancolie. Il évoque ces tranches de vie, les anecdotes de sa journée, ces petits gestes du quotidien, ces échanges, ces petits riens.
Walther est dans cette phase où justement il remarque tout et rien. C'est tout à la fois un voyage où il observe les plus infimes petites choses qui l'entourent et un voyage intérieur.
Chaque paragraphe est une observation sur les choses ou lui-même, une réflexion, une pensée douce, délicate, parfois triste. Des paragraphes comme autant de poèmes…
Dans ce premier roman, Thomas Vinau nous offre une poésie du quotidien dans laquelle on s'immerge. Peu à peu, on récolte un peu de lui, un peu de nous, de nos espoirs déçus, de nos peurs incontrôlables, de tous ces petits riens du quotidien qui font notre vie. Et c'est en observant chacun de ces petits moments qu'il nous les sublime. Et les rend importants parce qu'il nous fait en prendre conscience…
Et dans ses rencontres, il y a aussi Pic, le petit oiseau qu'il recueille et sauve et qui va faire partie de son voyage, et même créer le lien avec les autres. Et peut-être le rassurer pour son retour dans sa famille.
Dans la 2ème partie du roman « le dedans du dehors… », justement, il n'est plus seul. Il est retourné auprès de sa femme et son jeune enfant. Une femme qu'il aime et dont il a l'impression de ne pas être assez bien pour la mériter, une peur ténue qu'un jour elle va s'en rendre compte, que la peau va craqueler jusqu'à lui montrer ce qu'il est vraiment, ce jeune homme effrayé par les responsabilités, mal assuré, mais amoureux aussi. Et c'est un autre quotidien qu'il raconte, fait d'appréhension et d'émotions.
Après «
Ici ça va » découvert il y a une dizaine d'années, j'ai pris autant de plaisir "
Nos cheveux blanchiront avec nos yeux".
Un roman très proche d'une poésie mélancolique. Une ode au quotidien. Tels des haïkus, une ribambelle d'émotions ressenties au fil des petites histoires, une suite d'images captées, narrées, noircies peut-être dans un petit carnet de voyage qu'il rangerait dans une poche ; un journal intime où l'on note, jusqu'au plus insignifiant, mais qui finit par prendre sens. Telles des photos prises à l'aide d'un vieil appareil photo, comme ça, sur le vif, sans trop être sûr du résultat. Instantanés du quotidien, de l'intime qui nous racontent quelque chose. Même imperceptibles. Et tout imperceptiblement, ils éveillent tous nos sens.
A chaque paragraphe, une phrase nous touche, une émotion nous étreint, nous enveloppe, jusqu'à faire écho à notre propre vécu et à nous-mêmes. Une petite phrase, presque musicale, qu'on voudrait garder même si elle enferme beaucoup de solitude et de tristesse. Ou beaucoup de beauté lumineuse.
On se surprend peut-être aussi à regarder autour de nous, à se montrer plus curieux, à vouloir capter ces instants anodins, écrire sur un carnet ces micro-évènements, raconter ces gestes parfois routiniers dont on ne prend plus le temps de prêter attention. Une araignée tissant sa toile avec patience et ténacité. La neige sur la jardinière du balcon qui camoufle les quelques jonquilles. Ce vieil homme qui traine sa vieillesse, le bruit de sa canne qui claque contre le trottoir, un regard, un léger sourire…