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3,74

sur 96 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le caillou a de l'avenir dans la vie de cette prof de 40 ans démissionnaire de l'enseignement parce qu'elle se croit incapable de faire progresser ses élèves à cause de son aphonie.

Un caillou. C'est ainsi qu'elle aimerait être pour ne pas avoir à justifier une existence sans sel. Elle vit recluse dans son petit logis niché dans la solitude et l'indifférence d'une grande ville.

Jusqu'au jour où elle fait la connaissance impromptue de son voisin, Monsieur Bernard, malade du coeur, typographe en retraite, féru de sculpture romantique et amoureux d'un petit paradis dans le golfe d'Ajaccio. Ce vieil original, esseulé lui aussi, l'observe depuis des années et la croque dans son carnet, à son insu, dans le but de la sculpter et lui redonner goût à la vie.

A sa mort, la demoiselle garde ses livres d'art, une photo du bonhomme jeune et blond et, de toute manière en rupture de société, elle décide d'aller en Corse voir ce qui l'y motivait tellement.

La beauté du paysage, des couchers de soleil et des rochers, l'odeur du maquis, des lentisques et des arbousiers, les rencontres au bar du village et la découverte de l'oeuvre de Monsieur Bernard ont raison de sa léthargie.

Elle renoue le contact avec les autres, retrouve le "langage commun" qu'elle avait oublié et tente de donner un visage au regard - son regard - que Monsieur Bernard avait fini par inscrire dans la pierre après des dizaines d'essais infructueux.

Les thèmes déclinés tournent autour de l'ennui, de la solitude et de la vieillesse inéluctable, mais si le livre contient une dose de mélancolie, il vibre aussi d'humour, de tendresse et de talent.

L'"héroïne" sans nom, encore acharnée à quatre-vingts ans à extraire une forme de la matière, a donné une forme à sa vie. Même les rochers les plus granitiques présentent une faille au moment où l'on s'y attend le moins.

Ecriture moderne et intense, émouvante et parfois grinçante, chaleureuse et rugueuse à la fois, voilà un livre qui remue, qui interroge et qui déploie la beauté dans toutes ses pages.

Merci à Zakuro dont la critique m'a donné une folle envie de croiser le Caillou qui s'est révélé plein de créativité et de sensibilité.



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« Malheureux comme les pierres » dit l'adage. Ce n'est pas l'avis de la narratrice, qui se verrait bien renaître en caillou.
Elle trouve le ciel «morne et débile», passe ses journées chez elle et ne fout rien. Jusqu'à ce qu'une rencontre change son quotidien vécu en solitaire: celle avec son voisin, mystérieux homme âgé habitant un appartement qui sent la mer. Sa disparition soudaine, de sa vie, de la vie en général, mènera la jeune femme jusqu'en Corse. Là, dans ce paysage rocailleux, elle se mettra à la sculpture, et acceptera la vieillesse qui viendra comme un cadeau. Une délivrance. de toute façon, «tout ce que nous inventons pour nous protéger de la vieillesse nous fait vieillir plus vite».
Humour poésie et mélancolie s'entremêlent avec grâce dans ce roman surprenant, réjouissant et absolument détonnant ! Une histoire de chair et de pierre, de solitude et d'amitié...et la Corse...!

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Une jeune femme enseignante persuadée qu'elle ne peut plus rien apprendre à ses élèves, hypersensible, décide de quitter le monde vivant. Elle veut devenir un caillou, pour ne plus ressentir d'émotions.

Elle se terre dans son tout petit appartement, limite les contacts à son travail de serveuse intérimaire dans un bar près de chez elle, et aux services qu'elle rend à sa voisine atteinte d'éléphantiasis. Les journées défilent, monotones et dans une solitude extrême.



Pourtant une nuit, un voisin frappe à sa porte. Il a perdu ses clés et lui demande de l'aide. L'amitié débute entre ses deux marginaux des sentiments, lui passionné de sculpture, elle passionnée par ce caillou qu'elle veut devenir. Puis, ce vieux voisin cardiaque, meurt. Il avait décidé de ne plus prendre ses médicaments.



Elle récupère les livres de son ami et décide une nouvelle fois de tout quitter pour la Corse, région de prédilection de son vieil ami. Là-bas, elle va reprendre contact avec le monde, enfin avec la poignée d'hommes qui vit dans la montagne. La suite dépend aussi de l'interprétation du lecteur, est-ce la réalité ou la vérité arrangée ? A vous de le lire, à vous de décider.


Le paradoxe de cette histoire est le bien-être que l'on ressent avec cette jeune femme, comme si devenir un caillou dans la sérénité est une chose normale.

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La vie n'a pas vraiment de sens, la sienne en tout cas, en raison de quoi elle ambitionne de devenir un caillou. Elle, ancienne prof de français au chômage qui, quand c'est nécessaire pour renouveler ses droits au chômage, travaille comme serveuse dans un bar parisien. le reste du temps, elle s'emploie à l'inactivité, ce qui lui prend tout son temps, et aussi une partie de celui de monsieur Bernard, son voisin. Celui-ci gravait des o pour l'imprimerie avant d'être à la retraite, tentait de la sculpter, allait régulièrement en Corse et, accessoirement, vient de mourir. L'occasion d'une échappée, entre l'enquête (enquête intime, s'entend) et le pèlerinage.

Dite comme ça, l'histoire n'a pas beaucoup de sens, et pour cause. Sens caché à la rigueur, mais sens sensé très peu pour Sigolène Vinson et son Caillou. Et c'est ça qu'on aime. L'autrice joue avec les codes de la fiction pour faire d'une anti-héroïne la protagoniste de cette non-épopée. C'est drôle, improbable, poétique et, finalement, presque philosophique (à mi-distance, quand on cligne d'un oeil). Il y a une tendresse dans sa manière d'écrire la Corse et les Corses, mâtinée d'ironie complice et de respect pour une nature indomptable. Faut dire, il est beau c'caillou. Alors on lit et on sourit devant ce jeu de dupes.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Je prends rarement un livre au hasard, mais celui-ci me faisait de l'oeil et je ne le regrette pas ! Une histoire insolite entre Paris et la Corse où tout commence par deux voisins solitaires. Une lecture qui m'a interpellée puisque style et histoire sont uniques. On y trouve : solitude, vieillesse, ennui, non compréhension du monde actuel, art, humour, réflexion. Il fait parti des romans qui m'épate par son originalité et me donne la difficulté d'en expliquer le pourquoi.

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Moi aussi, parfois, j'aimerais être un caillou. Tout dur et tout lisse, qui ne ressent rien et sur lequel tout glisse. Quand la vie fait trop mal, ou simplement quand on ne sait plus trop dans quel sens la prendre, pour qui ou pour quoi rester vivant, alors, comme l'héroïne de Sigolène Vinson, la tentation est grande de fermer les écoutilles, tisser une épaisse carapace et se retirer du monde.

"Les gens font comme ils peuvent avec la vie. Arroser des plantes sous la pluie ou se balader avec une serpillière dans une serviette en cuir, c'est un moyen de tenir. Parce qu'il faut quand même bien qu'on tente d'aller jusqu'au bout".

Fable, rêverie ou métaphore d'une lutte pour remonter à la surface ? Ce Caillou est un drôle d'objet, plein de douceur pour affronter ses doutes face à un monde souvent incompréhensible. Une drôle d'histoire qui orchestre le destin de son héroïne par la magie d'une rencontre avec son étrange voisin, amoureux d'un coin sauvage de Corse et obsédé par l'idée de dessiner le visage de la jeune femme, et lui fait faire de brusques sauts dans le temps. La Corse sera donc le terrain qui la mettra face à elle-même et à ses failles, dans l'immensité de la beauté de la nature. La côte corse et ses rochers, expression parfaite de cet état minéral auquel aspire notre jeune héroïne.

"Les écueils n'ont rien à chanter d'autre que du Shakespeare ou du Hugo. Sinon, c'est qu'ils ont renoncé à leur dureté. Ignorent-ils qu'en devenant tendres comme les hommes, ils seront obligés de composer avec la recherche du bonheur ?"

Avec ce livre, Sigolène Vinson trouve une jolie façon de parler de la vie. Elle convoque poètes et chants corses, machos taiseux ou merveilles de la nature et offre une alternative à son héroïne pour se retirer de la laideur du monde sans pour autant renoncer à vivre. Par la magie des mots, elle enchante avec délicatesse un quotidien qui aurait pu sembler banal et peu coloré. Par le pouvoir de l'imaginaire, elle montre la voie de la guérison.

Que l'on ne s'y trompe pas, le Caillou n'a rien de dépressif, tout juste nimbé d'une élégante tristesse, éclairée de ci, de là par des spots de couleur offerts par les paysages grandioses qui favorisent ce face à face avec soi-même. C'est un livre qui se lit plusieurs fois, avec des trésors de finesse cachés sous une apparente légèreté, et qui ne se révèlent pas tous en même temps. Il faut se laisser déstabiliser par cette fable délicieusement humaine, et accepter de ne pas retirer le caillou dans sa chaussure.

Ce Caillou risque de m'accompagner un petit moment sur le chemin de la vie. Tout simplement.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'ai été emballée par cet improbable roman racontée à la première personne par une femme qui n'a d'autre ambition dans la vie que celle de devenir un caillou. Elle est en bonne voie d'ailleurs : recluse dans son appartement, elle passe son temps le nez écrasé contre la vitre… Mais sa rencontre avec son voisin de palier, monsieur Bernard, un sculpteur un peu bizarre, va changer la donne. A sa mort, elle décide de comprendre pourquoi il a voulu mourir et cette femme qui veut devenir caillou part en Corse découvrir le caillou auquel monsieur Bernard a voulu donner forme humaine.

Franchement difficile d'en dire plus, car tout est dans le style, très original, singulier, à la fois poétique, humoristique et foutraque, tout autant que l'histoire elle-même, sorte de fable tragi-comique divisée en trois parties dont la dernière est tout à fait étonnante.

Je ne savais pas que Sigolène Vinson était rescapée de l'attentat de Charlie Hebdo, j'ai lu son témoignage poignant dans un article du Monde… le caillou a été écrit avant le 7 janvier mais paru peu après.
Lien : https://dautresviesquelamien..
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C'est un roman un peu étrange d'une femme qui végète et se laisse mourir à Paris et revit en Corse, sur les côtes du sud d'Ajaccio, à Coti-Chiavari, près du Capo di Muro. Un coin tellement bien décrit tant dans ses décors, ses paysages, ses lumières et ses senteurs qu'une envie irrésistible d'y aller naît en tout lecteur. La Corse est sublime, je le sais pour n'y être jamais allé et pour avoir beaucoup entendu, lu et vu sur cette île.

C'est un roman sur le sens de la vie, sur les raisons qui poussent chacun d'entre nous à vivre avec les autres : l'amour, l'amitié, une passion, un rêve à réaliser, ... Des vies simples mais pleines, pas de grandes ambitions ou des souhaits de notoriété, non juste vivre en harmonie avec soi-même.

C'est un roman sur l'art ou comment les sculptures qui nous viennent des l'Antiquité sont presque plus vivantes que certains hommes. Comment la volonté de créer fait (re)vivre, exister à ses yeux et à ceux d'autrui.

C'est un roman d'amour pour celui que la narratrice attend et qui ne vient pas, alors il lui faudra vivre avec d'autres qu'elle aimera itou. Moins fort ? Pas sûr, mais différemment, l'être idéalisé ne se confrontant évidemment jamais à la réalité, au quotidien.

C'est un roman bien écrit, entre humour du désespoir, mélancolie, envie malgré tout de vivre. Phrases assez courtes, des dialogues, on est dans la tête de la jeune femme qui, avant de partir en Corse se laisse solidifier pour devenir caillou. le style est très évocateur, on voit les paysages corses, on sent les odeurs tant celle de l'humidité et de pourriture de l'appartement de Monsieur Bernard que celles des arbustes qui ornent le chemin corse qu'elle emprunte chaque jour : lentisque, myrte et figuier. Je vous le disais plus haut, ne reste plus qu'à aller vérifier tout cela sur place.
Lien : http://lyvres.fr
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Et si ce petit caillou s'appelait Paul ? Oui, on va dire qu'il se nomme ainsi. Oui, on peut, car les choses sont à peu près comme ça. Un caillou, surtout dans la chaussure, dérange, ne se laisse pas oublier. Il en va ainsi de Paul, Paul Overey pour être précise.
Remontons à la source. La narratrice, prof en collège a tout plaqué et s'enferme chez elle. Elle se roule en boule comme un hérisson tous piquants en action pour se protéger. Elle noue des relations avec ses vieux voisins, surtout avec Monsieur Bernard qui vient un jour sonner à sa porte. Féru de sculpture, il n'a de cesse que de sculpter dans la glaise le portrait de la narratrice. Il part très souvent en Corse, mais chut ! Leur amitié ira jusqu'à la mort du vieil homme et même au-delà puisque la narratrice se rendra sur l'île rousse pour retrouver trace de ses passages et y vivre.

Et… Si ce n'était pas tout à fait la vérité. Et si elle avait rêvé sa propre vieillesse. Et si la vérité était beaucoup moins belle. Et si c'était elle qui n'avait pas le beau rôle. Et si….
Sigolène Vinson, d'une écriture alerte, vivante, inventive propose 4 moments de vie : lequel est vrai ? Lequel est fantasmé ?

Et si c'était la narratrice, le petit caillou qui empêche de marcher.

J'ai aimé l'image de la narratrice se fondant dans la roche pour devenir statue.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Quelle imagination! cette histoire étrange m'a fait passer un bon moment. Ça démarre modestement je me suis dit vas tu accrocher, c'est presque misérabiliste, en tout cas très gris et morne. Mais un trait d'humour et une écriture alerte retiennent, et c'est parti pour la découverte de personnages très particuliers.
Trouver un sens à la vie, guérir d'une histoire d'amour, se nourrir de l'amitié: la toile de fond de ce roman étonnant. Jusqu'au tout dernier chapitre l' auteure est espiègle.
** Cerise sur le gâteau le village Moltifao en corse, où j'ai été conçue, et ai vécu jusqu'à l'âge de 4ans est cité deux fois. Une petite "madeleine" **
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